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EAN : 9782130832836
104 pages
Presses Universitaires de France (03/11/2021)
2.64/5   7 notes
Résumé :
De la même façon qu'il existe une physique amusante, l'autrice voudrait pratiquer ici une sociologie amusante, sans prétention scientifique. Faisant le constat que la vie quotidienne a davantage changé depuis sa naissance que durant tout le siècle précédent, elle évoque des objets comme la balance romaine, le filet à crevettes, la couchette de seconde classe, les ventouses ou la gamelle de l'ouvrier, qui nous émeuvent comme les témoins oubliés du monde d'hier.
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Critiques, Analyses et Avis (3) Ajouter une critique
La quatrième de couverture présente l'ouvrage d'Arlette Camion comme un ouvrage de "sociologie amusante". Ce n'est pas faux, en précisant que l'auteur, agrégée d'allemand, docteur ès-lettres et maître de conférence en littérature germanique, n'est pas sociologue, ce qui explique sans doute les qualités de son ouvrage.
Cet inventaire des objets disparus parlera particulièrement à ceux qui comme moi vécu leur enfance dans les années cinquante. Ils y retrouveront avec attendrissement beaucoup de ce qui en a fait la substance, et se rememoreront des choses qu'ils avaient presque oublié. Pour autant le livre n'est pas placé sous le signe du "c'était mieux avant". Malgré la tendresse évidente de l'auteur pour cette époque, que partageront comme elle ceux qui l'ont vécue enfants, elle ne cache pas ses aspérités.
Pour les plus jeunes, ce sera au contraire la découverte d'une société presque aussi éloignée de celles d'aujourd'hui que cette dernière ne l'est des cultures contemporaines les plus exotiques. J'aimerais le faire lire à l'aînée de mes petites filles, âgée de vingt ans qui m'a demandé il y a quelques mois s'il était vrai qu'à mon époque les enfants ne recevait qu'une orange à Noël. Tant il est vrai que pour les plus jeunes, le passé est un temps plat où Charles de Gaulle est aussi lointain que Louis XIV. Et la façon dont on vivait il y a seulement soixante ans leur est inimaginable et presque incroyable.
En me rappelant tout cela, je réalise que je tape cette critique sur une tablette numérique, alors que j'ai connu l'encre violette et les plumes Sergent Major, à une époque où l'on voyait un An Deux Mille plein de fusées interplanétaires, mais sans informatique.

Pour résumer mon propos, j'ai adoré ce livre, qui m'a donné autant matière à me souvenir (et les souvenirs se présentent en foule) qu'à analyser et à réfléchir.
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Une des rares qualités de ce livre c'est qu'il brosse, en filigranes, le portrait de son autrice: grande bourgeoise allant en vacances en Suisse, recevant à Noël des billets de 500 francs de la grand-mère pingre alors que ses parents lui en donnaient de 1000, etc. (Pour ma part c'est une pièce de 5 francs que je recevais). Grande bourgeoise qui veut faire peuple, qui veut faire jeune, en mêlant à une écriture élaborée des gros mots comme "emm**der" ou "faire ch**r". Autant dire de la grossièreté mal placée qui devient vulgarité. Pour le reste, un tissu de généralités et de raccourcis qui se veulent amusants mais qui, comme toute généralité et tout raccourci, sont faux et ouvrent la voie à tous les poujadismes et autres extrémismes. Même si on s'en défend, c'est ici le règne du "c'était mieux avant". C'est donc facile et inutile. Si l'on devait sauver un passage ce serait celui du brassard noir qui permet d'évoquer avec justesse les rituels de la mort.
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« Epatant » pour employer un mot légèrement désuet en accord avec ce recensement nullement triste des objets obsolètes.
« Prendre les objets disparus et les interroger, les faire scintiller à la lumière du monde d'aujourd'hui. »
La jovialité de l'auteur nous épargne toute nostalgie, bien que sa sidération devant le temps qui a galopé soit aussi la nôtre.
« On ne voulait rien gagner, mais on s'évertuait à ne rien perdre […] depuis ma naissance, la population mondiale a plus que triplé, les peuples dits primitifs ont à présent la wifi, la sainte Eglise apostolique et romaine s'est brutalement effondrée, tout comme le saint espoir communiste, l'exotisme est devenu une denrée commerciale, et nos petits enfants nous apprennent comment faire marcher des machine qui sont indispensables à notre quotidien. »
Au chapitre « papier gras » l'humour trahit une colère :
« Il faut sortir de l'Europe pour trouver la vieille pollution, la pollution sympathique : en Algérie, où le lit des rivières à sec s'émaille de couleurs rose, blanches, bleues, noires de plastique balancé, c'est une pure merveille. »
Avec ses airs de Philippe Delerm dans ses descriptions de la cabine téléphonique, du serre-tête ou du ris de veau financière, elle glisse quelques utiles réflexions sociologiques qui placent les objets dans leur évolution. La balance romaine permet d'évoquer les métamorphoses du commerce, l'horloge parlante notre rapport au temps, la boite à compas nos hésitations quant au progrès. La mappemonde, le globe, est devenue la planète, globalisée, et la lorgnette de théâtre, outil de médisance, aurait à voir avec les réseaux sociaux…

Lien : https://blog-de-guy.blogspot..
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critiques presse (1)
LeMonde
10 janvier 2022
La sociologue offre une suite de croquis d’objets oubliés, plongeant dans les souvenirs des temps, pas si vieux mais si lointains, où la mort existait dans les consciences.
Lire la critique sur le site : LeMonde
Citations et extraits (5) Ajouter une citation
Dans le foutoir,, seul le vrai nietzschéen peut encore tirer son épingle du jeu. Mais c'est plutôt botter en touche si vous voyez ce que je veux dire ( moi-même je ne vois pas très bien, mais il ne faut jamais douter de son lecteur.
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L’horloge parlante
Elle existe toujours, et il existe encore des gens pour l’appeler. Autrefois, à l’autre bout du fil, on entendait : « Au quatrième top il sera exactement : 10 heures, 2 minutes, 30 secondes », ceci dit d’une belle voix masculine, grave, bien timbrée, lente.
Aujourd’hui on perçoit une voix féminine qui susurre l’heure toutes les dix secondes, mécaniquement.
L’évolution est déjà sensible à ce détail : l’heure s’est accélérée. Elle était l’objet d’une révélation rituelle au quatrième top, elle passe maintenant d’une dizaine de secondes à l’autre dans un flux inexorable.
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Les bigoudis
Je me souviens du traitement auquel on soumettait ma chevelure de petite fille, dans les grandes occasions : on me faisait des papillotes, on mouillait mes mèches de bière et on les enroulait autour d’un tortillon de papier. Cela séchait très vite, et lorsqu’on déroulait ensuite, les boucles blondes faisaient un halo du plus bel effet autour de mon visage.
C’était magique, j’étais ravie, même si je restais entourée pour plusieurs heures d’une forte et suspecte odeur de bibine.
Mais c’était le prix à payer pour la splendeur.
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Le buvard
J’oubliais toujours mon buvard, et c’était un manquement grave. La maîtresse prenait son air vache et disait : « Tu as encore oublié ton buvard. »
La chose était indispensable pour essuyer le trop-plein d’encre, pour retenir vite la bulle du liquide violet qui grossissait à vue d’œil sur le papier, s’infiltrant entre les fibres, prenant une forme laide de filandreuse méduse, gagnant une place effrayante et qui annulait d’un coup toute la peine que l’on avait eue à former les pleins et les déliés.
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La couchette de seconde classe.
Il y avait dans les couchettes de seconde classe une odeur particulière, humée nulle part ailleurs : un mélange de métal, de poussière, de tabac refroidi, d’haleines fétides. On avait beau ouvrir la fenêtre pour aérer, ça restait, c’était incrusté.
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