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Critiques de Marie Darrieussecq (764)
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A vendre

" Rémi, installé depuis longtemps en Norvège, revient au domaine familial pour annoncer à son frère Julien qu’il s’apprête à vendre ses parts. Manine, la femme qui les a élevés, orchestre ce dialogue empreint de rancoeur et d’amour blessé. (... ) Un soir d’adolescence, Agathe a pactisé avec le diable. En échange d’une vie trépidante, et de la gloire, elle devra, tous les soirs, livrer au diable une « histoire véritable. » Et si Agathe

ne s’acquitte pas de sa dette, il viendra se servir lui-même, à même la chair. Seulement voilà,

au mitan de sa vie, Agathe est en panne sèche d’histoires véritables (et le succès, dit-elle, ne

l’intéresse plus guère). Mais un pacte avec le diable est-il si simple à rompre ? (...) Où vont les agents immobiliers quand ils meurent? En enfer, au paradis, ou ailleurs?

De leur vivants, ils posaient des panneaux «à vendre» sur des balcons et des clôtures.

Une fois passés de l’autre côté, ils continuent, à leur manière, d’exercer leurs talents. "


Lien : https://www.theatredesmathur..
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Bref séjour chez les vivants

C'est quoi ça ?

Me faire ça à moi, alors que j'étais resté collé au mur par "Notre vie dans les forêts".

Dès les premières pages le style fait bégayer le ciboulot, ça va passer pensé-je, optimiste et trop confiant.

Mais non, ça dure, des phrases laissées en suspend et de brusques changements de sujet comme quand on pense, comme quand on rêve.



C'était le but blaireau !

J'avais compris, merci ! et c'est plutôt réussi mais sur la longueur, ça use l'attention.

Sans compter que les majuscules, la ponctuation... tiens fume ! Marie s'en tamponne.



Style déroutant, j'aurais pu lâcher l'affaire.

Sans savoir pourquoi ni comment, je me suis accroché.

En fait si ! je sais comment, sans effort, il suffisait de se laisser porter sans chercher à comprendre, attraper au vol des sensations, retrouver mes références dans celles de l'auteure... ou pas, çà c'est le pourquoi je crois.



Marie Darrieussecq parvient ici à me toucher tout en me gonflant, à moins que ce ne soit l'inverse.
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Bref séjour chez les vivants

Dès le début on a du mal à se plonger dans ce livre étrange. C'est au bout d'une vingtaine de pages que l'on rentre dedans.

Le style est complexe, parfois les phrases ne se terminent pas laissant le lecteur dans le flou et l'incompréhension la plus totale.

Cela peut-être est fait afin de créer un certain suspense et de tenir en haleine le lecteur jusqu'à la dernière page.

Marie Darrieussecq décrit incroyablement bien les multiples manies de ses personnages et la grande diversité de leurs pensées.

Pour conclure, je conseillerai plutôt ce livre aux lecteurs des oeuvres de Marie Darrieussecq (attention toutefois à ne pas trop comparer ce livre avec Truismes, vous en seriez probablement déçu...) ou à des personnes voulant découvrir une écriture sortant de la norme.
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Bref séjour chez les vivants

étrange histoire dont on ne comprend pas le cheminement ; le style de cette auteur me gêne de plus en plus
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Bretonnes

Ce livre est un bel hommage à notre patrimoine culturel, représenté par ces coiffes. C'est un livre plein de surprises avec pour commencer une nouvelle de Marie Darrieussecq, ensuite ce sont les photographies qui nous surprennent ; elles sont extrêmement modernes, ce qui créé un décalage avec l'image classique que nous en avons. Cela paraît presque artificiel. A découvrir pour le plaisir des yeux.
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Bretonnes

nouvelle de Marie Darrieussecq, Postface de Yann Guesdon
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Camélia

Le récit d'une grenouille dyslexique qui coule des jours heureux dans le laboratoire qui l'étudie. Cette sorte d'amphibien est particulière, surnommée "crapaud accoucheur" car c'est le mâle en date qui couve les œufs. En attendant la naissance notre grenouille aiguise son esprit scientifique et découvre même l'étude d'une météorite. Mais un jour elle s'aperçoit que les humains stockent des bocaux contenant ses congénères morts... Encore un passionnant roman dans cette collection du Muséum national d'histoire naturelle. Ce texte mélange savoir et évasion, avec en prime une fiche technique et, surtout, le mot de la scientifique de Camélia, taxinomiste et chargée de la collection des amphibiens.
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Cindy Sherman

Ce catalogue d'exposition a été publié à l'occasion de la rétrospective de Cindy Sherman à la Fondation Louis Vuitton. Une exposition que j'avais prévu d'aller voir et où je n'ai pas pu me rendre en raison de la situation sanitaire... Pour compenser cette déception, cet ouvrage grand format qui retrace le parcours artistique de la photographe depuis ses premières œuvres dans les années 1970 à aujourd'hui.



Le livre se compose de plusieurs textes rédigés par les commissaires de cette exposition. Ceux-ci portent leur regard avisé et documenté sur cette artiste américaine contemporaine. Parmi les thèmes abordés : la féminité, la mascarade, le travestissement, le cinéma, les techniques de transformation, la sexualité...



A la suite de ces textes, de grandes parties découpent chronologiquement l'oeuvre de Cindy Sherman. Très complet et richement illustré, un ouvrage qui répond à mes attentes et me permet d'avoir une vue d'ensemble sur les corpus d'œuvres et les intentions de l'artiste.
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Cindy Sherman

Il est rare de visiter une exposition en feuilletant le catalogue. Mais à cause du virus et des périodes de confinement, je n'ai malheureusement pas pu aller visiter cette grande exposition rétrospective "Cindy Sherman" à la Fondation Louis Vuitton.



Miracle du livre, très beau, avec les photographies de Cindy Sherman, très belle mise en page, avec des textes de présentation des différentes époques .



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Claire dans la forêt - Penthésilée, premier combat

les deux courts récits, Claire dans la forêt et Penthésilée, premier combat, sont loin de l'être. Des récits sur la relation d'une femme avec un homme, du désir, celui qui prend au trip. Le premier peint un tableau très naturel, presque fantastique, d'un village en forêt où la vie personnelle n'existe pas, elle est du regard et de l'opinion de tous. Le second dépeint les Amazones comme une société matriarcale extrémiste où les femmes sont dépossédées de leur corps et de leur pensée.
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Claire dans la forêt - Penthésilée, premier combat

Pierre

le rebouteux

Aime Claire

Nul doute !

L'amoureux

Lui a promis

L'Union Sacrée

Pour la Vie !

Il soigne aussi

Les eczémateux

Du Village

Pas de souci !

Claire croise le chemin

De l'HOMME

Pas sage !

Et son camion jaune

Attention, déviation !

Le Chef des bûcherons

Entonne

L'appel de la forêt

Le mâle est fait

Autre destin !





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Clèves

N’est pas Mme La Fayette qui veut ! « Clèves » de Marie Darrieussecq

Quelle déception !!!!

En voyant ce titre, mon esprit de professeur de lettres voit ici l’opportunité de travailler une réécriture de La Princesse de Clèves de Mme La Fayette, d’autant que la quatrième de couverture me le laisse croire…Mais point de réécriture ! Bien au contraire !

Clèves n’est que le nom de la petite ville où l’enfant puis l’adolescente Solange va faire son éducation sexuelle et quelle éducation !

Evidemment cette auteure est fidèle à sa – mauvaise – réputation : de la vulgarité, de la sexualité, le tout dans une écriture déconstruite et dénuée d’intérêt. D’ailleurs, je ne comprends pas l’intérêt d’écrire un tel livre…Mais on ne m’y reprendra plus ! Cette auteure est définitivement sur ma liste noire : aussi mal écrire devrait être interdit !

En résumé : bon à jeter !


Lien : http://gourmandisesetplaisir..
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Clèves

Éveil à la sexualité de Solange, 12 ans, qui vit à Clèves.

Du CM2 au lycée, il semble que le sexe soit sa seule préoccupation.

Père incestueux, ou exhibitionniste ? On ne sait pas trop

Voisin pédophile ? Il la garde depuis qu’elle est petite.

J’ai lu plusieurs livres de Marie Darrieusecq que j’ai tous trouvés particuliers mais que j’ai plutôt bien aimés.

Mais là, non, vraiment, ça dépasse tout !

J’ai failli abandonner à la page 50, écœurée par le nombre de fois ou le mot « bite », entre autre, est écrit.

Je ne suis pas prude, mais dans la bouche de cette gamine de 12 ans, c’est trop.

J’ai poursuivi jusqu’à la page 100 et survolé les 200 pages restantes.

Ce qui aurait pu être beau comme sujet est sordide de bout en bout.

A tel point que, malgré une écriture qui me convient bien, je pense que jamais plus je ne lirai un livre de Marie Darrisuseccq.

Elle m’a paru tellement malsaine dans celui-ci.

Qu’elle ait envie d’écrire un livre porno, soit, mais était-il nécessaire de le faire par le biais d’une enfant.

Ce n’est ni sensuel ni érotique, non c’est effectivement carrément porno.

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Clèves

Je l'ai finit par acquis de conscience, mais je n'apprécie pas du tout le style d'écriture de l'auteur. Les adolescent(e)s ne pensent peut-être qu'à ça, mais il y a différentes manières de l'exprimer. Transposer à l'écrit un vocabulaire que Marie Darrieussecq pense ''jeune'' nous plonge ici dans l'histoire d'une jeune fille obsédée par le fait de les avoir (ses règles), de le faire (la première fois, l'amour), puis de le refaire, en s'interrogeant sur le plaisir, la frigidité, et un peu moins sur la pilule et la contraception. Si on comptait le nombre de ''trou'' et de ''bite'', on pourrait souligner toutes les pages en rouge, et marquer dans la marge ''répétition''! (pardon, défaut professionnel).
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Clèves

Marie Darrieussecq ce n’est pas ma tasse de thé. Un écrivain avec laquelle j’ai toujours eu du mal, c’est un truisme de le dire (ha ha).

Clèves c’est le village où vivent Solange et ces copines. Solange est une petite fille qui devient une jeune file, sous nos yeux, en trois parties : Les avoir ; Le faire ; Le refaire.



D’emblée, moi j’ai du mal avec le style de Darrieussecq, forcément ça n’aide pas.



Pour le thème, la conversation intime qui lie une fille à sa sexualité, sa façon d’accueillir les changements de son corps, ses désirs nouveaux, c’est intéressant. Certes. Mais la façon glauque dont tout cela est mené ne m’a pas convaincu.



Solange se pose beaucoup de questions, sur les rapports garçons-filles, les baisers avec la langue, les premières règles, les premiers rapports sexuels etc… Solange se pose aussi des questions sur la vie des adultes qui peuplent sa vie. Du couple déliquescent de ses parents, à l’étrange homme qui lui sert de nounou, puis d’amant un peu plus tard, il y a comme une âpreté et un parti pris de la laideur qui me déplaisent. J’ai vécu cette lecture non pas comme une expérience d’écrivain, de se mettre dans la tête d’une gamine des années 80 qui, mais comme la tentative maladroite de choquer, de mettre les pieds dans le plat. Mais le plat n’est pas bon. Le tout n’est pas d’égrener des gros mots, bite, nichons, couilles ; ou d’aligner des définitions issues du dico, pour faire un ouvrage détonnant et notable.



Je n’ai pas aimé, j’ai trouvé Solange antipathique et molle. Ses copines vilaines et méchantes. Les parents et la plupart des adultes, irresponsables et apathiques…

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Clèves

« Solange se demande s’il vaut mieux le faire avec celui-ci ou avec celui-là. »



Avec une quatrième de couverture aussi simple et efficace que celle-là, comment ne pas se laisser tenter ? Clèves, on le découvrira assez tôt, relate en fait l’éveil à la sexualité d’une adolescente dans une petite ville de province, l’apparition des menstruations, la découverte du sexe masculin, la transformation de son corps, les premiers rapports… Nous suivons certes la jeune Solange, mais c’est le portrait de toute une génération née sous l’influence du porno de Canal +, et en proie à l’apparition du SIDA, que nous dresse ici Marie Darrieussecq...



La suite ici :



http://twentythreepeonies.wordpress.com/2013/05/07/cleves-marie-darrieussecq/
Lien : http://twentythreepeonies.wo..
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Clèves

Je l’avais déjà lu mais comme l’auteure a participé à La Grande Librairie du 17 novembre, j’ai voulu lire un ouvrage d’elle, à défaut de son dernier : Pas dormir. Clèves dormait à la bibliothèque et j’ignorais l’avoir déjà emprunté et lu. Finalement, je l’ai relu en entier pas d’un seul coup parce que c’est assez pénible de voir le sexe de l’homme cité presqu’à chaque page et la fin m’a rappelé quelque chose : la triste fin de Lulu, le chien de Monsieur Bihotz (pour ne pas en dire plus et déflorer l’ouvrage). Je comprends mieux pourquoi je ne l’avais pas commenté. Pas grand-chose à en dire si ce n’est que c‘est très bien écrit, très vivant mais que la vie passionnée d’une jeune pubère ne m’intéresse guère. Boum, bal, surprise-partie et les émois d’une adolescente qui s’éveille à l’amour, c’est loin tout cela. Heureusement que ce n’est qu’un roman car vu les prouesses sexuelles de Solange, dans la vraie vie, à moins d’être complètement stérile, elle serait en train de courir tous les centres de contraception ou les hôpitaux pour avorter. C’est facile d’être une fille facile dans un roman. Sinon dans le contexte de l’époque, dans les années 80, si on s’en réfère à une indication dans le livre que les russes ont envahi l’Afghanistan, c’est : la dernière décennie d'un monde bipolaire et la fin de la guerre froide qui a marqué l'histoire du XX e siècle depuis 1947. La chute du mur de Berlin le 10 novembre 1989 est un symbole important de la fin de cet affrontement. Les années sida en France sont comprises dans la période (1983-1995). A la fin du livre, la mère de Rose lui a fait tout un sermon sur la contraception – « aucun garçon ne s’en souciera pour toi ». Mais elle a tellement d’autres choses à penser. Tête de linotte. Dans la vraie vie, tu serais vite rattrapée par tes bêtises. Un livre à la fois plaisant et déplaisant. ¨Pour moi, trop de sexe affiché. Marie Darrieussecq, ce n’est pas Henri Miller, tout de même ! Finalement, pas envie de lire d’autres livres d’elle pour le moment.
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Clèves

Une fable sur la découverte de la sexualité au combien cruelle! L'écriture de Marie Darrieussecq peut déranger, cette façon de segmenter le récit en petits paragraphes et bouts de phrases fatigue le lecteur. mais il n'en reste pas moins que ses mots percutent autant que le sujet abordé. Une lecture haletante.
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Clèves

La princesse de Clèves, modèle de vertu, se serait-elle réincarnée en Solange, Lolita de banlieue qui n'a pas froid aux yeux?

D'un siècle à un autre, d'une jeune femme à l'autre...un sacré grand écart,celui de l'innocence perdue d'une ado déjantée dont le père zéro pointé et la mère entre guillemets brillent par leur absence....de neurones!

Une analyse pointue d'une certaine jeunesse zonarde en mal de repères qui "baise" pour baiser, se masturbe et "s'encule" sans grande jouissance, ni de leur côté, ni du notre,car Marie Darrieussecq, normalienne,agrégée de Lettres modernes, manie le "cru" comme une machette dans la jungle amazonienne de kermesses imbibées d'alcool et d'écoles où les braguettes se baissent aussi vite que les culottes.

"Délivrez nous de la tentation!" Et pourtant c'est pas faute de réciter le Notre Père vingt fois par jour! Pauvre Solange!

1980. Le Pays Basque en été est-il toujours peuplé de jeunes fêtards en manque de sexe?On s'interroge! Entre Laetitia,Arnaud,Rose,Sixtine,Nathalie,Raphaël, Delphine, Solange, c'est tout kif-kif ! Pauvre France!

Où est l'amour dans ces expériences de "bites" pures et dures pipées dés le départ ?

Et ce Monsieur Bilhotz avec "sa tête à désherber", qui regarde "psy-show" et explique à Solange son "tyran intérieur", un sacré gogo qui montre un peu trop souvent son chose "couleur crête de dindon comme les cannas".

Ca la mènera où tout ça Solange? Suivra-t-elle le chemin des mots salés du dico un à un ou les conseils de son horoscope érotique?Paradoxe éternel, le choix n'est que souffrance!!

De bons passages truculents comme celui des "cafards" et de leur abri anti-atomique,celui de la leçon anti-sida du père, mais trop c'est trop! "Un trou est un trou" et y a trop de trous dans ce Clèves là!

Une ironie vitriolée qui fait mal!

A moins que ce ne soient à nouveau les effets de la psychanalyse entreprise par l'auteur qui après avoir extirpé Truismes en 1996 ( un franc succés qui a été adapté au cinéma) des méandres de son inconscient ne se lâche à nouveau?

Ou peut-être bien ... autre chose, une simple réinterprétation de La princesse de Clèves de Madame de La Fayette avec changement de lieu,d'époque et de prénoms?

On lui donnerait le bon Dieu sans confession à Marie!

A quand le prix?
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Clèves

Critique de Camille Thomine pour le Magazine Littéraire



Avec Clèves, Marie Darrieussecq raconte sans détours l'expérience de la puberté d'une jeune fille. Immensité polaire et désolée de White , errances spirituelles de Bref séjour chez les vivants, spectres rémanents de Naissance des fantômes ou de Tom est mort et, même, dénuement de l’exil ovidien dans Tristes Pontiques ; voilà plusieurs années que l’imaginaire de Marie Darrieussecq ondule autour d’absences, d’auras, de vides. Mais avec Clèves sa plume acérée remord aux plis palpables et chauds de la chair, ces replis tantôt roses, fermes, appétissants, tantôt poisseux, moites et fétides, qui obstruaient déjà chaque page de Truismes, en 1996.

C’est encore l’histoire d’une métamorphose : non celle d’une femme en truie, mais celle d’une petite fille en femme, Solange, au fil de ces années cruciales et délicates qui courent de la prépuberté au passage du bac. Premières règles, premier baiser, première fois ; ces mains dont on ne sait plus que faire et cette intarissable voix qui résonne dans la tête : «Est-il possible que les femmes aient ça et que tout le monde fasse comme si de rien n’était ?» ; «Est-ce que ça se voit quand on l’a fait ?» ; «Il doit la trouver bête» ; «Il faudrait qu’elle dise quelque chose» ; «Est-ce que les gens la regardent ?»

Solange, petite souillon doublée d’un ange, déjà avide et encore innocente, toujours pucelle et pourtant... Une «petite bouée dans le déluge», ballottée entre un père extraverti, une mère insomniaque et cet étrange voisin qui prend tellement à coeur son rôle de nourrice. A priori, ce Clèves-là – le nom du village où grandit la fillette – n’a pas grand-chose à voir avec celui de la princesse. Sauf s’il s’agit d’une princesse inversée : la crudité des mots en place des bienséances et la lascivité en place du renoncement... Un tel titre, bien sûr, ne doit rien au hasard ; a fortiori chez Darrieussecq, qui accorde tant de soin aux «seuils» de ses romans : même confusion des sentiments, même obsession du regard, même règne du faux-semblant que chez Mme de La Fayette. Même finesse dans l’analyse, surtout, à commencer par cette façon dont la romancière intériorise l’écoulement du temps. Et elle délivre ici la parfaite mesure du temps adolescent. Ce temps segmenté de l’urgence, égrené par étapes, comme un compte à rebours – «ça y est, ça va arriver [...] elle va sortir avec un garçon» ; «ça se passe en ce moment même. Elle est en train de faire ça»... –, et capricieux aussi : dilaté à l’excès dans l’attente d’un coup de fil et « compact, gorgé, exaspéré » dans l’emballement du désir.

Car le voyage intérieur ne se limite pas aux seuls soubresauts de la pensée. Rarement le style de «défricheuse» de Marie Darrieussecq aura trouvé meilleur terrain d’auscultation que ce corps en éveil, cette chair palpitante, frôlée, frottée ou malmenée, explorée du dehors et du dedans par chacun de ses pores et orifices. Ce sont ici les frémissements mêmes de la peau, les afflux du sang et du sperme, qui impriment au roman son rythme pulsatile. Dans le lacis des très courts paragraphes, des impressions s’imbriquent en un millefeuille d’images fugaces et de phrases obsédantes. Il y a des réminiscences de prières, des refrains de chansons, des définitions du Nouveau Larousse – pénis, vulve, orgasme... – et des bribes de dialogues, de romans ou d’histoires salaces, des racontars et des dictons. Qu’il ne faut pas «se baigner quand on les a», qu’il faut «le faire vraiment pour que les seins poussent, qu’un homme peut violemment posséder une femme»... Autant d’appendices de langage, appris par coeur ou pris au vol, que Solange tourne et retourne, frictionne en tous sens comme pour voir ce que ça fait ; ce que la langue dit de l’expérience, et vice versa. Et l’on reconnaît bien ici la signature de Darrieussecq, qui avouait dans les premières pages du Bébé une forme d’amitié pour les lieux communs, ces «pierres» que l’on soulève «pour voir, par-dessous», capables d’énoncer, «malgré l’usure», une part de réalité.

«Dire le non-dit : l’écriture est ce projet», affirmait alors la romancière. Et parce qu’il fait voler en éclats les tabous, l’afféterie et les raccourcis, c’est bien vers ce projet que tend son roman Clèves .
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