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Citations de Renaud Rodier (66)


- " Est-ce qu'on doit déjà se dire au revoir ?
- Oui, bàpù. Il est temps. Je déteste le temps aujourd'hui.
- Tu ne devrais pas, bètì. A partir de maintenant, chaque minute nous rapprochera au lieu de nous séparer."
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Je trempais ma plume dans le ciel gris du matin, puis je me perdais dans la transparence de ma calligraphie.
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Ceux qui parlent « d’amour impossible » n’ont rien compris. C’est l’impossible en nous qui est amoureux.
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Je m'étais égaré sans me sentir perdu.
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Renaud Rodier
Quand ces sortes de scènes arrivent, l'âme savoure leurs délices sans les analyser, mais avec quelle vigueur elles se détachent plus tard sur le fond ténébreux d'une vie agitée !
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Commençons par l'essentiel : ce kaléidoscope de roman est si original, si déroutant, si envoûtant qu'il mérite d'être lu, et relu.
Le lecteur est mené en balade, tel dans le palais des glaces d'une fête foraine. À chaque tournant, un personnage haut en couleurs l'attend pour lui confier ses secrets - des secrets qui résonnent avec les nôtres. Le lecteur s'y attache, mais il s'échappe en un éclair. On se lance à sa poursuite dans le dédale du labyrinthe, il demeure introuvable jusqu'à ce que l'on désespère. Comme par magie le voilà de nouveau face à nous. Porte dérobée ou destin, à vous de choisir.
Facétieux, l'auteur tire les ficelles des marionnettes qui seraient ses lecteurs. Il nous pousse dans nos retranchements.
Poésie, philosophie, psychologie, références artistiques et historiques - tout y passe. Le magicien joue sa partition. Qui êtes-vous ? Un témoin d'une intrigue qui vous dépasse ? Un simple figurant ? Le personnage principal ?
Jeu de trappes ? Escape game ?Toile d'araignée ? Beaucoup de fils à démêler. L'important est que l'on ne s'ennuie jamais si l'on accepte de se laisser emporter par cette folle course à travers monts et marées, pays et contrées.
Une fois à l'extérieur, la fête terminée, on s'efforce de rembobiner la bobine, de reconstituer ce puzzle inextricable. La porte du palais des glaces est close, les lumières sont éteintes. Il faudra revenir demain pour tenter de trouver la voie la plus courte vers la sortie. Mais pour le prix du ticket, dans un espace aussi restreint, on réalise combien on a voyagé loin, en nous.
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" parfois les lieux humains créent des monstres inhumains" (Stephen King, Shining). Mes camarades, chacun d'eux, avaient besoin d'un paria pour renforcer leur sentiment d'appartenance : je suis peut-être une merde, mais au moins, moi, je ne suis pas un taré.
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Elle était encore plus belle qu a l université. La poudre abrasive du temps avait poli les traits de son visage jusqu a lui donner l apparence sereine d une oeuvre qui se savait pleinement aboutie.
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Si je pensais â ma femme moins souvent que je ne l avais redouté, son aura déclinante dictait toujours mes choix. Je ne m'étais pas encore habitué a errer par moi même.
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En tout état de cause, Lieux a survécu à cette période hasardeuse qu'est la genèse d’un projet. L'idée de base de ce scénario était relativement simple. L'histoire tournerait autour de quatre protagonistes, des antihéros esquintés par leur enfance, et de leur quête de l'âme sœur, cet «autre moi» fantasmé, seul à même de les arracher à leur spleen. Une sorte de quête baudelairienne, où l’Idéal et le Beau seraient incarnés par une figure distante et fugitive qui manifesterait ce gouffre croissant entre ce qu'ils étaient et ce qu'ils auraient été capables d’être, la malédiction de l'espoir. Rien de bien original, Sa particularité résiderait dans le fait qu'il ne serait destiné qu'à un unique «spectateur», Stanley. Nat Bridge finirait bien par réapparaître, tôt ou tard. Mon script lui serait adressé, mais seul Stanley, s’il existait vraiment, serait capable de suivre les indices dont il était parsemé, comme autant de petits cailloux blancs jusqu'à un point de rendez-vous, où je l'attendrais. p. 322
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Le mariage, encore plus que la guerre, m'a enseigné que les mensonges sont parfois plus utiles à la survie que la vérité. Seul le regard attristé de notre médecin de famille lors d’une consultation de routine m’a fait vraiment douter. Lui n'était pas dupe. J'ai changé de praticien. p. 119
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Le temps est la plus précieuse des monnaies. Alors, vous devriez vous renseigner sur le taux de change. J'aurais aimé savoir ça avant d’atterrir ici — qu’au final du final, la vie humaine se mesure en souvenirs. p. 13
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(Les premières pages du livre)
Prologue
Un jour, il y a bien longtemps, je me suis réveillé à même le bitume, sur ce pont désert où j’allais passer le reste de ma triste existence. Il faisait nuit noire. Remarquez, il fait toujours nuit ici, quelle que soit l’heure. Je suis plongé dans une obscurité perpétuelle que seul érafle le halo orangé et tremblant des lampadaires, tous les cinquante mètres. Le soleil semble avoir abandonné sa course puérile avec les ténèbres. Icare l’a sans doute embarqué dans sa chute, pour aller s’abîmer dans les flots mugissants qui m’entourent dans un grand plouf. Même les étoiles et la lune manquent à l’appel, comme si leur timidité naturelle avait finalement eu raison d’elles.
À première vue, rien ne distinguait vraiment cette créature d’acier et de béton armé d’autres ponts à haubans. Ses dimensions impressionnantes lui conféraient une certaine majesté, soit, mais ses éléments de structure étaient somme toute assez banals. Son tablier accueillait une autoroute à quatre voies parfaitement rectiligne. De gigantesques pylônes supportaient son poids grâce à de longs câbles obliques qui lui donnaient un côté toile d’araignée. Je me suis penché sur le garde-corps pour regarder en bas, mais n’ai vu que cette nappe de brume qui colle aux piles. À ma grande tristesse, ce brouillard gris et gras ne s’est jamais suffisamment dissipé pour me laisser entrevoir cette mer que le pont cherche à enjamber. Par gros temps, ce dernier se met néanmoins à onduler avec le ressac et à hululer dans la nuit sans étoiles. J’entre alors en communion avec la houle, en joignant mes gémissements aux siens.
J’étais totalement seul mais ne m’en inquiétais pas outre mesure. Je m’attendais encore à croiser le chemin d’un véhicule ou d’un piéton sous peu. Une âme charitable rirait de ma confusion, m’expliquerait où je me trouvais et m’offrirait un café brûlant pour me réchauffer. Je n’ai abandonné tout espoir de secours que bien plus tard. Mon isolement s’est peu à peu transformé en exil ; une forme de solitude en a remplacé une autre. Pour une raison que j’ignore, le pont n’a jamais été inauguré, ou a été laissé à son sort.
N’escomptez pas que je vous dise combien d’années se sont écoulées depuis mon arrivée. Je n’en ai pas la moindre idée. Au début, j’ai pourtant bien essayé de garder la notion du temps. Je consultais ma montre Casio toutes les cinq minutes mais elle s’est arrêtée au bout de quelques mois. Satanées piles chinoises ! Puis j’ai compté les jours. N’ayant aucune certitude que mon horloge biologique reste synchronisée avec une horloge atomique, j’ai dû me faire une raison, et laisser du temps au temps, de manière littérale. Parfois, j’ai l’impression que je suis ici depuis une dizaine d’années ; d’autres fois, depuis un siècle. Tout dépend de mon humeur. La vérité se situe sans doute entre les deux, si je me fie au vieillissement de mes mains. À mon réveil, j’étais encore un homme dans la force de l’âge, avec de belles paluches larges et vigoureuses. À présent, elles sont pareilles aux serres d’un rapace, avec leurs griffes longues et courbes, brisées par endroits. Je ne les examine plus que très rarement, car il n’y a rien de plus déprimant que les mains d’un vieux. Bien des années après que ma montre s’est arrêtée, je l’ai jetée par-dessus bord, dans un geste de colère, comme pour dire merde au temps qui passe, en traître, sans avertissement. Je ne l’ai pas entendue s’écraser dans l’eau comme je l’avais espéré. C’était un jour de mauvais temps. La mer l’a engloutie sans un bruit, comme le pont m’a moi-même englouti.
Après quelques tergiversations, je me suis mis à explorer cette foutue passerelle. Je me suis dirigé d’abord vers le sud, ou du moins la direction que je désignais comme telle. Faute de pouvoir m’orienter avec les astres, je m’en suis remis à l’arbitraire, sans résistance stérile. Le premier jour, j’ai trotté une quinzaine d’heures, à un rythme soutenu, ne m’arrêtant pour uriner qu’une ou deux fois, au travers du garde-fou pour ne pas poisser la chaussée immaculée. J’ai couvert une distance d’environ soixante-dix kilomètres, avant de m’effondrer. Quand j’ai rouvert les yeux, un cheeseburger, des frites et une bouteille de Coca-Cola étaient apparus comme par magie, soigneusement alignés à ma droite. Ce mauvais tour aurait dû me décontenancer, mais je crevais de faim. Quel festin ! Le steak haché était juteux à souhait, les petits pains moelleux, les frites croquantes et très salées, le Coca-Cola glacé. J’étais loin de me douter que je me nourrirais de fast-food pour le restant de mes jours – chaque maudite journée. Mes repas ne sont livrés que quand je suis inconscient.
Au bout de deux ou trois mois, je me suis rebellé contre ce régime alimentaire de redneck. J’ai entamé une grève de la faim, en refusant de dormir. J’ai tenu soixante-douze heures puis me suis écroulé, saoul de fatigue. À mon réveil, un cheeseburger m’attendait sur le macadam, rendu plus appétissant par le jeûne. J’ai mis mes principes de côté.
Le deuxième jour, j’ai parcouru dix-neuf kilomètres à peine, en clopinant. Mes pieds couverts d’ampoules m’ont fait atrocement souffrir. Le troisième jour, j’ai serré les dents pour couvrir une distance de soixante-quatre kilomètres. Le quatrième, rebelote. Je n’ai réellement compris la gravité de ma situation que ce soir-là, même si un pont déserté et une nuit sans fin auraient dû me mettre la puce à l’oreille bien auparavant, je le reconnais volontiers. Sur la base de mes calculs, j’avais déjà parcouru deux cent vingt kilomètres, soit une cinquantaine de plus que le viaduc Danyang-Kunshan, qui détient le record mondial. Entre parenthèses, rien n’indique que ce pont soit asiatique, africain, américain ou européen. Il est dépourvu de toute signalisation routière. Le béton et l’acier sont muets, et tous les ponts se ressemblent, où que l’on se trouve, n’est-ce pas ? N’importe, je pouvais être certain, au-delà de toute marge d’erreur, que l’ouvrage sur lequel je me trouvais n’appartenait pas au monde d’où je venais. Les ponts d’une telle dimension ne passent pas inaperçus, idiot ! Leur inauguration fait les gros titres. Le viaduc de Millau ou le pont de l’Øresund sont mondialement connus. Ne parlons même pas du Golden Gate ou du pont de Brooklyn. La race humaine est fière de ces passages vers l’au-delà, même s’ils sont presque tous moches.
Le lendemain, je me suis dit que j’étais mort et me suis donc demandé si je me trouvais en enfer ou au purgatoire. Vu qu’aucun démon ne m’avait encore avalé pour le plaisir de me chier dans la gueule d’un moine défroqué, la seconde option me parut plus probable. Mais qui sait ce que le diable nous réserve ? Lucifer avait peut-être conclu qu’errer éternellement dans les limbes était un châtiment suffisant pour mes péchés d’antan. Qui étais-je pour questionner le jugement d’un ange, même cornu ? Cela dit, je me rappelle avoir pensé que je ne méritais pas un tel traitement. À cette époque, j’en savais encore assez sur mon compte pour me considérer comme un honnête homme – pas un saint, mais un gars légèrement au-dessus de la moyenne. Je n’ai plus d’éléments à ma disposition afin d’étayer cette évaluation des bonnes mœurs, malheureusement. Malgré tout, je préfère faire confiance à l’homme que j’étais jadis. Pourquoi devrais-je douter de lui ? Je vous le concède, le purgatoire est supposé nous pousser à l’introspection et à en déduire, invariablement, que nous n’étions qu’une petite merde sur terre. Repentez-vous ! Repentez-vous ! Si c’est le cas, la tête pensante derrière tout ce cirque est un béotien. Comment faire acte de contrition pour mes outrages passés alors que je ne me souviens même pas de ce que j’ai fait ?
J’ai interrompu cette première expédition vers le sud après environ neuf cent soixante kilomètres de marche. Cette volte-face indiquait-elle une faiblesse de caractère? une forme d’inconstance? ou simplement du pragmatisme? Combien de kilomètres sommes-nous censés parcourir dans une direction avant de comprendre que nous n’allons pas dans le bon sens? J’ai rebroussé chemin et suis remonté vers le nord. Je ne sais pas exactement quand j’ai dépassé mon point de départ. Bêtement, j’avais négligé de marquer son emplacement avec un bout de tissu. Ici, chaque endroit est identique au précédent et au suivant. Le nord est en tout point semblable au sud. Le climat n’y est pas plus froid, ni plus humide. Quelques jours ou semaines de beau temps font place à des tempêtes ravageuses. Les jours calmes sont les jours heureux. Les jours tumultueux… Mes chaussures de sport, bien que neuves à mon arrivée, s’étaient déjà désintégrées. Je les avais laissées bien en évidence au milieu de la chaussée pour marquer l’endroit de ma régression en un animal qui marche pieds nus. Je ne les ai pas retrouvées quand je suis revenu plus tard sur mes pas. Un cyclone les a peut-être emportées, ou elles se sont envolées au paradis des chaussures, pour services rendus. Je me suis vite habitué à marcher pieds nus, quoi qu’il en soit, leur plante étant déjà couverte de cors épais. Si mes godasses me manquent encore de temps en temps, c’est parce qu’elles me rappellent un monde où les hommes savent faire autre chose que des ponts et des cheeseburgers.
J’ai mis fin à mon exploration septentrionale au bout de dix mille kilomètres. Cette fois, j’avais de bonnes raisons de tourner les talons. J’avais en effet découvert que chaque kilomètre patrouillé me faisait perdre un souvenir. Des bagatelles, tout d’abord – si triviales que je ne remarquais même pas leur disparition. À savoir, si j’avais aimé jouer au bridge, ou la gastronomie mexicaine. Petit à petit, cependant, je me suis mis à oublier des éléments plus significatifs de ma biographie – par exemple, le museau de mon premier chat, ou la couleur de l’aube. Le genre de choses qui ne nous manquent que lorsqu’on s’aperçoit qu’elles se sont évaporées ; un peu comme des diapositives de vacances que l’on ne projette jamais
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J'avais toujours vu dans les bambins une argile humide qui n'aquérait de forme et d'utilité qu'après de nombreuses revolutions sur le tour du potier.
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Le vide, c est comme un miroir. Si vous n'aimez pas ce que vous voyez dedans, c est vous le problème.
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Mes parents n'étaient pas des salauds. Ce serait trop facile de croire ça. C est juste que quand les rêves tombent de haut, ils écrasent tout sur leur passage.
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Le temps est la plus précieuse des monnaies. Alors, vous devriez vous renseigner sur le taux de change. J'aurais aimé savoir ça avant d'atterrir ici – qu'au final du final, la vie humaine se mesure en souvenirs.
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Les plans détaillés m’effrayaient, me déprimaient, m’oppressaient. Je voulais me rapprocher au plus de la vie et partir d’une page blanche, puis tracer et tordre des arcs narratifs sur la base de vagues intuitions, jusqu’à me noyer dans les marais de mes incertitudes, chuter de mes hauteurs, suffoquer dans les miasmes de mes humeurs. Ma seule conviction était que je devais souffrir pour que quelque chose advienne ; me couper avec le tranchant effilé d’une feuille pour extirper de moi ces zones d’ombre que mon cutter n’avait fait qu’égratigner. Écrire relevait d’une opération chirurgicale, d’une extraction d’organe, plus que d’une catharsis.
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Un soir de décembre, j'ai atterri au bout du monde. L'endroit où l'on situe celui-ci est une question intéressante en soi, et relève d'un choix éminemment personnel. Les pôles Nord et Sud – les vrais, les pôles magnétiques vers lesquels toutes les boussoles s'orientent – se détachent comme des candidats évidents, bien sûr. Le problème est qu'ils se déplacent tout le temps. Cette bougeotte ne les disqualifie pas nécessai- rement comme terminus. Il faut juste accepter l'impermanence de nos extrémités. Un temple khmer, une station de tram à Jérusalem ou le dos d'un dromadaire du Sahara feraient tout aussi bien l'affaire, par ailleurs. Peu importe qu'on ne trouve rien au bout d'un mirage, tant qu'il reflète quelque chose de réel
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Alors que certains peuvent passer toute une vie à s’interroger sur leur putain de raison d’être, moi j’ai su très tôt que mon père était ivre et que ma mère était belle, ou l’inverse, ou les deux, point.
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