Dans un futur plus ou moins lointain, les sociologues, économistes, politologues et autres chroniqueurs du football se souviendront peut-être de la sex-tape de Valbuena et de l'implication de son collègue Benzema, de la grève des footballeurs français en 2010 et du bus de Knysna, du FIFA gate et des implications de Sepp Blatter et de
Michel Platini, des violences ayant entraîné la suspension de la Coupe de Grèce de Football en 2016, de l'emprisonnement de l'anglais Adam Johnson pour des relations sexuelles inappropriées, de l'affaire des quotas de footballeurs sur la base de critères raciaux, des supporters néerlandais humiliant des mendiants en Espagne, des fights entre supporteurs*, .... j'en passe et des meilleures - enfin c'est une façon de parler.
Stan Skavelicz, le dernier journaliste de football, appelé par Delta Work 3 pour se souvenir de quelques événements marquants du football, se souvient de Wansa Sidrons, le "plus grand de tous peut-être", empoisonné par un masseur avant lé début d'un match, de l'Ordonnance 20-27 qui a entériné la fin de la présence physique des spectateurs, de Berthold Kajeski, le premier mort suite à un implant permettant de sanctionner les fautes, d'Ernst Zopalev dont la greffe d'une jambe cybernétique lâche en plein match, ... et d'autres événements dont la suppression des arbitres sur le terrain ou e la mixité des équipes.
C'est que quand Stan Skavelicz parle le football a disparu - "C'est en 075 que les instances dirigeantes décidèrent de supprimer le ballon. A partir de cet instant, la pénétration du joueur lui-même dans la cage compta pour un but... le nom de "foot-ball" disparut : il ne convenait plus à ce nouveau jeu..."
Hors-jeu, mon premier contact** avec l'oeuvre de
Enki Bilal, est une formidable anticipation sur l'évolution du football dans un monde différent du nôtre dans sa géopolitique. Les phénomènes de masse tels que le cinéma, la musique ou le football sont morts. Et Bilal fait ici la chronique de quelques événements participant de cette mort du football.
Dans un très joli format à l'italienne,
Hors-jeu présente des doubles pages où le texte et quelques dessins se mélangent. C'est très en avance sur l'évolution actuelle du football, qui introduit à peine la technologie, mais pas totalement éloigné des phénomènes tels que la violence, l'argent, les supporters, qui accompagnent le football.
La bande dessinée se finit sur une belle note d'humanisme et d'optimisme lorsque Stan Skavelicz découvre des enfants jouant au football avec un bidon transparent en plastique. Une certaine idée du football est morte mais la principale demeure : le plaisir d'un jeu simple et quasi universel. Et ce football-là on l'aime.
* Ici un fight est transformé en oeuvre d'art par Cyprien Gaillard dans ce clip de Koudlam : https://www.youtube.com/watch?v=nFWgiZxnz7o
** Je l'ai redécouvert il y a quelque temps.