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Citations de Pierre Assouline (1073)


Les enfants, ça ne doit pas mourir avant les parents. Dans une société idéale, on ne devrait mourir que lorsqu’on a fini de vivre.
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De loin, la guerre, ce n’est que du bruit. De près, c’est le paysage qui vous tire dessus.
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. ne pas oublier que les gens ne vous pardonneront jamais le bien que vous leur avez fait. C'est là une constante de la loi d'ingratitude... Un bienfait ne reste jamais impuni
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Entre l’éditorialiste et le grand reporter, il ne saurait y avoir de dialogue. Ils ne font pas le même métier bien qu'ils œuvrent dans la même profession.

«Nous ne pouvons faire paraître vos articles sur la Ruhr.
-Pourquoi? N'ai-je pas dit la vérité ?
-Justement. Ne pourriez-vous modifier ? Oh! à peine quelques coupures ?
- Des coupures ? Je ne raconterai jamais que ce que j'ai vu. Strictement vu. Rendez-moi mes papiers. »

La tension monte d'un cran. Ils insistent mais ne changent en rien leurs arguments.

«Votre reportage n'est pas dans la ligne du journal... »
Piqué à vif, Albert Londres prend ses articles sous un bras, sa canne sous l'autre, tire un coup de feutre taupé à la compagnie avant de claquer la porte sur une parole demeurée historique :

«Messieurs, vous apprendrez à vos dépens qu’un reporter ne connaît qu'une seule ligne: celle du chemin de fer...»

Et il s'en va. Sans regrets.
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Reste à résoudre un dilemme: étant donné que les Espagnols nourrissent un double complexe vis à vis de leurs voisins, qu'ils se croient supérieurs aux Portugais mais inférieurs aux Français, et qu'ils se tiennent entre les deux, ce qui est parfois étrange dans la vie de tous les jours, comment vais-je m'en sortir?
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La guerre, c’est un chaos de corps dans un spectacle de Jugement dernier.
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La fuite dans la fiction était une protection pour lui ; son bureau, une forteresse ; et les livres de sa bibliothèque, un rempart contre la rumeur du monde.
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C’était le cas de Kipling à un point inimaginable. Doué de tous les prestiges, il n’était pas seulement connu pour sa notoriété mais partout publié, traduit, acheté, lu et relu, avidement commenté. Ses lecteurs se déplaçaient en masse pour écouter ses conférences. On le guettait à l’arrivée du paquebot ou du train. Mais pour autant était-il aimé ?
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Les politiciens rivalisent en démagogie, les électeurs sont sommés de choisir leur camp. Que nul ne s'avise de demander à Alfred lequel est le sien car il n'est désormais que d'un seul camp, non choisi mais assigné : le camp de concentration. Ceux qui n'y ont pas été n'y pénétreront jamais, ceux qui y ont été n'en sortiront jamais : c'est un lieu hors du monde. Mais ils sont peu nombreux alors à pouvoir sinon vouloir entendre cette vérité-là. Si les morts sont invisibles, les rescapés sont inaudibles. Il y aura toujours des gens pour faire d'un revenant le coauteur de son malheur.
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Il faut vieillir pour accéder aux pensées de ses parents.
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Notre maître Mallarmé nous avait enseigné que le succès, qui repose souvent sur un malentendu, a quelque chose de vulgaire dans sa faculté à corrompre les esprits.
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De cet ahurissant monologue j'émergeai avec une certaine idée, non de l’antisémitisme, mais de l'Administration. Un fonctionnaire, qu'il fût haut ou bas, a-t-il une conscience ? Tout me ramenait à cette question insoluble. En tout cas, s'il avait eu des états d'âme, il le cachait bien.

Ces gens-là sont les pires parce qu'ils sont beaucoup plus répandus, plus invisibles, plus nocifs que les vrais monstres. Ils ont leur morale en devanture, le sens du devoir en bandoulière, et le service de l'État en parapluie. Si ça recommence un jour, il faudra d'abord se méfier d'eux, ceux qui rédigent des rapports et signent des circulaires. En un coup de tampon, ils peuvent envoyer des gens à la mort sans jamais s'interroger sur les effets de leur acte. Dans le crime administratif, la victime est sans visage. Son caractère collectif dilue le crime en faute. Quoi de plus anodin ?
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Cette fois, Alfred doit faire face : elles ne reviendront plus. D'autant que, par les récits des revenants publiés dans les journaux, il peut se faire une idée assez précise du sort de Paule, vingt-huit ans, et d'Annie, deux ans.

La mort. Y penser toujours, en parler jamais.

Dès le premier jour, lors de leur séparation sur la rampe d'Auschwitz, quand Paule a été dirigée vers la file de gauche pour ne pas avoir voulu lâcher la main de sa fille, elles ont été envoyées à la chambre à gaz puis leurs cadavres ont été brûlés dans les fours crématoires. Elles n'ont pas été tatouées ; leurs papiers d'identité ont été aussitôt brûlés. Non seulement elles n'existaient déjà plus, mais tout fut fait pour qu'elles n'aient jamais existé. Ce qui fut le sort de la majorité des déportés du convoi numéro 66. Pour la plupart, ils ont à peine pénétré dans le camp et y ont passé moins de deux heures.

Deux jeunes mortes sans sépulture dans un ciel de cendres.
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Dans la chapelle couronnant le caveau de famille, une plaque fut gravée en mémoire des quatre déportés. « Morts pour la France en 1943 et 1944. » Comme Nissim, le grand frère, en 1917.

Au moins lui le savait-il. Mais avait-on vraiment conscience de mourir pour la France quand on franchissait le seuil d'une chambre à gaz, dans un camp en Pologne, pour avoir commis le seul crime d'être né juif ?

Malgré tout, et en dépit de l’œcuménisme de ces inscriptions, Béatrice et les siens n’avaient pas eu le même destin que Nissim. S’il était mort pour la France, ils étaient morts par la France. Moïse de Camondo était parti à temps pour ne pas vivre cette trahison.
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Auschwitz, terminus. C'est ici que la vie s'achève. Ici l'homme déshumanise l'homme. Ainsi donc la nation la plus civilisée d'Europe a pu inventer et imaginer un lieu où règne une telle hostilité au genre humain.
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Famille Cahen d'Anvers - pages 155/156

Mais c'est à Renoir, rencontré à une réception chez les Charles Ephrussi, qu'il échut d'exécuter (les portraits) ceux de leurs filles.

Après avoir peint la vénérable Mme Eugène Fould et le petit Fernand Halphen, il se rendit donc chez les Cahen d'Anvers qui vivaient alors avenue Montaigne, en attendant que soit achevée la construction de leur hôtel de la rue Bassano. (cet Hôtel particulier dit "Bassano" fut saisi par les nazis dont ils firent l'un des camps parisiens avec "Lévitan, et Austerlitz).

D'abord Élisabeth et Alice, "Rose et Bleue" représentait les deux adolescentes, debout de face, dans leurs plus beaux atours mais sans grâce et sans mystère. Elles avaient l'air d'être posées là. Puis "Mademoiselle Irène Cahen d'Anvers", autre huile sur toile de 64 x 54 cm. En deux séances de pose, le peintre avait su restituer toute la délicatesse de son modèle. Saisie en buste de demi-profil, robe à jabot et volants de dentelle, les mains sereinement posées sur les genoux, sa belle chevelure rousse sagement étalée de dos, un petit nez retroussé dans le prolongement d'une lèvre supérieure joliment ourlée, cette petite fille qui n'avait pas dix ans était déjà entièrement contenue dans ses grands yeux clairs. Son regard, perdu dans le vague, hésitait entre l'ennui et la mélancolie. ON voudrait y déchiffrer son secret. Peu d'œuvres ont réussi comme celle-ci à capter tout ce qui nous demeure inaccessible du monde intérieur d'un enfant.
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l'état d'exception que ces années de guerre avaient inscrit dans nos esprits rendaient possibles tant de choses qui nous paraissaient de l'ordre de l'inimaginable.
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Le reporter va de surprise en surprise. Pour un homme de contact et de rencontres, il est servi. Sa collection personnelle d'étranges et d'excentriques s'est enrichie depuis son arrivée en Afrique. Mais s'il est un homme dont il ne s'apprêtait pas à faire la connaissance dans ces lieux désolés, c'est bien Paul Morand !

A Paris ou ailleurs, ces deux grands voyageurs auraient eu mille fois l’occasion de se croiser. Mais c'est à Niafounké plutôt qu'au restaurant du Quai d'Orsay qu'ils se lient d'amitié bien qu'ils se soient aperçus peu avant à Bamako. L'écrivain, accompagné de son épouse Hélène et de la femme d'Édouard Herriot, «fait l'Afrique» pour l'écriture de son prochain livre Paris-Tombouctou, promis à Flammarion. Sa valise est remplie de livres et d'atlas qu'il s'apprête à confronter sur le terrain avec la réalité pour en tirer une vaste étude sur la mentalité des Noirs.

L'écrivain et le journaliste, qui semblent également étonnés de se retrouver nez à nez en Afrique, s'essaient de concert à la chasse aux panthères et aux autruches. Seul un colon du voisinage fait les frais de leur équipée, sans trop de dommages fort heureusement. Leur coup de fusil est décidément moins sûr que les flèches qu'ils ont l’habitude de décocher, l'un dans ses livres, l'autre dans ses articles.
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Je veux croire que mon admiration m'aveuglait. Kipling n’était pas mon ami, mais je lui appliquais un principe d’amitié jadis édicté par un moraliste : quand un ami est borgne, il faut le regarder de profil. Ses défauts étaient manifestes, mais je me les dissimulais, ce qui suspendait pour un temps le jugement critique qui m’aurait fait m'écarter de lui. Un ami, un vrai et de longue date, à qui je m’ouvrais de mon attitude en précisant que son antisémitisme m'embarrassait, me reprit aussitôt: «Un défaut, vraiment ?» Plutôt que de Kipling, c'est de cet ami que je me suis éloigné.
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Si John n’avait pas été à la guerre, l’aura du grand nom des Kipling en aurait été ternie. Mais le père avait été aussi l’artisan de la disparition du fils. À croire que tout homme porte en lui l’instrument de sa propre destruction. Désormais, c’était la faille dans la réussite du grand écrivain.
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