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EAN : 978B0CW1JNM6J
Harper Collins (03/04/2024)
4/5   24 notes
Résumé :
Malaisie, 1945. La famille de Cecily Alcantara court un terrible danger : son fils de quinze ans, Abel, a disparu, et sa fille cadette, Jasmin, doit s’enfermer chaque jour au sous-sol pour échapper au sort des jeunes filles de son âge, contraintes d’offrir du « réconfort » aux hommes de l’armée japonaise. Quant à sa fille aînée, Jujube, qui travaille dans une maison de thé fréquentée par des soldats japonais, elle nourrit une colère de plus en plus difficile à cach... >Voir plus
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La période de la Seconde Guerre mondiale est une époque très scénarisée dans la fiction historique, mais le premier roman de Vanessa Chan propose la vision orientale du conflit alors que nous sommes davantage habitués au point de vue occidental. de la même manière, il offre le point de vue des colonisés plutôt que celui des colonisateurs.

En prologue, l'autrice déclare que les grands-parents en Malaisie refusent de parler des quatre années d'occupation japonaise de 1941 à 1945, tant la situation était terrible. Et c'est précisément cette époque, et celle qui l'a précédée, qu'elle a choisi d'évoquer en retraçant l'expérience de la famille Alcantara : Gordon, Cecily et leurs trois enfants, Jujube, Abel et Jasmin.

Le roman débute en février 45 sur la disparition de jeunes garçons enlevés pour être internés dans des camps de travail.
" Quelques mois après l'invasion japonaise, les écoles commencèrent à fermer et les soldats à occuper les rues. Les Japonais firent plus de morts en trois ans que les Britanniques en cinquante. Cette brutalité surprit les paisibles Malais, habitués au flegme et à la moue blasée des Britanniques, lesquels avaient coutume de les laisser en paix du moment qu'ils obtenaient leurs quotas d'etain et de caoutchouc. "

Lorsque son fils Abel disparaît, les flashbacks qui commencent dans le chapitre suivant dévoilent le passé d'espionne de Cecily. Grâce à la position de son mari au sein de l'administration coloniale britannique, elle est entrée en contact avec un homme qui se présente comme Bingley Chan, un marchand de Hong Kong. Il s'agit en fait de Shigeru Fujiwara, un agent de l'armée impériale japonaise qui travaille secrètement pour renverser les Britanniques. Il attire Cecily avec son discours sur "une Asie pour les Asiatiques" , mais elle est aussi séduite par son charisme et phantasme sur une possible relation. Elle accepte de lui remettre des informations volées sur le bureau de son mari.

L'autrice fait de Cecily un personnage complexe, tiraillé entre ses désirs d'indépendance et son rôle d'épouse et de mère. Même s'il est difficile pour les lecteurs d'éprouver de la sympathie pour cette femme qui fait toujours les mauvais choix, il faut reconnaître qu'elle est un personnage fort qui refuse d'être enfermée dans les rôles étouffants qu'on veut lui imposer.
Avec des revendications féministes, elle veut contribuer au basculement de l'Histoire en oeuvrant pour la fin de la colonisation britannique.
D'autant plus qu'elle souffre du rapport de classes instauré par la classe dirigeante blanche de Grande-Bretagne envers les employés asiatiques. Même si la situation de son mari l'amène à côtoyer les occupants, elle éprouve " ce pincement de honte qu'elle ressentait chaque fois qu'une épouse britannique l'evitait chez un commerçant, ou chaque fois que son mari rentrait chez eux, tout exalté d'avoir reçu le vague assentiment d'un collègue blanc qui peinait à se souvenir de son prénom. "

La sexualité de Cecily est alors abordée pour exprimer le profond ascendant que le japonais exerce sur elle. En donnant cet appétit sexuel à une mère de famille, l'autrice assoit l'emprise exercée par Fujiwara et accorde à son héroïne une libido que certains seraient tentés de confisquer en raison de sa situation familiale.
"Cela faisait des mois que son ventre se nouait à chacune de leurs rares rencontres. En sa présence, Cecily avait l'impression d'être à la fois ivre et assoiffée."
"Il suffisait que Fujiwara prononce son prénom pour que chaque pore de sa peau exsude- de la sueur, du désir, de l'excitation, autant de réactions primaires qui donnaient à Cecily l'impression de se liquéfier."
Ce désir refoulé va se révéler plutôt positif pour elle et pour son entourage. On découvre alors une épouse épanouie, une mère attentionnée et une femme au foyer diligente. le sentiment amoureux s'exprime essentiellement dans la perspective de relations sexuelles et métamorphose la mère de famille car " la joie qui l'habitait agissait comme un bouclier."

Au fur et à mesure que la trahison de Cecily se développe dans les chapitres flash-back, les horreurs de 1945 se déroulent en parallèle pour chacun des enfants qui prennent en charge la narration.
On découvre la situation tragique d'Abel dans le camp de travail, et le fait qu'il ait été vendu aux Japonais par son professeur d'histoire à l'école de garçons, un missionnaire britannique nommé frère Luke qui prétendait aimer tous ses élèves.
Jujube, la fille aînée, sérieuse et responsable, doit assumer son travail dans un salon de thé mais aussi veiller sur sa famille puisque ses parents n'en sont plus capables depuis la disparition d'Abel et la gouvernance japonaise.
Parmi les nombreuses exactions commises par l'armée d'occupation, l'autrice révèle l'enlèvement de filles très jeunes qui sont envoyées dans des " centres de confort", qui sont en fait des bordels pour les soldats. La petite Jasmin, huit ans, est alors enfermée dans la cave jusqu'au jour où elle s'échappe et disparaît à son tour.

De nombreux personnages de Vanessa Chan se posent la question de savoir ce qui fait une "bonne" ou une " mauvaise" personne.
Mais la réponse est d'autant plus difficile qu'elle change en fonction du contexte ou dans le cadre de situations traumatisantes.
La promesse de Fujiwara semblait bénéfique pour la Malaisie mais n'a apporté que des crimes et des violences. Malgré ses bonnes intentions, Cecily a donc mis sa famille et son pays en danger.
Comme si elle en avait le pressentiment, elle déclarait au début du roman :"N'est-ce pas ce qui fait l'homme, d'être à la fois bon et mauvais ?."


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En 1945, Cecily vit la guerre comme une déchéance. Son mari a perdu son poste de fonctionnaire quand les Britanniques ont quitté le pays, chassé par les Japonais. Quand son fils, Abel, disparait, elle sait que tout est de sa faute, mais personne ne doit savoir, ni ses filles, Jasmin et Jujube, ni son mari, Gordon.
J'ai terminé ce roman, espérant toujours réussir à éprouver de l'empathie pour les personnages, mais je n'y suis jamais parvenu. Et à part de parler de l'occupation de la Malaisie, d'abord par les Britanniques, puis par les Japonais, le roman n'aborde jamais la vie dans ce pays et pourrait se passer à peu près n'importe où. Et c'est logique puisque le seul but de Cecily et son mari, c'est d'être le plus blanc possible et le plus intégré à l'intelligentzia britannique, rejetant tout ce qui pourrait amener une tâche sur leur CV (amis compris). Tout ce qu'il faut pour ne pas les apprécier.
Il y a aussi énormément de passivité de la part des personnages, tant les parents que les enfants. Chacun d'entre eux se révolte intérieurement de ce qui se passe, mais aucun n'agit vraiment : Cecily s'enferme dans sa chambre en attendant le retour de son fils, Abel boit pour noyer sa douleur mais ne résiste jamais, Jujube sert les dents face aux Japonais mais obéi en baissant la tête, Jasmin refuse de rester cachée pour la protéger.
Je suis ressortie de ma lecture sans émotion aucune avec une indifférence pour le destin des personnages et une histoire qui m'a laissée de marbre.
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Mots clés : guerre, secret de famille, espionnage, colonisation.
Dans ce roman choral ,nous rencontrons la famille Alcantara composée de Cecily, son mari Gordon et leurs 3 enfants : Jujube, Abel et Jasmin, qui vit en Malaisie sous occupation japonaise et qui vit des heures très sombres au plus fort du conflit mondial. La famille essaye de survire tant bien que mal et ne faisant aucune vague . Mais lorsqu'Abel disparaît sans laisser de trace, le passé de Cecily ressurgit et la mère de famille va devoir faire face aux choix qu'elle a fait 10 ans plus tôt.
Au début de ma lecture j'ai étais un peu perdue car je ne voyais pas où Vanessa Chan voulait nous emmenait mais au fil des pages j'ai changé d'avis. Il a été très facile pour moi (je pense comme pour beaucoup) de m'attacher aux personnages de Jujube, Abel et Jasmin car ils ont tous plus ou moins leur lot de souffrance et au départ j'ai abhorré Cecily. Puis j'ai enchaîné les chapitres et je me suis rendue compte que c'était une femme meurtrie. Elle a toujours fait ce qu'on attendait d'elle : être une bonne mère, une bonne épouse, une bonne "colonisée" mais ce n'est pas la vie qu'elle avait envie de mener. Alors elle a agit, elle a cru faire les bons choix pour elle mais aussi pour sa famille. Elle a été déçue, elle a perdu ses illusions voire plus que ses illusions .
J'ai beaucoup aimé le fait qu'on suit différents points de vue et même qu'on soit à différentes époques. Cela donne de la profondeur à Cecily et nous permet de comprendre l'évolution de cette famille, tout en donnant du rythme à la narration. La petite Jasmin m'a beaucoup touché. C'est une petite fille innocente qui ne comprend pas forcément le comportement des adultes autour d'elle et qui voit la guerre et ses atrocités avec des yeux d'enfant.
J'ai apprécié également le fait de pouvoir découvrir la seconde guerre mondiale sous un point de vue non européen, d'apprendre une autre partie de l'Histoire.
A la fin l'autrice m'a un peu perdue. J'ai compris pourquoi elle avait fait ce choix narratif, je pense qu'elle voulait effectivement nous faire ressentir la « tempête » qui était en train de s'abattre sur la famille Alcantara mais malheureusement ça donne plutôt le sentiment que l'autrice a bâclé la fin
Ce roman m'a ému, j'ai été surprise, j'ai été en colère, j'ai souri mais aussi pleuré. C'est une histoire poignante, qui ne laisse pas indifférent.
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Encore un roman historique qui nous dévoile les conséquences de la seconde guerre mondiale dans les pays asiatiques. J'avais déjà eu l'occasion de découvrir les conséquences sur la Corée du Sud. Vanessa Chan explore aujourd'hui l'histoire de son pays, la Malaisie, à cette période et encore une fois on réalise que cette guerre aura eu des conséquences sur toutes les populations du monde.

On parle beaucoup des nazis en Europe mais on oublie que le Japon aura laissé des traces indélébiles en Asie.

Ce roman choral nous parle d'une famille qui par les aléas de l'occupation japonaise se retrouve séparée alors que l'on est pourtant en 1945. La Malaisie est passée en dix ans de la colonisation anglaise à l'occupation japonaise. Toutes les ressources que cela soit humaines ou matérielles, sont utilisées par le Japon.

Un garçon qui disparaît comme tant d'autres pour travailler dans des camps, des filles qui disparaissent pour être utilisées comme femmes de complaisance pour les soldats japonais.

La famille de Cecily Alcantara traverse la tempête, ses trois enfants survivent au milieu des atrocités.

L'histoire d'une famille comme tant d'autres qui va devoir faire face à différents drames, des personnages attachants, un premier roman pour cette autrice dont la plume est fluide et agréable à lire même si le contenu est souvent insoutenable.

L'histoire d'un pays qui ne voulait pas être dévoré par deux colonisateurs et d'une population qui n'aspire qu'à une chose la liberté et l'indépendance.

Un roman passionnant qui nous offre un regard nouveau sur cette partie de l'histoire.
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1941 : Les japonais envahissent la Malaisie. Leur slogan résonne aux quatre coins du pays : nettoyer le territoire de la présence Britannique et rendre « l'Asie aux Asiatique ».

Sous la fausse allure d'un "sauvetage", l'armée japonaise transforme bientôt la Malaisie en une gigantesque prison à ciel ouvert. Couvre-feu, rations alimentaires, camps de travail pour jeunes hommes, bordels organisés bondés de (très jeunes) "femmes de réconfort"... La guerre éclate comme une colère noire et emporte avec elle les jeux des enfants et les rêves adolescents.

Dans ce chaos, une famille, microcosme d'une société broyée par la colonisation : Cécily, son époux, et ses trois enfants - Jujube, Abel et Jasmin. L'amour qui les unit semble indestructible. Et si... ?

Et si un secret, enfoui depuis longtemps, les mettait tous en danger ? Et si l'un d'entre eux avait commis l'irréparable ?

Saga familiale, roman choral, les chapitres s'ouvrent tour à tour sur le destin tragique de chaque membre de la famille, nous laissant tout juste le temps de reprendre une profonde inspiration. Les traumatismes individuels se recoupent en une peur universelle : non pas celle d'être tué mais de voir mourir ceux que l'on aime.

Bien que le roman soit profondément sombre, il y a de la lumière dans l'écriture de Vanessa Chan, beaucoup de poésie, des personnages complexes, tourmentés, oscillant entre héroïsme et monstruosité. Une nouvelle porte de l'Histoire de la Seconde Guerre s'ouvre et dévoile un prisme encore trop méconnu - celui de l'Asie. Mais le réduire à un roman historique serait passer à côté de la toile créée par l'autrice. Dans « La t'empêche que nous avons déchaînée », on réfléchit aussi sur l'amour, la notion d'identité, la maternité, sur la frontière entre le bien et le mal, les choix que l'on fait et leurs conséquences sur nos vies individuelles et communes.

On s'indigne, se méfie, on pleure parfois, puis on déteste les personnages et on referme le livre en se demandant ce qui nous a pris d'ouvrir ça maintenant, comme si l'actualité n'était pas assez dégueulasse. Mais on y retourne, presque malgré nous - pour la mémoire, pour la boue et l'or, et parce que notre actualité est teintée d'un passé collectif que l'on doit essayer de saisir. Et lorsque la dernière page se tourne, on adresse le coeur lourd un dernier au revoir à Jujube, Abel et Jasmin, aux innocences volées, - à tous les enfants qui ont été et continuent d'être les premières victimes de la vanité des Hommes.
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Citations et extraits (1) Ajouter une citation
C’est la guerre qui fait ça. Elle nous fait du mal.
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