AccueilMes livresAjouter des livres
Découvrir
LivresAuteursLecteursCritiquesCitationsListesQuizGroupesQuestionsPrix BabelioRencontresLe Carnet
EAN : 9782246811930
368 pages
Grasset (19/09/2018)
3.86/5   18 notes
Résumé :
Trois débats nous obsèdent : autour du genre, des droits de l’animal, de l’euthanasie. Et trois disciplines politiquement correctes traitent désormais de ces questions dans le monde universitaire : gender studies, animal studies, bioéthique.
Cependant, lorsqu’on lit les textes des fondateurs de ces disciplines, John Money, Judith Butler, Peter Singer, Donna Haraway et quelques autres, on s’aperçoit que, derrière les bons sentiments affichés, se font jour d... >Voir plus
Que lire après La philosophie devenue folle : Le genre, l'animal, la mortVoir plus
Critiques, Analyses et Avis (6) Voir plus Ajouter une critique
Jean-François Braunstein se penche sur trois nouvelles disciplines de la philosophie qui ne sont pas sans conséquences sur notre vie quotidienne : la théorie des genres, l'éthique animale, la bioéthique.

Celles-ci sont loin d'être de simples théories farfelues, excessives ou simplement isolées. Dans leurs délires philosophiques leurs fondateurs vont jusqu'à démontrer l'absence de différence sexuelle, voire de corps, tout n'étant que construction sociale ; ils défendent le droit des animaux, leur égalité avec les hommes jusqu'à la zoophilie et la supériorité de l'animal sain à l'être humain handicapé ; au nom de la dignité humaine ils prônent l'euthanasie et l'eugénisme.

Or il est important de défendre l'humain, donc des valeurs qui ont porté l'humanité et permettent son existence. Sans ces limites tout devient possible et la vie disparaît au profit de théories ayant perdu tout contact avec la réalité du monde : les êtres vivants ont un corps, sexué pour la plupart, les hommes ne sont pas des animaux, toute vie humaine est digne, personne ne peut décider de son sexe ni de sa mort sauf exceptions qui ne sauraient devenir la règle. On ne peut pas partir de quelques cas comme les intersexuels pour en faire une généralité, ni sur la méconnaissance que peut avoir un intellectuel urbain du monde animal pour fonder l'animalisme pas plus que sur des définitions arrêtées de la « mort cérébrale » ou de « handicap lourd » sous prétexte de dons d'organes ou de soulager des familles.

A travers l'analyse des écrits de John Money, fondateur de la théorie du genre, défenseur de toutes les déviances sexuelles jusqu'à l'inceste « doux », d'Anne Fausto-Sterling et Judith Butler qui nie la différence sexuelle, de ceux de Peter Singer qui pense qu'il vaut mieux faire des expériences sur des comateux ou des handicapés plutôt que sur des animaux, et considère les personnes dépourvues de conscience (bébés, personnes dans le coma, séniles) comme dénuées d'humanité, des propos de Donna Haraway qui ne voit aucune frontières entre les espèces ni entre l'homme et la machine et s'intéresse aux créatures hybrides, aux cyborg, créatures de l'avenir, l'auteur nous brosse un tableau saisissant de dérives intellectuelles qui ont une profonde influence sur notre société. Et tire la sonnette d'alarme pour nous mettre en garde contre les dangers qu'elles engendrent pour la survie de l'humanité.

Etonnant, passionnant et inquiétant, ce livre ne laisse pas indifférent car il aborde des problèmes fondamentaux qui nous concernent directement : l'enseignement de la théorie des genres à l'école maternelle, les bouchers traités d'assassins par des extrémistes animalistes, la mode du végan, la demande de législation de l'euthanasie… Quelques pistes de réflexion pour éviter que des combats nobles, le féminisme, l'homosexualité, la cause animale, une fin de vie sans souffrance, ne dérivent vers un "monde informe" qui n'est pas souhaitable.
Commenter  J’apprécie          264
Un bouquin sur des questions actuellement à la mode : le genre, l'animal, la mort. Je ne m'intéresse que de loin à ces questions, mes préjugés me suffisant amplement pour avoir un avis (éclairé bien sur!) mais je suis toujours friand de rire des nouvelles formes que peut prendre l'éternelle bêtise humaine. Je sentais du potentiel dans ce livre. C'est un livre absolument partisan, parfois de mauvaise foi, sans beaucoup de nuances. L'auteur semble un peu "limité" : c'est bien dommage pour la réflexion mais ce livre reste quand même intéressant, et le rire y gagne.

La première partie sur le genre est clairement la plus drôle, la plus réjouissante dans son grotesque. On y voit la dérive progressive d'un idéal égalitaire, tolérant et progressiste, jusqu'à une véritable négation de la réalité poussé jusqu'à l'absurde complet.

La deuxième partie sur l'animal m'a au contraire énervé. Si on y voit là aussi l'absurdité d'un égalitarisme poussé à l'extrême, d'un anthropomorphisme ridicule, l'auteur passe complètement sous silence le seul problème qui compte vraiment, le coeur de la critique animaliste : la souffrance animal. Il écrit même des conneries du style, je cite de mémoire, « La corrida permet de rencontrer l'altérité animal ». Moui... Il semblerait aussi que les employées des abattoirs respectent plus les animaux que les animalistes car ils les fréquentent vraiment. Là aussi : moui...

La dernière partie sur la mort est celle qui m'a apporté le plus de réflexions. J'y suis le plus souvent en désaccord avec l'auteur, le pamphlétaire devais-je dire par la mauvaise foi et les outrances de celui-ci qui compare par exemple Peter Singer à Hitler. Cependant, en temps qu'agnostique ou athée, elle donne à réfléchir aux conséquences ultimes du matérialisme intégral. Pourquoi, par exemple, ne légaliserait-on pas l'infanticide ? En toute logique, si on est pas croyant, pas de problème. Oui mais jusqu'à quel âge ? Trois jours ? Une semaine ? Plus ? Peut-être, c'est même une certitude, qu'une société a besoin pour fonctionner de tabous, de mensonges, d'oeillères. L'homme n'est assurément pas un animal de pur raison et c'est heureux, la vie serait bien terne sinon. Et bien inhumaine.

Commenter  J’apprécie          155
En refermant cet ouvrage, je ne peux que constater le travail de fond accompli par l'auteur, professeur de philosophie contemporaine, que je découvre par cet essai. Analysant les textes de philosophes suscitant actuellement un engouement - Peter Singer, Donna Haraway, Judith Butler, pour ne citer que les plus connus - il en ressort les principales idées dans trois domaines : le gender et la question de l'identité, la mort et entre autres la question de l'euthanasie et du don d'organes, les animaux et leurs droits.
Ce sont surtout les contradictions et discours -ahurissants - de ces derniers qu'il souligne. Infanticide, pédopornographie, amputomanie, zoophilie, ou encore eugénisme, des mots qui font froid dans le dos, et qui pourtant sont prônés (et parfois vécus) avec sérieux par ces philosophes qui enseignent bien souvent dans les universités les plus prestigieuses.
Je retiens en particulier la question soulignée plusieurs fois par Jean-François Braunstein, celle du rapport au corps : peut-on penser la personne sans son corps ? N'est-ce pas un débat qui agite les philosophes depuis la nuit des temps ? Ne définir la personne qu'en fonction de la conscience de soi et de son autonomie, est extrêmement réducteur et conduit aux pires dérapages, dans une vision utilitariste de la personne, vision qui malheureusement sous-tend de nombreuses décisions politiques et économiques. Quand l'homme perd de vue qui il est, les conséquences sont, au mieux absurdes, au pire dramatiques.
Bref, une lecture instructive qui invite à creuser et compléter le sujet !
Commenter  J’apprécie          50
Il faut tout d'abord reconnaitre du courage à Braunstein. Lire toutes ces crapuleries, fadaises et autres inepties n'est pas à la portée du premier venu. Il nous en fait des résumés où la consternation le dispute à la rigolade. La plupart des auteurs relèvent davantage de l'hôpital psychiatrique que de l'université. Comment est-ce possible que de telles divagations puissent se tenir en milieu universitaire. Cela a commencé au États-Unis mais c'est arrivé chez nous. Et ça se dit philosophes, psychologues, sociologues… le titre du livre résume le propos, la philosophie est devenue folle ou alors c'est notre époque. Les potentats chinois, russes, turcs doivent rigoler devant ce spectacle du suicide de la raison. Il suffit d'attendre que le fruit finisse de pourrir.
Commenter  J’apprécie          70
Ce livre mérite peut-être deux avis, l'un sur le fond, l'autre sur la forme. Sur le fond d'abord, l'auteur nous démontre que 100% de raison n'est que pure folie. Que la logique déductive peut dériver aussi loin que l'obscurantisme. Que sous le couvert d'arguments, on peut cheminer vers le pire. Il développe une institution du brouillage de toutes les limites. Ce brouillage s'opère à travers la fluidité des genres qui permettrait d'en changer tous les matins, l'infanticide légalisé qui justifierait de supprimer les personnes en situation de handicap inconscient de leur existence et le déplacement d'une mort totale à celle plus précoce d'une mort cérébrale permettant d'extraire des organes de corps vivant, comme une simple pièce de rechange. C'est clair, le bon sens réagit et l'auteur y prend appui pour renvoyer toutes ces théories au placard.

Sur la forme maintenant, ce renvoi ne dépasse pas le choc des propos. le bon sens peut certes suffire, il nous protège assez bien au quotidien. Mais on ne peut le confondre avec une argumentation philosophique. Celle-ci est assez maigre, voire inexistante dans l'ouvrage. Il s'agit sans doute d'un choix, l'auteur étant professeur de philo, il est sans doute outillé pour croiser le fer avec les auteurs qu'il critique. Mais il ne le fait pas ici et la forme laisse une certaine frustration, on aurait aimé que ce soit la logique argumentative qui mette KO la déraison d'une raison poussée à l'extrême. le livre est un pamphlet, il est à charge, mais il atteint son objectif.
Commenter  J’apprécie          00


critiques presse (2)
NonFiction
27 novembre 2018
Le propos de JFB relève d'un art difficile qu'il pratique avec brio : celui de l'intervention philosophique. Il s'empare de trois débats « connus » du grand public par des sondages où chacun est sommé de donner son avis sur une question dont il a plus ou moins entendu parler. Ces questions sont aussi agitées dans le monde universitaire où des publications savantes et des revues académiques leur sont consacrées.
Lire la critique sur le site : NonFiction
LeMonde
28 septembre 2018
Ce livre a le mérite d’ouvrir un débat essentiel sur une actualité brûlante. Il montre comment un mouvement progressiste s’est retourné en son contraire à force de bons sentiments et de sottises. Il délivre avec rigueur une vraie leçon d’humanisme.
Lire la critique sur le site : LeMonde
Citations et extraits (19) Voir plus Ajouter une citation
Selon Fausto-Sterling, l’intersexualité n'est pas simplement un état de fait sans valeur particulière, voire doté d'une valeur négative, elle est éminemment valorisée: Les intersexes préfigurent l'avenir radieux d'une humanité indistincte et la réflexion sur la pluralité des sexes se poursuit alors par une sorte de rêverie sur ce que pourrait être un "monde idéal", utopique, sans identités sexuelles figées. L'éventail des choix ne serait pas limité à "mâle" ou "femelle": les sexes "se seraient multipliés à l’extrême, sans limites à l'imagination": "Ce serait un monde de pouvoirs partagés. Patient et médecin, parent et enfant, mâle et femelle, hétérosexuel et homosexuel: toutes ces oppositions, et bien d'autres encore, devraient être dissoutes car sources de division."
Commenter  J’apprécie          53
Il est étonnant de voir que l'un des manuels éthiques les plus utilisés actuellement, celui de l'ineffable Singer, au lieu de se préoccuper de ce que peut être une vie bonne, comme le faisaient les éthiques anciennes, se pose surtout la question de savoir comment mourir, ou plus exactement comment faire mourir les autres, les moins bien portants ou les non désirés. Les titres des chapitres parlent d'eux-mêmes. L'"éthique pratique" de Singer se pose comme questions centrales : "Est-il mal de tuer?", "Peut-on supprimer la vie des animaux?", "Peut-on supprimer la vie de l'embryon et du foetus?", "Peut-on supprimer la vie des humains?". Curieuse éthique qui porte plus sur la mise à mort, sur l'"éthics of killings", que sur la vie.
Commenter  J’apprécie          50
Élimination de la différence sexuelle, animalisation de l'homme, effacement de la mort, refus de l'idéal : c'est précisément dans ce monde informe, sans limite ni frontières, si bien décrit par Nietzsche, Muray ou Houellebecq que nous refusons de vivre.
Commenter  J’apprécie          130
Quand au corps, il semble aussi évident pour Kroker qu'il n'existe pas en tant que tel: "rien n'est aussi imaginaire que le corps matériel.Circulant, fluide, sans frontières, sans aucune limite ou histoire prédéterminée, le corps n'a aujourd'hui plus de significations que ses intermédiations...". Il faut de tout façon aller encore plus loin et suivre Donna Haraway: "Nous n'habitons plus, si jamais nous l'avons fait, un corps solitaire de chair et d'os, mais nous sommes nous-mêmes l'intersection d'une multiplicité de corps, avec la vie elle-même en tant qu'intersection fluide d'humains et de plantes et d'animaux et de minéraux."
Commenter  J’apprécie          40
Il  faut  désormais  affirmer  que  le  genre  doit  être  totalement  découplé  de l’anatomie : le terme de « transgenre » vise à marquer ce changement. Ce qui compte ce n’est plus le sexe, c’est le genre, le sentiment que chacun peut avoir d’être masculin ou féminin ou n’importe quoi d’autre entre les deux ou au-delà des deux. Je peux très bien me considérer comme un homme puis comme une femme  dans  la  même  journée,  suivant  l’inspiration  du  moment.
Commenter  J’apprécie          10

Videos de Jean-François Braunstein (5) Voir plusAjouter une vidéo
Vidéo de Jean-François Braunstein
Jean-François Braunstein - Les dangers du wokisme | Conférence
autres livres classés : wokeVoir plus
Les plus populaires : Littérature française Voir plus


Lecteurs (72) Voir plus



Quiz Voir plus

Philo pour tous

Jostein Gaarder fut au hit-parade des écrits philosophiques rendus accessibles au plus grand nombre avec un livre paru en 1995. Lequel?

Les Mystères de la patience
Le Monde de Sophie
Maya
Vita brevis

10 questions
441 lecteurs ont répondu
Thèmes : spiritualité , philosophieCréer un quiz sur ce livre

{* *} .._..