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EAN : 9782021121674
400 pages
Seuil (12/04/2018)
4.12/5   4 notes
Résumé :
Au moins 500 000 combattants, autant de morts, civils dans leur écrasante majorité, plus de 5 000 villages biélorusses incendiés, dont plus de 600 entièrement détruits avec toute leur population : derrière ces chiffres s'esquisse la tragédie du plus puissant mouvement de résistance armée à l'occupation nazie en Europe.

Ce livre rend leur voix aux partisans soviétiques, combattants aguerris menant une guerre impitoyable, qui se levèrent dans les forêt... >Voir plus
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Critiques, Analyses et Avis (3) Ajouter une critique

La seconde guerre mondiale du côté de l'Est, je dois avouer que jamais je ne m'étais vraiment questionnée sur le sujet. Au travers de différents livres, romans, j'ai bien perçu que c'était un peu compliqué, mais qu'est ce qui n'était pas compliqué en pleine période stalinienne...

Et puis ce livre est apparu à la suite de l'écoute d'une émission, noté, trouvé à la bibliothèque et lu.

L'auteure s 'est particulièrement documentée sur les partisans.

Premier choc, vu ma grande inculture sur le sujet, c'est l'effondrement de l'Armée Rouge en 1941 ,que même les Allemands n'avaient pas prévu. Cette défaite cuisante a laissé des hommes en zone occupée qui n'avaient que des choix difficiles, collaborer, être prisonnier et mourir rapidement, passer à la clandestinité, ou tenter de rejoindre l'armée. Une partie a choisi la clandestinité ce sont les partisans. Pour faire simple je vais dire qu'ils ont eu une vie de chien dans des forêts marécageuses en été et gelées en hiver. Tout relève de l'impossible, se nourrir, se soigner, s'organiser sans moyen et pourtant ils vont y arriver quasi seuls, l'armée étant totalement incapable de les appuyer les premières années.

Deuxième surprise,ces hommes sont des locaux, ils connaissent les villages environnants et leurs habitants et ne sont pas de farouches défenseurs de l'Union Soviétique, paysans la collectivisation ne les a pas réjouis. Livrés à eux mêmes, ils vont bricoler un prêt à penser qui les maintient dans la république soviétique tout en prenant largement leurs distances avec la doctrine. Ils feront à leur façon sans toujours tenir compte des ordres de Moscou.

Troisième point, peu surprenant, ces hommes ne sont pas que des héros, encore moins des anges, la violence, l'alcool, la vengeance sont leurs points de repères, ce qu'on appelle une fraternité "virile" en quelque sorte... et les femmes comme toujours, sont au service de ces combattants et objets sexuels à leur disposition.

En face, l'ennemi se retrouve avec une zone à contrôler qu'il n'avait pas anticipée, des "bandits" qu'ils n'arrivent pas à maitriser et une idéologie qui est la même qu'à l'Ouest éliminer, détruire, utiliser les populations vaincues.

Le tout donne un carnage, des villages brulés par centaines, des populations massacrées, des milliers de morts ...

Le livre est passionnant, très documenté tout en restant lisible et croise différentes données pour établir un tableau détaillé non seulement de ce qui s'est passé mais aussi des mentalités et des enjeux.
Lien : http://theetlivres.eklablog...
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Une étude bienvenue sur cette période et surtout cette zone géographique derrière le front germano-russe dans ces années 1941-1944, ce qui se joue dans les coulisses d'un grand théâtre, derrière l'intimidant décor de la "Grande Guerre patriotique" du peuple russe contre les Nazis.
On est admiratif devant les connaissance de l'auteur, Masha Cerovic, de ce monde et de ses archives (pour autant qu'elles soient accessibles car ce n'est plus le cas en Russie actuellement).
C'est une lutte cruelle, sanglante, autant de part et d'autre (partisans, Nazis), impitoyable qui se déroule dans ces forêts et ces marécages entre Minsk et Smolensk ; l'organisation de la société des partisans n'a plus rien à voir avec les principes soviétiques ; et les dirigeants de l'URSS, après la "libération" des territoires occupés, prendront soin de traduire leur mémoire dans dans l'histoire officielle, gommant certains aspects cette guerre pas seulement anti-nazie mais aussi guerre civile (partisans contre collaborateurs, nationalistes, anti-communistes) qui ravagea cette zone.
L'auteur, dans sa conclusion, fait un parallèle avec la guérilla espagnole contre les armées républicaines : je me suis demandé s'il pouvait être repris pour la Vendée des années 1793-1795...
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“Vous qui entre ici…ˮ. L'histoire des partisans soviétique a souvent été présentée par les plumitifs de service comme la lutte des gentils contre les méchants. Malheureusement, la tragédie a été infiniment plus complexe et moins manichéiste. Au fur et à mesure de la lecture, la plongée chronologique est une plongée dans la barbarie et la brutalisation, pour employer un terme déjà retenu par d'autres historiens pour qualifier la Grande guerre. A la barbarie des nazis, s'oppose assez vite, face à la désorganisation soviétique du début de la guerre, la fuite des responsables, du NKVD… qui voulaient sauver leur peau, des petits groupes qui s'auto-organisent. Très vite la suspicion des autorités centrales conduit à des tentatives de reprise en main, rien de plus dangereux que des forces autonomes, pensent les bureaucrates et les services de répression. En suite la violence se déchaine : conflit entre la population et les partisans, réquisitions des hommes et des moyens matériels, chasse aux traitres ou déclarés tels… Les occupants brulent les villages, assassinent les civils…Les partisans pratiquent la vengeance… Escalade sans fin de violence aveugle. A noter que les partisans n'ont aucun programme, contrairement à ce qui s'est passé en France avec les mouvements de résistance. Avec l'arrivée de l'Armée rouge, les groupes ont été intégrés, dissous, oubliés. Et une autre guerre de partisans va commencer entre le pouvoir soviétique et les autonomistes ukrainiens et baltes, ceci est une autre histoire. Bref, une salutaire présentation historique, loin de la légende et des chromos, pour comprendre ce qui s'est passé dans ces “terres de sangˮ.
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critiques presse (1)
LaViedesIdees
23 novembre 2018
M. Cerovic retrace l’épopée des brigades de partisans durant la Seconde Guerre mondiale, aux confins de la Biélorussie, de l’Ukraine et de la Russie, désintégrés par la Wehrmacht avant d’être bannis des mémoires par le pouvoir soviétique.
Lire la critique sur le site : LaViedesIdees
Citations et extraits (19) Voir plus Ajouter une citation
Après plus d'une décennie de terreur où la loyauté, vertu exaltée, exigée mais toujours remise en doute, était mesurée de façon arbitraire et secrète du régime, la guerre offre l'occasion de la démontrer en actes. Les masques tombent. La rhétorique de la révélation est centrale dans la définition de la figure du traître par les partisans. Qu'importe ses motivations, celui-ci avoue enfin par son comportement qu'il n'est pas réellement membre de la communauté soviétique imaginée, au sein de laquelle il s'est caché...
Le traître n'est plus reconnaissable, comme dans le discours bolchevique d'avant-guerre, à son apparence ou à son origine sociale. Il est ici l'incarnation même du moujik, à la duplicité motivée par l'appât du gain : aucune trace ici de lutte de classes ou de contre contre-révolution. Si la traîtrise trouve ses racines dans l'essence même de l'ennemi intérieur, dans sa nature profonde, il est inutile de lui chercher des causes politiques ou sociales. Il est vrai que les partisans, surtout dans leurs rapports à Moscou, continuent d'user du lexique propre aux répressions staliniennes, décrivant les traîtres comme des koulaks, des criminels, mais ils ne prétendent même plus que ces termes renvoient à des réalités sociales....
La guerre permet alors de mener à bien la tâche entamée en 1917, en extirpant les "éléments nuisibles" pour permettre l'avènement de la société nouvelle. C'est d'autant plus vrai que, dans le contexte de la guerre, l'ennemi intérieur n'est plus seulement l'ennemi de la révolution ou du prolétaire, mais est devenu "ennemi de l'homme", en révélant sa nature profondément animale.
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Le sang unissait la communauté combattante, le sang des victimes qui abreuvait la terre, le sang versé du guerrier, le sang impur de l'ennemi qui venait sceller le serment donné. Les frontières de l'humanité purifiée et de la bestialité étaient tracées par le sang et le feu, sur ce "sentier brûlant" de la rédemption individuelle et collective. Le deuil individuel était transcandé en une communauté de souffrance; la pulsion de violence devenait communion, l'intimité se faisait politique.
Cette mutation s'inscrivait profondément dans une culture soviétique spécifique, à tous les niveaux. Comme ils y étaient appelés depuis la révolution, les individus se faisaient les instruments de l'Histoire, répondant à leur devoir et leur dette envers la patrie, transformant à la fois eux-mêmes et le monde, en effaçant la barrière entre le privé et le public, l'intime et le collectif. Ils puisaient dans les sources staliniennes la figure de l'ennemi et l'entreprise de purification du corps social. Ils vivaient en un temps eschatologique, dont les bolcheviques s'étaient faits les hérauts. En même temps, les communautés quasi féodales ainsi nées du devoir et de la vengeance n'étaient pas la reproduction ou la restauration de l'Etat soviétique. Les partisans ne formaient pas un mouvement et ne répondaient pas à l'idéal de l'avant-garde révolutionnaire. Au coeur de leur identité ne se trouvaient pas l'Etat et le Parti, mais la communauté combattante, l'unité, la brigade.
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Maîtrise du terrain de la forêt et des marécages, adaptation sensorielle, survie dans des conditions climatiques extrêmes et manque de nourriture : ainsi sont dégagées les principales caractéristiques du mode de vie partisan. S'il est indéniable que ;les connaissances topographiques des habitants leur confèrent un avantage considérable sur les Allemands- mais pas sur leur collaborateurs locaux-, les autres qualités énumérées ne leur sont pas plus innées qu' à leurs ennemis.
L'univers du partisan est d'abord celui de la forêt et de la nuit. L'environnement sonore de la forêt est particulièrement déstabilisant : la première impression de silence total laissse à un trop-plein de bruits d'autant plus étranges qu'ils sont sourds mais omniprésents. Les yeux doivent s'habituer à la pénombre de la forêt, à son obscurité totale la nuit. Les saisons donnent à la vie des partisans un rythme propre.
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A partir de septembre, des dizaines d'autres commandants partisans sont convoqués à Moscou avec des agents du NKVD et de l'état-major central. Ces rencontres permettent aux autorités de s'informer de la situation sur le terrain, mais elles sont aussi l'occasion d'une vérification des cadres, au cours de laquelle plusieurs commandants sont démis de leurs fonctions , voire arrêtés...
Même si les archives ouvertes ne permettent pas de savoir combien d'arrestations ont eu lieu, celles-ci semblent malgré l'absence de directives connues en ce sens, participer d'une vague de répression politique visant à imposer le contrôle des autorités soviétiques , en écartant des commandants trop indépendants ou politiquement suspects, tout en faisant des exemples pour le reste.
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Les femmes forment un groupe "émancipé" par la révolution qui n'a jamais trouvé sa place dans ces communautés combattantes . Leur nombre dans les unités est difficile à évaluer , dans la mesure où elles ne sont pas comptabilisées de façon homogène. Elles sont toujours présentes, au moins dans leurs rôles "traditionnels", d'épouses, d'infirmières, de ménagères. Certaines unités les enregistrent toutes comme "partisanes",d'autres n'en listent aucune , certaines ne décomptent que la minorité de "vraies combattantes". Officiellement, environ 10 % des partisans de Biélorussie sont des femmes...
Elles occupent dans les unités des fonctions variées. Elles sont particulièrement recherchées pour les missions de renseignement, de liaison, de terrorisme, à cause de leur plus grande liberté de mouvement en territoire occupé et de la moindre méfiance qu'elles suscitent....
Enfin, une minorité de partisanes sont des combattantes à égalité avec les hommes, se conforment au rôle que les autotités soviétiques , en particulier le Komsomol, voudraient les voir jouer. Elles peuvent à ce titre trouver une place d'honneur dans les brigades, mais il ne leur est pas aisé de négocier les conséquences de cette remise en cause des rôles sexués. Les plus admirées de ces combattantes se voient dénier leur féminité.
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Vidéo de Masha Cerovic
Masha Cerovic vous présente son ouvrage "Les enfants de Staline Seuil" aux éditions Seuil.
Retrouvez le livre : https://www.mollat.com/livres/2194007/masha-cerovic-les-enfants-de-staline-la-guerre-des-partisans-sovietiques-1941-1944 Note de musique : Free Music Archive
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