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Citations de Yannick Haenel (794)


La société qualifie d'échec ce qui ne répond pas à sa demande ; elle exclut de la réussite ce qui déborde de ses critères.
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Jan Karski l'écrit discrètement, il ne fait que le suggérer, mais il semble qu'à ses yeux, et aux yeux du peuple polonais, la Pologne soit abandonnée, et qu'elle continuera toujours à l'être. Abandonnée par l'Europe, abandonnée par l'Histoire, abandonnée par la mémoire du temps.
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"Ainsi, en sortant de mon entrevue avec Roosevelt, le 28 juillet 1943, avais-je compris que tout était perdu : les Juifs d'Europe mouraient les uns après les autres, exterminés par les nazis, avec la complicité passive des Anglais et des Américains. Je me suis assis sur un banc, à côté de la Maison-Blanche, et dans l'odeur des lauriers (...), j'ai passé plusieurs heures à voir le monde s'écrouler ; j'ai compris qu'il ne serait plus jamais possible d'alerter la "conscience du monde", comme me l'avaient demandé les deux hommes du ghetto de Varsovie; j'ai compris que l'idée même de "conscience du monde" n'existerait plus. C'était fini, le monde entrait dans une époque où la destruction ne trouverait bientôt plus d'obstacle, parce que plus personne ne trouverait rentable de s'opposer à ce qui détruit."

"En sortant ce soir là de la Maison-Blanche avec l'ambassadeur, j'ai pensé qu'à partir de maintenant, c'était ce canapé qui allait régner sur le monde, et qu'à la violence du totalitarisme allait se substituer cette violence-là, une violence diffuse, civilisée, une violence si propre qu'en toutes circonstances le beau nom de démocratie saurait la maquiller"
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Mes paroles avaient échoué à transmettre le message, mon livre aussi.
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Seule la solitude est digne d'amour, et lorsqu'on aime une personne, c'est toujours à ce qu'il y a de plus seul en elle que s'adresse cet amour. j'ai compris ce soir-là, tandis qu'une femme défiait l'abîme qui s'ouvre sous chacun de nos gestes, que la seule chose qui peut tenir face à l'abîme c'est l'amour ; seul quelque chose comme l'amour est capable de tenir face à l'abîme, parce que précisément l'amour n'existe que comme abîme.
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Ce n’était pas un monde. Ce n’était pas l’humanité.
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« Je n’avais jamais été là-bas, dit-il. Les statistiques, c’est une chose… Des centaines de milliers de Polonais aussi avaient été tués, de Russes, de Serbes, de Grecs, nous savions cela. C’était statistique ! » Qui savait ? Et jusqu’où ? « On » savait - mais qui est ce « on » ? Jan Karski « savait » sans savoir - c’est-à-dire qu’il ne savait rien. Car sans doute ne sait-on rien tant qu’on n’a pas vu.
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Les peintres nous ouvrent à la consistance du visible; alors que la sensibilité s'épaissit et que les ténèbres ne cessent de l'engraisser, regarder aujourd'hui de la peinture élargit notre révélation du monde jusqu'à une opulence inespérée.
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Je ne sais si quelque chose de nouveau se dévoile alors, si la mort de la Vierge baignée de draperies rouges livre enfin le mystère de tous les chagrins, si Judith en fixant la tête d'Holopherne réussit sa transparence, si la nudité des anges effrontés nous dit que jouir n'est pas un péché, si le doigt de Thomas qui s'enfonce dans la plaie du Christ rencontre autre chose qu'un trou, et si même le pinceau du peintre plonge dans toute blessure afin d'y rencontrer ce qui échappe à la matière, si les ragazzi aux têtes couronnées de raisins vous donnent autre chose que du plaisir, si la chasse qui hurle en continu autour des affaires humaine rencontre un jour son contraire, si le rouge dans les manteaux vous transmet, par-delà le malheur, à la joie d'aimer, si le duveté d'un fruit pâle ou la pulpe d'une gorge de courtisane vous ouvrent à une espérance sans fin -- sans doute est-il impossible de savoir cela, mais une chose est sûre : la lumière arrose mieux la peinture, le soir, quand mon coeur devient clair.
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Le noir animal est un charbon d'os de boeuf ou de porc dégraissé qu'on fait bouillir ; et sans doute Le Caravage avait-il ses filières pour les os : il n'est pas rare à l'époque qu'on chargeât des assistants de piller des tombes.
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Je n'existais plus, je n'étais qu'une ombre de plus en plus exaltée, qui chaque jour tentait de convaincre d'autres ombres, qu'un pays s'éteignait, là-bas, quelque part entre l'Allemagne et la Russie, et que dans ce pays, des hommes et des femmes résistaient héroïquement pour ne pas devenir des ombres.
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Car le silence est un désert, mais c'est un désert qui vous rafraîchit - qui vous rénove.
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Et puis le silence. J'ai pensé d'abord que ce silence allait m'abriter. Mais lorsqu'on ne parle plus, on est à chaque instant en première ligne. On ressent violemment la moindre émotion, il n'y a plus de filtre - on n'est plus qu'une émotion à vif. Et puis j'ai découvert que seul le silence est libre. Lorsqu'on fait voeu de se taire, on tranche les dernières attaches, on échappe à tout ce qui retient. Il y a quelque chose d'absolu dans le silence, une fierté qui m'a sauvé la vie. Car je me suis séparé alors des autres pour m'ouvrir à ce qui seul pouvait répondre à ma détresse.
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La chronologie de mon séjour en Italie est embrouillée : elle répond à l'abondance. La vie la plus ouverte vous destine à la dispersion ; elle multiplie ses attraits.
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Est-ce que quelqu'un se souvient qu'ici, aux Tourelles, dans ce quartier désert du XXe arrondissement, il y a eu un camp d'internement où la République française, à partir de 1941, a entassé ce qu'elle nomme les "indésirables" : républicains espagnols, combattants des Brigades internationales interdits dans leur pays, réfugiés d'Europe centrale fuyant le nazisme, résistants communistes et gaullistes, femmes juives déportées vers Auschwitz ?
Lorsqu'on marche dans Paris, on s'imagine qu'on se promène, mais on piétine surtout les morts.
(p. 50)
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Ce sera bientôt une honte de vivre, et d'appartenir à l'espèce humaine, si des mesures ne sont pas prises pour faire cesser le plus grand crime de l'histoire humaine.
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Ils firent tinter leurs coupes l'une contre l'autre, sous un lustre à perles dont la présence au-dessous de leurs têtes les fit rire, et toute la volupté contenue dans le pétillement des bulles métamorphosa cette gorgée -la première qu'il partageait avec elle- en une rivière de délices.
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L'esprit est la vie de la solitude qui s'éclaire. Ca qu'il y a de plus silencieux ouvre les journées. Ca passe par la nuque et continue, lentement, jusqu'à la main. Le trajet d'un tel silence s'appelle l'instant. Chaque instant est libre pour les solitaires.
Alors le fleuve vous parle, les ruelles vous parlent, les collines vous parlent, les bandes blanches des passages piétons, les sachets de sucre sur les comptoirs, les écharpes et les bottes des jeunes femmes.
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J'en perçois aussi l'étrange vertu : le bleu est plus fort que le noir; il troue les ténèbres et s'écroule jusqu'à nous. (Page 51)
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Bacon provoque ça chez celui qui le regarde : il lui cisaille les yeux. Cette migraine ne m’était pas tombée dessus par hasard : avant d’entrer dans l’exposition, ma tête était claire, j’allais très bien, on avait même plaisanté dans les couloirs avec le directeur du musée (…)
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