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Critiques de Yannick Haenel (365)
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À mon seul désir

Une nouvelle lecture : un émerveillement, intact comme à la première découverte. J’avais peur d’être déçue ou moins charmée par ce livre, mais il n’en a rien été. L’inconvénient est qu’il me semble toujours aussi difficile d’en parler de façon juste après un tel éblouissement poétique ; je vais pourtant m’y efforcer, en essayant de ne pas trop me répéter par rapport à mon premier avis, afin de vous donner – peut-être – envie de le lire vous aussi.



Ce que j’apprécie particulièrement dans ce texte, c’est l’écriture d’Yannick Haenel. Il tente de « [t]rouver les phrases qui réveilleront la puissance poétique des tapisseries de la Dame à la licorne. » (p. 12) et y parvient parfaitement selon moi. Lorsque j’avais vu une reproduction de cette œuvre à la fin du livre, j’y étais restée assez insensible : sous les mots de cet auteur par contre, elle prend vie, rougit et me touche profondément. Grâce à cette analyse, j’ai perçu toute la richesse, la beauté et la charge érotique de ces tapisseries. Cela mène le narrateur à une réflexion sur l’art en général, la poésie plus particulièrement, et le désir qui l’anime, la sous-tend.



Yannick Haenel ne fait pas ce parcours initiatique seul, mais y invite son lecteur par l’usage de la seconde personne du singulier : cela a tendance à me déranger habituellement (je n’aime pas me sentir forcée à entrer dans un texte), mais j’ai eu cette fois la sensation d’être « étrangement invité[e] » (p. 15) et prise par la main avec douceur. Les réflexions sont amenées progressivement, en suivant le cheminement de pensée du narrateur, ce qui permet de construire ce savoir avec lui et de mieux l’assimiler.



À nouveau, les mots me manquent pour parler de ce magnifique texte et transmettre mon émerveillement. Je ne peux donc que vous inviter à mon tour à vous laisser emmener par Yannick Haenel au musée de Cluny, dans la salle des tapisseries de La Dame à la licorne.
Lien : http://minoualu.blogspot.com..
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À mon seul désir

«  Au cœur d'une œuvre d'art, il y a cette puissance : une puissance poétique – un POÈME. C'est ce poème que j'ai entendu lorsque, les premières fois, je suis venu voir les tapisseries. »



Je suis bien d'accord. Toute œuvre d'art est un poème. Un poème propre à chacun.

Pour Yannick Haenel, ce poème se tisse d'une volupté infinie, d'une féminité absolue, d'une solitude harmonieuse mais surtout de désir.





Son livre n'est pas un poème. Ce n'est pas non plus un roman. Il est juste un prétexte pour traduire en mots son ressenti face aux six célèbres tapisseries conservées au musée de Cluny.

Le mot « ressenti » est bien trop faible, cependant, pour exprimer ces écrits. Il faudrait plutôt parler d'un état extatique.



Avec Yannick Haenel, les tapisseries de la Dame à la licorne prennent une dimension sensuelle très vive, et n'ayons pas peur de le dire car même l'auteur ne s'en défend pas – bien au contraire – ces tapisseries se révèlent sous un angle érotique, pur et délicat.



Les femmes des six tapisseries se révèlent tour à tour comme ses compagnes de jour et de nuit. Elles sont à la fois différentes et si semblables. Et si elles n'étaient qu'une seule femme ? Quoiqu'elles soient, pour l'auteur, ces femmes et ce rouge très prégnant qui les submerge symbolisent le désir.





Ce texte très poétique est avant tout une réflexion personnelle découlant bien sûr de son observation des tapisseries mais reposant également sur des citations de nombreux auteurs et artistes. (Heidegger, Lautréamont, Rilke, Cézanne, Rimbaud et d'autres encore)

On peut y adhérer...ou pas. Pour ma part, j'ai aimé la façon dont il présente les tapisseries mais beaucoup moins apprécié la fin de ce court livre où il n'est plus question du tout des dites tapisseries. Ne me demandez pas d'ailleurs de quoi il s'agit. Mon attention s'est dissipée à cet instant et je suis bien incapable de vous dire ce que l'auteur a essayé de démontrer à la fin du livre !





Je ne sais plus du tout ce qui avait motivé l'achat de ce livre. Toujours est-il que cette lecture singulière de La dame à la licorne m' a montré cette œuvre sous un autre angle et qu'en cela, c'est toujours enrichissant ! D'autre part, de nombreuses pages présentent des vues différentes des six tapisseries illustrant à merveille les propos de l'auteur, ce qui rend la lecture très agréable !





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À mon seul désir

La collection « Entre-deux » d’Argol éditions propose des rencontres entre un auteur et une œuvre ou un artiste : dans cet essai-récit, c’est vers les tapisseries de la Dame à la licorne au musée de Cluny qu’Yannick Haenel s’est tourné. Au fil des pages et des illustrations*, se déroule son expérience en compagnie du mystère de cette Dame et sa répercussion sur sa vie intérieure. Au-delà de la lecture allégorique qui en est généralement faite et dont témoignent les titres (Le Goût, L’Ouïe, La Vue, L’Odorat, Le Toucher et À mon seul désir), il réinterprète cette œuvre sous le signe du désir et du plaisir. Ce que j’en ai avant tout retenu, une semaine après ma lecture, c’est ce rouge qui frappe le narrateur lui-même lorsqu’il voit ces tapisseries et la poésie avec laquelle il narre cette rencontre artistique. Je relirai certainement ce texte prochainement, pour revenir à cette beauté littéraire qui m’a éblouie, ainsi que d’autres textes de la même collection chez Argol, et espère pouvoir en dire plus sur cette œuvre à ce moment-là. En attendant, je ne peux que vous encourager à la découvrir par vous-mêmes.



* Le livre contient plusieurs photos (par Claude Gaspari et René-Gabriel Ojéda) des tapisseries de la Dame à la licorne : intégralement ou le plus souvent des détails. C’est un très bel ouvrage.
Lien : http://minoualu.blogspot.com..
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À mon seul désir

J'ai toujours été fascinée par la Dame à la Licorne.

Par sa beauté, son mystère, sa richesse, son histoire.

Comme Yannick Haenel, je me suis souvent rendue au Musée de Cluny pour l'admirer. Parfois en faisant durer la visite des autres salles pour "faire monter le désir" de la retrouver et de passer un moment avec elle. Avec Elles. De préférence à des heures creuses où je pouvais à loisir profiter, tous mes sens en alerte, de cette immersion médiévale. Car pour moi c'était ça: je me projetais dans les scènes, j'essayais d'en saisir l'essence, de ressentir ce que ces femmes m'évoquent.

Et puis à la fin d'une de mes visites, j'ai découvert à la librairie du musée cet ouvrage.

Qui m'a donné encore une autre lecture des tapisseries. Une lecture toute en sensibilité, mais surtout tout en sensualité. Au travers des mots d'un homme. J'en avais été chamboulée.

15 ans plus tard, ce livre se révèle sous un autre jour.

Ma vie a changé, les tapisseries demeurent, la Dame aussi, la Licorne surtout.

Mais le mystère restera entier.

Vivement qu'on puisse revenir au Musée la regarder, cette Dame à la Licorne.

Merci à Yannick Haenel d'avoir su nous faire embarquer dans sa rêverie.
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À mon seul désir

Lire ce court récit de Yannick Haenel, c'est embarquer pour une promenade sensorielle cousue de fils poétiques. C'est se perdre dans la soyeuse robe de la Dame à la Licorne et en distiller les moindres secrets. C'est encore vivre une experience sensuelle et intemporelle au cours d'une balade parisienne où le printemps affleure. Cet ouvrage imprimé sur papier crème et rythmé par de jolis médaillons de la "Dame" permet au lecteur d'appréhender la fascination qu'exerce la fameuse tapisserie, et cela en douceur avec toute la délicatesse d'un amoureux pudique...Ce petit précis où les plus grands poètes y vont de leurs bons mots Lautréamont, Baudelaire, Rilke ou Rimbaud est absolument délicieux et s'y laisser flâner, puisque "la jouissance est le temps qui jouit en nous lorsque nous sommes disponible au temps" est un réel exercice poétique.
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Bleu Bacon

Ceci n'est pas un roman



Yannick Haenel a obtenu l'autorisation exceptionnelle de passer une nuit, seul, au Centre Pompidou, immergé dans une exposition consacrée à Francis Bacon.

Une chose est sûre : l'auteur aime, adule le peintre.

Une autre chose est sûre : je n'aime pas la peinture de Bacon. Elle me heurte, m'agresse, m'épouvante, m'écoeure. Je suis allée revoir certaines de ses oeuvres lors de ma lecture et mon avis n'a pas changé.

L'auteur, lui, baigne dans cette peinture. Non seulement il l'aime, mais il la comprends. Il y voit ce que moi je suis incapable de voir : « le coeur ardent de la vie ». Et il décrit ce qu'il voit et surtout ce qu'il ressent avec acuité. Pour cela, je l'admire et même, je l'envie.

Alors, même si je n'aime pas la peinture de Bacon, j'ai aimé le récit de la nuit passée au Centre Pompidou. L'auteur est un virtuose de l'écriture.

Que vous aimiez ou pas Bacon, je vous invite à découvrir sa substantifique moelle, ses excès, ses couleurs, surtout le bleu, avec l'auteur.

Croyez-moi, le voyage au bout de la nuit en vaut la peine.
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Bleu Bacon

Un nouveau texte dans la collection "une nuit dans un musée" : cette fois, nous allons passer une nuit avec Yannick Haenel au Centre Pompidou, lors de l'exposition Bacon en 2019.

Une exposition d'hommage à ce peintre avec des tableaux du Centre et des prêts d'autres musées et de propriétaires privés (d'ailleurs, il y en a un qui appartient à un acteur américain, mais ne veut pas divulgacher mais une drôle de surprise, tout de même).

Quand je pense Bacon, je n'aurai pas de prime abord penser à la couleur bleu, comme ce titre l'indique. Le tableau de la couverture est d'ailleurs, à mes yeux, pas un tableau emblématique de cet artiste mais Haenel nous en parle magnifiquement.

J'ai apprécié passer la nuit avec Yannick Haenel, qui nous raconte ses sensations (il est d'ailleurs pris d'une migraine dès qu'il se retrouve seul dans les salles), son rapport ancien avec cet artiste et ses œuvres (sera t il capable d'affronter certains triptyques ?, lors d'une exposition au Musée Picasso, il s'était carrément enfui). Il y a de belles pages face à des tableaux comme Œdipe et le sphinx ou le triptyque consacré à la mort de George Dyer (l’amant de Bacon) ou des envolées quand il court dans les salles et alors nous avons l'impression d'être englouti par les couleurs et les matières des tableaux. Il sait aussi nous parler de la vie et d'épisodes de la vie de Bacon.

Et j'ai aimé cette phrase de Bacon, lors des entretiens accordés à David Sylvester : "peindre, c'est dresser un piège pour attaquer le vivant".

Ce texte m'a fait ressortir mes monographies de cet artiste et vais continuer à découvrir sa vie et ses œuvres. Car il a fait l'objet de catalogues, de biographies mais aussi d'œuvres de fiction.

Mais aussi lire les textes de Haenel car j'ai apprécié son écriture.

#BleuBacon #NetGalleyFrance
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Bleu Bacon

#bleu bacon

Avant tout merci à NetGalley France et aux Éditions Stock de m'avoir permis de lire ce livre.

Cet ouvrage fait partie de la collection "Une nuit au Musée", et c'est Yannick Haenel qui se soumet à l'exercice lors de l'exposition Bacon au Centre Pompidou en 2019.

Cette nuit au Musée ne sera pas de tout repos, et c'est avec surprise que j'ai lu ce livre. Je connais un peu la peinture de Bacon, sincèrement elle est loin de me faire le même effet, mais après cette lecture je ne regarde plus les tableaux de Bacon de la même façon.

Tout débute avec une très forte migraine ophtalmique, qui peu à peu cessera et permettra à Yannick Haenel d'entrer en communion avec les tableaux de Bacon. Notamment avec Water from a Running Tap, Yannick Haenel entre dans le tableau et exprime toutes ses sensations liées à l'eau.

Lorsqu'on parle de Bacon, on ne pense pas forcément à la couleur bleue, ni à la quasi-jouissance de ce déversement de l'eau. Sans en dire plus à vous de voir si vous êtes prêts à voir la peinture de Bacon différemment, en tout cas ce livre nous donne l'occasion de changer notre regard.
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Bleu Bacon

Affrontement des plus physique et métaphysique avec les tableaux de cette exposition pour Yannick Haenel qui, encore une fois, nous livre une oeuvre d'art litteraire et picturale. Nous savons que pour l'écrivain la peinture est une catharsis, tant pour le peintre que pour celui qui regarde un tableau. Et l'écrivain, sensible par ses mots, essaie de faire partager ses émotions et ses découvertes lors d'une confrontation aux oeuvres maitressses des grands peintres de toutes époques, pris cette fois « au piège » d'un Bacon dont on sait qu'il recèle de mystérieuses répulsions et attractions pour de nombreux spectateurs..



De migraine ophtalmique en apaisement progressif, de réflexions, interrogations en découvertes inouïes telles que, sur un tableau de Bacon, le pied gauche interverti d'un Oedipe qui donne une réponse incomplète à la Sphinge, - pour Haenel la réponse à la fameuse énigme est « homme et meurtrier » tout à la fois.



La lumière intérieure de l'âme se fait dans l'obscurité, de couloir en couloir, de couleur en couleur, de voix en voix qui sont celles des tableaux, ou parvenues d'une explication de spécialiste, tel ce rapprochement jusqu'à la dernière torsion du mouvement comme du choix de la couleur qui donne le titre de ce nouvel opus, le bleu Bacon, celui du Vert Veronese ou du Jaune Utrillo. Ainsi cette peinture bleu tendre d'un filet d'eau inspire une douceur particulière au conteur et devient comme la spécificité d'un peintre qui n'était guère connu auparavant pour inspirer douceur et sentiment de plénitude.



Bacon en impose et le regard de l'analyste voit s'ouvrir les portes de la compréhension d'un peintre qui livre ses secrets en pleine lumière, exposant les chairs nues et les carcasses qui apitoient l'oeil le plus tendre et le plus compatissant.



J'ai rarement lu un témoignage d'une telle force et beauté, et Bacon m'apparaît comme un des peintres les plus sensibles et les plus humains, tandis qu'il demeure pour la plupart des regardants un guignol post moderne sans intérêt, inspirant dégoût et mépris.



Yannick Haenel demeure sans conteste un esthète de l'écriture et la met au service de la peinture, depuis de longues années, sachant que l'art passe par une catharsis indispensable pour être sauvé de l'ignorance et de la peur, en déchirant le rideau opaque des impressions erronées.
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Bleu Bacon

Laissez un auteur seul au musée Pompidou pendant une nuit entière, et vous obtiendrez un livre très personnel, quasi mystique !



Dans cet essai, au fil de la nuit de plus en plus sombre, Yannick Haenel nous fait déambuler au cœur des peintures tourmentées de Francis Bacon. Les peintures se répondent entre elles, faisant émerger les pensées et douleurs de ce peintre écorché, à travers la voix de l’auteur qui est ici le traducteur des états d’âme de Bacon.



Yannick Haenel réussit l’exploit de nous faire voir les peintures avec les mots. Sous sa plume les toiles prennent vie, comme s’il écrivait avec un pinceau.

« Bleu du ciel, bleu glacier, bleu cobalt, bleu de Prusse, bleu maya, bleu de minuit, bleu outre-mer, bleu chardon, céruléen, turquin, lapis-lazuli, canard, persan, minéral, égyptien, et mon préféré le bleu roi : j'aperçois toutes ces nuances dans la palette en feu de Bacon. La lumière intérieure de la peinture est bleue. »
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Bleu Bacon

Yannick Haenel signe le récit flamboyant de sa nuit seul au Centre Pompidou au milieu des Francis Bacon.


Lien : https://www.lalibre.be/cultu..
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Bleu Bacon

La collection "Une nuit au musée", chez Stock, invite des écrivains à passer une nuit dans le musée de leur choix et de relater cette expérience. 



Je me suis déjà régalée de la nuit au Louvre de Jakuta Alikavazovic, de celle de Leila Slimani au Musée della Dogana à Venise, de celle d'Enki Bilal au Musée Picasso. 



Je me suis donc réjouie de voir que NetGalley proposait cette expérience de Yannick Haenel, et je l'ai sollicité aussitôt ! 



Qu'en dire ... 



On parcourt avec l'auteur la rétrospective de l'œuvre de Francis Bacon organisée par le Musée Georges Pompidou ... mais je n'ai pas vu cette expo et je ne suis pas très fan de l'œuvre de Bacon ! 



Nuit fantasmagorique, où l'auteur recroise des peurs d'enfance, se plonge dans les tableaux qui résonnent en lui et nous livre des bribes tant de sa vie que de celle du peintre, insistant notamment sur le triptyque hommage à l'amant de Francis Bacon décédé à Paris au moment où l'artiste y était célébré. 



A la fin de la nuit quand toutes les lumières du musée sont éteintes (à la demande de l'auteur qui ne s'y attendait plus) et qu'il poursuit sa visite avec une lampe torche sont totalement magiques : choisir quelle œuvre éclairer, quel morceaux, y plonger par petits bouts, petites touches pour mieux se pénétrer de la démarche de l'auteur ! 



J'en rêve ! 



Je remercie NetGalley et les Editions Stock de m'avoir offert cet ouvrage



#BleuBacon #NetGalleyFrance 



D'autres livres de cette collection m'attendent dans ma liseuse ... A suivre, donc ! 
Lien : http://les-lectures-de-bill-..
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Bleu Bacon

Dans cette exaltation récurrente, ­éperdue de littérature, on est heureux en tout cas de retrouver une qualité ­assez rare chez nos contemporains : le sens de l’admiration, qui fait de ce petit livre inspiré un guide aussi ­personnel que précieux.
Lien : https://www.lemonde.fr/criti..
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Bleu Bacon

La nuit au musée



Ce Bleu Bacon, aussi alléchant puisse-t-il paraître, n'a rien à voir avec un produit phare de la restauration rapide.

Ce soir au menu, Yannick Haenel nous a concocté un face à face avec l'oeuvre de l'artiste britannique Francis Bacon au musée Georges Pompidou dans le cadre de l'exposition Bacon en toutes lettres.

L'entrée en matière s'avère tout de suite très compliquée.



Yannick Haenel ne s'attendait pas à subir un tel choc au contact des toiles de Bacon. Une migraine ophtalmique l'oblige à s'allonger un moment et à ingérer une double dose de Tramadol.

A son réveil, habité par une sorte de transe mystique, il découvre l'intensité de l'oeuvre de Bacon qui non seulement le touche au coeur mais au corps plus encore.

Tel un guide de musée, il nous décrit avec force et jutesse ces toiles qui lui "cisaillent les yeux".

Water from a Running Tap et son bleu éclaboussant qui nous engloutit sous ses flots tourbillonnants au risque de nous asphyxier.

Oedipe et le Sphinx et cette blessure à vie qui ne cicatrisera jamais. le sang, tache indélébile, qui souille le bandage du pied d'Oedipe d'une plaie qui ne se referme pas.



Errant presque comme le minautore dans son labyrinthe, Yannick Haenel affronte les réminiscences d'une enfance africaine qui jaillissent subitement et le confrontent à nouveau à ses propres hantises. Sorcellerie, envoûtement se sont frayés un chemin dans la béance créée dans son esprit par la violence d'une peinture fantasmagorique.

Le Bleu Bacon n'est pas apaisant, il se montre souvent saignant. Au mieux, il se fait hématome.

Au fil de notre visite, le Bleu se fait de plus en plus nuit et finit même par nous plonger dans un puits d'angoisse dont on finit par ressortir heureux de revoir la lumière de la vie.











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Bleu Bacon

Alors que le Centre Pompidou fermera bientôt ses portes pour plusieurs années, Yannick Haenel revient dans Bleu Bacon sur une expérience assez singulière qu'il a pu vivre dans ce temple de l'art moderne et contemporain : passer une nuit seul au milieu de l'exposition consacrée à une rétrospective des œuvres de Francis Bacon en automne 2019.



Connaissant bien Beaubourg et ayant déjà eu l'occasion d'admirer des œuvres de Francis Bacon dans ce lieu, je n'ai eu aucune difficulté à accompagner l'auteur tout au long de son récit que j'ai trouvé très intéressant, car, on ne sait jamais comment le spectateur va réagir lors de cette expérience. Finalement, Yannick Haenel se souviendra longtemps de cette nuit en compagnie des œuvres de ce peintre majeur irlandais au triptyque le plus cher au monde.



Que l'on aime ou non, il est impossible de rester insensible face à une toile de Francis Bacon et Yannick Haenel était loin de se douter où le mènerait cette "aventure initiatique".



Étant amatrice d'art, c'est toujours un plaisir pour moi de me plonger dans la collection Ma nuit au musée publiée par les éditions Stock qui "propose à des écrivains de passer une nuit dans le musée de leur choix". Cela permet de découvrir une nouvelle facette de la personnalité d'auteurs dont on ne connaît généralement que la plume.



Je tiens à en remercier les éditions Stock et Netgalley France pour m'avoir offert la chance de lire un récit passionnant où Yannick Haenel nous partage son expérience et en profite pour évoquer la vie et le travail de Francis Bacon.
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Bleu Bacon

“Dans ses entretiens avec David Sylvester, Francis Bacon dit que peindre, c'est dresser un piège pour attraper le vivant.”

Avec “Water from a running tape”, la peinture de la couverture, magnifique, qu'il considère comme son oeuvre le plus accompli, il a dressé un de ses meilleurs pièges où l'eau est « l'enfance du temps et le bleu mène à son pays indemne. »

L'auteur Yannick Haenel décide de passer une nuit au musée du centre Pompidou, à l'expo Francis Bacon en 2019, que j'ai aussi pu visiter la même année, étant moi-même une grande fan de Bacon.

« Dans les tableaux de Bacon, c'est le bleu qui déjoue la pétrification. J'en perçois ainsi l'étrange vertu : le bleu est plus fort que le noir ; il troue les ténèbres et s'écoule jusqu'à nous…..En écrivant, je cherche à préciser une émotion ; je veux trouver les mots pour dire la béance que les tableaux de Bacon ouvrent en moi  ; je raconte l'aventure de leurs impacts … » , c'est précisément pour cela que ce livre m'a attirée. Je suis curieuse de connaître les sensations des autres face à une oeuvre d'art, qui m'ouvrent toujours des nouvelles perspectives pour ouvrir, élargir, le diapason de mes sens. “La justesse du regard, c'est l'art qui nous l'enseigne. Ne plus regarder de tableaux, c'est risquer de perdre la vue. “ Car les sensations se cultivent , enrichissant notre vision et aiguisant notre sensibilité , nous ouvrent un monde plus vaste pour apprécier et profiter non seulement d'une oeuvre d'art mais aussi des petits faits quelconques de notre quotidien , de la nature, bref tout simplement de la Vie. À ce propos le dernier film de Wim Wenders « Perfect Days » vu récemment en est un superbe exemple, où Wenders s'est vraiment consacré au plus simple pour montrer la voie au plaisir et à la joie de vivre.

Pour qui est fan ce livre est l'occasion de revisionner quelques uns des tableaux intéressants de Bacon, et pour qui ne le connaît pas l'occasion à jamais de l'aborder, à travers des ressentis et réflexions riches et intéressantes de l'auteur. Un vrai plaisir de lecture !



« Si le monde n'est pas peint, on n'y verra bientôt plus rien – et peut-être même n'y aura-t-il plus de monde. »

« On ne peut pas regarder un Bacon comme on regarde n'importe quel autre tableau : il réveille précisément l'excès en vous. Excès contre excès ? Plutôt un transfert de violence. On peut se protéger, bien sûr, on n'est pas obligé de souffrir pour apprécier une oeuvre : pourquoi l'art devrait-il nous jeter au néant ? Mais si vous laissez le monde de Bacon entrer en vous, commence alors une expérience qui, en vous dépossédant, vous conduira là où vous n'êtes jamais allé. Vous n'aurez plus rien, et même vos yeux auront brûlé ; mais vous verrez enfin, et grâce à cette seconde vue, c'est le coeur ardent de la vie que vous retrouverez. »

“Pendant la séance, Sylvester avait remarqué que Bacon jetait sans cesse des regards de côté lorsqu'il peignait : au lieu de fixer son modèle, il regardait un livre ouvert posé sur un tabouret à côté de lui. À un moment, Bacon étant parti pisser, Sylvester en avait profité pour jeter un coup d'oeil au livre : il s'agissait d'un album sur la faune africaine et la page à laquelle il était ouvert montrait la photo d'un rhinocéros.”😊



Un grand merci aux éditions Stock et NetGalleyFrance pour l'envoie du livre !

#BleuBacon#NetGalleyFrance

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Bleu Bacon

« Je n'avais cessé, depuis mon entrée dans l'exposition, de vivre intensément. »



Nouveau récit dans le cadre de la collection « Ma nuit au musée ».

Le principe : inviter un auteur/une autrice à passer une nuit dans le musée de son choix, à partir de laquelle il/elle va tirer un récit publié aux @editionsstock. L'an dernier, Lola Lafon avait ébloui lecteurs comme critiques avec « Quand tu écouteras cette chanson ».



Cette fois, Yannick Haenel nous emmène passer la nuit avec lui au Centre Pompidou admirer les œuvres exposées de Francis Bacon. Nous sommes en 2019. Je suis ravie de l' « accompagner » dans ce musée d'art contemporain que j'affectionne.



Dès son entrée dans le musée, l'auteur est victime d'une violente migraine l'obligeant à se reposer quelques heures avant d'arpenter les lieux.

« Je m'étais piégé moi-même, jeté dans la gueule du loup, j'étais venu brûler mes yeux au contact de la peinture de Francis Bacon, cette nuit était un supplice ? »



Lorsque sa vue s’accommode de nouveau et que la douleur reflue, il débute au gré des allées déambulations tant physiques qu'intellectuelles.

De tableau en tableau, la puissance évocatrice du peintre, les lignes et les couleurs interrogent les sens de l'auteur, le questionnent, le bousculent. Le silence, le vide, les lumières ou l'obscurité font le reste.



Le texte très littéraire se situe quelque part entre roman et non-fiction. Il propose une réflexion absolument passionnante sur l'Art, sa puissance, les pouvoirs de la peinture et de la littérature.

Ce texte est un récit d'aventures au pays de Francis Bacon. L'auteur nous embarque pour (re)visiter sa peinture. Évidemment, j'ai eu en parallèle à la lecture une page ouverte sur le net pour découvrir les tableaux évoqués. Ainsi, l'expérience se fait immersive.



Peu à peu, le lecteur a l'impression de toucher du doigt la peinture de Bacon comme la grâce.



Bilan :

Une lecture joyeuse, lumineuse à la découverte d'un lieu, d'un peintre et d'un auteur. J'ai aimé errer dans les pas de Haenel. Et ce bleu...



Merci aux Éditions Stock et à Netgalley pour la découverte de ce texte.
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Bleu Bacon

Disons que je suis assez fan de Yannick Haenel, de sa plume, de son inventivité, de ses propos déjantés parfois. Dans Bleu Bacon, j'ai aimé le suivre dans ses réflexions sur la peinture de Bacon, peinture qui tout compte fait lui va très bien. On ne sait plus trop qui de l'écrivain ou du peintre transcende l'autre. La déambulation de nuit, seul, au milieu des toiles de Bacon est désarçonnante, envoûtante. La peinture qu'il faut voir dans le noir, les détails qui surgissent grâce au contraste du noir et de l'éclat aveuglant de la torche , et ce bleu qui palpite et enivre ! Avec les triptyques en hommage à l'amant perdu, la réflexion de l'auteur gagne en puissance et en précision. Passion, tristesse, amour, vie et mort, en couches, en larmes, explosés pour être réduits en mots. C'est un Yannick Haenel au sommet de son art qui dans sa déambulation s'expose et s'approche au plus près des doutes, de la solitude, des émotions du peintre qu'il rejoint. On est tout près de la re-création des tableaux. Un grand moment de littérature.

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Bleu Bacon

"Bleu Bacon" raconte l'expérience insolite qu'a vécu Yannick Haenel dans le musée Georges Pompidou, mais que l'on sait caractéristique de la collection "Ma nuit au musée". Un récit intense avec cette sensation que la frontière entre le réel et l'imaginaire devient poreuse dès que l'écrivain franchit seul les portes du musée. Cette immersion nous invite à croire qu'une autre dimension existe où les œuvres prennent vie et se matérialisent dans l'obscurité des salles d'exposition. Yannick Haenel l'écrit :"cette nuit le diable était de la partie".(extrait p. 138)



l y a d'abord ce mal de tête étrange qui surprend Yannick Haenel au moment même où il pénètre dans le musée qui l'oblige à prendre un médicament et à s'allonger. Une fois la douleur passée, les toiles se révèlent à lui comme dans une vision en 3D.



On se promène avec Yannick Haenel, on le suit dans les dédales du musée et dans ses pensées provoquées par son approche des oeuvres. Ce n'est ni la visite d'un guide, ni un cours magistral sur le peintre que nous propose ce visiteur nocturne. C'est un dialogue avec lui-même et nous, ses futurs lecteurs. C'est ainsi que les toiles prennent vie sous le regard de Yannick Haenel et nous révèlent leur histoire, la vie du peintre, celle du monde.



"En écrivant des livres sur le Caravage et sur Adrian Gheni, en étudiant la peinture de Bonnard et celle de Delacroix, je me suis lancé dans une aventure qui ne cesse de relancer ces questions : Que voit-on quand on regarde de la peinture ? Que se passe-t-il lorsqu'on se tient face à ces rectangles de couleurs où le visible se dépose si passionnément ? A quoi nous ouvrent ces impacts ?" (extrait p. 81 )



La toile "Water from a running tap" qui illustre la couverture de ce livre, devient avec Yannick Haenel, une méditation sur l'importance de la peinture. Il écrit : "Ce point d'eau ne révèle-t-il pas de l'infini ? Une force indivisible jaillit de cette peinture, dont l'affirmation limpide est à elle seule un évènement : tandis que j'écris ce livre, j'en fait l'expérience heureuse. Il y a toujours, quelque part une fontaine. C'est vers elle que l'existence se dirige : là où il y a de la peinture, il y a de la vie." (extrait p. 55) La peinture est un bain où vos yeux renaissent. (extrait p.57)



En lisant ce livre on comprend que même parfois dérangeantes, violentes, repoussantes les peintures de Francis Bacon sont essentielles à notre monde. le chaos du monde est dans l'oeuvre de Bacon.



Avec "Bleu Bacon" Yannick Haenel nous offre une exploration captivante des oeuvres de Francis Bacon. Son écriture poétique, ses réflexions philosophiques et littéraires nous invitent à contempler les mystères de l'existence à travers les oeuvres de l'artiste. Au delà des mots et des images cette nuit au musée est une plongée magistrale dans le domaine de l'art et de la littérature.



"Je me tiens entre l'intervalle enchanté entre peinture et littérature. C'est là que je respire le mieux" (extrait p.170)



En refermant ce livre on a juste envie de courir s'enfermer dans un musée avec les oeuvres de Francis Bacon en emportant "Bleu Bacon" avec soi...
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Bleu Bacon

Pour la collection « Ma nuit au musée », l’écrivain s’est laissé enfermer au Centre Pompidou en vue d’un tête-à-tête avec les toiles aux corps distordus du peintre irlandais. L’expérience esthétique s’est muée en transe mystique.
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