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Citations de Éric-Emmanuel Schmitt (8031)


FREUD. Tu es restée une petite fille. Les enfants sont spontanément philosophes : ils posent des questions.
ANNA. Et les adultes ?
FREUD. Les adultes sont spontanément idiots : ils répondent.
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Je voudrais être un des deux cèdres bleus, dont les branches, la nuit, servent d’asile aux nuées de colombes et, le jour, abritent les petits bazars bruyants sous leurs ombrages.
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- La religion juive insiste sur le respect, la chrétienne sur l'amour. (...) Je me demande si nous, les chrétiens, ne sommes pas seulement des juifs sentimentaux...
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- Les juifs et les chrétiens croient au même Dieu, celui qui a dicté à Moïse les Tables de la Loi. Mais les juifs ne reconnaissent pas en Jésus le Messie annoncé, l'envoyé de Dieu qu'ils espéraient (...)
- Alors, un chrétien, c'est un juif qui a cessé d'attendre ?
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"Toute vérité n'est que la vérité de celui qui la dit."
P276
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" Tu sais très bien que ce voyage, nous ne le faisons pas seulement sur la route, mais d'abord au fond de nous même."
P260
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Face à une crise inévitablement préoccupante, deux attitudes émergent : l’éliminer ou reconnaître son caractère constitutif. (...)
Platon ressentait une profonde angoisse devant les crises qu’il avait observées. (...) Il aspirait ainsi à une cité qui transcenderait les crises, esquissant dans ses écrits une « république » où chacun occuperait sa place naturelle et exercerait son rôle biologiquement défini. Dès lors, s’inspirant du modèle de la ruche, sa philosophie instaurait un totalitarisme qui figeait la vie sociale et supprimait toute lutte antagoniste.
Selon d’autres penseurs, la vie sociale porte en elle un conflit structurel, du fait de notre existence en société. La politique devient alors l’art de gérer les conflits plutôt que de les détruire. Les conflits ne sont pas évacués, plutôt intégrés. Non seulement la crise est considérée comme salutaire, mais l’agonistique, l’art du combat, doit être préservée.
Pour les premiers, les platoniciens, les divisions créent des séparations, tandis que pour les seconds, la conflictualité unit. Alors que la démocratie assume le risque d’une remise en cause permanente, sans chercher à transformer l’homme ni à le dompter, ceux qui, à l’instar de Platon, tentent de dépasser la conflictualité sombrent dans le totalitarisme. Mieux vaut la gestion du mal que l’éradication utopique ou violente du mal. Il est des formes de paix auxquelles il s’avère dangereux de rêver…
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Une maxime d’Alcibiade me revint en tête : « Si tu ne fais pas tout ce que tu veux, c’est que tu n’oses pas tout ce que tu peux. »
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La liberté de parler n’est rien si l’on n’a pas la liberté d’être entendu.
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Lorsqu’on est habile, on n’a pas besoin d’être honnête. Mais lorsqu’on est honnête, on n’a pas besoin d’être habile.
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La politique est-elle une fuite de l’intimité ? J’ai souvent eu le sentiment que la vie publique se nourrit d’une difficulté à affronter l’espace privé, et qu’un homme habite le monde quand il échoue à habiter sa propre maison.
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En vous observant, je vois des poupées russes – vous connaissez, n’est-ce pas, ces ensembles où chaque poupée contient une poupée plus petite, et ainsi de suite jusqu’à la dernière ? En surface, vous apparaissez comme des démocrates ; en réalité, vous n’êtes que des démagogues, pas la voix du peuple, uniquement la voix de certains. Que dissimule la poupée du démagogue ? Un ambitieux, qui nourrit une envie indécente : le goût du pouvoir ; pas le pouvoir pour agir, mais le pouvoir pour le pouvoir. Et derrière la poupée de l’ambitieux ? Un narcisse, convaincu qu’il doit détenir le pouvoir parce qu’il se considère comme supérieur. Je me trouve ici au milieu d’individus souffrant de troubles de la personnalité et qui devraient consulter des spécialistes, plutôt que d’assumer des responsabilités. Vous usurpez la place des véritables cerveaux politiques, ceux qui visent haut et loin, qui sont obsédés non par la prochaine élection mais par l’avenir du pays, voire du globe.
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La force de la tragédie vient du fait qu’elle simule le désastre et l’esthétise. Quoique ressentant la terreur et la pitié, je me pâme et je saisis. Le spectacle me rend le bruit et la fureur du monde compréhensibles et admirables. En m’offrant l’intelligibilité et la beauté, il me donne l’occasion de sublimer, de dominer la condition humaine, et donc instaure ou restaure un équilibre psychique. Aristote ajoutait qu’il y a plus de vérité dans la tragédie que dans l’Histoire. Car l’Histoire raconte ce qui a eu lieu, confinée dans le singulier et l’accidentel, tandis que la tragédie signale l’ordre du général et du nécessaire. De surcroît, le théâtre possède la vertu d’être accessible à tous, pas seulement aux gens instruits. La tragédie crée une écoute émotionnelle de problèmes très intellectuels.
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Le drame est le genre du conflit réductible, la tragédie est le genre du conflit irréductible. La subtilité de la tragédie, à l’époque où je la découvris, livrait un enseignement des plus utiles : le réel est fait de conflits. Notre intelligence morale autant que politique doit consister à reconnaître ces conflits, à tenter de trouver un équilibre sans supprimer la tension, encore moins un pôle de cette tension. Contre ce sens aigu des équilibres, à toutes les époques surgissent des vendeurs de drame, qui prétendent apporter une solution simple à un problème complexe. Ce sont les équarrisseurs du réel. Ils prolifèrent en politique. Ainsi, au XXIe siècle, certains responsables désirent construire des murs pour en finir avec les migrants, des climato-sceptiques nient le réchauffement, des intégristes voudraient qu’un des deux États, Palestine ou Israël, détruise l’autre. Voilà le démagogue : celui qui refuse la complexité en brandissant une solution unique, celui qui refuse de regarder en face la tragédie et qui lui substitue la vision binaire du drame. Même s’il nous déplaît ou nous fait peur, nous devons apprivoiser le tragique. Le reconnaître, le mesurer, tout en repoussant les menteurs qui l’oublient. Certes, il y a de l’inconfort à se montrer lucide, mais le confort ne constitue pas une solution. Notre horreur des tragédies ensanglante le monde plus que les tragédies elles-mêmes. Il nous faut cultiver le sens de la tragédie. Parfois, la sagesse consiste à reconnaître qu’il y a des problèmes sans fin.
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Temps de guerre ou temps de paix ? Parfois, je me demande ce que les humains considèrent comme allant de soi…
Mon tempérament pencherait pour la paix, la vie nous ménageant suffisamment de duretés, de violences, pour qu’on n’ait pas besoin d’en rajouter ; néanmoins, je soupçonne que je diverge du commun car, en plusieurs millénaires, j’ai parcouru davantage de périodes d’hostilités que de trêves. À croire que le conflit constituerait le fond sur quoi tout se dessine… Loin que les affrontements soient un événement hétérogène troublant la tranquillité, ils définiraient le cours ordinaire des choses, dont la cessation formerait l’exception. Au regard des siècles, la paix se réduit à un intervalle entre deux guerres.
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Aucun sentiment n’avance plus masqué que la jalousie : elle se présente d’abord comme une composante de l’amour, puis comme une crainte de la trahison, alors qu’elle se réduit à un défaut de confiance en soi. La jalousie ment également d’une deuxième façon : celui qui la ressent attribue sa cause à l’autre tandis qu’elle réside en lui.
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Un idéal agitait les esprits, une aspiration venue des temps archaïques, transmise par l’Iliade et l’Odyssée, que revivifiaient en permanence les poèmes, les récits, les pièces de théâtre : il y a de la grandeur à se battre, encore plus à périr au combat. Grâce au trépas au champ d’honneur, un homme normal devenait supérieur. « Si d’aventure tu t’illustres ainsi, on se souviendra éternellement de toi, on te célébrera, tu habiteras les mémoires à jamais. » L’immortalité s’obtenait par la mort. Elle nécessitait une fin héroïque. Perdre la vie ne signifiait pas perdre sa dignité, au contraire : on grandissait d’être abattu. Chez les jeunes gens bercés dans cette conception depuis le sein maternel, l’appétit d’action et de gloire bannissait la prudence comme l’hédonisme.
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Les Athéniens avaient inventé un système politique inédit qui rejetait la loi naturelle, le droit du plus fort, pourtant ils n’avaient pas pu supprimer la violence. Tant qu’il y aurait des hommes, y aurait-il toujours la guerre ?
Le visage froissé, Socrate s’approcha de moi en se frottant le front.
– Il importe que nous gagnions, Argos, car Sparte est une oligarchie. La démocratie doit faire montre de sa fermeté face aux régimes autoritaires, lesquels sont persuadés qu’elle reste fragile, efféminée, corrompue par la mollesse, le confort, le luxe, les divertissements, la joie de vivre.
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La démocratie, ce régime sans dirigeant, avait besoin d’un modèle, d’un homme soucieux du bien commun et de l’équilibre général, qui ne la laisserait pas s’étioler, qui la vivifierait. Il fallait veiller à la santé de la démocratie, et le grand démocrate apparaissait comme son médecin davantage que comme son chef.
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Si le démocrate et le démagogue sont deux personnages créés par la démocratie, le démocrate la sert alors que le démagogue s’en sert – pis même, le démagogue la dessert à force de s’en servir, puisqu’il transforme les citoyens en clients, les groupes en communautés, et qu’il orchestre des prévalences plutôt que de l’égalité, se souciant de quelques-uns au lieu de s’occuper de tous.
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