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Critiques de Serge Morand (5)
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Sortir des crises

On est à une époque où certaines épidémies passent d'animaux à humains ; on pense évidemment au COVID mais aussi au fait plus récent au Cambodge où le père de la fillette décédée est testé positif au virus H5N1, c'est-à-dire à la grippe aviaire (voir https://www.lindependant.fr/2023/02/24/grippe-aviaire-le-pere-de-la-fillette-decedee-teste-positif-au-virus-h5n1-loms-sinquiete-dune-possible-transmission-a-lhomme-11021120.php).



La préface est signée de Jean-Luc Angot, vétérinaire de formation. Ce dernier souligne qu'il n'ya pas de barrière entre la santé humaine, la santé animale et la santé des écosystèmes. Il précise que 75% des maladies émergents sont d'origine animale.



Page 11, il écrit que « l'enjeu pour éviter les pandémies d'origine zoonotique est d'intervenir en amont de la chaîne de transmission, à la source animale et au niveau des écosystèmes afin de prévenir le franchissement funeste de la barrière d'espèce, il nous faut franchir les barrières entre disciplines en bâtissant de solides ponts et passerelles entre elles ».



Ce sont cinquante-cinq contributeurs qui, en en petite trentaines d'article, dissèquent le concept One Health. La santé humaine est maintenant liée à la cause écologique, une certaine mise en cause de certains savoirs liés à des groupes professionnels vivant en vase clos a débouché sur la nécessité d'analyses systémiques.



L'introduction générale, en se terminant page 25, annonce le contenu de l'ouvrage : « Dans une première partie "Après Pasteur ?", les auteurs proposent différentes entrées pour comprendre l'évolution des enjeux scientifiques, biologiques et sanitaires dans un cadre plus large et transversal, et qui répondent aux enjeux du concept One Health. Dans une deuxième partie, "Une vision renouvelée des maladies et de soin", il est question de revenir sur les pratiques médicales qui témoignent sur le terrain d'une volonté de prendre en compte une vision plus large de la santé. Puis dans une troisième partie, "Un nouveau (dés)ordre économique et sanitaire du monde ?", l'objectif est de comprendre l'évolution des institutions et des mécanismes de régulation qui définissent un nouvel horizon de travail à l'échelle internationale comme locale. Enfin dans une dernière partie, "Un nouveau paradigme des politiques de santé", il est question de revenir sur les enjeux et la difficulté de mettre en place des politiques "One Health" à partir notamment du témoignage de certains acteurs. Une préface, un avant-propos et une postafce permettent d'élargir les réflexions proposées dans les exemples développés et apportent du recul par rapport aux regards scientifiques mobilisés ».



Des univers géographiques divers sont visités comme la Camargue, le Cambodge, la péninsule du Yucatan au Mexique, le Brésil… La situation française n'est pas oubliée pour autant.



Les domaines abordés touchent notamment les maladies et les traitements. On est heureusement surpris du sujet de certaines contributions, comme celle autour des jardins de santé promus par le CHU de Saint-Étienne.

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La prochaine peste

Un livre choc, qui fait d'autant plus peur qu'il est étayé à la fois par l'histoire et les statistiques d'une part et les récents développements autour de la résistance aux antibiotiques, de la difficulté du monde à contrôler l'expansion des risques d'épidémies et enfin l'apparition récente de nouveaux virus !

Beaucoup d'articles sont disponible depuis quelques années sur ce sujet mais à ma connaissance la première fois que c'est rassemblé dans un seul ouvrage.

Très bien documenté, écrit dans un style direct, ce livre nous rend finalement fataliste ! Le nombre de morts de la prochaine épidémie de véritable grippe (une peste comme une autre), comme celle de 1918 atteindra probablement les 100 millions de mort ? et alors !!
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Sortir des crises

« Sortir des crises, One Health en pratique », nous propose un état des lieux sur une démarche complexe, autour d’un concept fort, avec de multiples exemples. Orienté vers la recherche de solutions, en donnant la parole aux praticiens, il a mobilisé 80 auteurs, l’ouvrage est structuré autour de 29 chapitres, répartis sur quatre parties, n’étant pas des spécialistes qui y ont contribué, à savoir ni médecin, ni vétérinaire, ni écologue, ni sociologue, ni politologue ni économiste je puis témoigner de son accessibilité, de sa clarté, sur un sujet la santé qui nous concerne tous, je recommande sa lecture, à tout citoyen pour comprendre les enjeux et aussi les pistes concrètes et les grands principes qui devraient inspirer les politiques publiques, les coopérations internationales, les cohérences aussi à respecter, à construire pour sauver notre espèce et respecter les ressources de notre Terre pour que l’avenir de nos descendants ne soit pas inéluctablement un enfer « multidimensionnel ».

Pour vous donner envie de vous plonger dans l’ouvrage, je vais développer trois points de ce que j’ai compris et retenu, je garanti donc la non-exhaustivité ! : une description du concept « One Heath », le contenu des quatre parties, et quelques illustrations et situations, ainsi que des pistes prospectives, qui m’ont particulièrement marquées.



« Une seule santé » invite à suivre à long terme, une approche écosystémique pour comprendre les liens entre santé animale, humaine et environnementale ; à faire de la diversité notre préoccupation et notre force ; à admettre le partage du territoire entre différentes espèces dont l’humain, ce qui implique pour l’Occident d’être à l’écoute d’autres savoirs, ceux des autres communautés, ceux des animaux. De suite, nous comprenons que les obstacles principalement dus aux cloisonnement des intervenants sur la santé, sont à vaincre pour sa mise en œuvre, citons les : les humains, les animaux sauvages, les animaux domestiques, les animaux d’élevage, les parasites, etc.

« « One Health » a été créé dans les années 2000 pour surveiller l’émergence des zoonoses. Très vite, son champ a été élargi notamment pour répondre à la problématique de la résistance aux anti-microbiens, puis questionner l’impact des médicaments, devenus à la fois une solution, pas forcément pour tous, mais aussi un problème sanitaire. Le concept oblige aussi à visiter non seulement l’impact sanitaire mais aussi les questions économiques, sociales, politiques, au cœur du capitalisme et des différents régimes de gouvernement. A cet égard la crise du Covid 19, nous y a encore plus obligé, et toutes les analyses et conséquences sont encore à approfondir.

La première partie, intitulée Après pasteur ? explore différentes entrées. La deuxième traite de la manière de prendre en compte une vision plus large de la santé. La troisième aborde l’état du nouveau dés-ordre du monde économique et sanitaire et l’adaptation des niveaux locaux et des régulations internationales. La quatrième se focalise sur les enjeux et els difficultés de mises en œuvre de la politique « One Heath » à partir de témoignages.

Quelques exemples que je trouve particulièrement éclairants :

- Exemple du réseau Loire des jardins de santé, l’urbanité est un facteur de risque de développer des risques schizophréniques, l’éco thérapie peut constituer une dimension supplémentaire au « care ».

- L’étude des réponses apportées par les Etats d’Afrique occidentale, touchés par la maladie du virus Ebola (en 2014, taux de létalité 40 % et 80 % en absence de soins) et vues aux travers de l’impact sur les filières commerciales agricoles et alimentaires a fragilisé les populations le plus vulnérables, non pas par l’impact direct, mais par l’impact indirect des mesures de contrôles et de la peur suscitée. Quand les Etats se ferment pour assurer leur sécurité, ce sont les territoires économiques qui accroissent leur fragilité et leur vulnérabilité, et donc il vaut mieux soutenir les agricoles et alimentaires par des mesures pertinentes de prévention avant les crises.

- En France, après la crise Covid 19, en 2020, dès octobre, 1 million de personnes sont passées sous le seuil de pauvreté, les inégalités des territoires se sont accentuées, les plus touchés (la mortalité a connu un bond de + 60 % en mars 2020) ont été les travailleurs de la santé, de la collecte des déchets, de la distribution alimentaire. La Seine-saint-Denis a connu un impact énorme, y compris après la crise à cause du décrochage scolaire chez les familles modestes, un taux de télétravail faible compte des emplois peu qualifiés. Notons aussi que les grands gagnants sont les GAFA, les acteurs du numérique, l’agroalimentaire, au contraire des secteurs de la culture et du tourisme. Par contre la question écologique s’est mieux posée .

- La lutte contre les campagnols, a bien illustré la théorie de l’iceberg de l’action collective. Un jeu sérieux CampaRISK, a modélisé le jeu des acteurs pour montrer aux éleveurs qu’ils ont intérêt à collaborer, ce qui n’est jamais « naturel ».

- Le message général, très bien développé dans la quatrième partie, avec une multitude d’angles de vision, les éléments clés pour comprendre le rôle des institutions internationales, le paysage des acteurs publics et privés, leurs modes de fonctionnement, peut se résumer ainsi : « Pour régler un problème de santé dérivant cers une crise sanitaire, il faut pratiquer au minimum l’interdisciplinarité, et tendre vers une transdisciplinarité, évaluer les risques au cas par cas, faire de la gestion adaptative, bien choisir les mesures de biosécurité.

- Pour réussir cela, il faut prendre acte que le vivant est complexe et donc on ne peut pas appréhender les situations complexes en simplifiant tout pour quelques secondes d’explication, et donc s’engager vers la pédagogie plutôt qui la réaction immédiate, et c’est le plus important lutter contre la défiance envers l’expertise scientifique.

La grande perspective est celle de développer des systèmes alimentaires durables territorialisés pour à la fois contribuer à la préservation de notre santé collective et à élaborer une stratégie « One Health « à long terme.

Je remercie l’opération masse critique et les éditions Quae pour m’avoir permis de découvrir cet ouvrage, solide, complet, ouvert aux praticiens de tout pays, et que je n’aurais sans doute pas spontanément ajouté à mes lectures. Sans devenir un livre de chevet, c’est un ouvrage de référence, indispensable à la compréhension de ce qu’il faut investir, méthodiquement pour gérer voire sortir des crises sanitaires qui sont inéluctables. A défier ensemble plutôt qu’à nier ou dénier chacun dans « son » coin national !

J’espère vous avoir donner envie de vous y pencher, grâce à cet ouvrage didactique même si sa cible principale vise

des professionnels, et des étudiants.

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Sortir des crises

Cet ouvrage est d’une qualité remarquable. Le concept de One Health est, à mon sens, la clé pour se prémunir des crises futures.



Il a le mérite de ne pas se concentrer uniquement sur la crise du Covid19 et parle bien DES CRISES (et non uniquement de La crise …. Sanitaire), occultées dans de nombreux ouvrages parus pendant et après la crise sanitaire.



D’un premier abord très technique, la longueur abordable des différents chapitres permet de ne pas se noyer dans des notions théoriques, ce qui évite donc un "décrochage" lorsque sont abordés des termes techniques très pointus.



Bien qu’il ne semble pas nécessaire de lire de manière chronologique cet ouvrage, je le recommande tout de même afin d’aborder les dernières parties de manière plus éclairée. Cependant, la structure même de l’ouvrage permet des allers retours entre les différents chapitres de manière aisée.



La technicité de cet ouvrage est, de plus, bien mise en valeur par un style d’écriture classique limpide, et qui ne se veut pas arrogant ou méprisant envers le néophyte, notamment lorsqu’il s’agit de politiques publiques et sanitaires. L’atout majeur de cet ouvrage est donc sa qualité d’analyse, ses propositions pour une meilleure interopérabilité entre tous les acteurs concourant à la santé publique et à la lutte contre les épidémies.



Les exemples et les retours d’expériences illustrent, quant à eux, les données théoriques et légitimisent les pratiques le One Health à travers le monde.



Notre monde multiplexé ne peut plus raisonner en silos. Il est nécessaire de décloisonner les pratiques et de renforcer les échanges pour une meilleure prise en compte des crises et afin de pouvoir trouver les meilleures réponses, voire de s’en servir de manière prospective dans un but de résilience en cas de crise. Il y aura toujours des crises et des épidémies ; le postulat est donc simple : comment faire pour ne pas trop en subir les conséquences et comment faire pour ne pas paralyser tout un pays, un continent, ou/et, tout du moins, comment faire pour repartir au mieux.



Il est important de connaître la biologie des virus, les mouvements des animaux, les spécificités agricoles locales en fonction des continents, l’immunologie, les us et coutumes des différentes populations (…) mais il est impossible pour une seule personne de tout connaître.



Je recommande réellement cet ouvrage pour toute personne qui s’intéresse aux crises et à leurs résolutions, mais aussi à tous ceux qui ont une vision prospective du monde, lequel regorge de signaux faibles sur les futurs possibles.



Un bémol néanmoins pour ce type d’ouvrage : le manque d’un lexique ou d’un glossaire regroupant tous les termes techniques et les institutions nationales et internationales.
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L'homme, la faune sauvage et la peste

Destruction des habitats des animaux sauvages, érosion de la biodiversité des plantes cultivées et des animaux d'élevage avec perte des savoir-faire des paysans locaux partout sur la planète, déforestation, appauvrissement génétique des quelques races d'animaux standardisés d'élevage, hyperconcentrés et entassés dans des mégafermes industrielles hors-sol, envahissement des espaces sauvages par les humains partout, puis déplacements de masse en vols internationaux, entassement dans les villes (50 % de l'humanité), les épidémies se succèdent, de plus en plus rapprochées, la prochaine pandémie menace, les leçons du COVID ne semblent pas tirées. Les seules réponses sont encore plus de mégafermes pour encore plus de viandes au menu, encore plus de biosécurité qui est une impasse, les animaux circulant parfois loin, franchissant même les frontières lors des différentes étapes industrielles du naissage, engraissage, finition, abattage, ouvrant un boulevard aux éventuels pathogènes à chaque étape. Déforester pour encore plus de terres pour notre bétail nous rapproche des pathogènes qui sont abrités par les animaux sauvages. Leurs hôtes naturels disparaissant, ces virus doivent donc s'adapter à de nouveaux hôtes, les humains. Une humanité en bonne santé ne peut pas se perpétuer sur une planète appauvrie en oiseaux, mammifères sauvages, en poissons et animaux marins ; le changement climatique menace, ce n'est pas en réduisant la place des autres terriens que nous nous maintiendrons sur une planète malade de notre présence, en tous cas de moins en moins résiliente. Les services que nous rend la nature ne sont pas illimités : les rendements agricoles baissent, les déchets plastiques envahissent la terre puis les mers, nous nous nourrissons de quatre céréales (riz, blé, maïs, sorgho) de 4 ou 5 variétés pour chacune, nous sommes à la merci d'un superbug ou d'une superseed : une variété ultra-résistante que nos biocides (antibiotiques inclus) ne pourront combattre. L'humanité mange deux fois par jour minimum, c'est un fait incontournable. La faim provoque toutes sortes de désordres sociaux.

L'ouvrage propose une bonne vision top down, et met en avant les bourdes que nous avons commises depuis l'irrésistible avènement de l'agriculture, "l'organisation humaine des cycles du carbone vivant" (Vandana Shiva), la "pire erreur de l'espèce humaine", selon Jared Diamond. (https://www.discovermagazine.com/planet-earth/the-worst-mistake-in-the-history-of-the-human-race).
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