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EAN : 9782213019703
616 pages
Fayard (08/04/1987)
3.83/5   6 notes
Résumé :
Les exploits guerriers et les mérites politiques de Turenne parlent d'eux-mêmes : adversaire ou allié des meilleurs généraux étrangers ou français pendant la guerre de Trente Ans, vainqueur en Flandre, libérateur de l'Alsace, soutien actif du pouvoir pendant la Fronde (en dépit d'un bref passage du côté des insurgés), il révéla un vrai tempérament de chef et se montra un tacticien prompt à la décision, un stratège bien renseigné et imaginatif, un " entrepreneur de g... >Voir plus
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Critiques, Analyses et Avis (2) Ajouter une critique
Que dire de ce livre ?
C'est un monument, il y a une grosse quantité de détails.
C'est une biographie très riche.
Jean Bérenger analyse la vie d'Henri de Turenne ( 1611-1675 ) comme s'il décortiquait une crevette ; mieux, il épluche cette vie au microscope.
Napoléon, qui admira ce maréchal de France, dit de lui, à l'époque où il était général :
"Turenne est le premier général français qui ait planté les couleurs nationales sur le bord de l'Inn, et ait parcouru l'Allemagne en tous sens avec une mobilité et une hardiesse qui contrastent avec la manière dont la guerre s'est faite depuis."
Cela résume très bien la vie militaire de notre héros, que Béranger parcourt dans les moindres détails, depuis son enfance de cadet de la principauté de Sedan, étroitement surveillé par sa mère, descendante de la dynastie d'Orange de Hollande, son choix cornélien entre les Orange et Richelieu, jusqu'à la "guerre indirecte" en Allemagne, associé à Bernard de Saxe Weimar, dont il récupère les robustes weimariens à sa mort, et qui a amené l'Empereur Frédéric III à signer la paix de Westphalie en 1648.
Après un intermède de paix, il reprend, de 1672 à 1675, les hostilités à l'est.
.
Mais, ce que souligne Jean Bérenger, et qui est assez original par rapport aux autres biographes, c'est son implication dans la Fronde, sa vie politique à partir de 1652, et son but d'asseoir dignement la "Maison Bouillon", sa Maison.
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La Fronde.
L'autre grand capitaine français du siècle fut Condé. Ils s'entendaient bien tous les deux, ayant à peu près la même conception des "batailles".
Cependant, après avoir rejoint la Fronde en 1650, parce qu'injustement Mazarin avait emprisonné Condé, mais aussi parce qu'il voulait avec ténacité obtenir un échange contre Sedan, proposé par le fils aîné, Maurice de Bouillon pour avoir la vie sauve après ses deux cabales manquées avec Soissons puis Cinq Mars, Turenne donc, n'obtenant rien ou si peu de Mazarin pour sa "Maison", se mit avec les Grands pendant une année.
Il revint du côté de Louis XIV, fut rapidement pardonné car on avait besoin de lui. En effet, Condé, libéré par Mazarin, s'était enrôlé chez les Espagnols qui le glorifiaient, et attaqua la Picardie.
Turenne dut se battre contre son ami.
Heureusement pour Anne d'Autriche et Louis XIV, l'intendance espagnole n'ayant pas l'habitude de la guerre de mouvements, ne suivait pas Condé, et Turenne, bien soucieux de l'intendance ( pain, fourrage, munitions), sauva la Cour à Bléneau en 1652.
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La vie politique.
De 1652 à sa mort, Turenne eut une grande influence politique, et fut de bon conseil pour Mazarin puis le Tellier et le roi, en ce qui concerne la guerre, la stratégie européenne des alliances, la diplomatie, et le renseignement. Il s'est, comme Mazarin, formé une "clientèle" qui l'informait des intentions des pays voisins.
Turenne a même été ministre.
A partir de 1668, il s'est heurté à Louvois, beaucoup moins timoré que son père Michel le Tellier, qui ne se contentait pas d'assurer l'intendance, mais voulait organiser une armée de siège, à l'opposé de Turenne.
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La "Maison Bouillon".
Huguenottes ferventes, la princesse douairière, Elisabeth de Nassau, sa mère, et une de ses soeurs auraient fait de grandes difficultés à une conversion de Turenne, religieux assidu mais modéré, qui souhaitait la réconciliation des deux religions. Il s'est converti après leurs morts, grâce à des discussions poussées avec Bénigne Bossuet.
En ce qui concerne ses relations, il a utilisé, mais aussi favorisé ses amis, vous lirez comment dans le livre.
Par contre, n'ayant pas eu d'enfant avec se femme Charlotte de Caumont, il a poussé ses neveux et nièces.
Grâce à lui :
Godefroy fut chambellan du roi ;
Frédéric épousa une Hohenzollern ;
Fébronie, à défaut d'être reine du Portugal, fut princesse de Wittelsbach ;
Emmanuel-Théodore, duc d'Albret, fut cardinal à sa place ;
il prit sous son aile, dans ses régiments le petit Duras, et son frère de Lorge, qui tous deux finirent maréchaux.
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La fortune de Turenne, à sa mort, loin des millions de Richelieu, Mazarin et Colbert, ne le situe pas dans les pauvres aristocrates, mais même s'il faisait des "affaires", thésauriser ne l'intéressait pas. Saint Simon ( un descendant ) et Mme de Sévigné ont bien compris que, sous sa fausse modestie, l'orgueil qu'il avait de sa famille, et même sa convoitise de titres étaient ses motivations.
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Bon, désolé, j'ai divulgâché, comme on dit, mais il y a tellement de choses, d'évènements dans cet ouvrage, que je ne vous en livre que le centième !
Pfff... Moi qui lis lentement, j'ai mis trèèès longtemps à finir ce livre, ...mais quelle richesse :)



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Jean Béranger, spécialiste de l'ancien régime, mais surtout de l'Empire des Habsbourg, est aussi l'auteur d'une biographie de "Joseph II : Serviteur de l'Etat" (2007). Son Turenne, déjà ancien puisque publié chez Fayard en 1987, n'en demeure pas moins une référence.

Les aspects les mieux connus du personnage sont sa jeunesse et son rôle militaire. Son activité d'homme d'état l'est beaucoup moins. Pour Béranger, Turenne avait trois préoccupations principales : la grandeur de la Maison de Bouillon, sa place à la cour et son rang dans la hiérarchie sociale. Il fut le fidèle de Richelieu, puis de Mazarin, avant de se brouiller avec lui en 1649. Il remporte néanmoins la fameuse bataille des Dunes (1658) sur les armées espagnoles, commandées par un autre chef de guerre français remarquable, Condé. Turenne ne fut pourtant jamais un entrepreneur de guerre, même s'il a su tirer profit de ses commandements. En 1675, il possédait la coquette somme d'environ 2 millions de livres. C'est un champion de la guerre de mouvement et de siège. Dans les années 1665, il rédige ses Mémoires qui couvrent la période allant de 1643 à 1660, soit de sa nomination de Maréchal de France au Traité des Pyrénées (novembre 1659).

Bref, une biographie qui en apprends beaucoup sur ce personnage de roman, même si l'ancienneté du propos nécessiterait sans doute aujourd'hui une nouvelle biographie.
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Citations et extraits (24) Voir plus Ajouter une citation
"Ne permettez pas que votre frère se hasarde trop. Je m'en fie en vous que je sais bien qu'il croira plus que moi."
Légitime inquiétude d'une mère (1), mais aussi premier signe de courage physique chez le jeune homme, qui n'hésita jamais à s'exposer aux coups de l'ennemi, conformément à la philosophie de Juste Lipse.

NDL :
(1) : La Duchesse de Bouillon veut garder Sedan comme principauté indépendante de la France, et envoie ses fils Bouillon et Turenne à La Haye, sous les ordres du Prince d'Orange pour combattre les Espagnols, et se libérer de leur tutelle :
la guerre de Quatre-Vingts Ans, également appelée révolte des Pays-Bas, est le soulèvement armé mené de 1568 à 1648 contre la monarchie espagnole par une partie des Dix-Sept Provinces des Pays-Bas espagnols.
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"La cavalerie allemande a gagné la bataille. Monsieur le Duc m'a fait là-dessus plus de compliments devant toute l'armée que je ne saurais vous dire. La cavalerie française s'enfuyant, il n'est resté que la cavalerie allemande et les Hessiens qui le soutenaient. Monsieur le Duc ne savait assez se louer des Allemands et en effet il leur a obligation de sa vie ou de sa liberté."

NDL : c'est une lettre de Turenne à sa soeur sur une terrible bataille, Nordlingen en 1645 ;
Condé ( Mr le Duc d'Enghien ), sur ordre de Mazarin, vient aider Turenne, Gramont, Fleckenstein et les Allemands de Hesse, à vaincre les Austro-Bavarois du maréchal Mercy, et de l'empereur Frédéric III.
Condé et Turenne n'ont pas le même caractère, mais Turenne, plus diplomate, s'accorde avec lui.
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Outre l'alliance anglaise à laquelle il consacre beaucoup de ses forces et de son temps, Turenne désirait maintenir une vaste coalition capable d'isoler l'Empereur Léopold premier de Habsbourg, et d'affaiblir la maison d'Autriche. Soucieux de ménager les princes d'Empire (1), il souhaitait s'appuyer sur le grand Electeur Frédéric Guillaume de Brandebourg ( Berlin) dont il avait compris l'importance militaire. En revanche, il renonça à l'alliance hollandaise en 1667, et contribua avec joie à la campagne diplomatique orchestrée par Hugues de Lionne, qui devait aboutir à la guerre de Hollande (2).

(1) Jean Bérenger ne précise pas, mais logiquement, il s'agit des princes d'Empire opposés à l'Empereur, ceux, pour la plupart protestants, avec qui Turenne a fait la guerre de 30 ans.

(2) Cette guerre est voulue par le belliciste Louis XIV pour deux raisons.
a) Guerre "de dévolution" :
Le décès du roi d’Espagne Philippe IV, survenu le 17 septembre 1665, réveille les appétits dynastiques de Louis XIV, qui réclame pour son épouse Marie-Thérèse, fille aînée du défunt, une série de places et de territoires situés au nord et à l’est du royaume de France (Brabant, Luxembourg, Anvers, Namur, Franche-Comté…). Les juristes français, mobilisés pour l’occasion, s’appuient sur une coutume brabançonne, le « droit de dévolution », pour légitimer l’héritage échéant à Marie-Thérèse, enfant du premier lit de son père. Louis XIV saisit le non-paiement des 500 000 écus de dot de sa femme, qui devaient compenser la renonciation de ses droits à la succession espagnole, pour contester le testament de Philippe IV.
.
B) Louis XIV est jaloux de la puissance de la flotte hollandaise.
.
Mais les Hollandais ne l'entendent pas de cette oreille, et ne veulent pas que la France s'agrandisse en direction de leurs territoires, en captant les Pays Bas Espagnols ( actuelle Belgique ).
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Le vicomte (1) dit à Louvois
Ce que toute la terre en pense ;
Car il osa bien dire au Roi
Que de tous les maux de la France,
Ce petit-fils de procureur
En était la cause et l'auteur,
Au connétable (2) insolent
Qui fait le petit Dieu sur terre.
Il lui dit effectivement
Qu'il n'était point homme de guerre
Et qu'il ferait mieux le métier
De commissaire de quartier.

NDL (1) vicomte de Turenne, prince de Bouillon (Sedan).
(2) Louvois n'est pas connétable, mais seulement secrétaire d'état à la guerre.
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Le clan Bouillon (1) n'en était pas moins redoutable, puisqu'il avait un chef intelligent, le prince de Sedan, une armée, les Weimariens de Turenne, et des appuis provinciaux dans l'Ouest.
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NDL. 1649. C'est la Fronde.
(1)Frédéric Maurice, duc de Bouillon, a donné son duché de Sedan au roi de France en échange de son pardon pour avoir fait deux cabales en 41 et 42. Là, c'est sa 3è cabale contre Mazarin, avec, en 1649, le Parlement de Paris, son frère cadet Turenne qui vient de se rallier et qui commande la belle armée des Weimariens ( plus de 15.000 hommes aguerris, cavaliers et fantassins ) en Allemagne, et le duc de La Trémoïlle, qui peut ramener, sur le papier, 10.000 hommes de l'Ouest de la France.
Ils ont en face d'eux Condé, encore fidèle à Anne d'Autriche planquée au château de St Germain... Condé qui, avec l'armée royale de Flandre, encercle Paris et les frondeurs, afin de les affamer.
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