Chaque soir, je me promets de me maquiller le lendemain. Je ne le fais que pour les grandes occasions. Or chaque matin de la vie devrait être une grande occasion.
Dans la seconde où j’ai vu l’horreur humaine possible, j’ai cessé de croire en Dieu, afin qu’il n’y ait plus ni enfer ni paradis.
Mon cœur ressemble à une armoire de toilette : un espace pour mon rôle de mère, un tiroir pour ma vie professionnelle, un autre pour mes amis, un intérieur de porte pour mon fatras amoureux.
Ce qui m’embête, c’est qu’au collège on me reproche soit ma tronche d’enterrement, soit mon air hautain, alors que j’ai juste l’esprit qui tourne à vide.
Face à la glace centrale, en ramenant vers moi les deux miroirs latéraux, je découvre mes profils simultanément. Je les observe surtout le mercredi après-midi quand je m’ennuie. Je constate que j’ai un côté doux, et l’autre plus sévère, et c’est aussi les impressions que je renvoie aux autres : gentille aussi bien que revêche.
Une question me reste sans réponse : peut-on acquérir malgré soi le chromosome de la mélancolie ?