Chiffres à l'appui, les auteurs démontrent que le progrès n'est pas synonyme de bonheur absolu et que la numérisation de l'humanité entraîne sa perte.
Après un historique complet, ils recensent les luttes contre cette technologie abusive, qui s'étend du monde paysan aux écoles et de la police aux modes de déplacement.
Ils ont rencontré différents acteurs (écrivain, membre de collectifs, agriculteur, journaliste...) de cette opposition à la connexion universelle, partout et tout le temps que les industriels, les politiciens et certains scientifiques veulent nous imposer. Les résistances, isolées au début, deviennent heureusement de plus en plus variées et nombreuses au fur et à mesure que s'étend l'emprise des GAFAM sur la société.
Ce qui est intéressant dans ce livre, c'est que les auteurs ne se contentent pas de constater, puis de critiquer, ils présentent aussi des pistes pour changer le cours de ce qui nous amène droit dans le mur (ce dont se rendent compte de plus en plus de personnes, de tous âges et de tous milieux, des jeunes décrocheurs surdiplômés aux aides-soignantes en colère car cette technologisation forcée touche aussi hélas l'hôpital).
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Parce qu'elle dépasse le constat,
parce qu'elle témoigne de la résistance croissante au raz-de-marée numérique,
parce qu'elle rencontre ces nouveaux écologistes frondeurs et efficaces,
parce qu'il n'est pas trop tard mais il est temps,
parce que le monde oscille entre changement salvateur et continuation suicidaire,
cette enquête fouillée et agréable à suivre pose un jalon salutaire contre l'inertie fataliste.
Voie médiane ou radicale, les questions pullulent. Les moyens d'intervention sont multiples : juridique, privé, collectif, désobéissance civile, sur des sujets aussi variés que le compteur Linky, les trottinettes électriques, la 5G, la surveillance de masse, les dérèglements climatiques, l'industrialisation de l'agriculture, l'enseignement...
De nombreux témoignages de conversion, de reconversion, d'action, suscitent l'espoir d'une société réhumanisée, chaleureuse et respectueuse de notre hébergeuse : la planète bleue (de plus en plus grise). C'est Reporterre, quotidien de l'écologie qui assure le volet "terrain".
Les auteurs remontent également le temps, retracent d'où l'on vient, où l'on va si rien ne bouge, ce qui pourrait advenir sous la poussée d'alternatives au diktat technologique.
Mon expérience personnelle m'a appris que remplir un formulaire en ligne prend deux fois plus de temps que de traiter avec la personne compétente.
À lire absolument pour fonder une technocritique avisée et percutante.
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De plus en plus de personnes ne se résignent pas à ce que le numérique braconne leurs vies, les aliène, les isole et détruise leurs métiers. Leurs voix sont de plus en plus nombreuses, et surtout de plus en plus audibles. Les collectifs d'opposants convergent et mettent en commun leurs expériences. Et si le monde se referme, il n'est pas encore totalement clos. Nous sommes encore à la croisée des chemins. Il est encore temps de refuser la 5G, la reconnaissance faciale, les voitures autonomes, la Smart City, le règne des QR codes et le remplacement intégral de l'humain par des formulaires en ligne, des applications et autres robots conversationnels.
Une prise de conscience mais aussi une intuition : celle que des outils construits par ceux qui vont les utiliser, en fonction de leurs besoins, des outils réparables et partagés, valent mieux que des machines standardisées, complexes, pensées pour une agriculture intensive sur des surfaces toujours plus grandes.
Quand les situations sont complexes, il est difficile de les faire rentrer dans les cases d'un formulaire en ligne ou de naviguer dans les méandres d'un serveur vocal automatisé. Tout cela sans même parler de la simple question de l'accès à un ordinateur, de l'illettrisme ou de "l'illectronisme", ce manque de savoir-faire face à un écran.
L'usage de ces trottinettes en libre-service qui ont envahi les rues, contrairement aux arguments de leurs promoteurs ne remplace pas celui de la voiture mais essentiellement la marche (dans 47% des cas), les transports en commun( 29%) et le vélo (9%). Ou bien encore d'y glaner des informations sur leur courte durée de vie - 29 jours pour certains modèles - leur impossible recyclage et leur insatiable appétit pour nos données privées..
Le perfectionnement technologique devait accompagner la transition écologique, il brille surtout par sa gourmandise en énergie et en matériaux.