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Citations de Yannick Haenel (794)


Je ne me contente de rien. Je veux jouir poétiquement de l'existence. Je veux connaître la liberté maximale. C'est pourquoi je suis venu vivre en Italie.
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J’ignorais à l’époque que le meilleur moyen de faire taire quelqu’un consiste à le laisser parler.
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Nous sommes dans le sépulcre, les murs très hauts sont enduits d'ombre et, dans le fond du tableau, l'immensité d'une porte noire ouvre à la mort ou au salut. Deux hommes soulèvent la dalle et sortent le corps de Lazare que le bras du Christ ressuscite. L'espace tout entier, occupé par une foule en cascade d'où émergent des visages grimaçants, semble chavirer au coeur de la béance entre vie et mort, que le bras du Christ va réparer.
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Le Caravage est mort à 39 ans, il n'a jamais été vieux. Mais il est parvenu à voir ce qu'on voit dans le temps intérieur du grand âge : ce petit rectangle luisant, au fond de l'oeil, qui dissout les bordures, ce grand mur épais, qu'il a peint dans Les Funérailles de sainte Lucie, où les couleurs cessent de se différencier, cette pâleur qui récuse toute ressemblance, comme dans La Résurrection de Lazare, où l'on ne discerne plus que la fragile texture des choses finies, une peau, un cri étouffé, un battement de coeur, une bouche qui s'ouvre pour boire, sans aucun regard qui puisse s'en emparer.
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A quel banquet ancien la vie du Caravage appartient-elle? Les peintres antiques mettaient des fonds noirs parce qu'ils nous voyaient à chaque instant attrapés par l'enfer et sortant de chez les morts; et puis leurs fruits étaient surtout adressés aux dieux, leurs corbeilles étaient garnies en oblation : elles se substituaient aux sacrifices en nature, ces fruits de saison -- ces prémices -- qui avaient le défaut de pourrir et d'empester.
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Le Caravage orchestre en effet les natures mortes selon son désir, comme un véritable foyer érogène qui, loin du simple statut décoratif auquel le cantonnent les ateliers, déploie la mobilité stupéfiante de leurs couleurs jusqu'à en faire le sujet même du tableau : dans les natures mortes du Caravage, il se passe toujours quelque chose d'ambigu -- les fruits sont le lieu d'où part le rire du Caravage.
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Le premier matin, il est cinq heures, je me réveille en sursaut, enivré par une brise citronnée qui se répand jusqu'à ma chambre. Je sors dans le jardin et assiste à l'arrivée de la lumière sur le mur d'Aurélien, dont les briques s'embrasent, orange, violettes, ocre; et les rayons s'estompent et cette lueur bleu-rose qui est l'air véritable de Rome envahit le fond du parc.
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Je l'ai dit : l'absence, chez moi, est une seconde nature. J'ai passer ma vie à m'absenter. Au cœur de l'absence rayonne une vérité que la vie quotidienne récuse, parce qu'elle est cruelle. Mais qu'on le veuille ou non, cette vérité nous tient en joue : à chaque instant, nous sommes la cible. Je me suis toujours astreint à loger dans le vide, parce que alors on est tout près de cet effroi ; et que cette proximité, en un sens, me protège.
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Votre monde se croit "global" parce qu'il aurait ouvert les frontières et facilité la libre circulation des personnes. En réalité, il ne fait que sacrifier ce qui n'est pas compatible avec ses intérêts. (p. 117)
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(...) un homme était écrasé dans la benne, un sans-abri qui s'était endormi dans l'un des conteneurs ; ils sont de plus en plus à y trouver refuge, a dit l'un des éboueurs : la plupart du temps on jette un coup d'oeil avant, mais parfois ils sont couverts par les sacs, surtout l'hiver, et là l'équipe du matin n'avait pas eu le temps de faire la vérification, a-t-il dit, ils avaient guidé comme d'habitude le déplacement du conteneur jusqu'au-dessus de la benne, et, lorsque celle-ci s'est ouverte, ils ont vu, parmi les ordures, le corps d'un homme tomber, et il y a eu un hurlement, mais c'était déjà fini, a-t-il dit, parce que les bennes de ce genre-là réduisent tout en pièces.
(p. 64)
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C'était un dimanche, vers 20 heures. Je m'en souviens très bien parce que, ce jour-là, on m'avait mis à la porte. Depuis quelques mois, je n'arrivais plus à payer le loyer ; la propriétaire de la chambre m'avait rappelé à l'ordre, et puis ce matin-là elle a frappé à ma porte ; comme je n'ouvrais pas, elle s'est mise à hurler que j'avais la journée pour quitter son meublé. Je me suis rendormi, avec une légèreté qui aujourd'hui me paraît extravagante. À l'époque, j'accordais peu d'importance à ce qu'on nomme les relations humaines ; peut-être n'avais-je pas besoin de faire croire aux autres que j'étais vivant.
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Ce tombeau où Dieu et l'extermination sont face à face, où l'extermination regarde si­lencieusement l'absence de Dieu .
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Je suis parti en tournée, au début du mois de décembre 1944, afin de présenter mon livre. [...] C'est sur les routes de l'Oregon, de la Caroline du Nord ou de la Louisiane que j'ai compris que je n'étais plus un messager, j'étais devenu quelqu'un d'autre : un témoin. On m'écoutait. Plus personne ne mettait en doute ce que je racontais, car un témoin n'est pas quelqu'un qu'on croit ou qu'on ne croit pas, c'est une preuve vivante. J'étais la preuve vivante de ce qui s'était passé en Pologne. Je n'avais plus besoin de convaincre désespérément qui que ce soit. [...] En un sens, je faisais partie de l'Histoire, c'est-à-dire que je portais le deuil. Il est toujours plus facile d'être célébré quand il est trop tard.
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Au procès de Nuremberg, dis je, personne n'a soulevé la question de la passivité des Alliés:le procès de Nuremberg, savamment orchestré par les Américains, n'a jamais été qu'un masquage pour ne pas évoquer la question de la complicité des Alliés dans l'extermination des Juifs d'Europe.
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Les visions du camp de la mort me hanteront toujours, écrit-il. Je ne peux m’en débarrasser et leur souvenir me donne la nausée. Plus encore que de ces images, je voudrais me libérer de la pensée que de telles choses ont eu lieu. 
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Il expliqua que la planète entière était fondée sur l'économie, c'est à dire sur l'épargne ; que chacun ne fait que ça, économiser- ses forces et son argent- ; qu'on ne cesse d'accumuler, et que l'accumulation est une manière de s'éteindre car la vraie vie réside dans la dépense.
Il raconta que dans certaines sociétés primitives on brûlait les richesses : l'excédent doit se consumer dans la fête, dans les actes sexuels- dans ce qui s'accomplit sans compter.
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[L]a pire résignation est celle qui se donne l’alibi de la révolte.
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Et comme j'observais ce tableau de biais, j'eus la chance de remarquer, en un éclair, que le visage du Caravage dans le Martyre et celui du Christ dans la Vocation se faisaient face : ils étaient disposés en miroir l'un de l'autre. Je compris que la chapelle Contarelli avait été secrètement pensée par le Caravage comme le lieu de son dialogue personnel avec le Christ; et que peut-être il avait choisi d'incarner son rapport avec celui-ci par la distance même qui sépare un tableau de l'autre : dans le vide de la chapelle, qui se remplit aussi bien de notre proximité avec le Christ que de notre éloignement.
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Yannick Haenel
"Et puis j'ai découvert que seul le silence est libre. Lorsqu'on fait voeu de se taire, on tranche les dernières attaches, on échappe à tout ce qui retient. Il y a quelque chose d'absolu dans le silence, une fierté qui m'a sauvé la vie" (Yannick Haenel).
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J'ai laissé tomber ce livre avec regret à la page fatidique, soit la page 99. Je le trouvais prometteur au début : un bon style, une belle accroche, des personnages originaux. Mais, voilà, le récit s'enlise, le narrateur s'embourbe dans des divagations pénibles. Et de la même manière que le "héros " recherche avidemment le message caché du film "Apocalypse now " pour nourrir le scénario qu'il écrit, le lecteur, moi en l'occurrence, recherche tout aussi avidemment le sens et l'aboutissement des délires et des phrases tortueuses et alambiquées de l'auteur. Ma patience s'est essoufflée, dommage.
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