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Citations de John Edgar Wideman (63)


Quoi qu'il arrive, résiste au désarroi...

(p. 34)
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Damballah Wedo est le père immémorial et vénérable ; absolument immémorial et vénérable, comme datant d’un monde antérieur aux problèmes ; et ses enfants entendaient qu’il reste ainsi ; image de l’innocence paternelle, bienveillante, le noble père à qui l’on ne demande rien d’autre que sa bénédiction. Il n’existe quasiment aucune forme précise de communication avec lui, comme si sa sagesse revêtait une telle ampleur cosmique et relevait d’une telle innocence qu’elle ne pouvait percevoir les petits soucis de sa progéniture humaine ni se traduire en un langage humain d’une précision trop mesquine.

(p. 11, extrait de « Chevaux divins : Les dieux vaudou d’Haïti » de Maya Deren)
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Rien ne ressemble plus à la vérité que la vérité, quoique en vérité, la vérité elle-même ne ressemble pas à la vérité. Alors on crée de la fiction.
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Pourtant, quelque chose m'agitait qui ressemblait à de la jalousie. Pire que de la jalousie. L'insatiabilité antédiluvienne de l'ego qui proteste. Pourquoi n'ai-je jamais été capable de reconnaître talent, succès ou aptitude chez un autre, sans avoir l'impression d'en être moi-même diminué ou que mes propres défauts s'en trouvaient grossis ? Quel composé d'avidité, d'insécurité et de colère m'a toujours forcé à comparer, à concourir ?
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C'est déjà assez moche en soi d'être né aux environs de Noël. D'avoir son anniversaire noyé dans l'orgie de cadeaux des fêtes. Peu importe combien on en reçoit le 29, ça ne peut être qu'une goutte d'eau après le flot du 25. De plus, cela fait trop d'émotions en trop peu de temps. Les parents et la famille sont épuisés, fauchés, ils ont encore mal au coeur après la surexcitation de Noël... décidément, y'a pas grand-chose à faire quand son anniversaire suit de près celui de Jésus ! C'est un peu comme ne pas avoir d'anniversaire du tout. Même pis, c'est comme si on le partageait avec ses frères et soeurs, au lieu de jouir de la petite oasis de son jour à soi.
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Quand t'es en prison, t'as beaucoup de temps pour réfléchir, c'est sûr, ça. Trop de temps. J'ai visionné plusieurs fois toute ma vie. Chaque moment. Chaque petite chose, encore et encore. Je m'allonge sur mon lit et je la regarde se dérouler. Comme un film. Je la découpe en petits morceaux, ensuite je casse encore les morceaux et en prends un bout et je le tripote, ainsi je me souviens de chaque parole qu'on m'a adressée ou que j'ai prononcée, et je pèse les mots jusqu'à ce que j'aie le sentiment de comprendre ce que tous et chacun d'entre eux signifient. Ensuite, j'essaye de tout remettre ensemble. J'essaye de piger d'où je viens. Pourquoi j'ai fait ce que j'ai fait. T'as le temps pour tout ça, ici. Du temps, c'est même tout c'que t'as.
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Je peux me fondre dans mon entourage, devenir invisible. Un sombre rideau tombe entre les autres et moi, entre la part de moi qui juge, qui pèse, qui est responsable de mes actes, et celle qui agit. Ainsi, comme toujours, je suis capable d'une totale irresponsabilité. Être responsable, mais envers qui ? Il n'y a personne, il n'y a rien vers quoi se tourner.
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Après tout, la seule et unique raison de regarder les nouvelles, c'est de vérifier la seule vérité qui compte : moi je survis. Inondations, attentat à la voiture piégée, sècheresse, sida, accident de chemin de fer, cancer, la mort sous toutes ses formes menaçantes et spectaculairement répétables, j'ai échappé à tout ça.
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C'était un appartement H.L.M typique. Du genre que tout le monde connaît, qu'on a tous au moins visité une fois. Petit, délabré, sans style. Invivable. Quoiqu'on y fît, aussi propre qu'on le tint, qu'on y mît les meubles qu'on voulait, les murs et les plafonds n'étaient pas censés abriter le foyer de qui que ce soit. Un endroit de passage. Pas un endroit à soi, parce que ceux qui étaient là avant avaient laissé des traces indélébiles, parce qu'on ne peut pas s'empêcher d'ajouter ses propres meurtrissures et ses coups pour les locataires suivants.
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Les histoires sont des lettres. Des lettres envoyées à n'importe qui,à tout le monde. Mais les plus belles sont faites pour être lues par quelqu'un en particulier. Celles-là, quand on les lit, on sait qu'on écoute aux portes. On sait qu'une vraie personne quelque part lira ces mêmes mots qu'on est en train de lire, et c'est elle seule que l'histoire regarde : nous, on n'est qu'un fantôme qui tend l'oreille.
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T'es assis là comme un chef indien enveloppé de ma couverture à moi,à ma table,dans ma maison,et,vieille comme je suis,je me décarcasse,moi,pour mettre en route mon fourneau et préparer de mon café pour que monsieur puisse avoir quelque chose de chaud dans le ventre,et tu as le culot de me sortir tes vannes comme le petit ingrat de malotru que tu es!
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John Edgar Wideman
C'est le genre de gamin qui oublie des tas de choses mais qui se souvient de tout. Il a le don de la sensibilité. Les choses ne le touchent pas, elles se gravent en lui.Parfois même ça se voit. Et ça fait mal. Il sait déjà qu'il souffrira de tout ce qu'il sait. C'est peut-être pour cela qu'il oublie tant.
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On pourrait résumer comme suit : vieux, c'est un remake de jeune : sentiment d'ignorance, d'inadéquation, d'être sur la touche. On refait l'expérience de terreurs enfantines qu'on a cherché à vaincre pendant toute une vie. Douloureux désir de plaire, incapacité de comprendre pourquoi personne ne semble intéressé par ce qu'on a à proposer.
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Basquiat avait une encyclopédie illustrée des signes et symboles dans laquelle figuraient les signes que les vagabonds inscrivaient à la craie ou gravaient sur les murs des petites villes pour informer les autres vagabonds. Basquiat dessinait souvent dans ses tableaux celui qui signifiait "rien à gagner ici", ou celui qui disait "ici on risque de se faire tabasser".
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C'est pas ça la raison que les généraux laissent les soldats dévaster une ville qu'ils ont capturée. La raison c'est qu'un mec de rien avec un job de rien et une vie de merde rapporte à la maison la merde que les gens lui flanquent dessus toute la journée et qu'à cause de ça il bat sa femme et ses gamins. Le roitelet. P'tit tyran enculé de sa mère chez lui pour pouvoir retourner à son boulot le lendemain avec l'impression qu'il est quelqu'un.
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Je vais jouer sur leur terrain, avec leur balle et leurs règles qui sont toutes partiales, arbitraires, cruelles et corrompues.
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Pour atteindre l'autre monde, l'au-delà, il faut changer deux fois de bus. [...] Parce que la prison se situe bel et bien dans un autre monde. Ce qu'elle n'a pas compris au début. Elle arrivait là-bas avec sa conception normale des relations humaines, son sens du bien et du mal, et de l'équité. Mais rien de tout cela ne cadrait. La prison bafoue ses convictions. Aller voir son fils, c'est moins couvrir une certaine distance qu'apprendre à découvrir la nature du terrain hostile qui sépare son fils d'elle, apprendre qu'il sera toujours infiniment proche, infiniment lointain.
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La peau d' un autre n' était-elle pas un havre, un lieu où résoudre ses angoisses, où affronter des peurs insurmontables par d' autres voies ?
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[...] history tells as many lies as truths.
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Je haïssais en moi la suppliante. Et la coupable. Et la souffrante. Mes fils morts ce fut comme si je ne m’aimais plus du tout. Si je continuais à tout voir en noir je me dégoûterais tellement de moi-même que j’en crèverais. Il fallait absolument que je m’accorde le bénéfice du doute. Je me suis relevée. J’ai arrêté de me demander pourquoi. Il ne pouvait pas y avoir de pourquoi. En tout cas aucun que je comprenne. Et même si je pouvais savoir, à quoi bon. Ca ne me ramènerait pas mes fils. Je me suis dit : Sors-toi donc de ce lit. Prépare-toi un hot-dog peigne ta tignasse lis ta Bible nettoie l’évier ou astique-toi le bouton. Profite de ce qui reste. Prends-le. Et estime-toi heureuse qu’il en reste encore. Apprécie. Et, oui, j’avais bel et bien envie de vivre ; même si le monde s’écroulait autour de moi.
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