Citations de Pétronille Rostagnat (194)
Tu t’es établi dans un petit village comme homme à tout faire : tantôt jardinier, tantôt couvreur, tantôt plombier, au gré des besoins des habitants du coin… Tu leur as sorti une histoire de veuf sans enfants, afin qu’ils n’osent pas te poser de questions. Tu t’es mélangé à tes voisins, comme tout bon citoyen qui paie ses impôts.
Ce soir, tes épaules sont affaissées. Je ne devine plus les muscles de tes bras qui m’impressionnaient tant. Tu ne me fais plus peur… Demain, tu ne feras plus jamais trembler qui que ce soit.
Si ton odeur m’est difficile à supporter, la jouissance de te sentir à ma portée atténue ce désagrément. Je t’observe à travers une fente de la porte et j’arrive à déduire à quel moment nous sommes de la soirée.
À minuit trente-neuf sur la vidéo, il n'avait rien de nouveau à se mettre sous la dent. Thierry se rongeait les ongles en regardant les secondes défiler. C'était rageant de faire chou blanc si près du but.
Soudain, une faible lueur apparut sur l'image. Il mit en pause. Ses mains tremblaient. Un passant s'était arrêté devant la vitrine pour s'allumer une cigarette à minuit cinquante, éclairant par ce fait son visage. Son coeur s'accéléra. Il devait garder l'esprit clair. Il pouvait s'agir d'un simple clochard qui passait par là et qui s'allumait une clope, comme de leur assassin ! Il zooma l'image comme il put. Ce n'était pas de la haute définition, mais le rendu s'avérait lisible. Le résultat le laissa sans voix. Cette personne, ce n'était pas possible. Il devait y avoir une explication.
Il avait alors décidé de passer en entretien directif. Il n'avait plus attendu que Gabrielle s'exprime librement et avait commencé à lui poser une série de questions précises. Si ces premières interrogations pouvaient sembler anodines, au vu de la bombe que lui avait lancée quelques minutes plus tôt la jeune femme assise en face de lui, elles avaient toutes un but précis. Pour le psychiatre, il était important de tester le niveau de cohérence du discours raconté. Gabrielle avait répondu calmement, en pleurant doucement. Son histoire était restée claire, ordonnée et rationnelle. Les faits étaient simples d'après elle : son mari, un avocat reconnu...
Le fait d’avoir attenté à ses jours pouvait être tellement aux antipodes de ses valeurs et de l’éducation qu’elle avait reçue que son subconscient avait déclenché une réaction de défense en effaçant de sa mémoire le geste de s’ouvrir les veines. Jean-Pierre n’avait pas voulu être alarmiste et avait focalisé toute son énergie, lors de ce premier entretien, à gagner la confiance de sa patiente. Cette dernière avait besoin d’aide et il voulait s’assurer qu’elle franchirait de nouveau la porte de son cabinet. Devant son état de fatigue généralisé et sa mélancolie, il lui avait prescrit de quoi dormir. Elle avait besoin de reprendre des forces physiques avant de s’attaquer au côté psychique.
Elle avait l’impression de passer la moitié de son temps à remplir de la paperasse, alors que le terrain était son véritable carburant.
Elle s’allongea sur son lit, les nerfs à vif, et se concentra sur sa respiration afin de faire redescendre son niveau de tension. Les paroles des médecins à son chevet qui parlaient de dépression majeure lui revinrent à l’esprit, mais y avait-il aussi des symptômes de paranoïa liés à cette « maladie » ? Elle prit son téléphone portable et tapa dépression dans la barre de recherche. Un site au nom de revivre.com évoquait les différents facteurs biologiques et héréditaires pouvant engendrer cet état ainsi que les signes avant-coureurs de la maladie. Aucun des cas ne lui sembla familier. Non, elle n’avait pas vécu de période traumatisante, oui, elle avait des troubles du sommeil et une perte de l’appétit ces derniers temps, mais rien de bien alarmant selon elle. À aucun moment les mots « sentiments de persécution » ou « délire paranoïaque » n’apparurent dans l’article.
On côtoie des tarés à longueur de journée et il faudrait rester dans les cases, bien poliment, pour arrêter ces connards. C’est le monde des Bisounours, c’est ça ?
Le lit était bien froid sans Charles. Elle aurait aimé pouvoir allonger son corps près du sien, capter sa chaleur, sentir sa respiration dans son cou. Elle avait tout gâché. Si seulement elle avait plus communiqué avec lui, si seulement elle avait fait plus attention à lui, si seulement… Elle s’endormit en position fœtale au milieu du lit.
Elle s’avança telle une féline qui s’approche de sa proie, tout en sensualité. Elle était là devant lui. Il ne réagit pas. Il était sur la défensive. Mais qu’est-ce qu’elle faisait là ? Il s’attendait à recevoir un interrogatoire en bonne et due forme.
Femme mariée avec des enfants, Clémence représentait la conquête parfaite pour Nathan. Ces femmes désiraient sortir de leur routine quelques heures dans ses bras mais ne demandaient ni promesse ni engagement en retour, bien au contraire. Clémence n’avait pas été difficile à mettre dans son lit et ils avaient pris l’habitude de se retrouver une fois par semaine depuis quelques mois pour un peu d’évasion.
Emma rêvait d’une famille heureuse et épanouie. Elle fantasmait sur sa future famille idéale : un mari doux et aimant comme son père, trois enfants minimum qui seraient complices et rapprochés. Elle désirait une fratrie unie. Ils partageraient tout ensemble, ils seraient inséparables.
Faisons un pacte,les filles,déclara Emma légèrement éméchée à seulement 13h00.Promettons-nous d'être heureuses en amour et d'avoir au moins un enfant l'année de nos trente ans.
Promis ! Crièrent à tue-tête les trois amies,levant leur ultime verre de bière.