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EAN : 9782070125852
266 pages
Gallimard (30/11/-1)
3.83/5   3 notes
Résumé :

Ce nouveau livre de Silvia Baron Supervielle est à la fois un prolongement de son dernier ouvrage et un départ vers d'autres territoires. Le passage d'une langue à une autre, l'Argentine, la figure maternelle e la religion sont quelques-uns des thèmes creusés et approfondis par l'auteur de livre en livre. Mais ici, la poétesse et essayiste s'astreint à une contrainte formelle très forte, celle du journal, et surtout... >Voir plus
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Citations et extraits (1) Ajouter une citation
Mais il n’y a qu’un style, celui qui répond à la nécessité de briser les chaînes et de se rendre à la solitude nue, poitrine ouverte, corps et coeur confondus. Lorsque l’homme n’a plus où aller, où s’enfuir, où trouver un abri, il a une possibilité de se livrer.

*

Or le meilleur d’un être réside dans la proximité qu’il est capable de partager.

*

Ma mère n’appartient ni au passé, ni au présent, ni au futur, mais à l’éternité. J’évoque les choses qui la concernent mais j’évite de la nommer. Mon père ne la nommait jamais. Depuis mon enfance, la non-parole sur l’abenste s’est gravée dans mes jours. J’avais même peur de penser à elle, de l’imaginer, quoique j’eusse sa photographie à portée de mes yeux.

*

Je n’ai jamais consulté un analyste et je pourrais en avoir besoin un jour. Entre-temps, l’écriture décharge peut-être l’âme de son poids obscur.

*

Toutefois, je suppose que l’on vient au monde pour avoir une histoire et que l’on est un écrivain pour la raconter et en inventer une autre. Or la mienne est un voyage et les voyages ne se racontent pas.

*

Les malentendus ne se produisent jamais chez les innocents. Plus ils sont démunis, plus ils sont purs. Comme le clair-murmure de l’eau, la langue de la communion se transmet par le regard, le silence, l’acceptation du sort, la non-violence.

*

“Cette mort qui ne vieillit pas […] J’ai toujours su que l’on pouvait faire l’amour sans faire l’amour […] Avoir peur est la condition des connaissances aimantes. Si je ne crevais pas de peur, je ne saurais pas exister […] On peut toujours perdre encore au-delà de la perte.” Hélène Cixous

*

Lorsqu’il pleut, le temps fait halte, je m’abandonne à l’oubli sans égarer la mémoire. Le bruit régulier précipité des averses. Je n’ai pas besoin de sortir, ni de m’occuper à quoi que ce soit, je reperds les gestes d’un présent sans anecdotes, rien ne presse, je remets les heures, les choses à plus tard. Si j’avais à choisir ma fin, je choisirais de sombrer dans les eaux d’un déluge.

*

Un écrivain n’a pas de vie : il la verse entièrement dans les papiers. II écrit pour approcher le must!re, non pas pour le dévoiler.

*

Je transcris des mots de Fernando Pessoa : “Renoncer, c’est nous libérer […] Ce qui a été ressenti, voilà ce qui a été vécu.” En les transcrivant, ils se font miens et prolongent l’instant qui rendra les prochains vivables. Sans cesse ce besoin de partir : la disponibilité de l’abîme attire l’équilibriste.

*

L’heure d’accepter arrive-t-elle un jour ? On la repousse, on la retarde. Accepter de mourir comme on accepte d’aimer. C’est le seul pas à faire, le seul mot à écrire et à dire sur le plateau de la vie. Mon amie le savait mais elle avait peur que son acceptation ne réveillât la Parque. De plus, comment accepter d’abandonner ceux qu’on aime ? Accepter de ne plus penser aux absents, de ne plus revoir leur photographie, de ne plus respirer une fleur, ni flâner le long du fleuve. Accepter de ne jamais revoir le Rio de la Plata, les arbres de Buenos Aires, la plaine où le soleil s’allonge sans s’éteindre. De ne plus bouger dans l’obscurité sans une étoile.
Accepter l’air sourd, le non-être sans flammes ni ombres. De ne plus avoir du désir. Accepter qu’aucune chose ne se métamorphose. D’ignorer ce que veut dire la beauté. Aurais-je voulu être tous les humains, je serai tous les morts. Même Dieu ne pourra pas me reconnaître. Quelqu’un penserait à moi, je ne m’en rendrais pas compte puisque je ne saurai pas que je suis morte. Accepter ça. De me fixer dans le noir mort. D’être bannie des rêves, de la fenêtre, du souvenir défendu. De ne plus revenir au rivage quitté. De ne plus revoir le visage aimé. Accepter que la mort ait raison des amours imaginés, qui sont plus réels et rayonnants que ceux de la réalité. Accepter de ne plus penser à la mère. Je ne suis pas encore prête à accepter tout ça mais, depuis que mon amie a énoncé ce verbe, je le sais : sans acceptation, il n’y a pas de chemin.
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Vidéo de Silvia Baron Supervielle
« Une anthologie de femmes-poètes ! - Eh oui, pourquoi pas ? […] On a dit du XIXe siècle que ce fut le siècle de la vapeur. le XXe siècle sera le siècle de la femme. - Dans les sciences, dans les arts, dans les affaires et jusque dans la politique, la femme jouera un rôle de plus en plus important. Mais c'est dans les lettres surtout, - et particulièrement dans la poésie, - qu'elle est appelée à tenir une place considérable. En nos temps d'émancipation féminine, alors que, pour conquérir sa liberté, la femme accepte résolument de travailler, - quel travail saurait mieux lui convenir que le travail littéraire ?! […] Poète par essence, elle s'exprimera aussi facilement en vers qu'en prose. Plus facilement même, car elle n'aura point à se préoccuper d'inventer des intrigues, de se créer un genre, de se faire le champion d'une idée quelconque ; - non, il lui suffira d'aimer, de souffrir, de vivre. Sa sensibilité, voilà le meilleur de son imagination. Elle chantera ses joies et ses peines, elle écoutera battre son coeur, et tout ce qu'elle sentira, elle saura le dire avec facilité qui est bien une des caractéristiques du talent féminin. […] Et puis, au moment où la femme va devenir, dans les lettres comme dans la vie sociale, la rivale de l'homme, ne convient-il pas de dresser le bilan, d'inventorier - si l'on peut dire, - son trésor poétique. Les temps sont arrivés où chacun va réclamer le bénéfice de son apport personnel. […] » (Alphonse Séché [1876-1964])
« Il n'y a pas de poésie féminine. Il y a la poésie. Certains et certaines y excellent, d'autres non. On ne peut donc parler d'un avenir spécial de telle poésie, masculine ou féminine. La poésie a toujours tout l'avenir. Il naîtra toujours de grands poètes, hommes ou femmes […]. Où ? Quand ? Cela gît sur les genoux des dieux, et nul ne peut prophétiser là-dessus. […]. » (Fernand Gregh [1873-1960])
0:00 - Silvia Baron Supervielle 0:38 - Annie Salager 1:28 - Vénus Khoury-Ghata 2:13 - Colette Nys-Mazure 2:44 - Françoise Thieck 3:10 - Josée Lapeyrère 4:42 - Jeanine Baude 5:36 - Générique
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Références bibliographiques : Couleurs femmes, poèmes de 57 femmes, Paris, co-édition le Castor Astral/Le Nouvel Athanor, 2010. Françoise Chandernagor, Quand les femmes parlent d'amour, Paris, Cherche midi, 2016.
Images d'illustration : Silvia Baron Supervielle : https://thalim.cnrs.fr/manifestations-culturelles/article/gestes-et-poesie-rencontre-avec-silvia-baron-supervielle Annie Salager : https://poussiere-virtuelle.com/wp-content/uploads/2017/04/Annie-Salager.jpg Vénus Khoury-Ghata : https://i0.wp.com/arablit.org/wp-content/uploads/2020/08/khoury-ghata-cat2.jpg?ssl=1 Colette Nys-Mazure : https://www.tga.fr/colette-nys-mazure-poete-chretienne-et-libre.html Josée Lapeyrère : https://upload.wikimedia.org/wikipedia/commons/2/2c/Josée_Lapeyrère.jpg Jeanine Baude : http://editionsws.cluster011.ovh.net/wp-content/uploads/2015/05/DSCN5542.jpg
Bande sonore originale : Arthur Vyncke - Uncertainty Uncertainty by Arthur Vyncke is li
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