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Citations de Marc-Alexandre Oho Bambe (201)


Chaque musicien de jazz habite une nuance particulière, un doute, une certitude, une liberté, peut-être même la liberté. Si vous voulez habiter votre nuance propre, il vous faudra embrasser la liberté, totale, absolue, la liberté. Chaque musicien de jazz, chaque artiste vit ainsi, funambule sur le fil, en déséquilibre permanent...
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La vie qui ne tient qu'à un fil, apprend quand on sait l'écouter à démentir les mythes, à sortir de l'impératif du paraître, à être. Non pas dans le vrai qui n'existe pas, mais dans le juste. Je suis devenu musicien parce que je bouillonnais, d'interrogations intérieures, de mélodies et de notes comme des présences qui me suivaient où que j'aille, et quoi que je fasse. Je suis devenu musicien, je pense aussi, pour essayer de composer avec le chaos en moi et la paix que je ressentais dés que je jouais.
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« Si tu viens ici pour créer tout est possible, si tu viens parce que tu fuis quelque chose, la faille en toi s’élargit et tu meurs », m’avait prévenu Malek, restaurateur, réalisateur et lecteur fervent de Camus, et il avait ajouté en me servant à boire un soir : « Créer c’est vivre deux fois ».
Nous avions trinqué, à l’art, à la musique, à la poésie.
Bab Sbaa, porte de mon retour à la lumière pleine et aux couleurs du ciel unique d’Essaouira, qui adosse toujours mon être à la beauté et au sens premier de vivre, c’est-à-dire retrouver au fond, peut-être, sûrement, l’ataraxie originelle perdue. C’est dans un riad niché au cœur de la médina, à quelques encablures de la sqala qu’’est né le projet solo qui m’ouvrit la voie vers ma musique propre, mon jazz, Maisha.
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« Le temps aura fini par m’apprendre la leçon : la liberté à rien ne sert, si on n’a personne, pour la partager. Pas une journée ne s’écoule, sans que ne reviennent à mon souvenir le visage, et la voix, et les mots, de Maisha.
Je t’envoie plein d’amour… »
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« L’éternité est un instant où rien ne manque.
Maisha joue avec Indira dans le jardin.
Je travaille à la fenêtre de ma « chambre de musique », c’est ainsi que ma fille nomme cette pièce dela maison, où je passe le plus clair de mon temps. Je fais mes gammes, répète, cinq à six heures chaque jour, les mêmes gestes, la position de mes doigts, la justesse de mes notes, mon souffle, ma respiration, mes silences. Avec les années, j’ai appris à faire corps et âme. Avec mon instrument. Et rien ne peut me perturber quand je joue. Enfin, rien ne pouvait.
Avant Maisha et Indira. Dans le jardin. De l’éternité.
Je les regarde, et mon cœur de bonheur chavire.
Pour la première fois de ma vie, je n’ai plus peur, ou plutôt ma peur s’est déplacée. Je n’ai plus peur de perdre ma solitude, j’ai peur de les perdre elles, ma femme et ma fée, qui ont rempli d’amour ma vacance à être, et comblé presque tous mes vides. Je me souviens de nous. Je me souviens de tout. Tout ce qui nous a liés.
Avant.
La distance.
La séparation de corps.
Le divorce.
La garde alternée.
Le retour à l’errance.
Les regrets.
Les remords.
Le rêve d’une autre chance.
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« Al m’a tout appris, surtout à devenir, à escalader les désastres, et à accoster de nouvelles rives, à rêver et à revenir, revenir à la magie d’être, exister pour de vrai comme disent les enfants, revenir à ma voix propre, la petite voix en nous, qui nous dit ou nous dicte, conduite vers nous-mêmes. Al m’a appris, à marcher droit et en zigzag, à m’ouvrir, aux couleurs changeantes du ciel, à mieux écouter le chant des oiseaux et à accueillir les pluies fines qui annoncent parfois notre arc-en-ciel intérieur.

Joue petit, joue, ta trompette est on élan vital, plus qu’un instrument elle doit être ton souffle à souffle, pour traverser la vie ton souffle à souffle, pour arracher ta joie, petit joue !

Et je jouais comme il me le demandait.
De tout mon être, libéré.
Je me sentais.
Et j’étais, libre.
Oiseau indigo.
Au-dessus des notes.
Je volais, Bird.
Voguais, voyais.
Porgi and Bess.
Ella F. et Louis A.
Je.
Mourais.
Renaissais.
Dans chaque souffe.
Pari à faire, parti à prendre.
La vie.
Soleil.
Dedans.
Soleil.
Devant.
Al, qui se disait les soirs de blues, orphelin d’enfant.
M’a.
Tout appris.
Surtout, à devenir.
Le père, que je n’avais pas eu.
Pour ma fée.
Ma, fille.
Chérie. »
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« Ma mère et la sienne racontaient que mon père n’avait aucun sens des responsabilités, qu’il nus avait abandonnés, était parti du jour au lendemain, sans laisser d’adresse, ni jamais s’enquérir de nos nouvelles après son départ. J’ai été élevé avec cette image de lui, et j’ai grandi comme je pouvais, la rage au cœur, en colère contre un homme noir dont personne dans ma famille blanche ne disait rien, rien d’autre que ces mots dévastateurs pour l’enfant que j’étais, « c’était un salaud égocentrique, et un bon à rien comme le sont tous les nègres… ».

« Ma mère laissait dire la sienne… »

« J’ai grandi comme je pouvais, avec tout ça, la rage au cœur en sang, comme une ronce parmi les roses, apprenant à encaisser et à rendre chaque coup porté à ma dignité, aspirant à vivre. Un jour, en paix. »
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La musique t'avait offert ce que ni moi ni ta mère n'avions pu t'offrir.
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Le jazz, ou l'abandon suprême.
L'abandon à la musique elle-même, au rythme-roi.
L'abandon à l'intuition première, primale même, lâcher-prise total.
L'abandon, nécessaire si on veut pouvoir, si on veut espérer, toucher l'instant.
L'abandon au silence, silence qui gronde de nous, gronde de tout ce que nous sommes en dedans.
Le jazz, ou l'abandon donc, le don.
Le don de soi, dans son entièreté, sa vulnérabilité, sa fêlure, son feu, son souffle.
Le don à autrui, autre soi, autre vie, autre voix.
Le don, de ce qu'on a, de ce qu'on est, et même de ce qu'on n'a pas, de ce qu'on n'est pas.
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Indira est née un soir d'automne.
Et je me suis remis au monde avec elle, en devenant père, papa parapluie paratonnerre paravent parasol, bouclier humain. Je suis devenu père et à partir de cet instant j'ai senti naître en moi l'émoi du plus grand des grands soirs, et mille rêves et mille voeux, et mille feux et mille feuilles, de tendresse éternelle pour elle, ma fille, gamine joyeuse dont le rire aux éclats me porte et m'emporte loin des doutes et déroutes de l'homme que jétais, avant.
Avant elle, avant nous.
Je n'étais rien, ou si peu.
Indira est née un soir d'automne.
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Chaque musicien de jazz habite une nuance particulière, un doute, une certitude, une liberté, peut-être même la liberté. Si vous voulez habiter votre nuance propre, il vous faudra embrasser la liberté, totale, absolue, la liberté. Chaque musicien de jazz, chaque artiste vit ainsi, funambule, sur le fil, en déséquilibre permanent...
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"Nègre à moitié", c'est ainsi que m'appelait une partie de la famille de ma mère qui ne s'était jamais remise que leur fille, bien sous tout rapports, ait osé ramener un homme de couleur à la maison, alors qu'elle avait tant d'autres choix possibles. J'avais passé toute mon enfance à chercher où était ma place, broyé par la complexité d'avoir le cul entre deux choses avant de comprendre, à Harlem, que je n'avais pas à choisir, et que je pouvais, comme le chantait un ami, m'asseoir à terre. J'avais vingt ans, et la musique dans le corps, même si à l'époque je l'ignorais encore.
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Noir dans le regard de certains Blancs, Blanc dans le regard de certains Noirs, assigné à une résidence identitaire supposée alors que je quêtais une appartenance, d’autres répandant leur haine répondaient pour moi, m’assommant de leurs sentences respectives, « tu es blanc », « tu es noir », foulant à leurs pieds mon métissage-frontière.
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Harlem m’a donné réponses, à toutes mes questions primordiales, celles que je me posais et celles que j’ignorais. Par et pour la musique, j’ai erré dans nombre de rues du monde, me cherchant, et me trouvant parfois. Dans les bars, ou dans les bras de femmes qui se perdaient dans les miens, me nourrissant du bruit de certaines villes et de certains quartiers que je traversais halluciné.
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Est-ce grave
Si je rêve
Too much
Si je clame
Si je déclame
Si je slame
Si je réclame
Un monde
Plus beau
Est-ce grave
Si je grève
M'absente
Si je crève
L'abcès
Si je grave
Ces mots
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J'ai pleuré devant leur courage, leur rage d'exister et leur folie désespérée d'espérer. Encore. Traverser. Y arriver. Fuir la misère et la faim promises par des États qui n'en sont pas. Des États indignes de leur jeunesse exsangue, jeunesse qui n'en peut plus, de suffoquer et d'être obligée de faire comme elle peut, jamais comme elle veut.
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C'est Sita qui m'a appris à faire face à la violence, comme à la beauté, parce qu'elles existent partout, faire face à l'une et l'autre, les regarder droit dans les yeux, sans jamais les dévisager, pour des raisons différentes. Ne pas dévisager la violence afin qu'elle ne s'imprime pas dans notre regard, qu'elle ne prenne pas place en nous; ne pas dévisager la beauté non plus, par élégance, on ne dévisage pas ce qu'on envisage.
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Et nous passions des heures à rapper Caroline ensemble, à l'heure de nous-mêmes et de notre amour-défonce.
Je me fis arrêter un soir rempli de joie, ivre d'espérance, piégé par les Stups qui me remirent entre les mains de la police des frontières et d'un juge, sosie presque parfait d'il Cavaliere, alors au sommet de sa gloire. Passée.
Extra-communitare, pour certains Italiens une tare. Les mecs de la farce de l'ordre qui me serrèrent n'y allèrent pas de main morte, je m'étais rendu sans faire d'histoires, mais ils me sonnèrent littéralement, m'assommèrent de coups de poing. Républicains sûrement.
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C'est vraiment arrivé, à Oujda j'ai pleuré.

Je pleure encore.
Devant toutes ces grenades dégoupillées.
Le long des routes du monde.
Jeunes gens aux regards hagards.
Adolescents incandescents aux vécus de mèche allumée.
Gamins, gamines.
En quête d'azur.
De vie meilleure.
D'Europe.
D'ailleurs.
D'eldorado, qui chante.
Faux.
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Parce que Boko Haram parce que Daech parce que dans nos pays parfois nous sommes des morts en sursis et partir dès l’aube devient dès lors la seule porte de sortie de la nuit la seule porte de survie la seule porte de secours de la vie qu’on assassine chez nous pour un oui pour un non on part parce qu’on est prêt à endurer le pire pour trouver le meilleur on part parce qu’on est déjà mort noyé mille fois dans la Méditerranée de nos vie tristes prises au lasso nos vies lassées de la folie des rois qui tiennent en laisse nos destinées et ne nous laissent aucun droit à l’existence ne nous laissent aucun autre choix que de partir parce qu’on a le sentiment de waka en clandos depuis le préau depuis le landau même et nos fardeaux sont moins lourds quand ils prennent l’eau cours petit cours vers la pluie cours vers elle encore elle toujours elle la vie miracle qui sauve aussi la vie cri dense de cymbale du soleil qui tape sur la peau tape tape sur la peau la vie au ciel bleu écru la vie encore elle parfois belle la vie encore et toujours elle aux senteurs de jasmin et de lavande la vie aux odeurs d’étoile absinthe la vie qui nous enfante nous enchante nous déchante nous réenchante nous redéchante puis nous offre ailleurs de nous réenfanter encore toujours encore toujours encore et toujours dans la lumière infinie du jour que nous portons toutes et tous en nous et au-delà de nous...
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