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Critiques de Jacques Semelin (25)
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La survie des Juifs en France

Passionnante cette enquête de Jacques Semelin, - chercheur au CNRS, Historien – reconnu internationalement pour ses travaux sur les génocides et sur les violences de masse. Ses investigations représentent plusieurs années de recherche. L’auteur s’est immergé dans le sujet afin de mettre en évidence les différentes pistes qui ont permis la survie de 75 % de juifs en France malgré la politique antisémite de Vichy et celle génocidaire de l’Allemagne nazie. Ce chiffre important n’a jamais été traité par les historiens. Encouragé par Madame Veil, sans pour autant oublié Auschwitz, il était temps de se pencher sur les raisons de cette exception française.



A titre de comparaison, des écarts considérables existent entre la Pologne où la plupart des Juifs ont été éliminés et la Bulgarie où ils ont survécu du moins au sein du « vieux royaume », entre la Norvège (50 % des juifs tués) et le Danemark (5%), les Pays-Bas (75 %) et la Belgique (45 %).



Jacques Semelin nous dit « Cette résistance de sauvetage des persécutés eux-mêmes à laquelle se joignent des organisations surtout chrétiennes, a probablement permis de sauver en France une dizaine de milliers de personnes, principalement des enfants. Si admirable fut-elle, elle ne peut expliquer la survie de plus de 200 000 personnes. L’action des Justes, importante d’un point de vue mémoriel (ils sont environ 4000 en France en 2017) ne le peut davantage. Il faut explorer d’autres pistes. »



Ce qui rend vivante cette enquête, ce sont les témoignages d’individus ou de familles de français juifs ou étrangers qui au travers du récit de leur trajectoire de l’avant guerre aux années d’Occupation, démontre les stratagèmes qu’ils ont du inventer pour survivre que ce soit avec l’aide de la population non juive comme des petits gestes altruistes, comme de l’utilisation du silence afin de garantir la survie des persécutés. Jacques Semelin s’appuie aussi sur des lettres, des journaux intimes, des photographies pour étayer ses propos.



Il n’est nullement question de nier la délation, l’antisémitisme, mais il est intéressant de comprendre comment une population, au début plutôt indifférente à ce qui se passe autour d’elle, plonge dans la philanthropie parfois par intérêt mais majoritairement par humanité même si aider les juifs peut devenir une façon de s’opposer à l’ennemi..



Il est indispensable de tenir compte du choc qu’a représenté, au début, pour une grande partie des français, l’Occupation. Le 3 octobre 1940, Vichy promulgue un antisémitisme d’état avec le statut de personnes juives. L’état d’esprit de la société bascule avec l’insoutenable Rafle du Vel d’Hiv ! La violence physique entre dans le quotidien et se fait de plus en plus prégnante à l’égard de femmes et d’enfants, les prises de conscience se multiplient, soulevant ainsi l’indignation de la population. Je soulignerai le sermon de Monseigneur Jules Saliège, archevêque de Toulouse, qui dénonce ouvertement, le 23 août 1942, la persécution des Juifs. Son appel sera largement diffusé et entendu par la population.



Cette enquête vient apporter une contradiction au livre de Michael Marrus et Robert Paxton qui reste le livre de référence mais qui ne tient pas compte de ces 75 % de juifs survivants bien que depuis, une nouvelle édition ait ajouté une quarantaine de lignes sur ce sujet.



Pour ceux qui sont intéressés par ce sujet comme je le suis, cette enquête reprend le parcours de la société française depuis 39, la France vaincue est divisée par deux! Le gouvernement s’expatrie à Vichy tandis que le nord est sous l’Occupation allemande. Nous retrouvons ce que nous connaissons tous, en plus approfondi évidemment.



Ce qui m’a particulièrement intéressée ce sont les chapitres consacrés à la survie des personnes persécutées, la façon dont elles mettaient en place leur pratique de survie grâce à leur seul instinct ou grâce à l’aide des non juifs. La zone libre, les campagnes, les coins les plus reculés représentaient un abri possible alors que la zone nord représentait l’antre du démon. Captivant les chapitres consacrés aux Justes, les mains tendues des agriculteurs, les enseignants, les concierges, les prêtres ou les pasteurs, sans oublier les filières, en un mot tous ces anonymes qui, du simple petit geste a un investissement plus conséquent, ont participé à la survie des juifs. Il est évident que les Juifs français, assimilés depuis très longtemps, ont pu plus facilement bénéficier de ce tissu social avec lequel, ils avaient fusionné, ce fut plus compliqué pour les juifs étrangers qui parlaient à peine le français voire pas du tout. D’après les témoignages, le port de l’étoile jaune, rendue obligatoire dans la zone nord en 1942, a suscité, majoritairement, de la compassion.



En un mot, c’est une enquête très documentée, méthodique, précise, très fluide, qui permet de mettre en évidence cette survie des juifs en France multifactorielle et aussi de revoir certaines idées toutes faites sur la France sous l’Occupation. Serge Klarsfeld en a écrit la préface.



Je remercie « Fleurdubien » pour son excellent billet qui m’a donné envie de lire ce livre particulièrement enrichissant, accessible à tous, remarquable par sa qualité quant à la recherche de la vérité.





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La non-violence expliquée à mes filles

A mon avis, ceci est un livre que tout le monde devrait lire, les adultes comme les enfants.

Très concret, il fourmille d'exemples d'actions non-violentes, même si certaines sont quelque peu consensuelles.

Il présente la voie du pacifisme, à suivre aussi bien dans la société que dans la vie courante, individuellement que collectivement.

Et l'auteur ne fait pas l'impasse sur le fait que l'expression d'une colère et la libération de la parole sont parfois nécessaires.
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Face au totalitarisme. La résistance civile

Ce « mémoire d’Habilitation » constitue un dense résumé des quinze années de recherche de Jacques Semelin, professeur à Sciences-Po (Paris) et directeur de recherche au CNRS, sur la résistance civile au sein des systèmes totalitaires de l’Europe nazie et de l’Europe soviétisée.

(...)

Jacques Semelin dégage, en conclusion, des pistes de réflexion pour ses travaux à venir. Cette brève synthèse de ses recherches ouvre vers ses autres ouvrages pour approfondir, au besoin, certaines questions.



Compte-rendu de lecture complet sur le blog :
Lien : https://bibliothequefahrenhe..
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Une énigme française : Pourquoi les trois-quart..

Par où commencer....

Ce livre est une réponse à la question de Simone Veil qui s'interrogeait sur le fait que seulement

25% des Juifs en France ont été déportés, et 75% sauvés.

Jacques Semelin, un des grands historiens de la Shoah, répond à cette grande dame par ce livre, véritable hommage aux Justes et aux français tout court, mais également, on le verra par la suite, aux organisations chrétiennes.

Mais je veux pas déflorer ce livre trop tôt.

Pour Serge Klarsfeld, je cite, "Si Vichy a moins livré de Juifs français (25 000 quand même), ce gouvernement ne les a pas pour autant défendus, favorisant la déportation par les nazis".

Pour lui, Vichy s'est rendu complice.

Attention terrain miné....

Mais revenons au début de l'ouvrage.

J'ai trouvé le début un peu brouillon, un peu fourre-tout. Il nous apprend qu'il a fait beaucoup de conférences, et il s'est aperçu, en parlant des Juifs non déportés, que ses livres et ses réunions ont fait l'objet d'une "catharsis", c'est à dire un soulagement voire une joie pour ces enfants ou petits enfants des Juifs non déportés.

Semelin nous fait part très intelligemment d'ailleurs, de ses doutes, de ses réflexions, de la difficulté pour lui, de répondre à Simone Veil.

Pourquoi les trois quarts des Juifs en France n'ont pas été déportés ?

Tout d'abord, l'exode, déracinement brutal, exode pathétique, immense dérive collective. La France est militairement occupée par une puissance étrangère.

Les Juifs français ont davantage survécu que les Juifs étrangers.

Il existe un réseau d'entraide incroyable, de solidarité et de compassion dans la France entière. Les Justes bien sûr, mais pas que. Les Juifs également, avec des réseaux d'entraide. D'ailleus Semelin parle de résistance face à Vichy.

Ah Vichy.... Semelin n'est pas d'accord avec Paxton, grand historien américain, mais sans les idées de Semelin ; son idée première, et qui n'évoluera pas, c'est que Vichy est responsable de la déportation mais également, du sauvetage des Juifs. Pour Paxton, c'est l'action ou la non-action de Vichy qui a sauvé beaucoup ce Juifs, alors que Semelin oppose des facteurs multiples, beaucoup plus fins et acceptables. Non, Vichy n'est pas responsable du sauvetage des Juifs.

On assiste d'ailleurs à une "bataille" idéologique entre ces deux historiens de la Shoah.

Pour Semelin, et pour Serge Klarsfeld, ce sont les français qui ont secouru les Juifs, grâce à des petites gens, mais également par des organisations chrétiennes ; catholiques, protestants et même orthodoxes ont aidé les israélites.

Il y a eu une entente évidente franco-allemande, notamment lors de la rafle du Vel d'hiv' (juillet 1942). Pour Klarsfeld, qui parle de crime, Vichy est coupable : on a donné les forces nécessaires pour faire arrêter les Juifs.

Donc que ce soit bien clair, Vichy a mené une politique d'extermination des Juifs, pour preuve, le document d'octobre 1940 de Pétain, qui sans vergogne, rature et corrige le document pour rendre les conditions de vie des Juifs encore plus difficiles. Il n'y était pas obligé...

L'auteur nous propose trois écrans face à cette moindre masse de déportés : le maintien d'un état, l'opinion publique et la résistance des Juifs.

Parmi ces français, on n'oubliera pas l'ange gardien, l'hôte, les nourriciers, les faussaires et les passeurs. Et n'oublions pas qu'ils risquaient leur vie à tout moment. Ils ont caché des enfants, beaucoup d'enfants, surtout à la campagne.

Les grands prélats français ont aussi participé à cette entraide, au nom du devoir chrétien. C'est Jules Saliège, haut prélat catholique qui parle de "diocèse refuge".

Très intéressant, Semelin est face à Christine Albanel, qui a écrit le discours de Jacques Chirac en juillet 1995. Et également face à Badinter. Il se retrouve même, en fin d'ouvrage, dans le bureau de Serge Klarsfeld. Ce sont des moments forts du livre.

C'est le peuple de France qui a sauvé les deux tiers des Juifs en France. Et pas la collaboration du régime de Vichy. Non, Pétain n'a pas sauvé de Juifs, en collaborant avec les nazis. N'est-ce pas Mr Zemmour ?....

Alors oui, c'est un peu brouillon, il y a quelques redites, mais c'est un ouvrage remarquable.

Oui, cette période fut un cauchemar, mais j'ai entrevu une petite lueur au fond de ce tunnel froid et sombre de la collaboration, c'est cette entraide miraculeuse que des français, Juste ou pas, qui, par un geste, une parole, un refuge ont offert aux Juifs persécutés de garder la vie sauve.

Qu'ils en soient tous remerciés pour l'Éternité.



PS : il y a un chapitre qui parle de Zemmour. Savoureux.



Si cela vous intéresse, je vous guide vers les ouvrages de Jacques Semelin bien sûr, mais également de Serge Klarsfeld, de Laurent Joly et pourquoi pas de Paxton pour avoir une vue d'ensemble.

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Une énigme française : Pourquoi les trois-quart..

Chose rare et étonnante : le titre de ce livre est totalement trompeur. Celui qui est fasciné (comme je le suis) par ce qui représente en effet une énigme, n’y trouve pas son compte. La question commence à être vraiment abordée à partir de la page 91 (sur 204, si on exclut l’appareil de notes) et, dès la page 123, on retourne à ce qui est l’objet réel de l’ouvrage : la description des raisons qui ont conduit l’auteur à orienter ses recherches vers ce sujet (toute la première partie), et (à partir de la page 123) la réception et les débats (passionnants) auxquels a donné lieu la parution de son livre précédent, qui, lui, est bien centré (apparemment, je ne l’ai pas lu) sur le résultat des travaux menés sur cette question.

Quelle déception, par exemple, de ne voir (au milieu de développements sur la réception très hétérogène du précédent livre dans le milieu des historiens) traité qu’en quelques paragraphes la très intéressante hypothèse des "trois écrans" : le maintien d’un appareil d’État, l’opinion, et la résistance des victimes.

Le livre précédent a pour titre "la survie des juifs de France", et c’est lui, sans doute que la critique aurait du conduire une personne intéressée, comme moi, par ce mystère, à éprouver le besoin de lire.

C’est à se demander si l’auteur (pourtant une belle plume, et que je suis régulièrement) de l’article paru dans la presse quotidienne nationale et qui m’a convaincu d’acquérir l’ouvrage, l’a vraiment parcouru. Car on n’y perçoit pas du tout ce glissement par rapport au sujet annoncé par le titre.

Cela ne veut pas dire que la lecture d’"une énigme française" est dépourvue d’intérêt. Tout au contraire : la démarche d’un chercheur qui force l’admiration par sa volonté tenace à poursuivre ses travaux malgré une cécité qui progresse de manière inéluctable, comme ensuite les débats, parfois houleux, avec des historiens comme Paxton, qu’entraîne la parution des résultats de ses recherches, sont passionnantes à suivre.

Mais pourquoi avoir caché ce que cet ouvrage est réellement sous un titre qui ne reflète que très partiellement son contenu ? Est-ce qu’un titre plus sincère qui aurait bien fait apparaître qu’il porte sur un débat d’historiens (et il est vrai que je peine à en imaginer un qui à la fois reflète de manière juste le contenu, et soit suffisamment bref ) n’aurait pas, aux yeux de l’éditeur, suffisamment attiré le lectorat ?

Ou bien est-ce qu’il s’agit au fond, d’un livre qui vise, au moment précis où nous vivons une campagne électorale étonnante, d’allumer, sur un point sensible, un contre-feu à des déclarations d’un candidat dont on voudrait disqualifier le discours ? Si c’est le cas (et les thèses d’Éric Zemmour sont explicitement citées et longuement combattues), les développements du livres, sur le plan de la pure analyse historique, ratent leur cible, car le nombre de passages où, cette fois sans citer le candidat, l’on trouve de multiples affirmations très semblables aux siennes est considérable. Le rôle attribué au premier des " trois écrans", (le maintien d’un appareil d’État) n’en est pas très éloigné.

Et, alors que l’auteur s’efforce de provoquer des débats publics (passionnants) ou des rencontres (très riches), avec ceux qui, comme Paxton, ou comme Madame Albanel, rédactrice du célèbre discours du Président Chirac à l’occasion de la commémoration de la rafle du vel d’hiv, voire même Serge Klarsfeld, n’épousent pas ses thèses, il s’explique, en quelques lignes peu convaincantes, sur son refus d’en faire de même avec ce candidat dont, apparemment, il suffirait d’écouter la voix pour se rendre compte que tout débat avec lui est impossible.

Alors, livre politique ou d’historien ?

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La survie des Juifs en France

" L'ouvrage de Jacques Semmelin appartient à cette catégorie de livres qui deviennent immédiatement des usuels et qui semblent avoir toujours été présents tant ils sont utiles et utilisés. (...) Ce livre que j'aurais tant voulu écrire, c'est Jacques Semmelin qui l'a écrit et c'est une remarquable réussite." Serge Klarsfeld.



Oui. Un livre admirable, remarquable et d'utilité publique.

La question est posée d'emblée : comment se fait-il que 75 % des juifs soient encore en vie à la fin de la guerre, soit 80 000 déportés, soit 220 000 juifs sauvés des camps de la mort ? Cette question fait la matière de ce livre comme le dit si bien Monsieur Semmelin. Quid des enfants ? 11 385 furent déportés sans retour, sur 70 000 enfants juifs, soit 58 615 sauvés.

Alors qu'en est-il de cet antisémitisme forcené dont la France est souillée, cette thèse mensongère, colportée par Marrus et Paxton dans leur célèbre "La France de Vichy". Cette thèse d'un antisémitisme virulent en France n'est plus à jour.

Car comment expliquer alors ce nombre non négligeable de juifs sauvés ?

Déjà, par la situation géographique des deux France, celle occupée et celle libre. Beaucoup de juifs sont passés en zone libre au début de la guerre. C'est ce qu'appelle l'auteur "la dispersion". On atteint La Suisse ou l'Espagne, on se cache à la campagne en zone libre.

Et puis il faut se "débrouiller" pour survivre ; ruser avec les lois, continuer à exercer son métier.

Et se fondre dans la population, difficile à cause de l'étoile jaune, se cacher, s'évader, mettre ses enfants à l'abri, véritable crève-coeur, mais si salvateur. Ne pas oublier bien sûr les organisations diverses et variées qui ont aidé les juifs, soit par de l'argent, soit par un réseau de familles accueillantes.

Et puis, ma partie préférée, celle des "aidants", du facteur qui intercepte un courrier de dénonciation, un petit geste d'un "ange gardien", des faussaires pour les papiers, une concierge qui prévient les juifs d'une arrestation imminente. Tiens, parlons-en de la dénonciation. Oui, il y eu bien des lettres de dénonciation, mais infiniment moins qu'on a bien voulu le faire croire. Jalousie, vengeance, envie d'un poste occupé par un juif, toutes ses bassesses ont fait le lit de ces lettres abjectes.

Un chapitre magnifique sur les Justes, ces héros du quotidien, qui ont pris les enfants sans contrepartie, qui ont caché des familles entières, qui ont fait passer la frontière vers la liberté.

Tout cela s'explique par le fait que les français étaient en majorité contre la politique de collaboration de Vichy, surtout à partir des mesures génocidaires, mais aussi et surtout quand les enfants furent raflés en masse et déportés dans des wagons à bestiaux jusqu'aux chambres à gaz. Ces enfants déportés ont beaucoup choqué la population.

J'ai été quelque peu soulagée et même heureuse, d'apprendre que les français étaient en majorité des hommes et des femmes qui ont aidé les juifs, qui abhorraient le régime en place. Ce livre remarquable remet les pendules à l'heure, et c'est tant mieux.

Je comptais finir ma trilogie du moment (L'état contre les juifs, La grande rafle du Vel'd'Hiv et celui-ci), mais c'était sans compter cette envie quasi viscérale d'en savoir et d'en apprendre encore davantage sur cette époque si tourmentée. Je vais donc m'intéresser à présent au camp de Drancy avec À l'intérieur du camp de Drancy encore un ouvrage de référence.

J'ai adoré cette lecture, aisée, simple, accessible à tous.

J'ai adoré les remises en question de l'auteur quand à l'antisémitisme français pendant la seconde guerre mondiale.

J'ai adoré la préface de Monsieur Serge Klarsfeld, un très grand monsieur.

J'ai adoré tous les exemples concrets que Jacques Semmelin nous offre, exemples de vies sauvées, récupérées, aidées, miraculées.

J'ai adoré apprendre ce nouveau mot que je ne connaissais pas : le philosémitisme, contraire de l'antisémitisme.

Un livre fort, qui se lit comme un roman.

C'est bien cela le talent : rendre accessible à tous cette période si tourmentée, si terrible, si ambiguë.

Un grand travail de chercheur, une somme incroyable de faits.

Sans hésiter, pour tous ceux qui veulent en savoir plus sur cette Shoah qui, en France, aurait pu prendre infiniment plus d'ampleur sans tous ceux qui, du plus petit au plus grand, ont sauvé les juifs de France.

Qu'ils en soient remerciés pour l'éternité.



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Une énigme française : Pourquoi les trois-quart..

Il faut commencer par parler de l'histoire de ce livre.



L'auteur est un historien spécialisé dans les Génocides. Lors d'un entretien avec Simone Veil, en 2008, celle-ci lui suggère de travailler non pas sur les Juifs déportés, les victimes, mais sur ceux qui ont survécu et n'ont pas été déportés. La situation inverse.



De sa recherche sont sortis trois livres :



1. 2013 - Persécutions et entraides dans la France occupée - Comment 75 % des Juifs en France ont échappé à la mort - Les Arènes - Seuil - 896 pages



2. 2018 - La survie des Juifs en France (1940-1944) - CNRS - 482 pages



3. 2022 - Une énigme française: Pourquoi les trois-quarts des Juifs en France n'ont pas été déportés - Albin Michel - 224 pages



Le deuxième livre (2018) est une version abrégée et actualisée du premier. le troisième est plutôt un résumé sous la forme d'un "ego-histoire". C'est-à-dire, l'histoire de cette recherche, comment il s'est pris, ses moyens, les sources, .... L'ensemble rédigé dans la première personne - "je", d'où le mot "ego".



L'auteur explique ses moyens de travail assez particuliers à cause de sa complète cécité. Il compte avec l'aide d'assistants, de bénévoles ou des étudiants qui lui lisent ou enregistrent (audio) le contenu le livres ou de sources écrites. En même temps, il enregistre ses entretiens.



En introduction on trouve la transcription de sa rencontre entre l'auteur et Simone Veil, présente sa démarche de recherche, ses entretiens avec des témoins et des collègues, les voyages et les conférences.



Tout ceci est intéressant et montre comment s'est passé cette recherche historique mais... d'une part, ça laisse le sentiment d'un écrit quelque peu égocentrique (trop à mon goût) et, d'autre part, ça prend de la place sur le vrai contenu historique qui devient, finalement, assez réduit.



La partie décrivant le bureau de Serge Klarsfeld ne m'a semblé utile dans ce livre. Aussi les transcriptions détaillées des entretiens avec Serge Klarsfeld, Christine Albanel et Robert Badinter pourraient être concentrées dans un seul chapitre, et encore. C'est un peu un étalage inutile des contacts de l'auteur. Par contre, la partie de sa confrontation avec Robert Paxton où il parle du malaise de ce dernier, m'a paru complètement déplacée, une sorte d'humiliation, rabaissement, de l'autre. Et, finalement, le "Yes" timide de Paxton qu'il dit à la fin, ne me donne pas l'impression qu'il s'est plié aux avis de Jacques Semelin.



Si on s'intéresse plutôt au contenu historique de cette recherche, il est préférable de lire le deuxième livre : "La survie des Juifs en France (1940-1944)".



Finalement, le titre de ce livre me semble inadéquat puisqu'il donne l'impression que ce sont trois contenus différents, alors que ce n'est pas le cas. le titre de celui ci, à mon humble avis, aurait pu indiquer qu'il s'agit plutôt des coulisses des deux premiers livres.



Pour terminer, je constate qu'il y a une controverse entre Jacques Semelin et Robert Paxton. Au contraire de ce dernier, Jacques Semelin estime que l'antisémitisme français, à l'époque, n'était pas aussi fort que celui décrit par Paxton. N'étant pas historien, je retiens juste qu'il y a un désaccord et je lirai le livre de Robert Paxton : "Vichy et les Juifs".




Lien : http://lecture.jose-marcio.o..
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Sans armes face à Hitler. La résistance civile ..

Voilà un livre très intéressant. En effet il traite d'un aspect méconnu de la résistance en Europe durant la seconde guerre mondiale: la résistance civile et non violente. Personnellement, je l'ai trouvé instructif avec sa description des différents modes d'actions non violent ainsi que des divers acteurs dans les pays d'Europe . J'ai appris le refus de la Finlande de déporter la communauté juive finlandaise. Il y aussi l'exemple méconnu de la Bulgarie avec l'opposition des couches de la société bulgare à la déportation de la communauté juive bulgare. J'apprécie aussi à la fin du livre, sa bibliographie détaillée et précise notamment sur la résistance.
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La survie des Juifs en France

Face aux récits dramatiques des déportations ceux qui avaient eu « la chance » d’y échapper ont préféré se taire par respect ou par «honte » et surtout pour le désir d’oublier . De ce fait de nombreux témoignages ont disparu et c’est bien dommage. On peine à imaginer ces familles qui du jour au lendemain sont parties de Paris, avec de très jeunes enfants dans les bras, avec des aînés qui pour certains ne parlaient pas un mot de français traversant la France en tous sens afin de survivre et d’éviter au quotidien les arrestations . Je pense que chaque parcours, s’il n’est pas trop tard, mériterait l’écriture d’un livre . Celui de Jacques Semelin a le grand mérite de mettre en lumière tous les facteurs qui ont permis à de nombreuses familles d’éviter le pire .
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Une énigme française : Pourquoi les trois-quart..

« Le régime mémoriel de notre pays a institué une vérité historique qui rend impossible une parole partagée sur la survie des Juifs » écrit Jacques Semelin. De fait, la parole officielle – à commencer par le discours maladroit de Jacques Chirac en 1995 – évoque un passé porteur de honte. Or il existe un passé occulté qui s’oppose à cette honte : celui de la survie des Juifs non déportés. Les chiffres ne mentent pas : les trois quarts des Juifs en France n’ont pas été déportés. 90% des Français israélites n’ont pas été déportés.

Les nombres cités par Serge Klarsfeld font référence : il y avait en France 320 000 Juifs en 1940. 80 000 ont été tués dans les camps d’extermination et d’internement. Un nombre indéterminé a pu quitter la France pour la Suisse ou l’Espagne. Une estimation prudente mentionne 200 000 Juifs toujours en vie sur le territoire métropolitaine fin 1944, malgré les nazis, l’Occupation, Vichy ; malgré les dénonciations faussement estimées comme innombrables ; malgré l’antisémitisme parfois présenté comme généralisé.

Pour expliquer ces nombres, on évoque généralement le rôle de ces Français, reconnus comme « Justes parmi les nations » par l’état d’Israël. L’Institut Yad Vashem de Jerusalem en dénombre 3 800. Leur action admirable ne suffit pas, à elle seule, à expliquer la survie de 200 000 personnes. Alors ?

Semelin distingue trois « écrans protecteurs » contre le projet exterminateur des nazis :

1/ le maintien d’un État, bien qu’il soit antisémite et xénophobe et qu’il ait livré des milliers de Juifs à l’occupant

2/ l’opinion qui désapprouve l’arrestation de compatriotes parfaitement assimilés

3/ la résistance des victimes.

À ces trois écrans s’ajoute le fait qu’à partir de 1943, les armées allemandes essuient revers sur revers.

Semelin a recueilli de nombreux témoignages de Juifs qui, enfants, ont été hébergés dans des familles chrétiennes, souvent à la campagne. Certains sont même restés à Paris pendant toute l’occupation. Il met en avant le rôle de l’Église protestante qui est connu. Il relève également l’action de nombreux représentants de l’Église catholique, ce qui l’est moins : faux actes de baptêmes, passages de frontières, accueil d’enfants… Il cite les actions de Mgr Rémond, l’évêque de Nice, de Mgr Saliège, l’archevêque de Toulouse, de l’évêque de Montauban Mgr Théas ainsi celle du cardinal Gerlier, primat des Gaules. Il met surtout en avant la résistance civile, active et passive, de l’immense majorité des Français – même s’ils faisaient souvent confiance à Pétain.

Sémelin conclut son livre courageux et roboratif par une citation du rabbin Isaac Schneersohn, fondateur du Centre de documentation juive contemporaine, reprise à son compte par Serge Klarsfeld : « Nous pouvons dire, d’après les pièces d’archives que nous avons rassemblées, et chacun de nous d’après nos expériences personnelles, que c’est le peuple de France qui a sauvé les deux tiers des Juifs de France ». De quoi contredire la bien-pensance qui ne recense dans cette période que des collaborateurs et des délateurs.



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Purifier et détruire. Usages politiques des m..

Ce livre est extrêmement détaillé, Jacques Semelin appuie son analyse sur 3 grands massacres: celui des juifs par les nazis, celui des Tutsi par les Hutu et celui des musulmans de Bosnie par les nationalistes serbes.



 Il fait ressortir des mécanismes communs tout en montrant que chaque massacre présente ses spécificités dû au contexte socio-politique, l'histoire du pays...



Même si certaines notions de sciences sociales sont difficiles à appréhender (il y a beaucoup de nuances), l'auteur utilse un fil conducteur et un style qui les rendent relativement accessibles au lecteur.



Quand on voit les évènements actuels, la montée du nationalisme et des partis politiques d'extrême droite partout en Europe (et pas que...), on s'aperçoit que certaines dynamiques, malgré la politique du "plus jamais ça" se répètent et cela force à la réflexion.



A la fin de l'ouvrage, Jacques Semelin livre une analyse vraiment intéressante sur le terrorisme ce qui m'a donné l'envie de lire plus d'ouvrages sur la question.



 Cette lecture est une piqure de rappel nécessaire, qui reste accessible au plus grand nombre. J'y ai beaucoup appris notamment sur le conflit en ex-Yougoslavie.
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Je veux croire au soleil

Très beau témoignage dans lequel l'historien Jacques Semelin, spécialiste des génocides, nous raconte son quotidien à Montréal, durant les deux mois où il est parti faire cours à l'université. Avec une pointe d'humour, il nous raconte ses difficultés, notamment avec son téléphone GPS ou les appareils électroménager, dans ce pays inconnu. Faire les courses, se promener, se rendre à l'université, prendre le métro, tout est une aventure. L'auteur nous fait découvrir des appareils et des logiciels qui aident les non-voyants au quotidien que je ne connaissais pas. Ce témoignage permet de mieux comprendre les difficultés des non-voyants et nous rend plus sensible à leur vécu. Je le conseille.
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J'arrive où je suis étranger

"Écrire sur mon envahissante perte de vue, il n'en était pas question."...

C'est bien au contraire l'opposé de cette affirmation que nous offre Jacques Sémelin dans ce livre. Ne nous focalisons toutefois pas sur sa maladie : certes atteint d'une déficience visuelle le conduisant progressivement à la cécité, il s'attache à décrire son combat pour devenir un politologue émérite ayant pour sujet les génocides et massacres au XXème siècle (depuis un collège de banlieue à son entrée au CNRS). Ce livre ne doit pas se lire comme une description d'une longue perte de la vue, mais bien plus comme le récit d'une lutte contre une maladie incurable, découverte bien trop tôt, intériorisée, cachée.On y voit l'impact sur la vie familiale, sentimentale. Les voyages de l'auteur aux États-Unis nous font prendre conscience de l'avancée en matière technologique et de matériel spécialisé outre-manche.

Un livre à conseiller à toutes les personnes s'intéressant de près ou de loin à la déficience visuelle et à toutes les solutions pour pallier ce handicap.
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Une énigme française : Pourquoi les trois-quart..

Les taux de survie, un bon calcul ?





L’écriture de l’histoire, on le sait, est en constant renouvellement : nouvelles sources, nouvelles approches, nouveaux questionnements et, last but not least, nouvel air du temps, en sont la raison. Sans doute la révision de l’histoire est-elle périodiquement nécessaire, mais il convient de la resituer dans le contexte de son élaboration. Ce qui apparemment a échappé à Jacques Semelin dans son essai Une énigme française. Pourquoi les trois quarts des Juifs en France n’ont pas été déportés. Entre autres manquements qui prêtent à confusion.




Lien : https://www.en-attendant-nad..
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Persécutions et entraides dans la France occupée

Très intéressant ! Mais "gros pavé" fastidieux à lire !
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Persécutions et entraides dans la France occupée

intéressant.

Un peu long et avec des répétitions, mais très utile sur le sujet.

Le livre a répondu à des questions que je me posais depuis longtemps et m'a appris des faits totalement inattendus : des juifs ont pu vivre à Paris, sortir avec l'étoile jaune et n'être jamais déportés.
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La non-violence

Dans cet ouvrage de la collection « Que sais-je ? » paru en 1994, « La Non-Violence » est abordée sous

(presque) toutes les coutures sur environ 120 pages. Comme le soulignent dès l’introduction les auteurs,

Christian MELLON et Jacques SEMELIN, la non-violence est une notion complexe de par ses implications à

la fois philosophiques et pratiques dont il convient de tenter de définir précisément ce qu’elle renferme.

Le livre ne vise pas un simple référencement des mouvements caractérisés comme non-violents au cours

de l’Histoire, mais bien un tour d’horizon général qui aborde en détail les aspects sémantique,

philosophique, pratique ou encore symbolique de la notion. On appréciera la nuance globale de l’ouvrage,

loin du prosélytisme, instaurant une atmosphère propre à susciter la réflexion, ainsi que l’abondance de

détails historiques rendant le texte très plaisant à lire.



Je joins à l'attention des plus curieux le résumé de 6p. que j'ai tiré de l'ouvrage, au format PDF : https://docdro.id/eTrJ7qF
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La non-violence expliquée à mes filles

En 57 pages, Jacques Sémelin, enseignant chercheur, définit et explique ce qu’est la non-violence. Pour bien se faire comprendre de ses enfants, il est parti de leurs questions pour donner des exemples de la vie courante, présenter des faits historiques et faire connaître concrètement le « déroulement » et les buts d’une action non violente. L'auteur reste réaliste dans son propos puisqu'il explique que ce type de mouvement ne fonctionne pas forcément et que la violence est parfois un recours obligé, mais que très souvent il aurait suffi d'intervenir en amont pour éviter cette violence.



Ce petit ouvrage fort simple permet à tous, petits et grands, de mieux appréhender ce mouvement qu’est la non-violence.

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Purifier et détruire. Usages politiques des m..

Jacques Sémelin est sociologue et se livre ici à une comparaison/analyse extrêmement fouillée de la Shoah, du massacre des Bosniaques et de celui des Tutsis.

Pour en dégager des lois, malheureusement universelles.

Première d'entre elles, le mécanisme du "bouc émissaire" (voir ci-dessous).

Ensuite, le mythe de la "société parfaite", qui naîtra du massacre des boucs émissaires (massacre qui permettra aux membres du groupe de s'unir et de se "purifier") sous... la direction éclairée du "grand leader" (évidemment).

Tout le processus est précédé par les élucubrations idéologiques des "intellectuels" du parti, des nervis (les SS, les hooligans serbes...) initient le cycle de la violence, puis c'est l'engrenage : les journalistes hurlent avec les loups, les arrivistes suivent le mouvement, les bureaucrates obéissent aux ordres, les têtes brûlées satisfont leurs instincts sadiques, les élites détournent le regard ...

Vraiment un grand livre.
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La non-violence

Un outil remarquablement construit, à la fois clair et exhaustif, pour comprendre ce que regroupe comme significations ce terme de non-violence. Présentant tout d'abord les origines du mot en recherchant une définition la plus précise possible avec les problématiques actuelles, les auteurs s'appliquent à prouver ensuite le bon sens de ce concept et les réussites de son application dans des situations critiques. Même si on n'évite pas la tentation de la généralisation liée à la volonté de théorisation et de modélisation de phénomènes qui sont la plupart du temps spontanés et qui se construisent selon les paramètres du moment, c'est un vrai bonheur de lire une étude aussi riche et le déroulement logique d'une pensée si clairvoyante.
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