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Critiques filtrées sur 3 étoiles  
"La mémoire délavée" est un magnifique album de famille proposée par Natacha Appanah dont les figures principales sont le grand-père et la grand-mère de l'auteure. Elle plonge dans ses souvenirs et ce travail intime qui débute par des réminiscences se transforme peu à peu en une évocation de plus en plus précise d'une jeunesse mauricienne avec une double éducation, celle moderne de ses parents et celle traditionnelle de ses grands-parents. Ce « roman » familial sera l'occasion pour quelques lecteurs de découvrir un point important mais méconnu de l'histoire coloniale, celui de l'engagisme. Au milieu du XIX° siècle, lorsque l'esclavage est progressivement aboli, l'économie coloniale, notamment l'agriculture et plus particulièrement la canne qui produit le sucre, le carburant de l'économie, doit compenser la baisse drastique de la main-d'oeuvre. Les décideurs d'alors mettent en place des contrats de travail qui sont proposés à des ouvriers des pays pauvres. La péninsule Indienne qui est déjà un réservoir démographique important fournira 85% de ce « prolétariat » à qui l'on fera miroiter des opportunités d'enrichissement. Les capitalistes contemporains dénoncés pour leur action prédatrice peuvent s'enorgueillir de puiser leur ADN dans cette exploitation éhontée de la misère. La communauté historienne est unanime à considérer que les conditions de vie de ces engagés et de leurs familles n'étaient guère plus enviables que celles des esclaves, à une différence notable : le statut d'homme libre. L'engagisme concerna 1 million 500 personnes dont un tiers vers Maurice. 120 000 travailleurs partirent aussi vers la Réunion et quelques dizaines de milliers vers la Guadeloupe et la Martinique. L'objet de ce livre n'est pourtant pas d'engager un débat mémoriel sur la responsabilité des empires et de leurs descendants. Natacha Appanah s'interroge sur les héritages culturels au sens large, sur les persistances de comportements liés à ce statut d'engagé, sur les conditions de ce déracinement sur les différentes générations. Qu'est-ce que l'on perpétue ? Qu'est-ce que l'on transforme ? Les réflexions de l'auteure, probablement étayées par une importante recherche documentaire ne bascule jamais dans la thèse historique mais s'efforce de maintenir le plus vivant possible le récit de cette transmission familiale. Les passages émouvants se succèdent mais l'espièglerie se niche parfois dans certaines anecdotes. L'écriture cristalline de ce court ouvrage ainsi que l'apport judicieux de photos de famille ou de documents aidant à la compréhension de cet essai, contribuent à l'émotion ressentie. Dans le débat actuel sur l'immigration, ce livre est un élément supplémentaire qui devrait permettre d'éviter les erreurs du passé. La circulation des populations qui cherchent ailleurs des conditions de vie meilleures n'est pas un phénomène contemporain, elle est inévitable et surtout légitime. La vraie question n'est pas de savoir si nous devons ou non accueillir ces femmes et ses hommes mais comment le faire. La mémoire délavée est un vibrant hommage à ces migrants d'hier. Parmi ceux d'aujourd'hui se trouvent sans doute des grands-parents des Natacha Appanah du XXIIème siècle.
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Natacha Appanah réécrit ici l'histoire de ses ancêtres, débarqués d'Inde sur l'île Maurice… jusqu'à sa petite enfance. Une recherche émouvante parmi ces souvenirs que le temps délavée. le récit s'ouvre sur une très belle métaphore sur les vols d'étourneaux, et se tisse en moments poétiques autour de sa généalogie. L'auteure m'avait conquis dans de précédents romans, en particulier « tropique de la violence ». Ce récit est plus personnel, pudique et tendre.
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Grand Prix des Lectrices de Elle 2024
Catégorie non fiction

"La mémoire délavée", c'est l'histoire universelle de la transmission que Nathacha Appanah explore au travers de la reconstitution de sa propre histoire familiale.
Ses aïeux étaient des coolies, des Indiens qui ont migré dans les plantations de canne à sucre, avec l'espoir d'une vie meilleure. Mais la réalité était tout autre. Avec sa plume délicate, Nathacha Appanah s'interroge sur les choix et rêves de ses grands-parents, auxquels elle rend un hommage tendre tout au long de récit.
Un livre intime qui se lit comme un album souvenir.
Ma note : 12/20.
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Sa famille exilée d'Inde pour rejoindre l'île Maurice. L'esclavage change de couleur. Arrachés à leurs terres, ces indiens étaient persuadés de quitter leurs racines pour gagner de l'argent. Au contraire, les voilà devenus coolies (travailleurs) dans les champs de cannes. Dotés d'un numéro, ils perdent leurs identités. Nathacha Appanah est une descendante de coolie. Elle remonte le fil de l'histoire, de son histoire, pour comprendre & remettre en mémoire ce vécu.
Bouleversant, La mémoire délavée est un cri du coeur, un cri familial. Les années ont passé, les souvenirs deviennent des légendes, et les vérités deviennent obscures. Les vérités qui restent : les numéros d'identification, les mariages arrangés, les croyances en les anciens & nouveaux dieux. A perdre leurs racines, ces immigrés pensent que les dieux blancs auront plus de chance de réaliser leurs souhaits. le coeur serré, on avance dans cette lecture pour découvrir cette réalité méconnue (les indiens remplaçants les esclaves noirs). Comment avancer alors? Rejeter son passé? L'auteure retrace son histoire dans ce court récit. Elle cueille notre coeur dès le départ avant de se focaliser un peu trop sur elle-même. A trop parler de sa famille, elle parle d'elle, et cette introspection, devient vite barbante. Un constat dur à dire vu le sujet sensible abordé. Elle aborde des souvenirs en commun avec ses grand-parents, mais lasse vite le lecteur.
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On m'a dit le plus grand bien des romans de Nathacha Appanah.
Je me faisais donc une joie de la découvrir à travers ce récit autobiographique.

Il est incontestable qu'elle sait écrire. Même pour parler de sa vie, de sa famille, sa plume est belle et poétique.

Le contenu de l'ouvrage me semble cependant incomplet. J'aurais aimé en apprendre davantage sur ces diverses générations.
Je suppose qu'elle-même n'en sait pas plus et a rassemblé ici l'ensemble des informations dont elle dispose, d'où ce titre de mémoire « délavée », incomplète.

J'imagine que ce livre est un bon complément à qui connaît déjà « l'autrice » par le biais de ses romans.
Pour moi, qui ne la connaissait pas, ce livre est trop léger. Léger par sa taille (150 pages entrecoupées de photos qui n'apportent rien au récit) et qui, malgré sa finesse, présente plusieurs répétitions. Léger par ce qu'il raconte, par le manque de sources historiques, de mise en contexte, de qui est Nathacha Appanah.
Elle dévoile des souvenirs intimes de ses ancêtres, de moments passés avec eux, mis sur le papier car ils lui importent, mais on ne sait jamais vraiment qui est cette narratrice qui dévoile son intimité sans le reste.
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Dans ce livre Natacha nous parle de ses ancêtres en 1872 qui ont immigrés d'Inde vers l'île Maurice pour venir travailler dans les champs de canne à sucre. Ces coolies venaient remplacer les noirs après l'abolition de l'esclavage. Mais on comprend rapidement que les conditions n'était pas meilleures pour ce peuple d'illettré. Un livre qui m'a plutôt laissé froide auquel je donne 5/10, car il ne va pas assez loin et j'ai senti ou bien qu'elle ne voulait pas trop se livrer ou qu'elle ne connaissait pas bien son sujet.
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D'une écriture spontanée proche de l'automatisme, l'auteure nous livre un récit intrinsèquement subjectif. Un pan de son passé se dévoile au gré de sa pensée libre en développement. Sans sensiblerie ni nostalgie exacerbée, elle nous conte la vie de ses aïeux, comme dans une volonté de transmission de génération en génération. Invité à remonter le temps, le lecteur traverse sa mémoire dans un instantané à la recherche du passé. Certains souvenirs restent succincts, voire flous, tout juste évoqués, quant à d'autres plus précis nous entraînent dans une époque déjà lointaine et nous fait découvrir une culture bien dépaysante.
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