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Critique de thedoc


Août 1986. Dans un monastère italien, un homme se meurt. Il s'agit de Michelangelo Vitaliani, dit Mimo, un sculpteur célèbre, qui vit dans l'abbaye depuis maintenant 40 ans. Alors qu'il vit ses dernières heures, entre divagations et souvenirs, il plonge dans l'histoire de sa vie. Une vie pleine, riche, longue : son arrivée dans le village de Pietra d'Alba où il part en apprentissage chez un sculpteur alcoolique et violent à l'âge de 12 ans ; sa rencontre avec Viola, l'amie de sa vie, fille unique de la riche famille Orsini avec laquelle il entretiendra des relations étroites ; ses années d'errance dans un cirque et enfin l'avènement de son succès et sa richesse. Mais à la veille de sa mort, tout a disparu. Sauf une chose : une mystérieuse et troublante statue sur laquelle il veille depuis toutes ces années, cachée dans les caves de l'abbaye.

Jean-Baptiste Andréa, prix Goncourt 2023, nous offre ici une fresque historique et romanesque au coeur de l'Italie, sur les quarante premières années du 20e siècle. Au côté de Mimo, un nain sculpteur dont le génie artistique en éblouira plus d'un, à commencer par le futur Pie XII, nous suivons les premières années du fascisme qui verront l'avènement de Mussolini, nous embrassons l'art de la sculpture, traversons les deux guerres mondiales. Nous parcourons les paysages italiens, de Florence à Rome en passant vaguement par Turin et Gênes. Nous sommes également les témoins de la relation houleuse faite de « je t'aime moi non plus » entre Mimo et Viola, une jeune femme libre dans sa tête mais certainement pas dans sa corps et sa vie, beaucoup trop intelligente pour son époque et son milieu.
Jean-Baptiste Andréa a choisi des personnages destinés à illustrer des domaines qui se sont télescopés dans l'Italie de l'époque en question : Stefano (le fascisme), Francesco (l'Église), Viola (les sciences, la connaissance) et Mimo (l'art). L'histoire de Mimo et de ses compagnons est joliment contée, très souvent avec la pointe d'ironie qui sied au personnage du sculpteur, susceptible et imprévisible. L'auteur, comme d'autres avant lui, sait mêler la petite à la grande Histoire, avec des faits véridiques qui s'insèrent dans la trame fictionnelle.
Tous les ingrédients sont donc là pour faire de ce roman un vrai succès et d'ailleurs, le prix Goncourt l'a récompensé. Mais j'avoue que pour moi, je n'y ai pas vu autre chose qu'un bon roman. Les personnages ne m'ont pas particulièrement séduite, à commencer par Mimo dont le sale caractère est trop mis en avant pour le rendre appréciable et qui est d'un opportunisme affligeant. Viola est une vraie « tête à claques » qui devient un peu ridicule dans son obstination. Quant aux autres, ils ne révélaient aucune surprise. Bref, l'émotion n'était pas au rendez-vous.
Surtout, les longueurs m'ont achevée, avec l'impression parfois de relire les mêmes passages plusieurs fois et de ne jamais vraiment sortir d'un petit cadre (Pietra d'Alba-Florence-Rome). Un moment, j'ai cru partir aux Etats-Unis ! Chouette, un peu de changement. Faux espoir malheureusement… je crois que j'étais aussi déçue que Viola.
En fait, je pense que l'idée de départ était bonne mais qu'ensuite le vrai souffle romanesque qui nous fait vibrer et nous surprend à la fin n'est jamais arrivé. Certains sujets et personnages (comme Viola) auraient mérité d'être creusés mais l'ensemble reste superficiel car l'auteur a voulu trop en mettre. Ca parle beaucoup dans ce livre mais ça ne réfléchit pas assez.

Ce qui est sûr, c'est que le jury du Goncourt ne s'est pas trompé : le style est agréable, facile à lire. Ce livre est très vendeur et consensuel. On peut l'offrir à mamie, à tonton, au voisin et à la petite-soeur… Aucun faux pas, il sera sûrement au pied du sapin
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