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Critique de Chestakova


Le récit de Nina Bouraoui s'apparente aux écrits nombreux qui traitent du deuil.
Je pense à « L'année magique » de Joan Didion ou encore au livre de Anne Pauly « Avant que j'oublie ».
La démarche de Nina Bouraoui est pourtant originale car elle choisit d'évoquer les derniers jours de son père, soigné en soins palliatifs à la maison médicale Jeanne-Garnier à Paris.
Elle fait partager au lecteur son impossibilité à accepter la mort annoncée. Elle choisit de l'entrainer avec elle dans la chambre 119, pour en conjurer les fantômes et apaiser sa douleur,
du 28 mai au 07 juin, une dizaine de jours, une éternité pour se préparer à ce qui ne peut être accepté.
En même temps , elle évoque les souvenirs partagés avec ce père qu'elle admire, et l'anéantissement de la nouvelle de la mort, au bout du chemin. Rien ne peut en atténuer la douleur.
Le titre de la narration est au plus près de ce qu'elle propose: le portrait d'un homme, brillant, impérial dans son charisme. Nina Bouraoui retrouve dans cet écrit, le regard de l'enfant, subjugué par son père: « l'homme au dessus de tous les hommes » et qui restera tel jusqu'au bout.
Elle réalise ici un écrit personnel et sincère qui dresse en négatif, son propre portrait à travers celui qu'elle a érigé en modèle absolu. Elle parvient à donner à son écriture la distance nécessaire à ce jeu de miroir. Au terme de son récit, elle choisit de transcrire un ultime dialogue avec lui et évoque avec une grande douceur: l'écho d'une chanson, les images ensoleillées d'une enfance en Algérie, et cette confession, magnifique dans son juste milieu entre sa gratitude et son pardon.
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