On fait la connaissance de Flor de Oro (
Fleur D or), fille aînée du dictateur Rafael Leonidas Trujillo et de sa première épouse Aminta Ledesma, alors que son père est encore un « apprenti soldat », gravissant les degrés qui le conduiront vers le grade de général. Flor est en adoration devant son père, mais elle porte en elle la tache originelle qui prouve son origine haïtienne (comme son père d'ailleurs !) et ceci va la poursuivre durant toute son existence.
Le Jefe, comme on le surnomme l'envoie faire des études dans un collège en France, où elle découvre le froid, la solitude et la difficulté à se faire des amis. Elle se concentre sur les études, car son père, à chaque retour, épluche le carnet de notes. Elle se défend des moqueries en citant César : « Mieux vaut être le premier dans son village, que le second à Rome ».
Un jour, cependant, elle devient intéressante, son père est devenu Président de la République Dominicaine, via une élection truquée, les opposants ayant été muselés. Cela va signer son retour au Pays…
En fait, personne n'est là pour l'accueillir, son père ayant d'autres préoccupations, un remariage, d'autres enfants… Une brève période de bonheur, quand elle rencontre le beau lieutenant Porfirio Rubirosa, qui sera célèbre pour son côté bourreau des coeurs, (il épousera même une célèbre actrice française !) mais le dictateur veille, leur coupe les vivres lorsqu'ils s'exilent à New-York, notamment. L'argent et le pouvoir permettent tout…
Tout au long de son existence, Flor va essayer d'exister aux yeux de son père, qui ne cessera de la surveiller, de la manipuler, lui imposant ses choix, à travers ses nombreux mariages (neuf au total et tous plus ou moins ratés, car le Jefe oeuvre en sous-main -sous-marin ?) au gré de ses intérêts personnels : chacun des nouveaux maris devant lui apporter des contrats juteux, le servir.
On se prend d'affection pour cette femme qui brille par son manque d'estime d'elle-même, toujours en quête de l'approbation paternelle qui ne vient jamais bien sûr, car il adore l'humilier, lui lancer des petites phrases assassines mais elle reste sous sa domination, il y a trop longtemps qu'on lui a coupé les ailes. Elle fuit de l'alcool, l'anorexie, se détruisant lentement.
Catherine Bardon nous offre, à travers l'histoire de cette femme manipulée, malmenée, celle de la République Dominicaine durant les trente ans de la poigne de fer de Trujillo ce qui rend ce roman encore plus intéressant, on est au-delà d'un destin individuel brisé.
Je connais mal l'histoire de la République Dominicaine, j'ai découvert Trujillo en lisant «
Les déracinés », je l'avoue ! Je n'ai pas terminé la tétralogie, d'ailleurs, il me reste le dernier tome, mais les personnages m'intéressaient moins que ceux du premier tome.
L'auteure sait bien décrire la situation du Pays comme, la culture, et la famille du dictateur alors j'ai dévoré ce roman, même si parfois j'avais envie de secouer un peu notre héroïne, un passage sur le divan aurait été très intéressant, elle l'a d'ailleurs tenté mais son psy presque époux est décédé dans des conditions étranges… Alors elle n'a pas retenté l'expérience.
Comment ne pas sourire en voyant Trujillo tenter de masquer ce qui est tout sauf un teint d'albâtre, en se poudrant abondamment le visage !
Un grand merci à NetGalley et aux éditions Les Escales qui m'ont permis de découvrir ce roman et son auteur
#Lafilledelogre #NetGalleyFrance
Lien :
https://leslivresdeve.wordpr..