Chapitre 2 :
Zayne
«…Mon cœur bat à une telle allure que je sens ses pulsations résonner douloureusement contre les parois de ma jugulaire.
«Je suis désolée.» Mais de quoi parle-t-il ? Qu’est-ce que… qu’est-ce que tout cela signifie ? Un moyen maladroit de me montrer sa pitié ? Il était là, au procès, il a vu ce que j’ai subi, est-ce sa manière à lui d’être… désolé pour moi ?
Sa silhouette passe la porte du café et disparaît comme un fantôme dans l’obscurité de la rue…»
Chapitre 1 :
Zayne
«… — Zayne ? m’interpelle à mi-voix ma mère en se penchant à mon oreille. Tu connais cet homme ?
Je lève péniblement mes yeux, perdus depuis des jours dans la contemplation de mes propres mains, puis observe furtivement l’espace qu’elle m’indique du menton en toute discrétion. Je croise un regard… hanté, faute de meilleur terme pour le décrire, encadré de lunettes sobres, et qui me fuit instantanément, comme gêné de s’être fait prendre. L’homme semble avoir la cinquantaine, ou peut-être un poil moins ; il porte un élégant costume trois-pièces, et un manteau griffé drapé en travers de son bras. L’ensemble pourrait paraître parfait, ou tout du moins parfaitement étudié, mais il n’en est rien : la chemise est froissée, la cravate de travers, et ces cernes terribles creusent le visage de l’inconnu.
— Je ne sais pas.
Puis ce dernier se redresse, assez précipitamment, dévoilant l’éclat argenté de ses tempes grisonnantes et une carrure assez impressionnante, je dois bien l’avouer, puis quitte la salle d’une démarche qui laisse penser à une fuite éperdue, la tête basse, bousculant les gens sur son passage.
— Il n’a pas arrêté de te jeter des coups d’œil à la dérobée toute la matinée, m’explique ma mère en arborant son air le plus réprobateur et en se levant de son siège.
— Après tout, je suis la deuxième star de tout ce foutoir, non ?
Je reçois un coup de coude de mon père assis de l’autre côté de moi.
— Cesse donc de dire des conneries. …»
"(...) notre amour est une aberration. Mais lui comme moi préférons cette mélodie folle qui n'appartient qu'à nous au requiem triste à crever de nos vie l'un sans l'autre."
-Zayne-
Cette connexion qui existe entre nous, même si elle tire son origine d'événements aussi affreux que traumatiques, pour lui comme pour moi, n'en est pas moins présente, c'est indéniable ; et vu que nous sommes visiblement autant amoché l'un que l'autre, ce n'est pas demain la veille qu'elle risque de disparaître.
-Zayne-
En une fraction de seconde, il est là, assis près de moi, ses bras m'entourant avec la force du désespoir. Je me cramponne tout autant à lui et me laisse envahir par sa chaleur, son odeur, et tout ce qui a toujours fait de Julian, depuis notre toute première conversation, mon seul et unique refuge.
-Zayne-
Le contrôle, c'est tout ce qu'il me reste, maintenant ; c'est ce qui m'empêche de sombrer d'un côté ou d'un autre, cette dichotomie entre la lumière où je veux me réfugier et les ténèbres qui cherchent constamment à m'aspirer.
-Zayne-
Ce n'est pas lui ni le traumastime de son souvenir, que j'essaie de choisir, mais bien toi, le Julian Campbell qui m'a aidé à me sentir en sécurité alors que j'avais oublié ce que c'était d'éprouver autre chose que de la peur.
-Zayne-
J'aime tellement le voir s'abandonner contre moi, comprendre à quel point nous sommes habités par la même avidité, l'aspiration commune à trouver dans l'autre la pièce qui nous manque depuis si longtemps.
-Julian-
Je me fous du monde extérieur, Julian, de ce que pensera le premier venu. Eux, ils ne comptent pas. Ils 's'arrêtent à la porte d'entrée, de l'autre côté des verrous. Ce n'est que pour nous. Nous.
-Zayne-
Après sa confession, mon envie de le savoir en sûreté ne fait que redoubler. Je n'ai même plus la force de combattre, ou même questionner cette émotion; elle m'envahit, inexorablement.
-Julian-