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Citations de Léane Alestra (72)


Avec cette analyse de Stoker et Dracula, il ne s'agit pas de sous-entendre que les homophobes seraient en réalité des homosexuels refoulés. Ce serait là un raccourci particulièrement dangereux, revenant à faire de ces tiraillements des affaires individuelles alors qu'ils s'ancrent dans des défis sociaux, collectifs et politiques. Par ailleurs, cela impute la faute de la misogynie et de l'homophobie aux hommes homosexuels eux-mêmes, les rendant à la fois victimes et bourreaux. Ces discours homophobes font ainsi des homosexuels les principaux responsables des discriminations qu'ils vivent. Mon propos consiste à défendre l'exact inverse. J'affirme que les hommes sont homophobes pour s'assurer une place dans la hiérarchie sociale masculine.
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En d'autres termes, les personnes qui ne se conforment pas à l'amour romantique hétéro doivent être respectées parce qu'elles sont des êtres humains comme les autres et que les relations sentimentales et sexuelles qu'elles vivent sont légitimes, et non pas parce qu'elles seraient victimes de leur désir.
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J'aimerais qu'il en soit autrement, mais les faits sont là : nombre d'hommes tuent, violent, exploitent, humilient et se soutiennent entre eux. Pendant que je perds mon temps à clamer « pas tous les hommes », la misogynie, elle continue à broyer des femmes, sans pitié ni remords.
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Lorsqu'on fétichise, on projette sur l'autre ses propres fantasmes, tout en considérant qu'il est légitime que l'autre s'y soumettre. L'hypersexualisation des corps n'est rien d'autre qu'un processus de déshumanisation, de prise de plein pouvoir sur l'autre et, comme l'écrivait bell hooks, « là où il y a le pouvoir, l'amour s'évapore ».
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D'un côté, les hommes sont prompts à déclamer leur amour pour les femmes, considérées comme des muses, mais dans le même temps, elles ne semblent pas particulièrement les inspirer. Pour en avoir le cœur net, j'ai décidé d'aller à la rencontre d'une cinquantaine d'hommes cisgenres hétéros et de leur poser cette question : Et toi, qu'est-ce que tu aimes chez les femmes ?
La plupart du temps, ces derniers m'ont affirmé ne s'être jamais posé la question. Les femmes c'est comme ça, on fait avec, ça coule de source. Ils ont visiblement traversé des milliers de journées sans jamais se demander pourquoi ils sont attirés par certaines personnes et pas par d'autres... D'autres évoquent leur amour du corps des femmes, leur douceur supposée et parfois leur voix, ne sachant pas trop quoi ajouter.
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Pour beaucoup, interroger les structures sociales et remettre en question les dynamiques de domination qui se jouent dans le couple hétérosexuel est impensable. En effet, peu importe notre genre, se marier, fonder une famille et s'épanouir en couple hétéro nous est présenté comme l'unique voir pour accéder au bonheur.
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J'aimerais qu'il en soit autrement, mais les faits sont là : nombre d'hommes tuent, violent, exploitent, humilient et se soutiennent entre eux. Pendant que je perds du temps à clamer « pas tous les hommes », la misogynie, elle, continue à broyer des femmes, sans pitié ni remords.
Parce que je connais ma propension à me laisser distraire par mes bons sentiments et mon optimisme, j'ai adopté un comportement cartésien que notre société chérit tant : je me suis mise à compter. Je vous invite à le faire à votre tour. S'il fallait les énumérer, combien d'hommes autour de vous s'intéressent profondément aux femmes ? Combien le font sans jamais les rabaisser ni douter de leur parole ? Sans les interrompre, ni couvrir leur voix pour s'écouter parler ? Combien demeurent attentifs à elles, peu importe l'âge et l'apparence qu'elles ont ? Combien ne prêtent pas attention à leurs poils, leurs vergetures, bourrelets, peau d'orange et rides ? Combien d'hommes hétéro ont toujours respecté leur consentement, prennent autant leur plaisir en compte que celui des femmes ? Combien sont prêts à partager ou à prendre en charge la contraception, par exemple en passant le cap de la vasectomie ? Combien payent au moins la moitié de la contraception ? Combien ne les prennent pas pour leur psy ou leur conseillère, en étalant leurs désagréments et questionnements quotidiens sans rendre la pareille ? Combien ne font pas reposer l'organisation d'un weekend, d'un anniversaire ou de Noël sur les femmes de leur entourage ? Combien se préoccupent sincèrement de leur bien-être et de l'avancée de leurs droits et combien les écoutent, préoccupés, quand elles abordent ces sujets ? Demain, si dans votre groupe d'amis, un homme s'avère avoir eu des comportements violents envers une femme, combien d'entre eux se désolidariseront de lui et feront de la victime en priorité ? Si vous songez qu'ils sont nombreux, en êtes-vous sûr ?
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L'immense majorité du temps, on ne naît pas hétérosexuel : on le devient. Si l'on ne naît pas avec son orientation sexuelle, cela ne signifie pas pour autant qu'on la choisit. En effet, comment choisir librement dans une société qui accablé les individus d'impératifs et d'injonctions ? Il me semble plus juste d'avancer sur nos choix, nos désirs sont largement conditionnés, construits et modelés par la société. D'une certaine façon, nous sommes toutes et tous contraint•es à l'hétérosexualité par le manque de représentations, et de valorisation des personnes et des familles LGBT+, et les discriminations achèvent de nous indiquer la voie que nous sommes censé•es suivre.
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Ainsi, qu'il soit assigné fille ou garçon à la naissance, l'enfant désire avant tout la reconnaissance paternelle, puisqu'elle est foncièrement plus gratifiante en société patriarcale. La psychanalyse commet donc selon moi une erreur fondamentale: celle de plaquer un désir sur des enfants qui sont en réalité en quête de reconnaissance et construisent leur identité en fonction de ce qu'ils imaginent être attendu d'eux. (p.267)
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Pourtant les amitiés masculines sont en proie à une continuelle ambivalence. Tantôt glorifiées et servant à maintenir la suprématie virile (par la cooptation et l'entre-soi), elles tendent à devenir suspectes et dangereuses lorsqu'elles basculent dans une trop étroite intimité... [...] Aimer les hommes mais pas trop. Désirer les femmes, en les méprisant. Chercher la proximité de ses amis mais vivre en foyer avec une compagne. Ces contraditions incessantes ne laissent finalement que peu d'espace à l'épanouissement personnel. Finalement c'est solidarité virile, dissonance cognitive et camaraderie partout, et sincérité, vulnérabilité et profondeur nulle part.

Pp. 134-136
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On n'apprend pas aux hommes à aimer les femmes. On leur apprend à les posséder. Entendons-nous bien : je ne crois pas que les mecs soient par nature plus mauvais que les autres humains, mais je suis convaincue que leur comportement sexiste est le fruit d'une éducation genrée dispensée par la famille, l'école et l'ensemble de notre culture.
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Dans mon cas, l’objet d’étude de ce livre m’a permis de mieux comprendre
les rapports humains. Observer et étudier les masculinités depuis une
perspective queer m’a beaucoup appris sur le monde, sur les autres, mais
aussi sur moi. En miroir de ce que j’apprenais, cela m’a obligée à lâcher
prise et à me méfier de ce que je crois connaître de moi-même. J’ai compris
que la transparence de soi est un leurre. Ce fut salvateur de percevoir
combien nos relations humaines sont bien plus fluides, souples et troubles
qu’elles n’y paraissent. J’ai ainsi admis que je n’aurais jamais d’identité
bien délimitée, fixe et nette : je serai toujours surprise à moi-même, parce
que je suis plus vaste que je l’imagine. Par ricochets, cela m’a fait prendre
conscience du pouvoir que nous avons sur ce qui nous entoure. Comme
moi, ce qui m’entoure est une matière molle, en perpétuelle mutation et en
mouvement. Le garder en tête permet de ne pas se fermer à des possibles
qui ne correspondent pas aux scripts narratifs sur lesquels nous nous
sommes construits. Comme le rappelle la théologienne queer argentine
Marcella Althaus-Reid : c’est précisément car nous sommes changeant·es
que nous ne nous possédons jamais nous-mêmes et, par extension, que nous
ne possédons pas non plus les autres .
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Encore une fois, cette situation n’est pas le fruit du hasard : elle est le
résultat des choix politiques de nos ancêtres. Durant des siècles, le corps
des femmes fut la propriété de leurs maris et, à partir du XIX siècle, avec la
naissance de l’idée du mariage par amour, réserver son corps à son mari est
vu comme une preuve et un gage d’amour. Ainsi, le sexe ne doit être
consommé qu’au sein de la relation de couple et est considéré comme
l’aboutissement de cet amour. Or, comme nous l’avons vu, autrefois les
femmes ne pouvaient pas être indépendantes économiquement ; soit elles
restaient au foyer, soit elles reversaient leur salaire à leur mari ou leur père.
Ne pouvant disposer de biens et de leur argent, la promesse d’offrir à
l’homme une descendance légitime se présentait comme la seule monnaie
d’échange possible contre les richesses détenues par les hommes. Le sexe
était donc une ressource économique qu’on réservait à son conjoint en
échange de sa protection, du gîte et du couvert … C’est pourquoi les
femmes ne devaient pas se dévaluer sur le marché en négligeant leur
apparence ou en cumulant les partenaires avant le mariage. C’est aussi pour
cette raison que les femmes ayant plusieurs partenaires sexuels étaient
sévèrement jugées par les autres femmes, ces dernières les accusant de
réduire la valeur des femmes sur le marché en salissant l’image de la gent
féminine… L’enjeu pour les femmes était donc de prouver aux hommes
combien elles étaient respectables et intègres en espérant ainsi qu’ils
partagent mieux les ressources qu’ils détenaient. Si, depuis 1965, les
femmes ont enfin le droit d’avoir un compte bancaire et sont moins
dépendantes économiquement, les vieilles habitudes sociales ne se perdent
pas pour autant du jour au lendemain. Le slut shaming, soit le fait
d’humilier une femme en raison de sa vie sexuelle, perdure, et de
nombreuses jeunes filles en sont victimes, notamment au lycée. Or,
l’humiliation des femmes concernant leur tenue vestimentaire ou leur vie
sexuelle n’est ni plus ni moins qu’un violent rappel à toutes les femmes
(celles qui le subissent et celles qui en sont témoins) de ce qui est attendu
d’elles. En France, ce droit de surveillance des hommes sur les femmes est
toujours profondément ancré : par exemple, un quart des hommes déclarent
exercer un contrôle sur les tenues vestimentaires de leurs partenaires. (37)
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Au fond, c'est vrai, comment expliquer un tel désintérêt de la plupart des hommes pour l'amour romantique, alors même que ce sujet est largement discuté par de nombreuses femmes ? Pourquoi ne se sentent-ils pas ou si peu concernés, alors qu'ils sont également en couple hétérosexuel ? Et si on prolonge cette réflexion, comment expliquer que les hommes hétéros en couple, censés aimer leur conjointe, représentent le principal risque de violence pour elles ?
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J'ai envie de venger ma mère, ma grand-mère, sa mère et moi. J'ai envie qu'ils paient, et la note est longue. J'ai envie de tout cramer, de leur faire la misère à grands coups d'adverbes et de verre pilé. De tout mettre à terre, de tout mettre à plat et de tout repenser. J'ai envie de les nommer, j'ai envie de leur faire peur. J'ai envie qu'ils nous craignent à tout jamais. Qu'ils tremblent à l'idée de blesser, encore, l'une d'entre nous.
Chaque témoignage, chaque prise de parole que je lis ou que j'entends vient ranimer le bûcher que je couve, sans tendresse aucune, depuis des années. Des millions de victimes... parce que des millions de coupables sont en roue libre. Je n'en peux plus et je ne veux plus avoir à la supporter. Je veux leur rendre leur violence sale et perverse car c'est la leur, certainement pas la mienne. Chaque mot, chaque coup de poing ou de reins, je veux tout rendre.
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Sans vouloir contrarier celles et ceux qui croient toujours en une nature
profonde et immuable expliquant nos comportements sociaux : tout cela n’a
rien d’inné. La virilité, c’est un attribut que l’on obtient en fonction de son
obéissance aux attentes genrées. Tu es hétéro, bon point. Tu es musclé, bon
point. Tu lis, portes des lunettes et parles de tes sentiments ? Carton jaune.
Tu préfères la compagnie des femmes, tu te maquilles ou tu fais du patinage
artistique ? Carton rouge. L’hétérosexualité, tout comme l’école, est une
institution. C’est une institution dans le sens où il s’agit d’une structure
sociale dotée d’une certaine stabilité et durabilité dans le temps, et ayant
pour fonction de maintenir un état social. C’est un mode de régulation des
interactions sociales vouées à se reproduire et à se transmettre. Toute
institution sociale se présente comme un ensemble de croyances, de
normes, d’attitudes et de pratiques. Dans le cadre de l’institution
hétérosexuelle, les individus nommés les « hommes » et les « femmes » y
prennent part et reproduisent ses commandements tout en les élaborant. En
reproduisant ces comportements, ils et elles font perdurer l’institution. Or,
cette structure sociale est si ancienne qu’elle peut nous sembler immuable et
nécessaire. Elle régule nos interactions sociales, conditionne notre façon de
marcher, nos mimiques, nos goûts, notre manière de nous habiller et
d’interagir avec les autres. Elle repose sur un ensemble de croyances, de
dogmes, de normes, de pratiques et d’attitudes qui nous paraissent aller de
soi. Ainsi, l’hétérosexualité modèle le genre et ses expressions, les
personnes qui se conforment à ses règles sont valorisées et encouragées
socialement.
L’évaluation virile sert à classer les hommes entre eux et à récompenser
ceux qui obtempèrent docilement. Or, si l’on s’attarde sur ces critères, le
bon élève chez l’homme hétérosexuel, c’est qui, si ce n’est un homme de
paille ?
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Beaucoup de jeunes hommes apprécient des femmes qui se comportent « comme des hommes ». Mais il y a un mais ! C'est impératif est totalement paradoxal et ambivalent. S'il apprécient que leur compagne mange comme eux et ne fasse pas attention à sa ligne, cette dernière doit cependant rester mince. Elle peut aimer le foot, mais sans se montrer plus experte qu'eux. Il préféreront une jeune fille qui ne se « prend pas la tête », tant qu'elle demeure une oreille disponible et une personne serviable...
[Les hommes] souhaitent une femme qui leur rappelle leur bro, tant qu'ils continuent dans le même temps à bénéficier des privilèges qu'offre une relation hétéro, c'est-à-dire du travail domestique, émotionnel et des services sexuels gratuits. Une meuf qui ressemble à leur bro, oui, mais à condition que celle-ci reste féminine, s'occupe d'eux et ne soit pas menaçante.
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Cet imaginaire selon lequel une femme est en mesure de transformer le bad boy en homme idéal n'est pas sans conséquences. À l'âge adulte, de nombreuses femmes violentées par leur compagnon restent avec eux, convaincues que c'est leur mission de les changer - entre mille autre raisons, notamment matérielles. On n'apprend pas aux femmes à s'aimer, on leur enseigne qu'elles trouveront leur salut en s'occupant des autres, en les rendant meilleurs, en adoucissant la bête.
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J'affirme que les hommes sont homophobes pour s'assurer une place dans la hiérarchie sociale masculine. L'homophobie traduit une peur du déclassement et un rejet de l'autre, il s'agit de maintenir sous l'eau la tête d'une partie de la population pour mieux se mettre en avant.

P. 208
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Pour moi, comme pour beaucoup d'autres, le féminisme n'a pas été la découverte d'un hobby. Ça a été le craquement d'une allumette qui est venue éclairer la noirceur de ce qui m'entourait.
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