Milena Magnani présente" Il Circo Capovolto" (Le cirque chaviré) (en italien)
Je tentais d’exprimer ma perplexité, mais déjà une étincelle s’allumait au fond des yeux de Senija et Ibrahim, lesquels commençaient à s’installer, plaçant une planche à repasser sans pieds sur deux piles improvisées de briques.
Aussitôt après, les autres enfants arrivaient. Les jumeaux Hajdini engoncés dans leurs blousons trop grands pour eux. Ilma dont je ne parvenais pas à voir le visage caché sous sa frondaison de cheveux frisés. Et même Nasir, le petit pirate de Belgrade, qui avait tenté de m’expliquer – s’apercevant de l’insistance avec laquelle je scrutais le bandeau sur son œil – que son grand-père avait voulu labourer des champs de bataille. Et enfin Roseta, rondelette et boutonneuse, qui me regardait d’un air fermé et soupçonneux.
Vous avez hâte de découvrir ces boîtes. Bien. Alors pensez à un cirque tel que vous le connaissez et éliminez tout de suite le chapiteau, puis les chaises et m^me les bancs des tribunes. Éliminez aussi les animaux et, à la fin, les personnes. Voilà. Après avoie éliminé ces choses, ce qui reste est un cirque comme le mien, qui peut se mettre dans de grands carons et se garder dans l'obscurité d'un lieu fermé pendant des années.
C'est vrai quand on y pense. C'est ainsi qu'est faite la vie d'un homme.
Elle est faite le temps d'une seule image.
Cinq enfants en cercle. Ils écoutent quelqu'un raconter une histoire.
Ils sont assis sur des pierres. Sur des bancs de fortune qu'ils ont improvisés.
C'est ainsi qu'est faite la vie d'un homme.
C'est une image qu'on croit avoir vue, engloutie d'un seul coup par une douleur sans préavis.
_Pourquoi tu vis ici? Comment t'est venue la pensée de vivre ici?
_Je vis ici pour ne pas vivre là-bas, parce que là-bas il n'est plus possible de vivre après ce qu'ils ont fait à mon frère, à Mahala.
_Alors tu vois, pour mon cirque c'est pareil, j'ai essayé de l'amener ici pour qu'il ne soit plus là-bas, à Tokaj, en Hongrie, après ce qu'ils lui ont fait.
Parce que au fond, dira Branko, nous ne sommes pas une tribu de cousins ou de consanguins, nous venons de pays incroyablement distants, pourtant on a en commun d'avoir tendu les vêtements sur les mêmes fils, de nous être acceptés l'un l'autre en tant que citadins n'ayant plus de racines.
Quand on écoute un conte, il faut jamais se demander si l’histoire en question elle est vraie ou fausse. Un conte, tout ce qu’il demande c’est de pouvoir rester dans le cœur de celui qui l’écoute.
Parce qu’un gars qui vit dans des cages pour chiens pendant des années, quand il meurt il lui faut un tapis de roses !? Mais c’est vraiment obligé de faire toutes ces mises en scène ?
Je l‘ai toujours entendu désigner comme « campement de baraques », mais en réalité ce n’est un grumeau. Un caillot que le destin a sans doute écarté du flux inexorable du bien-être
Je l'ai toujours entendu désigner comme un "camp de baraques" mais en réalité ce n'est qu'un grumeau. un caillot que le destin a sans doute écarté du flux inexorable du bien-être.