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Citations de Myriam Chirousse (110)


« Votre pied, il a quoi ? »
Maître Simon eut un étrange sourire.
« Celui qu’a forgé mes os était pas bon ferronnier. Je suis né monstrueux. Ou fabuleux, j’dirais.
-Je suis désolé…
– T’y es pour rien. Et puis mon vilain pied de bouc m’a permis d’échapper à la guerre.
-Non, je suis désolé de vous avoir jeté des cailloux quand j’étais petit.
– Bah, ça non plus, t’y es pour rien. Un enfant choisit pas de jeter des cailloux sur un infirme.
– Pourquoi il le fait alors ? Pourquoi je l’ai fait, moi et les autres ? »
Maître Simon acheva son gobelet de café.
« Parce qu’il faut beaucoup grandir dans sa tête pour être libre de ses actes. Et encore, certains le sont jamais. »
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Nettoyé des boues de l’hiver, le village revêtait ses parures d’avril. Anémones et géraniums coloraient les jardinières tandis que pâquerettes et pissenlits couraient sur les talus. De jeunes oiseaux voletaient dans les haies, guettés par l’ombre attentive d’un chat. Le ciel étalait son bleu royal sur les toits. L’air embaumait.
(page 55)
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L'amitié est un lien curieux. Il se tisse parfois avec la lenteur des dentelles et parfois surgit comme une étoile filante.
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- Si tu savais les choses qui peuvent arriver et qui n'arrivent jamais.
- Et toi, si tu savais les choses qui ne devraient jamais arriver et qui arrivent quand même.
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Solitaire dans sa masure, une colère sourde grondait en lui. Cette histoire de résurrection n’était que mensonges ; aucun mort ne se relevait du sépulcre, ni les soldats tombés dans les tranchées, ni les héros du cénotaphe, ni ce vagabond crucifié qui se disait fils de Dieu.
(page 54)
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Les jours sont comme des pierres lancées dans un lac. Presque tous sombrent dans l'oubli, mais il arrive parfois que quelques-uns richochent au-dessus de l'eau. Leur souvenir rebondit et perdure en se répercutant. De rebond en rebond, la pierre ne coule pas, défiant l'abîme.
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Paris, loin d'un vieux dragon assoupi sur sa colline, était en ce temps-là une hydre trépidante.
Ceux qui avaient voyagé au-delà des frontières racontaient volontiers que c'était la ville la plus joyeuse au monde, la plus cultivée, la plus scientifique, la plus sentimentale, la mieux construite, la mieux tempérée par l'alternance des pluies et du soleil, qu'on y riait plus fort et qu'on y chantait mieux qu'ailleurs, qu'on s'y insultait pour un rien et qu'on s'y réconciliait sans raison, que le vin y pleuvait à verse et que la galanterie y fleurissait avec la délicieuse liberté des pâquerettes dans les prés. Mais, si Paris faisait es délices des patriotes américains et des espions anglais, la ville avait tout de même un défaut. Plus que de taille, ils étaient nombreux : c'étaient les Parisiens.
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Les heures où la vie perd son sens ne sont que des entractes. C'est signe qu'il reste encore des péripéties à vivre, des scènes à jouer, qu'il y aura encore des pleurs et des joies, que les acteurs doivent remonter sur les planches et de dépêcher, car le décor est déjà planté pour l'acte suivant et les rebondissements ne sont pas terminés.
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Mais avant ? Avant que jaillisse ce ruisseau maigrelet qu'est la vie de chacun ? Une sorte de tournis me prend quand je pense à ce temps où je n'existais pas. Des siècles et des siècles écoulés avant moi, remplis de saisons et de gens, de famines et de labours, de terres conquises, de corps rongés de maladies, d'inventions merveilleuses ou assassines, de récoltes et de fêtes, de fruits broyés dans les presses, d'empires qui s'effondrent et de villes qui fleurissent au milieu des déserts... Il y eut tout cela avant nous et tant de choses encore. Tant de gens qui sont nés, ont bougé un peu et qui sont morts. Et où étions-nous ? Qu'étions-nous ?
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(...) nous autres mortels, nous passons notre vie hantés par l'effroi d'une seule question : qu'adviendra-t-il de nous après la mort qu'on nous promet ? Où irons-nous quand notre chair sera poussière et nos os un amas de cailloux ? Que serons-nous lorsque nous ne serons plus ? Et le vertige de ce point d'interrogation est si grand, si insupportable, que nous voilà vite enclins à nous inventer des paradis, des mondes au-delà du monde, des vies nouvelles et infinies...
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Mais , petit à petit , les souvenirs se fatiguent . Parfois vous ne savez même plus comment ça a pu vous arriver un jour , d'avoir quinze ans , et parfois vous ne comprenez pas comment ça a pu finir , comment vous avez fait pour vous retrouver là , toute seule , si vieille , si loin de tous ceux que vous avez aimés . Où est votre enfant qui jouait dans le jardin . Où sont les écorchures aux genoux que vous guérissiez avec un bisou . Où est parti son père , et la famille que vous formiez . Et là , vous découvrez le fin mot de tout ça . Et vous comprenez pourquoi on n'en parle pas . Pourquoi on ne peut pas le dire aux jeunes . Pourquoi , quand on les aime , on ne les embête pas avec ça . Et pourquoi ils ne veulent pas entendre . Pourquoi vous les ennuyez . Pourquoi ils ne viennent jamais vous voir et pourquoi ils repartent si vite , comme si vous alliez leur transmettre une maladie avec votre vieillesse . Oui , il faut toute une vie pour regarder la vie en face .
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La nuit n'est peut-être que la paupière du jour .
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Pendant qu’ils s’aimaient, les salamandres sortaient du creux des pierres et montaient la garde.
(page 135)
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Pauvre de naissance, un peu demeuré sinon vaguement crétin, Pierre Izard dont le nom pâlissait sur la tombe, n’avait eu dans sa vie que ses bras de forçat, son cou de taureau et son misérable dos à louer à la journée, que les fermiers des environs employaient à tour de rôle aux travaux éreintants.
(pages 12-13)
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Longeant le mur, il devait tantôt s’en écarter pour contourner une souche qui ouvrait grand devant lui sa gueule de racines, tantôt s’en approcher jusqu’à frôler ses pierres moussues. Des branches basses égratignaient ses bras et d’invisibles toiles d’araignée embrassaient sans prévenir son visage. Il progressait toutefois dans ce dédale végétal avec l’aisance d’un chevreuil, foulant de ses brodequins de soldat une terre noire aux arômes grisants de moisissure.
(page 105)
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Il y avait là des fiacres, des carrosses et des brouettes chargées de légumes, des chevaux et des ânes, des chiens pelés et des chats malingres qui se glissaient sous les portes, des poules qui picoraient au milieu des rigoles, des couturières et des modistes qui allaient à pied chez les grandes dames leurs clientes, des manouvriers aux bras nus, des compagnons et des apprentis en tout genre, verriers, menuisiers, tanneurs, teinturiers, drapiers, qui disparaissaient dans les cours où se trouvaient les ateliers pour en ressortir à la mi-journée et s'engouffrer dans les tavernes, des marchands, des négociants sur le pas des boutiques, les bras croisés à côté des vantaux qui s'ouvraient sur la rue, regardant l'enseigne qui se balançait au soleil, encore humide de pluie, des joailliers et des orfèvres, des éventaillistes, des fabricants de peignes et d'objets en nacre et en ivoire, que les comédiennes se faisaient offrir par leurs amants lorsqu'ils ne pouvaient se permettre ni les perles, ni les attelages, ni les petites maisons réservées aux plaisirs, des marmitons, des commis, des crieurs de poisson poussant leurs charrettes, des garçons bouchers un cochon sur l'épaule comme Atlas portant le monde, des boulangers à la triste mine car le grain manquait, la farine était chère, le pain hors de prix et les voleurs habiles, des camelots qui provoquaient des attroupements et empêchaient le passage, le marchand d'oignons grillés promenant son odeur derrière lui, la marchande de violettes qu'achetaient les petits-maîtres rendant visite à leurs petites maîtresses, des étudiants au front froncé de lois, d'équations, d'histoire naturelle ou de géographie, des musiciens avec leurs violons et leurs orgues de barbarie, des bateleurs et leurs singes, des poètes et leurs rimes, des forains, des hordes d'enfants crottés qui se faufilaient entre les jambes, des troupes de mendiants et des bandes de larrons qui galopaient plus vite que les gardes municipaux et disparaissaient en riant sous les portes cochères.
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Sous un petit chapeau de paille noire, bordé de cheveux blancs filandreux comme de l’étoupe, son visage loin d’être aussi ridé qu’André l’avait cru de loin, semblait au contraire une toile tendue sur le châssis de son crâne. Par endroits, là où l’os transparaissait davantage, la peau présentait l’aspect luisant d’un cuir ciré, lisse, d’un ton jaunâtre.
(page 101)
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La gorge serrée, André leva la tête. Derrière le mur du cimetière, quelques arbres dressaient leurs branches enchevêtrées. Certaines, mortes, ne reverdiraient plus ; mais, sur d’autres, de fins bourgeons perçaient déjà, semblables à de minuscules dents rouges crevant la chair végétale.
(page 17)
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Sa musculature, en se développant, se révéla plus fine, mieux proportionnée. Ses mains devinrent fortes, mais ses doigts restèrent déliés. Ses bras s’endurcirent de biceps fuselés. Ses épaules s’arrondirent, mais son cou resta galbé, plus semblable à l’encolure d’un pur-sang que d’un bœuf. Ses jambes même le portèrent avec une autre fermeté. Son pas dans la rue devint celui d’un homme.
(page 76)
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Alors, dans un tourbillon qui fut comme un rire, André découvrit que les lèvres de Suzanne étaient un autre fruit au goût de cerise, mûr, juteux, et qu’il en avait faim de tout son être.
(page 117)
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