AccueilMes livresAjouter des livres
Découvrir
LivresAuteursLecteursCritiquesCitationsListesQuizGroupesQuestionsPrix BabelioRencontresLe Carnet
3,93

sur 83 notes

Critiques filtrées sur 5 étoiles  
Si le point de départ peut choquer – vivre au grand-air par choix –, les pages qui suivent effacent bientôt toute réticence du lecteur. Il plonge alors dans l'esprit du narrateur, dans son mal-être et sa mémoire verrouillée qui laisse passer des éclats d'une douceur passée, éclats qui brûlent autant que des bris de verre quand le héros les effleure d'un souvenir, menaçant son fragile équilibre. La poésie de Dima Abdallah est intacte, son amour pour sa terre natale toujours aussi vif et poignant (plus de détails : https://pamolico.wordpress.com/2022/01/14/bleu-nuit-dima-abdallah/)
Lien : https://pamolico.wordpress.c..
Commenter  J’apprécie          301
Une lecture dont on ne sort pas indemne. Bleu nuit est la couleur du ciel et de la mer du Liban, ce Liban qui hante le narrateur, celui de son enfance,  de sa mère,  de la guerre. le lecteur le comprend à la toute fin du livre et peut rassembler, un à un les fragments épars dans les differents chapitres pour prendre la mesure de toute sa vie de souffrance.
Le monologue de celui qui se dit un "homme foutu" nous le montre d'abord enfermé dans son appartement  parisien puis vivant à la rue, dans un périmètre autour du cimetière du Père Lachaise.
Mais ces quelques lignes  ne rendent pas compte de l'originalité de ce deuxième  roman de Dima Abdallah, de la  sensibilité de son écriture, de l'humanité des personnages qu'elle nous permet de rencontrer, des moments tout simples de bonheur d'une vie qu'elle nous fait vivre. Ce roman est aussi celui des rues de Paris aux noms évocateurs (rue du Repos, rue des Partants, rue du Retrait, etc) qui résonnent de manière particulière dans la vie du narrateur, celui des odeurs et des couleurs qui le et nous submergent,  des citations d'auteurs (Aragon, Céline, Gary, Duras, etc.) avec lesquels il dialogue.
Commenter  J’apprécie          230
J'espère que je saurai ne serait-ce qu'un tout petit peu vous donner envie de lire ce livre tellement c'est une merveille ! Un immense coup de coeur pour moi qui ne connaissais pas l'autrice, ça me donne d'autant plus envie de lire d'autres roman d'elle vraiment.

J'ai eu l'occasion de lire ce livre en décembre et je n'ai pas eu le temps d'en parler avant mais j'y ai rapidement repensé et je ne risque pas de l'oublier de si tôt. Et il sort dans deux jours enfin ! Je suis tombée en amour devant ce texte incroyable en toutes circonstances.

Vous allez rencontrer ici un homme qui est phobique du dehors. Il ne sort jamais de chez lui, et ce depuis plusieurs années. Jusqu'au jour où il apprend le décès d'une des femmes les plus importantes de sa vie. Alors, il sort et jette ses clés dans le premier caniveau. Et ainsi, il donne sa vie à la rue. Il y passera le reste de ses jours, aux alentours du cimetière du Père Lachaise. Vous respirerez au rythme de ses rencontres, de ses souvenirs des plus doux aux plus douloureux, de ses errances, de ses combats intérieurs et des saisons qui passent, assassines.

Comment l'autrice a-t-elle réussi à raconter presque conter cet homme tourmenté vivant dans la rue avec autant de poésie ? de la première à la dernière ligne, cette situation tristissime est racontée avec tellement de force, d'émotions, et même de beauté. J'ai refermé le livre le noeud au coeur. Je ne peux que vous recommander Bleu Nuit mille fois. Merci Dima Abdallah pour cette oeuvre magnifique.
Commenter  J’apprécie          92
COUP DE COEUR
« C'était le 21 mars 2013 ». Ainsi commence le second roman de Dima Abdallah. En ce jour de printemps, le narrateur apprend la mort d'Alma, la femme qu'il a tant aimée.
Jusqu'à cette annonce, il vivait cloîtré dans son appartement de l'est de Paris, incapable de s'extraire de ce cocon en apparence protecteur.
Après avoir jeté les clés de son logement, il se confronte à la rue. Pour oublier Alma... Pour se guérir des angoisses du confinement qu'il s'est imposé...
Il prend ses quartiers autour du Père-Lachaise et, changeant de rue chaque jour de la semaine, rencontre des femmes dont le prénom, réel ou inventé, se termine par un « a ».
Ces femmes, qu'elles soient caissière de supermarché au bord du précipice, lycéenne anorexique, vieille dame, SDF moribonde, sont les miroirs de ses souffrances et de son propre exil intérieur que les fantômes d'antan, contre lesquels il se bat, vont aggraver. Jusqu'à la colère, jusqu'à la folie qui vous font croire que vous êtes vivant.
Cette solitude, elle va s'exacerber tout au long du récit. Malgré les attentions que les passantes ont à son égard et, surtout, en dépit de la présence presque spectrale de Minuit, la chienne qui pleure sur la tombe de sa maîtresse.
Via un long monologue intérieur d'une intense beauté hallucinatoire qui rend hommage aux invisibles des rues, l'autrice a tissé une émouvante mélopée qui pose des questions existentielles pour les pauvres humains que nous sommes :
peut-on oublier celui ou celle qu'on a été, peut-on faire table rase du passé, l'enfance ne vous rattrape-t-elle pas toujours ?
Avec « Bleu nuit », un bijou de poésie, Dima Abdallah, née au Liban, prouve une nouvelle fois qu'elle est une voix singulière et attachante de la littérature d'expression française.
Sélectionné par les libraires de l'Armitière dans le cadre du prix des lecteurs 2022, ce roman est l'un des plus beaux que j'ai lus ces derniers temps. Merci à eux pour cette belle découverte.

EXTRAITS
J'ai plus de souvenirs que si j'avais mille ans, mais j'enterre chacun d'eux, l'un après l'autre, dans les cimetières des rues de l'oubli.
On renonce à beaucoup de choses avant de renoncer au pain frais.
Entre ce qui est utile et ce qui est beau, elle a choisi ce qui est beau.

Lien : http://papivore.net/litterat..
Commenter  J’apprécie          80
Merveilleux livre, très original, que celui de cette romancière qui a quitté le Liban en guerre à 12 ans, et qui choisit un narrateur masculin bien étrange. Phobique de la rue («plusieurs années sans avoir mis les pieds dehors», p. 14), il se fait livrer à domicile, ne va pas à l'enterrement d'Alma, la femme qu'il aime et qui – pensait-t-il, allait le sauver (p. 189). «Elle a tenu dix ans à mes côtés. Dix ! Elle a été héroïque» (p.191). On n'en saura pas plus. Il ne répond plus au téléphone, et finit par quitter son appartement et par jeter ses clés dans un égout, hantant désormais les rues de Paris comme SDF: rue du repos, rue du retrait, et même rue de l'avenir, une impasse qui ne mène nulle part. Phobique, il se dit aussi hypochondriaque, psychopathe (p. 191) et obsessionnel compulsif («J'accomplissais toutes sortes de rituels pour contrer l'angoisse. Je faisais cinq fois le tour de l'appartement en récitant mes incantations, je vérifiais des dizaines de fois que les bouches d'arrivée de gaz étaient bien fermées, je me lavais les maisons trois fois de suite»... p. 12; «formules magiques pour m'endormir», p. 16). Anorexique aussi, il pèse ses aliments au gramme près, successivement sur trois balances (p. 193). Il dort dans les parcs, cite Proust et ses madeleines, Baudelaire, Sartre, Aragon et d'autres. Il suit des inconnues dans la rue sans jamais leur parler. Tous les mardis à la même heure, il va à la rue des Partants et rencontre Emma qui lui offre un croissant. le mercredi, c'est le jour d'Ella. Les jeudis, il passe la journée au cimetière du Père Lachaise où il rencontre un chien qu'il appelle Minuit et qui ne quitte pas la tombe d'un enfant. Peu à peu, une amitié tendre se noue avec l'animal qui ira se blottir la nuit contre le corps du narrateur, dans un parc, avant de retourner à la tombe le matin. Ce sera le seul lien affectif du narrateur, admirablement décrit. Les nuits seront désormais pour le chien. le vendredi, c'est le jour de Martha qui lui offre invariablement un paquet des mêmes biscuits périmés, de son supermarché. Puis vient le jour d'Aimée qui dort sur une bouche d'aération du métro, et dont la carcasse puante s'étale sur le trottoir. le samedi soir, c'est le jour du bain de foule («je m'impose ce rituel pour ne pas perdre l'habitude des rues bondées er des décibels...». Ce jour-là, c'est Carla qui lui donne ce qu'il y a de «plus facile à manger pour un mec qui vit dehors» et qui, pour elle-même, transporte des bacs de bière en titubant. Les lundis, c'est Leila qui doit avoir à son actif plusieurs dizaines d'hivers dehors. Les jours se suivent mais aussi les saisons. le narrateur ne parle à aucune de ces femmes, mais chacune est une rencontre de loin qu'il évoque avec tact, finesse et poésie. Comme pour la femme aimée, tous les prénoms finissent par la lettre A. Il écrit «je regrette Minuit, Leyla et les autres. Je regrette le croissant d'Ella, le manteau d'Emma, les invendus de Carla et les sablés bretons de Martha... Je revois les cicatrices d'Ella, les jambes squelettiques d'Emma, les mains qui tremblent de Carla et le dos voûté de Martha. Je plonge dans les yeux tendres de Minuit». Peu avant la fin du livre, revient un souvenir douloureux et personnel du Liban, un épisode tragique qui l'a marqué quand, gosse, il a été entrainé dans la guerre et dans une violence qu'il dénonce avec pudeur. C'est avec la même pudeur qu'il évoque sa mère disparue. le dénouement, qu'il partage avec le chien, est une surprise pour le lecteur, bien que dans l'esprit de ce qui précède. le livre a une forme particulière de sensualité, parlant beaucoup des odeurs et des couleurs. le gris alterne avec le bleu nuit, couleur d'une robe de la femme qu'il a aimée, et couleur qui revient notamment comme couleur du ciel («Toutes les déclinaisons de gris de février triompheront pour toujours du bleu nuit» (p. 179). le mot «corps» revient sans cesse, jusqu'à 5 fois par page (p. 92). Beaucoup de choses s'expliquent dans une paraphrase de Marguerite Duras (L'Amant): «J'avais seize ans et il était déjà trop tard» (p. 156) ou dans une citation de Camus, «Même dans la destruction, il y a un ordre, il y a des limites».
Autres citations : «J'ai décidé que lire seul, à voix haute, était moins pathétique que de parler à mon steak pendant qu'il cuisait» (p. 17). «Ma sève ne montera plus jamais au printemps et n'ordonnera plus à mes branches de faire naitre de nouveaux bourgeons. Je ne connaitrai plus d'autre saison, ce sera un éternel automne désormais. Ce sera l'ultime et la plus grande tempête de ma vie et je l'attends ici, debout, les branches levées au ciel... Autrefois vivait en moi une hirondelle. Une hirondelle qui avait renoncé à son printemps» (pp. 168-169). «Elle a dû reconstruire tant de fois tant de nids. Il y a si longtemps que mon hirondelle est partie» (p. 170). «Des habitants du quartier, il ne reste que le tintement des pièces qui tombent dans le gobelet. Quand j'ai assez pour la bouteille, j'enlève le gobelet pour ne plus rien entendre d'eux. Pour ne plus rien savoir des corps qui passent» (p. 178).
Commenter  J’apprécie          80

Quel beau et puissant livre que "Bleu nuit", deuxième roman de l'auteure française d'origine libanaise Dima Abdallah. Au coeur de ce récit, un homme au bord du gouffre qui livre au lecteur un monologue poignant. A travers ses mots, il est question de mémoire (traumatique), d'oubli, de pardon.



Qui est cet homme ? Il a une cinquante d'années, vit reclus dans son appartement parisien, souffre de tocs et de manies. Un jour, au lendemain d'un enterrement important auquel il n'a pas pu assister, il décide de braver ses peurs les plus profondes et de sacrifier son confort matériel pour vivre volontairement dans la rue. Il devient SDF par choix. Cette nouvelle vie est éprouvante car il connaît le froid, la faim, le manque de tout. Pourtant, il s'en accommode assez facilement car il semble vouloir se punir de quelque chose. La radicalité de son choix interroge. Pourquoi s'infliger un tel sort ? Pourquoi rajouter de la souffrance à la souffrance ?



Etonnamment, vivre dans la rue est aussi la source de petits bonheurs inattendus. Un chien, nommé Minuit, apporte la chaleur et l'affection dont le narrateur a tant besoin. Les autres moments de joie et de réconfort sont liés à des rencontres. Dans le 20ème arrondissement qu'il connaît si bien (au cimetière du Père Lachaise, autour de la place Gambetta, dans de nombreuses petites rues qu'il arpente jour après jour), son regard est à l'affût et croise celui de plusieurs femmes : Emma, Martha, Carla, Layla... Ces femmes vivent, elles aussi, existence une cabossée par les épreuves. La proximité est immédiate bien que très peu de mots ne soient, la plupart du temps, prononcés. Un sourire, un geste de remerciement valent plus qu'un grand discours. Layla, elle-même SDF, occupe une place singulière dans cette passionnante galerie de personnages. Avec elle, ce sont les odeurs (de jasmin, de crème hydratante qu'elle applique sur ses mains) qui sont essentielles. Pour le personnage principal, elles convoquent un passé très douloureux, des souffrances enfouies...



Le bleu, qui donne son titre au roman, est présent de bout en bout : le bleu éclatant d'une étoffe, le bleu profond de la mer, le bleu nuit du mystère. le mystère plane en effet sur ce récit et l'émotion est au rendez-vous car Dima Abdallah construit son roman de façon formidablement subtile. le livre est, par ailleurs, parsemé de références littéraires passionnantes : Kundera, Proust, Baudelaire, Céline, Duras et bien d'autres sont cités. Tous ces auteurs ont exploré à leur manière le sujet qui est au coeur de "Bleu nuit" : les souvenirs du passé qui encombrent le présent.

Lien : https://inthemoodfor.home.blog
Commenter  J’apprécie          70
Commenter  J’apprécie          40
Bleu nuit est le deuxième roman de Dima Abdallah publié chez Sabine Wespieser Éditeur. Ceux qui la connaissaient déjà par son admirable premier roman, Mauvaises herbes, publié en 2020 chez le même éditeur, serons conquis par ce nouveau récit placé cette fois sous le signe d'un équilibre précaire au-dessus « des abysses de la mémoire ». le monologue intérieur dont fait usage son personnage fait naître un dramatisme comme un jaillissement thématique multicolore lié au déracinement et à la permanence, à l'oubli et à l'obsession mémorielle, à la révolte et au renoncement, aux rituels de passage vers l'âge adulte et à la nostalgie de l'enfance, mais surtout à ce bleu nuit, couleur de passage et de frontière. le style de Dima Abdallah est d'une envoutante poésie qui transfigure les souffrances et les blessures du monde en un hymne « tragique et beau à la fois ».
Lien : https://lettrescapitales.com..
Commenter  J’apprécie          40
Dima Abdallah joue formidablement avec le froid et le chaud, l'enfance et l'âge mûr, le jour et la nuit, les couleurs et les odeurs, le passé et le présent, mais surtout avec les mots, pour nous conter ici la bouleversante histoire d'une âme esseulée dans Paris, hantée par les fantômes d'un passé. Un texte minutieux, d'une incroyable mais rude poésie, solaire malgré toute la noirceur qui s'en dégage, qui vous étreint encore bien après la dernière page et vous en dit plus sur le mot « Humanité ». Sublime!
Commenter  J’apprécie          41
Lorsque des mots crient les maux de l'âme, poids de l'inoubliable passé.
Ce roman est très poétique, rempli de métaphores. Pourtant les émotions décrites nous sont rendues avec simplicité et force. Pensées d'un homme hanté. Peut-on oublier nos souvenirs ?

.

Commenter  J’apprécie          00

Autres livres de Dima Abdallah (1) Voir plus

Lecteurs (167) Voir plus



Quiz Voir plus

Retrouvez le bon adjectif dans le titre - (2 - littérature francophone )

Françoise Sagan : "Le miroir ***"

brisé
fendu
égaré
perdu

20 questions
3698 lecteurs ont répondu
Thèmes : littérature , littérature française , littérature francophoneCréer un quiz sur ce livre

{* *}