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Critiques filtrées sur 4 étoiles  
Les éditions Les Forges Vulcains nous proposent encore une fois une petite pépite avec ce premier tome de la Capitale du Sud ! Projet d'écriture à quatre mains avec Claire Duvivier ("La Capitale du Nord"), Guillaume Chamanadjian lance les hostilités en nous proposant ici un travail d'orfèvre avec la ville de Gemina.

Lutte de pouvoir entre grandes familles, magie discrète et légendes obscures seront le sel de ce récit baigné dans une ambiance inspirée par les grandes villes méditerranéennes. Guillaume Chamanadjian arrive parfaitement à instaurer une ambiance particulière et immersive très appréciable accompagnée d'une très jolie plume. Nous suivons principalement le personnage de Nox, jeune livreur d'un marchand au passé obscur. le récit est énigmatique et addictif. Guillaume Chamanadjian charme avec l'ambiance de sa ville tout en proposant une intrigue intelligente. Attention, la fin est très frustrante et laisse beaucoup de questions en suspense ! Vite la suite !
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Après la révélation Claire Duvivier l'année passée, Aux Forges de Vulcain se lance dans un projet fantasy d'envergure : une double trilogie réalisée par deux auteurs français, Claire Duvivier (encore) et Guillaume Chamanadjian.
C'est ce dernier qui a la tâche ardue d'entamer l'aventure avec le Sang de la Cité, premier volume de la trilogie Capitale du Sud.
Vous l'aurez compris, il s'agit ici d'entrelacer l'histoire de deux cités : Gemina, Capitale du Sud (dont il sera question ici) et Dehaven, Capitale du Nord (dont s'occupera Claire Duvivier en octobre prochain).
Pour son premier roman et cette première incursion dans le cycle de la Tour de Garde, que nous réserve Guillaume Chamanadjian ?

Gemina, cité des Ducs
Tout commence par une guerre. Celle qui oppose le Duc Serviant de la Caouane (que l'on appelle aussi Maison de la Tortue) et celle du Duc Adelphes du Souffleur (aka la Maison du Dauphin). L'enjeu de cette guerre : une femme, en l'occurrence la soeur du Serviant, gardée captive par Adelphes le sus-nommé.
Et si la bataille tourne rapidement à l'avantage de la Tortue, là n'est pas l'intérêt de ce prologue. Sous le Moineau-du-fou, siège du pouvoir du Dauphin, le Duc Serviant et les siens découvrent deux enfants crottés enfermés dans une cellule ténébreuse. Surnommés les Suceurs d'Os, les deux gosses deviennent vite les petits protégés de Serviant, et si Daphné cause bien des problèmes au Duc du fait de son tempérament de feu, c'est bien de Nohamux dit Nox, dont il sera ici principalement question.
C'est Nox qui sert en effet de guide et narrateur à Guillaume Chamanadjian pour ce premier volume. Grâce à lui, nous découvrons Gemina, une immense cité entourée d'une double-muraille et dont la structure politique s'appuie sur une série de clans dirigés par des Ducs. Chacune des maisons adopte un animal-totem comme emblème et l'on retrouve la maison de la Tortue, du Chien, de l'Hirondelle ou encore de la Baleine. Comme dans toutes les cités de cette taille, un rapport de force particulier régit les échanges entre les puissants clans du Massif au centre de la Cité et les ambitieux clans du Port tout au sud.
Le principal problème politique et commercial du moment : l'acheminement des marchandises venant du Port vers les clans du Nord. Un problème auquel le Duc Serviant pense avoir trouvé une réponse par la construction d'un canal. Un projet épineux tant il remet en cause l'hégémonie des clans du Massif.
C'est dans ce contexte que Nox, fils adoptif officieux de la maison de la Tortue, va tenter de démêler les complots et les tentatives d'assassinats.

Le jeu des trônes
Qu'apporte donc de neuf Guillaume Chamanadjian une fois les bases de son récit et de son monde posé ? En réalité… pas grand chose.
Influencé par Robin Hobb et George R.R. Martin, le français nous montre une aventure qui tient à la fois du traditionnel (et largement balisé) parcours initiatique du jeune héros en quête d'un statut social et de l'affrontement entre maisons nobles qui oscille entre complots sanglants et petites manigances entre amis. Et si Nohamux n'a pas la finesse d'écriture d'un Syffe, il n'en reste pas moins un personnage central tout à fait passionnant et attachant dont le rôle sera loin de se limiter à la lutte de pouvoir qui se profile.
De ce côté, l'auteur français place ses pions avec une grande intelligence et ébauche une intrigue solide et plaisante à suivre qui rappelle La Tour de Garde, un jeu d'échecs propre au monde de Gemina et particulièrement populaire parmi ses habitants. La visite des différentes maisons nobles, les relations qui les unissent, les vieilles rivalités ou les nouvelles alliances, tout ce background contribue à donner de la chair à l'univers du Sang de la Cité.
Heureusement, l'histoire ne compte pas simplement sur un énième brassage de poncifs fantasy pour séduire le lecteur et cherche à trouver une identité propre pour le différencier du tout-venant, un peu à la façon du magistral Un Long Voyage mais sur une note nettement plus fantastique cette fois.

Les sens de la Cité
En prenant son temps, Guillaume Chamanadjian sculpte patiemment sa mégalopole en s'appuyant avant tout sur les sens du lecteur (et du narrateur).
C'est par la poésie et la chanson que l'on pénètre dans Gemina, que l'on découvre les premières légendes autour de la découvertes de Nox et de sa soeur, puis l'on suit notre jeune héros à travers une occupation particulièrement inattendue : celle de commis de cuisine d'un artisan en vins et autres mets précieux pour les maisons nobles de la cité. Dès lors, le récit se teinte des couleurs d'un vin intra-muros, des saveurs de gâteaux au miel et de fougasses chaudes et croustillantes, des cris de marchands ambulants et des plaisanteries des débardeurs à pied d'oeuvre. C'est par l'ambiance que tente de se distinguer (avec bonheur) le Sang de la Cité.
La découverte des maisons et des enjeux politiques va de pair avec les saveurs, la poésie et la littérature de ce monde alors que Nox, pris par l'enthousiasme de la jeunesse, découvre par hasard la magie au coeur de la pierre.
Dès lors, le français saupoudre son monde d'éléments surnaturels, des pouvoirs de bâtisseurs du clan de la Recluse à l'envers-monde découvert par accident par Nox.
Il reste alors beaucoup de sous-intrigues en suspens quand les choses s'accélèrent vraiment pour notre suceur d'os. Alors que les retournements de situation pleuvent, on oublie un temps la beauté des légendes et mythes qui s'infiltrent dans la rues de Gemina pour le bruit des armes. Pas pour longtemps, heureusement, car c'est là tout l'intérêt de ce premier opus : faire naître un univers fantasy qui donne envie d'y retourner, et cet objectif-là, Guillaume Chamanadjian, par sa langue élégante et sa plume volubile, l'atteint pleinement.

Le Sang de la Cité n'a rien de révolutionnaire en soi et, finalement, ce n'est pas forcément ce qu'on lui demande. Guillaume Chamanadjan fait dans le classique mais il le fait bien, tout en apportant une touche personnelle et particulièrement sensorielle à cette Cité qui semble prendre vie sous nos yeux. Efficace, addictif et prometteur, ce premier volume atteint son objectif principal avec aisance : ferrer le lecteur pour l'emmener vers le prochain volet imaginé par Claire Duvivier.
Rendez-vous en Octobre donc.
Lien : https://justaword.fr/capital..
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Voilà une cité construite à flanc de montagne et qui étend ses pieds dans la mer. Gigantesque, elle est divisée en de nombreux quartiers, petits duchés aux armoiries particulières, aux buts différents, aux intérêts propres. D'où des rapprochements et des trahisons, des coups en douce et des alliances à base de mariages arrangés. Et au milieu de tout cela, Nox, jeune garçon recueilli dans son plus jeune âge par la maison de la Caouane, dont l'emblème est la tortue de mer. Nox, qui passe ses journées à livrer à travers sa cité les marchandises de l'épicerie Saint-Vivant. Nox qui a passé son enfance sous terre, lui et sa soeur Daphné, les deux Suceurs d'Os.

Gemina, la cité où se déroule tout le roman est impressionnante de vie, de mouvements, de goûts, de couleurs, d'odeurs. Guillaume Chamanadjian l'habite totalement et nous y plonge dès les premières lignes. On est envahi par les bruits et les cris, le rythme trépidant. Elle est bien le personnage central de l'histoire. Avec ses quartiers si proches et pourtant si éloignés, car aux mains de dirigeants qui se haïssent ou, pour le moins, ont des besoins et des intérêts autres. Avec son architecture resserrée tant la place manque, ses murets et ses maisons instables, des vignes plantées à la verticale le long des murs pour gagner de l'espace. Avec sa répartition pas toujours facile à saisir, même pour certains habitants. Avec ses coutumes, ses groupes. Comme la Recluse, seul maison autorisée à effectuer les travaux dans la cité. Et, peu à peu, on comprend pourquoi. Car cette ville se découvre au fil des pages. On est balancé au milieu de son agitation avec Nox et ce dernier nous sert de guide, de chapitre en chapitre. Un procédé classique, mais qui fonctionne bien une fois de plus.

Et donc, c'est à Nox que Guillaume Chamanadjian attache nos pas. Et, en tout cas pour moi, c'est une bonne pioche. Ce jeune homme, un peu trop petit par rapport à ses amis, rapport à son enfermement dans les caves pendant sa jeunesse (pour en savoir plus, il faut lire le roman, je ne vais tout de même pas tout raconter) devient tout de suite sympathique. Rien que son adresse dans ses déplacements, lui qui connaît la moindre ruelle, le moindre raccourci (qu'il soit terrestre ou aérien, car Nox n'hésite pas à sauter les murs, escalader les toits et sauter par-dessus les obstacles), fascine. Et aussi ses liens avec les autres habitants, le sourire aux lèvres, toujours, un petit mot gentil. Il est un hôte charmant et parfait. Et le mystère de ses origines, révélé par petites touches renforce l'attirance que l'on ressent pour lui. On veut comprendre qui il est, d'où il vient et quels sont les enjeux qui le cernent.

Mais bien sûr, tout cela ne peut continuer ainsi. La plongée dans cette nouvelle cité (enfin, nouvelle pour nous, car elle est ancienne, cette ville, très ancienne) ne suffit pas à faire un roman. Et l'auteur se charge de nous distraire avec des intrigues et de l'action en nombre suffisant. Nox, de par sa naissance et son enfance, se retrouve au centre de nombreux intérêts qui vont rapidement le rattraper et, malheureusement pour lui, qui ne correspondront pas forcément à ce qu'il désire. Les contingences vont lui tomber dessus avec la force d'un pan de mur qui s'écroule.
Je peux ajouter, sans trop en révéler, que Nox se découvre également un lien particulier avec la cité. Un don, peut-être, extraordinaire et, en même temps, terriblement dangereux, dont il ne sait trop quoi faire au début. Et qui va ouvrir des tas de questions. Pour lui et, par voie de conséquence, pour nous. Et ainsi préparer la suite de cette histoire, annoncée comme une trilogie. Oeuvre particulière, car elle sera en principe écrite à quatre mains. Guillaume Chamanadjian s'occupe de Gemina, cette « Capitale du Sud », tandis que Claire Duvivier (qu'on connaît pour son Long voyage, paru en 2020) s'attaque à Dehaven (dont on parle dans le Sang de la cité), avec la trilogie « Capitale du Nord » : Citadins de demain devrait d'ailleurs paraître début octobre.

Le Sang de la cité a été pour moi une vraie lecture plaisir. J'ai aimé me laisser porter par Guillaume Chamandjian à travers les ruelles de Gemina. J'ai aimé les habitants de cette ville, avec leurs enthousiasmes et leurs faiblesses, leurs dégoûts et leurs désirs. J'ai aimé suivre les pas de Nox à travers sa cité et dans les méandres de la société. J'ai aimé découvrir les mystères placés comme des petits cailloux sur mon chemin par l'auteur. Et j'aimerai me plonger à nouveau dans les aventures de ces capitales, qu'elles soient au nord ou au sud.
Lien : https://lenocherdeslivres.wo..
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« Le sang de la cité » est le premier roman se déroulant dans l'univers partagé de « La tour de garde » qui sera exploité de façon complémentaire par deux auteurs : Claire Duvivier (autrice du très remarqué « Un long voyage », dont le prochain ouvrage est prévu pour octobre 2021) et Guillaume Chamanadjian. Tous deux ont pour objectif d'écrire une trilogie consacrée chacune à deux cités majeures : Dehaven dans le cas de Claire Duvivier (« Capitale du Nord ») et Gemina pour Guillaume Chamanadjian (« Capitale du Sud ») qui inaugure donc ici la saga de « La tour de garde ». Nous voilà plongé dans une sorte de cité-état inspirée de la Renaissance italienne dans laquelle plusieurs grandes familles se partagent le pouvoir. Parmi elles, la maison de la Caouane a connu une ascension fulgurante suite à sa victoire sur un clan rival, entièrement annihilé à l'exception de deux enfants à l'origine incertaine, retrouvés enfermés dans une prison souterraine lors de l'assaut final. C'est l'un d'eux qui va nous servir de narrateur pour cette histoire, un adolescent du nom de Nox dont la vie se partage entre le Moineau-du-Fou, chef lieu du camp de la Caouane, et Saint-Vivant, établissement particulièrement renommé chez les gourmets et pour lequel il assure le rôle de commis, livrant vin et sucrerie à tout le gratin de la cité. Son quotidien va toutefois être chamboulé par le projet ambitieux du duc Servaint de construire un canal traversant la cité de part en part afin de faciliter l'acheminement des marchandises. Un projet grandiose qui suscite énormément d'hostilité, notamment de la part des maisons du centre de la cité qui seraient alors privées de leur rôle d'intermédiaire et des bénéfices que cette position engendre. Bien malgré lui, Nox va se retrouver entraîné dans des intrigues politiques qui le dépassent alors que le duc entend le mettre à profit tour à tour en tant que diplomate ou assassin.

Pour un premier tome, on peut dire que « Le sang de la cité » se révèle particulièrement prometteur. le roman met en scène une cité d'inspiration méditerranéenne, à mi-chemin entre de grandes villes italiennes comme Siennes ou Gênes ou d'une cité portuaire comme Marseille. Véritable labyrinthe de ruelles et quartiers impossibles à cartographier précisément, la ville de Gemina séduit immédiatement par la chaleur qui se dégage de ses habitants, ainsi que par les secrets qu'on y devine enfouis. Cette première ballade nous permet de nous familiariser avec l'atmosphère de la ville et ses monuments ou quartiers les plus emblématiques. L'auteur fait énormément appel à nos sens, à commencer par l'ouïe, l'odorat et le goût qu'il parvient efficacement à retranscrire au lecteur qui salivera plus d'une fois à la description des spécialités culinaires locales. le découpage par clan est intéressant et rappelle là encore les cités italiennes de la Renaissance dont l'auteur semble également s'être inspiré pour ses intrigues politiques. Complots, alliances et trahisons sont en effet au coeur de ce premier tome qui met en scène la confrontation entre plusieurs maisons rivales de Gemina. Par cet aspect, le roman a un petit côté « Gagner la guerre » (la gouaille et le protagoniste retors en moins) tout en s'inspirant pas mal de l'« Assassin royal ». On a en effet avant tout affaire à un récit initiatique au cours duquel on assiste à la transformation de Nox en assassin au service du duc qui l'a recueilli. La formation du héros est toutefois loin d'être l'unique centre d'intérêt du roman qui, comme dans la série de Robin Hobb, s'attache également à décrire le quotidien du personnage, loin des intrigues de cour. On suit ainsi le jeune homme dans ses courses pour livrer tel ou tel met délicat dans la capitale, on le voit également se lier d'amitié avec d'autres jeunes de son âge mais aussi manger, jouer, déambuler dans les rues… Loin d'être anecdotiques ou ennuyantes, ces scènes permettent de mieux cerner le personnage aussi bien que la cité dont on apprend peu à peu les codes et les spécificités.

Le début souffre cela dit de quelques longueurs et de légers problèmes de rythme, problèmes toutefois vite résolus dans la deuxième partie du récit qui se fait bien plus trépidante. La politique prend alors peu à peu le pas sur le quotidien (un peu répétitif) de Nox et permet à l'auteur de surprendre agréablement le lecteur par plusieurs retournements de situation joliment amenés. Parmi les nombreuses qualités dont peut se targuer le roman, on peut également mentionner les personnages, et notamment le protagoniste et narrateur. Un peu lent à la détente parfois mais d'une grande gentillesse et animé par une volonté de bien faire et de ne pas blesser, Nox est un personnage très sympathique qu'on prend énormément de plaisir à suivre dans ses pérégrinations au sein de la cité. L'auteur a l'intelligence de nous épargner le stéréotype de l'ado rebelle qui passerait la moitié du roman a combattre les plans fomentés pour lui par le duc et son entourage pour nous offrir à la place un jeune homme mature, qui a bien conscience de ce qu'il doit à la maison qui l'a recueilli et des obligations qui vont de paire avec son nouveau statut. le récit offre également une belle galerie de second-couteaux qui ne demandent qu'à s'étoffer et qui possèdent des origines sociales variées, du fils d'une petite propriétaire d'un vignoble à la fille d'un duc en passant par la capitaine de la garde de la Caouane ou encore une apprentie artiste-peintre. La conclusion de ce premier tome offre une fin satisfaisante, l'arc narratif développé ici étant d'une certaine manière terminé, mais la curiosité est forte de découvrir ce qui attend la cité dans les prochains volumes.

Pari réussi pour Guillaume Chamanadjian qui inaugure avec talent l'univers de la Tour de Garde qu'on ne peut qu'être ravi de voir s'étoffer sur cinq autres tomes. L'intrigue, bien qu'un peu lente à se mettre en route, est habilement construite et parvient efficacement à maintenir en éveil l'intérêt du lecteur jusqu'à la toute fin. le narrateur, lui, séduit par la sympathie qu'il dégage ainsi que par sa simplicité, de même que par le sentiment communicatif qui l'habite d'être pris dans un engrenage complexe. Une belle découverte, qu'il me tarde de prolonger avec le roman de Claire Duvivier cet automne.
Lien : https://lebibliocosme.fr/202..
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Ce livre a reçu plusieurs prix, dont deux aux Imaginales – dont je rappelle que, au moment où sort cette chronique, on s'approche à grands pas ; rendez-vous à Épinal les 25 et 26 mai ! -. Évidemment, cela amène à entamer cette lecture plutôt en confiance. Et autant le dire tout de suite, j'ai effectivement adhéré à cette histoire, qui, tout en conservant une forme de classicisme, renouvelle assez efficacement le genre. J'ai retrouvé dans ce récit quelque chose du souffle d'un David Eddings dans le pion blanc des présages, avec ce personnage de Nox qui, au début de ce livre, n'a aucune idée de ce qui va lui tomber dessus.

L'espèce de bouillonnement qui habite Nox est intéressant : on sent bien que tout cela le dépasse et, en même temps, comme lecteur ou lectrice, on sait bien qu'il ne va pas avoir d'autre choix que de s'en accommoder… ou de mourir (mais, dans ce cas, on ne lui aurait pas consacré un livre…).

Les différents personnages sont tous divertissants, complexes, on prend plaisir à les suivre dans les démêlés qui sont les leurs. Il y a des combats, du mystère voire un petit peu de magie, des intrigues et même (clin d'oeil à ceux qui se souviennent de The Princess bride) un peu d'amour ! Et tout cela fonctionne bien et donne envie de rapidement se procurer le tome 2, ce qui est toujours bon signe.

L'histoire est attrayante, j'ai hâte d'en découvrir la suite et de percer à jour certains des mystères de Gemina… Et vous, êtes-vous prêts à venir goûter le vin de la Poivrière-du-Coq, les cannelons à la fègue et les gâteaux au miel et aux amandes d'Eustaine ? Si c'est le cas, n'oubliez pas de prendre avec vous vos figurines de la Tour de garde, surtout si vous en avez une de la Demoiselle…
Lien : https://ogrimoire.com/2024/0..
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J'ai eu la très brillante idée d'emprunter trop de livres. Tous en imaginaire. A cause d'une visite dans la grande bibliothèque de la ville et à la vue de titres que je ne trouvais pas ailleurs. Pourtant j'avais repéré des ouvrages dans les autres étages et rayons mais j'avais déjà atteint mon quota du nombre de livres empruntables.
Le problème avec ce thème est que tu dois ouvrir grande ton attention en début de bouquin car généralement s'y expose le monde nouveau que tu t'apprêtes à arpenter.
Au début de ce roman j'avais donc la tête farcie d'univers divers et variés, d'histoires plus ou moins compliquées, et de problématiques en cours puisque certains livres ne sont que des morceaux de séries. de plus je suis venue dans cet opus par pur hasard, je n'avais pas entendu parler de cette double trilogie mêlée, j'ai juste pris les deux premiers opus mis en exergue par un bibliothécaire, songeant que l'idée était bonne.
Et donc. Tout ça pour dire que si je n'y allais pas franchement conquise j'ai vite pris le pli. Guillaume Chamanadjian te fait pénétrer en douceur dans sa ville, rythme impeccable pour tout lecteur de retour de longs voyages et centaines de paysages.

On suit Nox, adopté gamin (et encore bien minot dans sa tête même s'il te dit qu'il est grand maintenant) par un des puissants de la ville qu'il connaît comme sa poche (la ville pas le noble personnage). Tranquille jusqu'alors à arpenter les rues et jouer un rôle de coursier, son protecteur va exiger de lui un rôle bien plus politique. En même temps il va découvrir grâce à un livre de poèmes (la cité encourageant poésie et chants) un pan jusque là inconnu et étrange de la ville qu'il pensait si bien connaître. le tout saupoudré d'un jeu que tout le monde adore sur le continent : la Tour de garde, qui donne son nom aux six tomes de cette série, sorte de jeu d'échecs que tout habitant, riche ou bien moins loti, sort de sa besace pour tuer le temps ou jouer plus sérieusement lors de compétitions entre les différentes cités.

Ambitieux pour un premier tome n'est ce pas ?
S'il reste introductif il n'en est pas loin alléchant. J'ai beaucoup aimé le héros, le ton, qui pour moi s'adresse plus à un lectorat jeunesse (en tout cas plus adapté aux plus jeunes que Loin des îles mauves de Chloé Chevalier que je viens de terminer et pourtant publié aux éditions R) (c'compliqué les cases du lectorat mmmh) par la vision naïve et bienveillante du héros et le récit initiatique qui s'ensuit. La ville y tient son importance et c'est dommage que la carte en début d'ouvrage ne la reflète en rien. Je sais bien que dans l'histoire aucune carte n'est exacte mais là, elle sert juste à faire joli.
Je regrette aussi des coquilles et fautes d'orthographe. Les précédents bouquins que j'ai lus avaient eu une relecture et une édition de qualité et j'avoue que ça m'a déçue un peu, de retrouver des couacs.
Mais je râle, je râle. Alors que j'ai beaucoup aimé. La naïveté de Nox comme un Fitz Loinvoyant, la ville personnage comme Abyme, les complots, le soupçon de fantastique, les rebondissements... J'ai quitté le livre en voulant attaquer la suite. Seulement à la place, pour jouer le jeu comme l'ont voulu les Maistres du Donjon, c'est le premier tome de Capitale du Nord que j'ai empruntée... On verra bien !
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Nox, la petite vingtaine, connait la Cité du sud comme sa poche. Grâce à son job de coursier pour l'épicier, les venelles et les toits n'ont plus aucun secret pour lui. Enfant perdu, découvert par le Duc de la Maison de la Caouane alors qu'il était abandonné dans un sous-sol avec sa soeur, le jeune homme est féru de poésie et rien ne lui tient plus à coeur que l'olivier de la Demoiselle, un des piliers fondateurs de la Cité. Dans cette ville grouillante, les jeux de pouvoirs entre Maisons sont nombreux... il est temps pour Nox de faire ses premiers pas en politique.

Le véritable personnage principal de ce premier tome est la Cité elle-même. Cosmopolite, complexe, grouillante de bruits et d'odeurs, fourmillante, foisonnante... elle s'ouvre petit à petit au lecteur qui se laisse guider par le personnage de Nox. Une ville imaginaire, fleurant bon l'Italie Moyen-âgeuse, qui cache de nombreux secrets dont le lecteur n'a certainement pas appréhendé toute les dimensions à la fin du tome.
L'écriture de l'auteur est très visuelle et on se représente très bien et très vite cet entrelac de ruelles, ces boutiques, ces stands à fougasses... J'ai eu un peu plus de mal à me représenter physiquement Nox mais ça ne m'a pas empêchée de m'y attacher très vite. Ce fut un guide formidable tout au long de ma lecture !

Pour un premier roman, l'auteur frappe fort. Son univers est hyper intéressant et multidimentionnel. Ses personnages sont nombreux et bien construits. L'intrigue s'intègrerait presque dans un roman historique si on ne savait pas que la Capitale du Sud n'existe pas; les détails fantastiques sont distillés avec parcimonie, histoire de maintenir une certaine tension tout au long du récit.

Une aventure donc, aussi bien pour les personnages que pour les lecteurs puisque ce tome fait partie d'une expérience littéraire inédite qui fait se croiser deux trilogies, rédigée chacune par un auteur différent, autour d'un monde divisé en deux cités, celle du Nord et celle du Sud. Curieuse, ce type d'approche ne pouvait que me tenter. Je suis assez facilement entrée dans l'univers proposé par l'auteur et les premières pages du premier opus de la Capitale du Nord que j'ai lues en fin d'ouvrage me font penser que l'ensemble va être bien riche.
Encore une bien jolie découverte.
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Un premier tome d'une double trilogie pleine de promesses ! ( Saga à quatre mains : « Cycle de la Tour de garde »)

Avant même de débuter cette lecture, je savais que ça allait me plaire. Cela ne s'explique pas : ça se ressent. Et mon ressenti ne m'a pas trompé car dès les premières lignes j'ai été charmée (bien qu'un peu perdue avec tout les noms des personnages et des clans, mais ce sentiment de flou s'est estompé au fil des pages). La plume de l'auteur Guillaume Chamanadjian, simple, efficace, et poétique, m'a conquise. C'est là que je me rends compte comme il est agréable de lire de la fantasy française, sous-entendu, sans avoir besoin de lire une traduction... (Je ne jette pas la pierre à ces dernières, certaines sont très bien faites, mais je trouve - encore une fois, au risque de me répéter avec ce mot - que cela se ressent souvent, lorsqu'on ne lit pas une oeuvre dans sa langue d'origine). Je suis donc ravie d'avoir lu ce tome 1, dont j'ai particulièrement apprécié la lenteur qui ne m'a pas ennuyée une seule seconde, au contraire, j'ai aimé suivre le personnage principal masculin, Nohamux alias Nox, dans sa vie et ce qu'il va lui arriver... Des complots politiques, entre autres, dans lesquels il sera entremêlé bien malgré lui.

La Cité que l'on découvre ici est entouré de murs, un peu comme le manga « l'attaque des titans » finalement mais, sans les titans, haha ; nous en sommes dans l'introduction de l'univers avec ce premier opus. Des mystères, nous en avons encore à résoudre, des explications et révélations nous en aurons certainement par la suite. Mais, les rebondissements étaient selon moi très bien dosés et arrivaient toujours à point nommé, de façon très naturelle, accordant une certaine fluidité à la lecture, addictive sans trop l'être, qui nous permet de profiter de ce moment livresque... du moins, c'est comme cela que je l'ai vécu.

Le seul bémol que je pourrais soulever, si je souhaite être tatillon, est la longueur des chapitres. 40 pages (format poche) pour un seul d'entre eux... Me concernant, je trouve cela trop. de ce fait, et même si j'appréciais grandement ma lecture, il m'arrivait de ne pas vouloir lire le soir, étant très fatiguée, car je savais que je n'allais pouvoir aller au bout. Il faut dire aussi que je déteste arrêter de lire en plein chapitre ^^'...

Malgré tout, cet ouvrage m'a beaucoup plu et m'a clairement donné envie de lire le tome 1 de la deuxième trilogie (« Capitale du Nord »), écrit par l'autrice Claire Duvivier. C'est un projet - la saga entrecroisée - que je trouve très intéressant, soit dit en passant ! Un petit plus à souligner pour la version poche de ce livre : nous avions le droit au début à une carte de la Cité, je pensais que ce genre de ''privilège'' n'était réservé qu'aux bouquins grands formats, mais que nenni. J'ai trouvé ça super chouette d'en avoir une dans cette édition. Un autre point positif (selon mes goûts personnels) que je souhaite brièvement aborder, si vous êtes comme moi à ne pas particulièrement apprécier la ''romantasy'': ici, du moins dans ce premier tome, pas de romance ! :-)

Ce fût donc une jolie découverte dont j'ai hâte de lire la suite, en alternant les deux trilogies.
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Ce roman est le premier d'une double trilogie écrite à quatre mains et consacrée chacune à une des deux capitales. Ici nous sommes dans celle du Sud, inspirée par les villes italiennes de la Renaissance, Sienne et Florence. Nous y suivrons Nox, jeune orphelin retrouvé séquestré sous terre avec sa soeur Daphné par le duc Servaint lors de sa victoire sur un rival. Depuis il protège les deux adolescents, ses liens avec eux seront révélés peu à peu dans le roman. Daphné s'attire de nombreux ennuis par son caractère belliqueux, mais le duc la protège, son frère est chargé d^y remédier dans la mesure du possible. Il travaille comme commis dans une épicerie fine, ce qui lui permet de connaître la ville en détail. Il maîtrise aussi bien le dédale des ruelles et des différents quartiers que l'humeur changeante de la ville. le duc veut le former comme ambassadeur et homme de main car il pense que ses connaissances l'aideront à édifier un canal à travers la cité. le port joue un rôle essentiel dans le pays, toutefois il est difficile de faire parvenir les marchandises aux territoires du nord, le projet de canal est soutenu par certains clans et combattus par d'autres selon leurs intérêts. Nox aide le duc, mais garde un esprit critique et ne se laisse pas manipuler. Il saura reprendre sa liberté au bon moment.

L'imaginaire joue un rôle mineur dans l'histoire : Nox a la capacité de passer dans une réalité parallèle lorsqu'il est en danger. La première fois, le passage se fait involontairement, puis il apprend à maîtriser son pouvoir. S'il lui permet ainsi d'échapper à ses poursuivants, il comprend vite que cette ville miroir recèle d'autres dangers, peut-être même pires. A part ces brefs voyages, il s'agit d'un univers non fantastique, dénué de toute magie ou de technique futuriste. A part qu'il s'agit d'un lieu imaginaire, on a vraiment l'impression de lire un roman historique qui se passerait à la Renaissance. J'ai beaucoup apprécié la complexité et la précision qui caractérisent ce monde. Les plaisirs des sens, notamment la gastronomie sont particulièrement prisés, ainsi qu'un jeu qui s'apparente aux échecs, la tour de garde auquel tous les habitants s'adonnent dès qu'il le peuvent.

Le système politique est décrit en détail. La cité est aux mains de nombreuses familles ducales dont les alliances et les rivalités alternent en fonction des intérêts du moment. Les choix de Servaint ne seront pas les meilleurs, du moins dans ce tome. Les nombreux personnages sont bien développés et intéressants, en particulier Nox et son ami.

Ce premier tome est prometteur et je ne manquerai pas de lire la suite de ce récit assez classique dans la littérature fantasy, mais comme j'en lis peu, ça reste nouveau pour moi. J'ai beaucoup aimé la lecture faite par Maxime Baudouin, je préfère nettement l'audio pour ce genre littéraire, c'est plus immersif.

Ce premier opus est surtout consacré à la ville, son fonctionnement, ses caractéristiques etc. J'ai beaucoup aimé ce voyage dans ce monde vraiment bien construit et je découvrirai avec plaisir la suite de la trilogie. Merci à Netgalley et Audiolib pour leur confiance.

#LeSangdelacité #NetGalleyFrance !
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Si je n'ai pas été aussi emportée que ce à quoi je m'attendais, j'ai apprécié me plonger dans les rues de la Cité. Il m'a fallu un moment pour m'acclimater ; la première moitié est très centrée sur la mise en place de l'univers et de l'atmosphère et ce n'est pas ce que j'apprécie le plus mais on ne peut pas nier que l'exercice est fort bien exécuté. Les sons, les couleurs, les odeurs et même les saveurs, tous les ingrédients d'une atmosphère ultra immersive sont là et très bien maîtrisés.
L'intrigue à proprement parler met un peu de temps à se dévoiler, et l'aspect fantasy n'apparaît que très tardivement, et c'est ce qui a contribué à me laisser un peu en-dehors de l'histoire, ainsi que les très nombreuses références gastronomiques qui ne m'enthousiasment pas plus que ça de manière générale (la bouffe, j'aime ça, mais seulement dans mon assiette).
Ce premier tome m'a au final semblé essentiellement introductif. Je serai très curieuse de lire la suite mais j'espère vraiment qu'on entrera plus concrètement dans le vif du sujet. Je vais également commencer en parallèle l'écoute/lecture de l'autre trilogie de cette série écrite à quatre mains. Je trouve ce principe vraiment sympa !
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