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Béatrice Vierne (Traducteur)
EAN : 9782070414055
272 pages
Gallimard (17/05/2010)
3.71/5   299 notes
Résumé :
Winter est le récit de l'installation de Rick Bass et de sa femme dans un coin reculé du Montana en plein hiver.
Pas d'électricité, pas de téléphone, juste un saloon à une demi-heure de route. Mais une vallée comme au début du monde, une nature splendide et cruelle. Par moins trente-neuf degrés, le rêve se fait parfois souffrance. Dans une prose lumineuse, le défenseur de l'environnement Rick Bass redécouvre, au terme d'un progressif dépouillement, l'essentie... >Voir plus
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Critiques, Analyses et Avis (72) Voir plus Ajouter une critique
3,71

sur 299 notes
L'hiver, ça caille sévère. Postulat difficilement contestable.
Mais pour Rick Bass et sa femme, le froid, ça suffit pas.
Naaan, trop facile.
Tout larguer pour aller se perdre dans le trou du cul du monde, dans un coin paumé du Montana, ça c'est un défi à leur pleine mesure.
Tout abandonner pour aller défier les éléments hostiles et se retrouver, enfin, en plein accord avec soi-même.
Ils imaginaient la chose compliquée, ce qui leur permit de décrocher l'euphémisme d'or à la fin de cet hiver mémorable.

Beaucoup se rêvent aventuriers, bien loin de toute civilisation et de son confort journalier.
Rick et Elizabeth ont franchi le pas.
Passer de citadin à homme de bois nécessite, au mieux, une préparation au cordeau, au pire une bonne dose d'inconscience.
Mais sans folie, on ne fait jamais rien.

Le choc fut brutal, frontal.
Difficile d'appréhender la violence d'un tel climat sans l'avoir connu au moins une fois auparavant.

Récit initiatique et contemplatif, Winter fascine autant qu'il tanne.
Certains gimmick, notamment celui obsédant du bois, échauffent même les esprits.

Mais, en même temps, difficile de ne pas être captivé par la beauté d'un tel monde dépourvu de tout superflu.
Un monde où les rapports humains se mesurent à l'aune des actes et non des paroles souvent creuses.
Un monde de silence bercé par le crépitement de l'âtre et le souffle puissant du vent hivernal.
Un monde sans fard, sauvage, dépouillé de tout oripeau futile, qui permet de revenir à l'essentiel.

Les Bass l'ont fait.
Plutôt que de rêver leur vie, ils ont vécu leur rêve au risque de se perdre, pour finalement se trouver...
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Rick Bass est né au Texas et a toujours connu la chaleur, mais son rêve a longtemps été de découvrir l'hiver.
Sa compagne et lui s'installe donc un jour d'automne dans une propriété isolée dans le Montana.
Ils vont alors réellement découvrir l'hiver, le froid, l'isolement, la neige, les animaux sauvages qui rôdent près de la maison, le bois qu'il faut sans cesse couper et rentrer, les canalisations qu'il faut empêcher de geler, la ville la plus proche qui est à plus d'une heure de route par beau temps, les communications limitées à une seule petite radio, la chasse, l'absence de voisins proches, le silence et la paix.

L'auteur nous raconte leur premier hiver grâce à ce journal de bord qu'il a rédigé durant sept mois, de septembre 1987 à mars 1988.
Pendant quelques heures j'ai moi aussi eu froid le matin en me levant, j'ai eu des courbatures dans les épaules à force de passer des heures à couper du bois, j'ai apprécié la compagnie des rares habitants de la vallée croisés dans l'unique magasin du coin, j'ai aperçu avec émotion un orignal et son petit dans la foret, j'ai croisé des loups, un ours et de drôles de chasseurs, j'ai guetté les premiers flocons, j'ai parié sur la date de la première neige, j'ai appris à me servir d'une hache, d'un générateur et d'une tronçonneuse, à savourer un hamburger maison devant un feu de cheminée....

J'ai beaucoup aimé cette immersion dans un univers froid, difficile et étrange, où la solitude est un refuge contre ce monde qui va trop vite, où les rares contacts humains sont chaleureux et où l'entraide est sincère.
Cette plongée en pleine nature a été comme un bouffée d'air frais, vivifiant et revigorant.
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Récit autobiographique. Rick Bass, Texan d'origine, au cours de l'été torride de 1987, prend la route avec Elisabeth, son épouse, artiste-peintre. Arrivés à Yaak, bourgade située dans l'extrême ouest du Montana, ils s'installent dans une vaste propriété dont ils assurent le gardiennage, le propriétaire n'y venant que pendant la période de la chasse. Sur la propriété c'est dans la serre que Rick décide d'écrire son prochain livre. Yaak fait partie des localités qui ne sont pas encore desservie en électricité ; le principal souci de Rick est de faire suffisamment de provision du bois nécessaire pour face aux rigoureux hivers montagnards. Dans le village, les paris sont ouverts sur le jour où tomberont les premières neiges.
Winter, c'est le récit des moments de vie de Rick pendant la période du 13 septembre au 14 mars, les descriptions du paysage et ses rapports avec les autochtones.
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Rick Bass est originaire du Texas. A l'aube de la trentaine, alors qu'il cherche avec sa femme un endroit reculé et tranquille pour écrire et elle pour peindre, faute de réussite dans leurs recherches, ils en viennent à s'installer entre le Montana et l'Idaho au sud de la frontière Canadienne.

Ayant peu de moyen, il opte pour une solution de gardiennage dans une grande propriété isolée dans la montagne où les voisins sont tous à quelques kilomètres les uns des autres. Ils se rendront rapidement compte que les relations sont directement en lien avec la nécessité d'entraide, et contrairement au temps, sont plutôt fraiches en été et plus chaleureuses en hiver.
Préparer l'hiver, c'est la préoccupation de Rick qui, débarquant en fin d'été, doit à tout prix faire ses provisions de bois de chauffage. C'est une fixation dont on comprend l'enjeu lorsque des -40° sont annoncés pour la saison froide... Il apprend donc à jouer de la tronçonneuse. En considération de la montagne de bois à provisionner, il faut le dire, c'est un art dont il faut connaitre toutes les partitions si on veut survivre

Mais Rick Bass parvient à trouver l'apaisement dans cet environnement encore préservé mais menacé par les intérêts humains. La déforestation et la pollution guettent, et on sent emerger des idées militantes grandissantes au long de son hiver.

Dans son journal, l'auteur nous donne les détails de son quotidien pendant cette période glacial. Rien de passionnant me direz-vous. Mais c'est pourtant le regard neuf et naïf d'un gars du sud sur la vie à la montagne qui donne son intérêt à son journal car la banalité de la vie prend les couleurs de la découverte au contacte des voisins qui savent et qui on la fierté de pouvoir distiller leurs précieux conseils. Car, c'est une vie à laquelle le moindre oublie ou la moindre négligence peut couter la vie.

Peut-être Rick Bass a t-il trouvé l'inspiration dans ces contrées éloignées, mais il aura fallut la partager avec toutes les préoccupation quotidiennes, l'épuisement, l'adaptation aux modes de vie et de communication avec les voisins et l'exterieur (pas de télé, pas de radio...), la préoccupation de toujours tout anticiper. Quoiqu'il en soit il laisse une part de son écrit à la contemplation de la nature et relate la paix intérieure que lui procure les grands espaces. Une sérénité blanche et silencieuse, communicative.
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Avez-vous seulement déjà essayé d'être Rick Bass ? Non ? Avez-vous ne serait-ce que l'espace d'une saison tenter de vous regarder en plein, vos yeux rivés comme un miroir vers l'intérieur de vous-même, vers votre être profond, celui que vous êtes vraiment ? Avez-vous essayé ? Ou même le voulez-vous réellement ? C'est compliqué de se voir totalement, à nu, tel quel, les imperfections parfaitement lisibles, visibles de tous et surtout de vous.
Qu'est-ce que vous voulez ? Gagner quinze millions d'euro ? Une villa au Cap Ferret ? Une piscine d'intérieur ? Une rimbanbelle de larbins ? Les meilleurs pure malt écossais ? Que voulez-vous vraiment ?
Rick Bass voulait partir, pas fuir, enfin pas réellement. Il souhaitait quitter une face du monde pour en définir mieux l'envers. Chercher à reprendre un peu de ce qui nous a été voler à tous. La liberté. Mais aussi l'espace, les saisons, l'évolution naturelle du monde. Rick Bass et son amie Elizabeth cherchaient un lieu où vivre leur union et leurs passions (l'écriture et la peinture), un endroit presque vierge de sensations, ou tout au moins où fabriquer et construire un lit de sensations nouvelles. Pas un éxpédient à une quelconque vie trafiquée et grotesque (enfin pas uniquement cela), mais un hâvre, l'endroit où le colon décide d'abattre les grands pins pour construire sa ferme.
Alors de tatonnements en tatonnements, ils finissent par dénicher dans la vallée du Yaak, à l'extrême nors-ouest de l'Etat du Montana, un ranch appartenant à un riche propriétaire, lequel emploit pour l'entretien le couple en gardiennage.
Ce préambule n'est pas anodin, Rick Bass et sa compagne vont à Yaak trouver et déterminer quel sera leur future vie d'adultes. L'écrivain va pouvoir y écrire mais aussi y travailler le bois (une nécessité dans cette région exposée aux froids glacials), sa femme la peinture et réserver elle-aussi une part d'elle-même, inédite, aux frimats qu'ils vont devoir affronter.
Rick Bass ne se contente pas dans ce journal d'une présentation exhaustive de leurs emplois du temps à Yaak. L'évidence tuerait dans l'oeuf toute littérature. Non, il confronte son ancien monde à sa nouvelle vie. Il réfléchit, élabore, projette, essaime, cherche et trouve à la fois, et puis finalement, retient de cet hiver à Yaak cette dernière assertion : "je n'ai pas l'intention de quitter cette vallée".
Winter est un formidable journal. L'écriture fluide de Bass est un régal tant elle permet de glisser sur les éléments, tant sa maîtrise (car ne vous y trompez-pas, tenir un journal de cette qualité là n'est pas si évident) confère à chaque chapitre (datés, chacun débute comme si la journée allait être contée) un début et une fin. Et parce qu'il l'affirme dans le formidable article daté du 17 janvier : "il faut toujours refermer ce qu'on a ouvert - à moins, bien sûr qu'on ne veuille, peut-être, laisser un élément se faufiler dans le chapitre suivant, ou même s'enfoncer dans la nuit pour ne plus jamais reparaître. Les choses qui comptent, cependant, - les articles de fond, l'intrigue, le bétail-, il faut toujours leur fermer la clôture au nez, ou du moins la refermer quand on en a fini."
Ce 17 janvier Bass raconte qu'en finissant de collecter son bois, le gel et la retractation du métal lui a interdit de refermer convenablement la clôture d'un voisin qui lui octroyait cette coupe de bois. Mortifié, c'est à son père que Bass a pensé, et aussi au père de son père et au père du père de son père. Qu'auraient-ils fait, tous ? Ils seraient restés jusqu'au matin à essayer de tendre cette foutue cloture, parce que tout ce qui a ét ouvert doit être fermé.
une anecdote anodine sans doute, mais je défie quiconque de n'avoir pas - jamais - dans un cas identique pensé secretement, en sllence : "que ferait mon père dans ma situation ?"
Finalement, ça vaut tous les cours de morale.
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Citations et extraits (117) Voir plus Ajouter une citation
Si vous regardez la neige par la fenêtre, et même si vous regardez plus loin, en vous efforçant de distinguer, à travers les flocons, les bois de l'autre côté de la prairie, elle donne l'impression de tomber très vite, et votre vie, si vous lui permettez de vous jouer le même tour, peut vous sembler tout aussi précipitée et frénétique. Mais si vous prenez soin de regarder la neige avec le yeux d'un enfant ou d'un Texan ― le nez en l'air, en essayant de comprendre d'où elle sort ― alors la lenteur avec laquelle elle tombe, la paralysie de son voyage vous feront aussitôt choir dans un état plus bas, plus lent, où vous serez assuré de vivre deux fois plus longtemps et de voir deux fois plus de choses, et d'être pour finir deux fois plus heureux. La neige est plus merveilleuse que la pluie, plus merveilleuse que tout.
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Je crois à la vieille légende de Jim Bridger, à l’époque où il a passé l’hiver du côté de Yellowstone. Il est ensuite retourné dans l’est où il a raconté aux citadins de ces régions que quand les trappeurs essayaient de se parler, les mots gelaient en sortant de leur bouche ; ils ne pouvaient pas entendre ce qu’ils se disaient les uns aux autres, parce que les paroles gelaient dès la seconde où elles franchissaient leurs lèvres — si bien qu’ils étaient obligés de ramasser les mots gelés, de les rapporter autour du feu de camp le soir et de les décongeler, afin de savoir ce qui s’était dit dans la journée, en reconstituant les phrases mot par mot. Moi je peux imaginer qu’il fasse aussi froid.
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Aujourd’hui, la matinée est venteuse et chaude, les herbes sont presque couchées à plat. Il n’y a rien de plus excitant que le vent. Si, un nouvel amour — et puis le vent. Mais le vent a toujours été là. Avant même de connaître l’amour, vous connaissiez le vent. Le vent était capable de vous griser quand vous étiez petit, et il le peut encore, et ne s’en privera pas.
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Je crois à la vieille légende de Jim Bridger, à l'époque où il a passé l'hiver du côté de yellowstone. il est ensuite retourné dans l'est d'où il a raconté aux citadins de ces régions que quand les trappeurs essayaient de se parler, les mots gelaient en sortant de leur bouche; ils ne pouvaient pas entendre ce qu'ils se disaient les uns aux autres, parce que les paroles gelaient dès la seconde où elle franchissaient leurs lèvres - si bien qu'ils étaient obligés de ramasser les mots gelés, de les rapporter autour du feu de camp le soir et de les décongeler, afin de savoir ce qui s'était dit dans la journée, en reconstituant les phrases mot par mot.
Moi je peux imaginer qu'il fasse aussi froid.
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"Cette pauvre cloche me demande : C'est quoi, la mauvaise nouvelle ? Alors je suis bien obligé de lui dire que sa maison a brûlé. Il y a un long silence, si long que je crois qu'il a raccroché il ne prend pas ça bien du tout et finalement, au bout de je ne peux pas vous dire combien de temps, il parvient à articuler : Bon, et la bonne nouvelle, c'est quoi ? Et alors là, je lui sors Mike se tord de rire à présent, il se tamponne les yeux, enchanté de lui-même, enfin libre: Ma foi, c'est que vos canalisations sont dégelées."
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Vidéo de Rick Bass
La Fête du Livre de Bron propose chaque année une journée de réflexion sur des enjeux majeurs de la littérature contemporaine. le vendredi 8 mars 2019, nous proposions un focus sur les liens entre littérature, nature sauvage, grands espaces, sciences humaines et environnement. Lors de cette 33ème édition, nous avions la chance d'accueillir Oliver Gallmeister, éditeur spécialisé dans la littérature des grands espaces, pour un grand entretien exceptionnel, animé par Thierry Guichard, à revivre ici en intégralité.
De Henry David Thoreau à Jim Harrison ou Rick Bass, la littérature américaine est depuis un siècle et demi étroitement liée à la nature sauvage et aux grands espaces. Regard sur cette tradition du « nature writing » en compagnie d'Oliver Gallmeister, fondateur des éditions du même nom, l'un des passeurs d'une littérature américaine contemporaine ancrée dans son environnement avec un catalogue comptant notamment des auteurs comme Pete Fromm, Jean Hegland ou David Vann.
En partenariat avec l'Université Lyon 2, la Médiathèque Départementale du Rhône et Médiat Rhône-Alpes.
©Garage Productions.
Un grand merci à Stéphane Cayrol, Julien Prudent et David Mamousse.
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