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Critique de FleurDuBien


" L'ouvrage de Jacques Semmelin appartient à cette catégorie de livres qui deviennent immédiatement des usuels et qui semblent avoir toujours été présents tant ils sont utiles et utilisés. (...) Ce livre que j'aurais tant voulu écrire, c'est Jacques Semmelin qui l'a écrit et c'est une remarquable réussite." Serge Klarsfeld.

Oui. Un livre admirable, remarquable et d'utilité publique.
La question est posée d'emblée : comment se fait-il que 75 % des juifs soient encore en vie à la fin de la guerre, soit 80 000 déportés, soit 220 000 juifs sauvés des camps de la mort ? Cette question fait la matière de ce livre comme le dit si bien Monsieur Semmelin. Quid des enfants ? 11 385 furent déportés sans retour, sur 70 000 enfants juifs, soit 58 615 sauvés.
Alors qu'en est-il de cet antisémitisme forcené dont la France est souillée, cette thèse mensongère, colportée par Marrus et Paxton dans leur célèbre "La France de Vichy". Cette thèse d'un antisémitisme virulent en France n'est plus à jour.
Car comment expliquer alors ce nombre non négligeable de juifs sauvés ?
Déjà, par la situation géographique des deux France, celle occupée et celle libre. Beaucoup de juifs sont passés en zone libre au début de la guerre. C'est ce qu'appelle l'auteur "la dispersion". On atteint La Suisse ou l'Espagne, on se cache à la campagne en zone libre.
Et puis il faut se "débrouiller" pour survivre ; ruser avec les lois, continuer à exercer son métier.
Et se fondre dans la population, difficile à cause de l'étoile jaune, se cacher, s'évader, mettre ses enfants à l'abri, véritable crève-coeur, mais si salvateur. Ne pas oublier bien sûr les organisations diverses et variées qui ont aidé les juifs, soit par de l'argent, soit par un réseau de familles accueillantes.
Et puis, ma partie préférée, celle des "aidants", du facteur qui intercepte un courrier de dénonciation, un petit geste d'un "ange gardien", des faussaires pour les papiers, une concierge qui prévient les juifs d'une arrestation imminente. Tiens, parlons-en de la dénonciation. Oui, il y eu bien des lettres de dénonciation, mais infiniment moins qu'on a bien voulu le faire croire. Jalousie, vengeance, envie d'un poste occupé par un juif, toutes ses bassesses ont fait le lit de ces lettres abjectes.
Un chapitre magnifique sur les Justes, ces héros du quotidien, qui ont pris les enfants sans contrepartie, qui ont caché des familles entières, qui ont fait passer la frontière vers la liberté.
Tout cela s'explique par le fait que les français étaient en majorité contre la politique de collaboration de Vichy, surtout à partir des mesures génocidaires, mais aussi et surtout quand les enfants furent raflés en masse et déportés dans des wagons à bestiaux jusqu'aux chambres à gaz. Ces enfants déportés ont beaucoup choqué la population.
J'ai été quelque peu soulagée et même heureuse, d'apprendre que les français étaient en majorité des hommes et des femmes qui ont aidé les juifs, qui abhorraient le régime en place. Ce livre remarquable remet les pendules à l'heure, et c'est tant mieux.
Je comptais finir ma trilogie du moment (L'état contre les juifs, La grande rafle du Vel'd'Hiv et celui-ci), mais c'était sans compter cette envie quasi viscérale d'en savoir et d'en apprendre encore davantage sur cette époque si tourmentée. Je vais donc m'intéresser à présent au camp de Drancy avec À l'intérieur du camp de Drancy encore un ouvrage de référence.
J'ai adoré cette lecture, aisée, simple, accessible à tous.
J'ai adoré les remises en question de l'auteur quand à l'antisémitisme français pendant la seconde guerre mondiale.
J'ai adoré la préface de Monsieur Serge Klarsfeld, un très grand monsieur.
J'ai adoré tous les exemples concrets que Jacques Semmelin nous offre, exemples de vies sauvées, récupérées, aidées, miraculées.
J'ai adoré apprendre ce nouveau mot que je ne connaissais pas : le philosémitisme, contraire de l'antisémitisme.
Un livre fort, qui se lit comme un roman.
C'est bien cela le talent : rendre accessible à tous cette période si tourmentée, si terrible, si ambiguë.
Un grand travail de chercheur, une somme incroyable de faits.
Sans hésiter, pour tous ceux qui veulent en savoir plus sur cette Shoah qui, en France, aurait pu prendre infiniment plus d'ampleur sans tous ceux qui, du plus petit au plus grand, ont sauvé les juifs de France.
Qu'ils en soient remerciés pour l'éternité.

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