Citations de Valérie Perrin (2399)
L'oeuvre de Dieu, la part du Diable.
C’est fou ce que les filles s’occupent bien de leurs parents. Quand j’étais petite fille, je voulais avoir un garçon. Depuis que je travaille aux Hortensias, j’ai changé d’avis. A part quelques exceptions, les fils passent de temps en temps. Souvent accompagnés de leur femme. Les filles, elles, passent tout le temps. La plupart des oubliés du dimanche n’ont que des fils.
J'avais toujours composé avec la vie, j,'avais toujours vu le bon coté des choses, rarement leur part d'ombre. Comme ces maisons situées au bord de l'eau, dont les façades sont éclairées par le soleil. Depuis le bateau, on voit la couleur éclatante des murs, des palissades blanches comme des miroirs et des jardins verdoyants. Il est rare que je voie l'arrière de ces bâtisses, celui que l'on découvre quand on passe par la route, l'ombre dans laquelle sont cachées les poubelles et la fosse septique.
En me couchant, je pense que je n'aimerais pas mourir au milieu de la lecture d'un roman que j'aime.
Une rose en plastique ou en synthétique, c'est comme une lampe de chevet qui voudrait imiter le soleil.
Mon présent est un présent du ciel. C'est ce que je me dis chaque matin, quand j'ouvre les yeux.
"Les dernières volontés sont souvent respectées. On n'ose pas contrarier les morts, on a trop peur qu'ils nous portent la poisse depuis l'au delà si on leur désobéit."
Je n'ai jamais penché. Pas même les jours de chagrin. On me demande assez souvent si j'ai fait de la danse classique. Je réponds que non. Que c'est le quotidien qui m'a disciplinée, qui m'a fait faire de la barre et des pointes chaque jour.
Les vivants réinventent souvent la vie des morts.
Quand on est petit, tous les grands sont des vieux.
J'ai planté des pins aussi. Pour l'odeur qu'ils dégagent les mois d'été. C'est mon odeur préférée. Je les ai plantés en 1997, l'année de notre arrivée. Ils ont beaucoup grandi et donnent une très belle allure à mon cimetière. L'entretenir, c'est prendre soin des morts qui y reposent. C'est les respecter. Et s'ils ne l'ont pas été de leur vivant,au moins ils le sont de leur mort.
Je suis sûre que beaucoup de salauds y reposent. Mais la mort ne fait pas de différence entre les bons et les méchants. Et puis, qui n'a pas été un salaud au moins uns fois dans sa vie?
J’ai acheté ce livre de huit cent vingt et une pages alors que lire une phrase et la comprendre pouvait durer des heures. Un peu comme si j’avais fait du 50 et que je m’étais offert un jean taille 36.
Je la regardais tellement que les sage-femmes me disaient qu'à force,j'allais l'user.
Le passé n'est pas aussi fertile que la merde que je dépose sur le sol. Il s'apparente plus à la chaux vive. Ce poison qui brûle les souches. Oui Violette, le passé est le poison du maintenant. Ressasser, c'est mourir un peu.
Sasha s'est à nouveau occupé de moi. Pas pour m'apprendre à planter, mais pour résister à ce nouvel hiver qui s'abattait sur moi. Il m'a massé les pieds et le dos, il m'a fait chauffer du thé, des citrons à l'eau et des soupes. Il m'a cuisiné des pâtes et fait boire du vin. Il m'a fait la lecture et a repris le jardin là où il en était. il a vendu mes fleurs, les a arrosées et a accompagné les familles endeuillées. Il a dit à Mme Bréant qu'il allait rester chez elle pour une durée indéterminée.
- Vous voyez ce jardin ? Ça fait vingt ans que je l'ai. Vous voyez comme il est beau ? Vous voyez tous ces légumes ? Ces couleurs ? Ce jardin, fait sept cents mètres carrés, c'est sept cents mètres carrés de joie, d'amour, de sueur, de courage, de volonté et de patience. Je vais vous apprendre à vous en occuper, et quand vous saurez, je vous le confierai.
J'ai envie d'être seule. Comme tous les soirs. Ne parler à personne. Lire, écouter la radio, prendre un bain. Fermer les volets. M'envelopper d'un kimono en soir rose. Juste être bien.
Mon cimetière est très beau. Les allées sont bordées de tilleuls centenaires. Une bonne partie des tombes est fleurie.
Devant ma petite maison de gardien, je vends quelques pots de fleurs. Et quand elles ne sont plus vendables, je les offre aux sépultures abandonnées.
J'ai planté des pins aussi. Pour l'odeur qu'ils dégagent les mois d'été. C'est mon odeur préférée.