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Critiques de Yannick Haenel (365)
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Bleu Bacon

Ceci n'est pas un roman



Yannick Haenel a obtenu l'autorisation exceptionnelle de passer une nuit, seul, au Centre Pompidou, immergé dans une exposition consacrée à Francis Bacon.

Une chose est sûre : l'auteur aime, adule le peintre.

Une autre chose est sûre : je n'aime pas la peinture de Bacon. Elle me heurte, m'agresse, m'épouvante, m'écoeure. Je suis allée revoir certaines de ses oeuvres lors de ma lecture et mon avis n'a pas changé.

L'auteur, lui, baigne dans cette peinture. Non seulement il l'aime, mais il la comprends. Il y voit ce que moi je suis incapable de voir : « le coeur ardent de la vie ». Et il décrit ce qu'il voit et surtout ce qu'il ressent avec acuité. Pour cela, je l'admire et même, je l'envie.

Alors, même si je n'aime pas la peinture de Bacon, j'ai aimé le récit de la nuit passée au Centre Pompidou. L'auteur est un virtuose de l'écriture.

Que vous aimiez ou pas Bacon, je vous invite à découvrir sa substantifique moelle, ses excès, ses couleurs, surtout le bleu, avec l'auteur.

Croyez-moi, le voyage au bout de la nuit en vaut la peine.
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Jan Karski

Combien je regrette de l'avoir laissé passer à sa sortie ! Les deux premiers chapitres m'ont un peu déstabilisés, conter par le menu une séquence de film puis un long résumé d'un livre est certes intéressant, mais étrange. Puis, commence les cent pages d'une rare intensité où jamais biographe ne fait revivre aussi pleinement son héros ! Une semonce d'une force incroyable où tout est dit, pas seulement sur la guerre, l'après-guerre, mais la justesse des propos reste valable aujourd'hui sur l'hypocrisie de nos dirigeants, sur l'histoire qu'il brode à leur avanatge sur le dos du monde. Indispensable et formidable.
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Bleu Bacon

La nuit au musée



Ce Bleu Bacon, aussi alléchant puisse-t-il paraître, n'a rien à voir avec un produit phare de la restauration rapide.

Ce soir au menu, Yannick Haenel nous a concocté un face à face avec l'oeuvre de l'artiste britannique Francis Bacon au musée Georges Pompidou dans le cadre de l'exposition Bacon en toutes lettres.

L'entrée en matière s'avère tout de suite très compliquée.



Yannick Haenel ne s'attendait pas à subir un tel choc au contact des toiles de Bacon. Une migraine ophtalmique l'oblige à s'allonger un moment et à ingérer une double dose de Tramadol.

A son réveil, habité par une sorte de transe mystique, il découvre l'intensité de l'oeuvre de Bacon qui non seulement le touche au coeur mais au corps plus encore.

Tel un guide de musée, il nous décrit avec force et jutesse ces toiles qui lui "cisaillent les yeux".

Water from a Running Tap et son bleu éclaboussant qui nous engloutit sous ses flots tourbillonnants au risque de nous asphyxier.

Oedipe et le Sphinx et cette blessure à vie qui ne cicatrisera jamais. le sang, tache indélébile, qui souille le bandage du pied d'Oedipe d'une plaie qui ne se referme pas.



Errant presque comme le minautore dans son labyrinthe, Yannick Haenel affronte les réminiscences d'une enfance africaine qui jaillissent subitement et le confrontent à nouveau à ses propres hantises. Sorcellerie, envoûtement se sont frayés un chemin dans la béance créée dans son esprit par la violence d'une peinture fantasmagorique.

Le Bleu Bacon n'est pas apaisant, il se montre souvent saignant. Au mieux, il se fait hématome.

Au fil de notre visite, le Bleu se fait de plus en plus nuit et finit même par nous plonger dans un puits d'angoisse dont on finit par ressortir heureux de revoir la lumière de la vie.











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Bleu Bacon

Dans cette exaltation récurrente, ­éperdue de littérature, on est heureux en tout cas de retrouver une qualité ­assez rare chez nos contemporains : le sens de l’admiration, qui fait de ce petit livre inspiré un guide aussi ­personnel que précieux.
Lien : https://www.lemonde.fr/criti..
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Le Trésorier-payeur

Un gros roman dont on se demande si, au moment de son écriture, il a été envisagé qu'il soit lu ... un texte qui déroule une histoire qui se construit au fur et à mesure qu'elle est écrite, c'est-à-dire sans fond ni intention, si ce n'est étaler l'érudition de l'auteur, ses fantasmes sexuels, ses préjugés et clichés sexistes et sociaux. Je me suis forcée à le lire jusqu'au bout en cherchant une illumination, une pépite qui justifierait toute cette pesanteur dans la construction, mais en vain. A part de longues portions politiquement étoffées (auxquelles on peut adhérer ou pas), l'ensemble du texte m'a semblé creux et pédant, et qui plus est, imprécis dans de nombreux détails que l'auteur s'attache à donner.
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Bleu Bacon

"Bleu Bacon" raconte l'expérience insolite qu'a vécu Yannick Haenel dans le musée Georges Pompidou, mais que l'on sait caractéristique de la collection "Ma nuit au musée". Un récit intense avec cette sensation que la frontière entre le réel et l'imaginaire devient poreuse dès que l'écrivain franchit seul les portes du musée. Cette immersion nous invite à croire qu'une autre dimension existe où les œuvres prennent vie et se matérialisent dans l'obscurité des salles d'exposition. Yannick Haenel l'écrit :"cette nuit le diable était de la partie".(extrait p. 138)



l y a d'abord ce mal de tête étrange qui surprend Yannick Haenel au moment même où il pénètre dans le musée qui l'oblige à prendre un médicament et à s'allonger. Une fois la douleur passée, les toiles se révèlent à lui comme dans une vision en 3D.



On se promène avec Yannick Haenel, on le suit dans les dédales du musée et dans ses pensées provoquées par son approche des oeuvres. Ce n'est ni la visite d'un guide, ni un cours magistral sur le peintre que nous propose ce visiteur nocturne. C'est un dialogue avec lui-même et nous, ses futurs lecteurs. C'est ainsi que les toiles prennent vie sous le regard de Yannick Haenel et nous révèlent leur histoire, la vie du peintre, celle du monde.



"En écrivant des livres sur le Caravage et sur Adrian Gheni, en étudiant la peinture de Bonnard et celle de Delacroix, je me suis lancé dans une aventure qui ne cesse de relancer ces questions : Que voit-on quand on regarde de la peinture ? Que se passe-t-il lorsqu'on se tient face à ces rectangles de couleurs où le visible se dépose si passionnément ? A quoi nous ouvrent ces impacts ?" (extrait p. 81 )



La toile "Water from a running tap" qui illustre la couverture de ce livre, devient avec Yannick Haenel, une méditation sur l'importance de la peinture. Il écrit : "Ce point d'eau ne révèle-t-il pas de l'infini ? Une force indivisible jaillit de cette peinture, dont l'affirmation limpide est à elle seule un évènement : tandis que j'écris ce livre, j'en fait l'expérience heureuse. Il y a toujours, quelque part une fontaine. C'est vers elle que l'existence se dirige : là où il y a de la peinture, il y a de la vie." (extrait p. 55) La peinture est un bain où vos yeux renaissent. (extrait p.57)



En lisant ce livre on comprend que même parfois dérangeantes, violentes, repoussantes les peintures de Francis Bacon sont essentielles à notre monde. le chaos du monde est dans l'oeuvre de Bacon.



Avec "Bleu Bacon" Yannick Haenel nous offre une exploration captivante des oeuvres de Francis Bacon. Son écriture poétique, ses réflexions philosophiques et littéraires nous invitent à contempler les mystères de l'existence à travers les oeuvres de l'artiste. Au delà des mots et des images cette nuit au musée est une plongée magistrale dans le domaine de l'art et de la littérature.



"Je me tiens entre l'intervalle enchanté entre peinture et littérature. C'est là que je respire le mieux" (extrait p.170)



En refermant ce livre on a juste envie de courir s'enfermer dans un musée avec les oeuvres de Francis Bacon en emportant "Bleu Bacon" avec soi...
Lien : http://ecriberte.over-blog.c..
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Jan Karski

A travers le récit de la vie de Jan Karski, ce livre pose la question : Mais pourquoi les Alliés ont-ils laissé faire l’extermination des juifs en Europe ?

A Varsovie, en 1942, Jan Karski est un messager de la résistance polonaise auprès du gouvernement en exil à Londres. Il rencontre deux hommes, des résistants juifs, qui le font entrer clandestinement dans le ghetto afin qu’il dise ce qu’il a vu aux alliés et qu’il les préviennent que les juifs d’Europe sont en train d’être exterminés.

Ce qu’il voit dans le ghetto est au-delà de l’insupportable, du concevable : Une deshumanisation extrême qui le marquera, le révoltera, le culpabilisera, lui le Juste, pour toujours.

Jan Karski traverse l’Europe en guerre, alerte les anglais, rencontre le président Roosevelt. On l’écoute, il écrit un livre sur la question en 1944 mais il dérange, personne ne souhaite sauver les juifs d’Europe. Les Anglais craignent que l’envoi des réfugiés en Palestine gêne leurs desseins dans cette région, les Américains ne considèrent pas cette question comme prioritaire, les Soviétiques n’y pensent même pas.

Trente-cinq ans plus tard, surmontant son malaise, en pleurs, Karsky raconte sa mission de l’époque dans Shoah, le film de Claude Lanzmann.

Ce livre qui mêle les moyens du documentaire et ceux de la fiction, est remarquablement construit. Dans un style sobre, il nous sidère. Yannick Haenel qui brille habituellement dans des romans alliant volupté, déprime, érotisme et un certain lyrisme politique se met ici au service de son sujet : il nous transmet avec force et nous fait partager son questionnement.



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Bleu Bacon

Laissez un auteur seul au musée Pompidou pendant une nuit entière, et vous obtiendrez un livre très personnel, quasi mystique !



Dans cet essai, au fil de la nuit de plus en plus sombre, Yannick Haenel nous fait déambuler au cœur des peintures tourmentées de Francis Bacon. Les peintures se répondent entre elles, faisant émerger les pensées et douleurs de ce peintre écorché, à travers la voix de l’auteur qui est ici le traducteur des états d’âme de Bacon.



Yannick Haenel réussit l’exploit de nous faire voir les peintures avec les mots. Sous sa plume les toiles prennent vie, comme s’il écrivait avec un pinceau.

« Bleu du ciel, bleu glacier, bleu cobalt, bleu de Prusse, bleu maya, bleu de minuit, bleu outre-mer, bleu chardon, céruléen, turquin, lapis-lazuli, canard, persan, minéral, égyptien, et mon préféré le bleu roi : j'aperçois toutes ces nuances dans la palette en feu de Bacon. La lumière intérieure de la peinture est bleue. »
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Le sens du calme

Des phrases de cette autobiographie m'ont particulièrement touchées, to the core.

Pour le reste, il faut dépasser un semblant de côté prétentieux assez énervant, de l'artiste, de la prétention de l'artiste, dans la/sa vie.

Soit. Certaines phrases m'ont particulièrement touchées, to the core. Et ça, ça me suffit.
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Bleu Bacon

Affrontement des plus physique et métaphysique avec les tableaux de cette exposition pour Yannick Haenel qui, encore une fois, nous livre une oeuvre d'art litteraire et picturale. Nous savons que pour l'écrivain la peinture est une catharsis, tant pour le peintre que pour celui qui regarde un tableau. Et l'écrivain, sensible par ses mots, essaie de faire partager ses émotions et ses découvertes lors d'une confrontation aux oeuvres maitressses des grands peintres de toutes époques, pris cette fois « au piège » d'un Bacon dont on sait qu'il recèle de mystérieuses répulsions et attractions pour de nombreux spectateurs..



De migraine ophtalmique en apaisement progressif, de réflexions, interrogations en découvertes inouïes telles que, sur un tableau de Bacon, le pied gauche interverti d'un Oedipe qui donne une réponse incomplète à la Sphinge, - pour Haenel la réponse à la fameuse énigme est « homme et meurtrier » tout à la fois.



La lumière intérieure de l'âme se fait dans l'obscurité, de couloir en couloir, de couleur en couleur, de voix en voix qui sont celles des tableaux, ou parvenues d'une explication de spécialiste, tel ce rapprochement jusqu'à la dernière torsion du mouvement comme du choix de la couleur qui donne le titre de ce nouvel opus, le bleu Bacon, celui du Vert Veronese ou du Jaune Utrillo. Ainsi cette peinture bleu tendre d'un filet d'eau inspire une douceur particulière au conteur et devient comme la spécificité d'un peintre qui n'était guère connu auparavant pour inspirer douceur et sentiment de plénitude.



Bacon en impose et le regard de l'analyste voit s'ouvrir les portes de la compréhension d'un peintre qui livre ses secrets en pleine lumière, exposant les chairs nues et les carcasses qui apitoient l'oeil le plus tendre et le plus compatissant.



J'ai rarement lu un témoignage d'une telle force et beauté, et Bacon m'apparaît comme un des peintres les plus sensibles et les plus humains, tandis qu'il demeure pour la plupart des regardants un guignol post moderne sans intérêt, inspirant dégoût et mépris.



Yannick Haenel demeure sans conteste un esthète de l'écriture et la met au service de la peinture, depuis de longues années, sachant que l'art passe par une catharsis indispensable pour être sauvé de l'ignorance et de la peur, en déchirant le rideau opaque des impressions erronées.
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Bleu Bacon

La collection "Une nuit au musée", chez Stock, invite des écrivains à passer une nuit dans le musée de leur choix et de relater cette expérience. 



Je me suis déjà régalée de la nuit au Louvre de Jakuta Alikavazovic, de celle de Leila Slimani au Musée della Dogana à Venise, de celle d'Enki Bilal au Musée Picasso. 



Je me suis donc réjouie de voir que NetGalley proposait cette expérience de Yannick Haenel, et je l'ai sollicité aussitôt ! 



Qu'en dire ... 



On parcourt avec l'auteur la rétrospective de l'œuvre de Francis Bacon organisée par le Musée Georges Pompidou ... mais je n'ai pas vu cette expo et je ne suis pas très fan de l'œuvre de Bacon ! 



Nuit fantasmagorique, où l'auteur recroise des peurs d'enfance, se plonge dans les tableaux qui résonnent en lui et nous livre des bribes tant de sa vie que de celle du peintre, insistant notamment sur le triptyque hommage à l'amant de Francis Bacon décédé à Paris au moment où l'artiste y était célébré. 



A la fin de la nuit quand toutes les lumières du musée sont éteintes (à la demande de l'auteur qui ne s'y attendait plus) et qu'il poursuit sa visite avec une lampe torche sont totalement magiques : choisir quelle œuvre éclairer, quel morceaux, y plonger par petits bouts, petites touches pour mieux se pénétrer de la démarche de l'auteur ! 



J'en rêve ! 



Je remercie NetGalley et les Editions Stock de m'avoir offert cet ouvrage



#BleuBacon #NetGalleyFrance 



D'autres livres de cette collection m'attendent dans ma liseuse ... A suivre, donc ! 
Lien : http://les-lectures-de-bill-..
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Tiens ferme ta couronne

Dans le vingtième arrondissement de Paris, un écrivain traîne sa dépression dans son appartement de deux pièces en descendant des bouteilles de vodka et en regardant en boucle « Voyage au bout de l’enfer » et « Apocalypse now ». Il a écrit un scénario de 700 pages sur la vie d’Herman Melville et rêverait qu’il soit mis en scène par Michael Cimino.

Entre rêve et réalité, le récit alterne des évènements extraordinaires : rencontre et discussions avec Cimino à New-York, dîner chez Bofinger avec Isabelle Huppert, nuits torrides avec la séduisante directrice du musée de la chasse, cérémonie funéraire à Colmar dans la salle du retable d’Issenheim, et les marasmes de la dépression. Ceux-ci sont agrémentés de situations triviales et comiques liées aux évènements de son voisinage et à la garde affectueuse du chien de son voisin retors.

L’on est séduit par le « style ondoyant » de Yannick Haenel, son érudition qu’il sait fort bien partager, l’extravagance des situations que vit son personnage, auxquelles on croit cependant.

Ses réflexions sur l’existence et en particulier sur l’attitude à adopter face à la solitude et à la « socialisation » m’ont intéressé.

Un excellent livre, dans la veine du « Trésorier-payeur ».

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Le Trésorier-payeur

Le trésorier-payeur est un objet littéraire très particulier, rempli de références philosophiques, au style ondoyant et dont la petite musique finit de capter le lecteur et lui faire oublier le côté déroutant et peu crédible de l'histoire. C'est un roman mettant en scène toutes les obsessions de Yannick Haenel, notamment son admiration pour l'écrivain philosophe George Bataille, auteur de l'histoire de l'érotisme et de l'essai “la part maudite”. Ce très singulier essai d'économie politique, prend en compte l'ensemble des mouvements de l'énergie sur la terre, et en particulier ceux du vivant, et donc l'homme, et prône la dissipation de l'énergie excédante, la part maudite, et donc pour l'argent la dépense au lieu de l'économie!

C'est l'histoire d'un banquier qui n'aime pas l'argent - on ne peut mieux faire dans le côté paradoxal - qui dévient bon samaritain en sauvant de pauvres gens surendettés à Béthune, région délaissée après la disparition des mines et de l'industrie.

Le roman commence où Yannick Haenel se met en scène: il est invité dans les locaux désaffectés de l'ancienne banque de France qui utilisés pour une exposition d'art contemporain sur le thème de l'influence de George Bataille sur l'art. En face de l'ancienne banque se trouve une grande maison abandonnée qui est reliée par un souterrain à la banque. Et comme par hasard, on apprend que l'ancien trésorier de la banque qui habitait cette maison s'appelait Bataille. L'idée du roman prend corps nous explique l'auteur. Dans les cinquante premières pages l'écrivain nous propose plusieurs clés d'interprétation du récit qui va suivre en semant des noms, des références, des concepts pour étayer la partie romanesque qui se déroule dans les 350 pages qui suivent.

Ce banquier anarchiste est à la recherche du sacré, il est membre d'une vieille confrérie des Charitables. Yannick Haenel retrace la biographie imaginaire de l'avatar George Bataille, le trésorier-payeur, en essayant de dégager une métaphysique de l'argent où” l'économie serait à la base de la poésie”. Certaines scènes sont très réussies comme la visite de Ronald Reagan dans la “souterraine”, les coffres d'or enterrés à 30 mètres de profondeur, de même les mécanismes de l'excès du capitalisme financier sont dépeints avec justesse, pourtant cela ne saurait dédouaner les autres élucubrations pseudo économique du héros.

La palette littéraire de Yannick Haenel est riche, souvent poétique, même si parfois certaines phrases sont à la limite du pompeux. Personnellement je trouve que les scènes de sexe sont mal équilibrées avec beaucoup trop de femmes nymphomanes parmi les aventures du trésorier- payeur qui finira pourtant de trouver l'amour. Finalement on se laisse prendre par cette histoire très invraisemblable.

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Tiens ferme ta couronne

Deuxième livre de Haenel, deuxième coup de coeur, le premier nous emportait dans l'univers Caravage, celui-ci c'est la chasse, mais une chasse particulière, philosophiquement parlant, ou la phrase de Melville « En ce monde de mensonges, la vérité est forcée de fuir dans les bois comme un daim blanc effarouché. » prend tout son sens.

L'auteur va nous transporter avec délice dans l'univers du cinéma, de "voyage au bout de l'enfer" à "apocalypse now", passant par des rencontres avec Michael Cimino, mais ou la phrase de Melville n'est jamais très loin dans cette obsession bien dissimulée: la vie, dés la naissance, n'est peut-être qu'une partie de chasse ou l'on est à la fois prédateur et proie, il faut tenir fermement sa couronne au risque d'être remplacé.
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La solitude Caravage

C'est peu dire que j'ai été très déçue. En l'achetant en librairie, je pensais lire une biographie - et j'adore lire les biographies. En fait, ce livre a été écouté l'auteur raconté sa passion pour un peintre que je ne connaissais pas bien (et là est le seul point positif de cette lecture - j'ai été faire des recherches). L'auteur raconte une partie de sa vie et surtout son interprétation des peintures. Il interprète, imagine, part dans des envolées et en fait, pour moi, ce n'est pas du tout une biographie. C'est l'histoire d'une passion pour un peintre et le partage de cette passion. J'ai été jusqu'au bout mais vraiment, déçue.
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Bleu Bacon

Alors que le Centre Pompidou fermera bientôt ses portes pour plusieurs années, Yannick Haenel revient dans Bleu Bacon sur une expérience assez singulière qu'il a pu vivre dans ce temple de l'art moderne et contemporain : passer une nuit seul au milieu de l'exposition consacrée à une rétrospective des œuvres de Francis Bacon en automne 2019.



Connaissant bien Beaubourg et ayant déjà eu l'occasion d'admirer des œuvres de Francis Bacon dans ce lieu, je n'ai eu aucune difficulté à accompagner l'auteur tout au long de son récit que j'ai trouvé très intéressant, car, on ne sait jamais comment le spectateur va réagir lors de cette expérience. Finalement, Yannick Haenel se souviendra longtemps de cette nuit en compagnie des œuvres de ce peintre majeur irlandais au triptyque le plus cher au monde.



Que l'on aime ou non, il est impossible de rester insensible face à une toile de Francis Bacon et Yannick Haenel était loin de se douter où le mènerait cette "aventure initiatique".



Étant amatrice d'art, c'est toujours un plaisir pour moi de me plonger dans la collection Ma nuit au musée publiée par les éditions Stock qui "propose à des écrivains de passer une nuit dans le musée de leur choix". Cela permet de découvrir une nouvelle facette de la personnalité d'auteurs dont on ne connaît généralement que la plume.



Je tiens à en remercier les éditions Stock et Netgalley France pour m'avoir offert la chance de lire un récit passionnant où Yannick Haenel nous partage son expérience et en profite pour évoquer la vie et le travail de Francis Bacon.
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Bleu Bacon

Pour la collection « Ma nuit au musée », l’écrivain s’est laissé enfermer au Centre Pompidou en vue d’un tête-à-tête avec les toiles aux corps distordus du peintre irlandais. L’expérience esthétique s’est muée en transe mystique.
Lien : https://www.nouvelobs.com/bi..
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Bleu Bacon

Disons que je suis assez fan de Yannick Haenel, de sa plume, de son inventivité, de ses propos déjantés parfois. Dans Bleu Bacon, j'ai aimé le suivre dans ses réflexions sur la peinture de Bacon, peinture qui tout compte fait lui va très bien. On ne sait plus trop qui de l'écrivain ou du peintre transcende l'autre. La déambulation de nuit, seul, au milieu des toiles de Bacon est désarçonnante, envoûtante. La peinture qu'il faut voir dans le noir, les détails qui surgissent grâce au contraste du noir et de l'éclat aveuglant de la torche , et ce bleu qui palpite et enivre ! Avec les triptyques en hommage à l'amant perdu, la réflexion de l'auteur gagne en puissance et en précision. Passion, tristesse, amour, vie et mort, en couches, en larmes, explosés pour être réduits en mots. C'est un Yannick Haenel au sommet de son art qui dans sa déambulation s'expose et s'approche au plus près des doutes, de la solitude, des émotions du peintre qu'il rejoint. On est tout près de la re-création des tableaux. Un grand moment de littérature.

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Le Trésorier-payeur

Je n'ai pas été emportée par ce livre mais je pense sincèrement que ce n'est pas mon style de littérature, que je n'ai pas le bagage littéraire et culturel pour l'apprécier à sa juste valeur. C'est un livre très écrit, très littéraire, très poétique.



Notre trésorier-payeur est un être totalement lunaire, émerveillé, passionné, désabusé aussi, rejeté, aimé. Pourquoi pas ? Mais dans les personnages qui l'entourent trop ont cette même originalité qui frise le grain de folie pour que cela me paraisse crédible. Et en l'écrivant, je me questionne : qui parle de crédibilité ? C'est un roman dans lequel l'auteur lui-même se met en scène, un roman qui commence avant l'histoire du trésorier-payeur par l'histoire de Yannick Haenel qui va inventer le trésorier-payeur. Et puis c'est tout de même le trésorier-payeur que nous suivons, que nous habitons tout au long du livre. Et c'est peut-être un peu son regard qui déforme les gens autour de lui, qui les rend fantasques ou au moins qui ne retient que leur originalité.

Et finalement toutes les invraisemblables du scénario, pas que ce ne soit pas possible mais plutôt que cela relève d'un hasard trop grand, se justifient par le parti pris de l'auteur dans la présentation du bureau du trésorier-payeur et dans la genèse de ce trésorier-payeur.



Merci à babelio d'organiser masse critique et aux éditions Gallimard d'y participer.
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Le Trésorier-payeur

Invité à participer à une exposition consacrée à l’influence de Georges Bataille sur l’art contemporain, Yannick Haenel est impressionné par les locaux dans lesquels elle se tient, à Béthune, ceux de l’ancien siège de la Banque de France.

Il invente une histoire dans laquelle, un jeune homme, timide, grand lecteur, féru de philosophie, décide de se dédier à l’étude de l’économie et de devenir trésorier-payeur de la Banque de France, à Béthune, posant la question : « Comment peut-on aimer Raimbaud et travailler à la Banque de France ? ».

Sous une apparence discrète, ce Georges Bataille cache une exaltation, un lyrisme, un amour des femmes qui lui font vivre une alternance de périodes de solitudes studieuses, parfois dépressives et d’autres d’amour et d’intense érotisme : « Quelque chose de farouche s’opposait en lui aux sympathies ; il avait pris des habitudes de loup ». Bataille a des théories : « Seul ce qui est gratuit nous sauve. La solution, ce n’est pas l’argent. La solution, c’est la gratuité ».

Il ne faut pas se laisser rebuter par ce titre peu séduisant de « Trésorier-payeur ». Le livre l’est au contraire, beaucoup. Après une première partie, courte mais qui devient fastidieuse dans laquelle Haenel nous explique la genèse de son livre, il faut tenir jusqu’à la page 61, le lecteur se régale des aventures et des questionnements de cet attachant Georges Bataille. L’auteur nous emmène dans la Rennes des années 80, où Bataille suit les cours de l’école de commerce, à la rencontre de « Marquis de Sade » et « Marc Seberg » à la salle de la cité, sur la place Sainte-Anne, dans la brasserie « La belle étoile » de la rue de Fougères et aussi à Béthune, au contact de personnages très divers, des directeurs et bureaucrates de la Banque de France aux populations pauvres et surendettées de la région, de mineurs insolvables, qu’il a prises sous sa coupe.

Le style de Yannick Haenel est très beau. On prend note de certaines phrases telles que : « Il pourrissait dans une bourgade malheureuse du nord de la France, où il crevait de froid et de solitude, lui le jeune surdoué de la Banque de France, l’anarchiste charitable, le mystique en costume-cravate, le vieillard de trente-cinq ans » ou « Ainsi, lorsqu’elle traversa le salon pour se diriger vers lui, le Trésorier fut pris d’une crise de timidité qui embarrassa ses gestes. L’apparition de cette femme illuminait cette ennuyeuse soirée, qui avait pris des couleurs étincelantes. Le Trésorier avait compris tout de suite l’importance de ce moment : vivre n’a d’intérêt que pour ces instants où la poussière de l’existence est mêlée de sable magique ».

Un livre brillant, assez érudit, parfois torride qui se lit d’une traite.

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