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Citations de Hélène Gaudy (95)


À bien y regarder, quelque chose se devine, déjà, sur les photographies de l’expédition. Si elles recèlent un tel pouvoir d’urgence et de mélancolie, c’est qu’on n’y voit pas seulement Strindberg, Frænkel et Andrée en train de s’évanouir mais qu’on devine aussi, dans leur gélatine détruite, l’effritement du lieu où ils marchent, ce lieu lointain qu’on croyait intouchable et dont les métamorphoses fragilisent, par capillarité, tous nos lieux connus, nos images amassées.
Chaque bloc de glace qui chute préfigure l’effritement de la montagne, chaque goutte tombée dans la mer lisse, le recul des eaux et les feux des forêts. Ce que l’on a pris pour un lieu loin de tout et surtout de nous-mêmes est devenu une manière d’oracle, un miroir, raccrochant leur errance, ce temps lointain qui leur appartient et les porte, à ce qui vient après elle, ce lent ruban à l’extrémité duquel nous nous tenons.
(...) nous ne connaissons plus la soif de découvrir mais la terreur de perdre qui pourtant nous pousse au même geste, à la même urgence, regarder, capturer, inventorier, appuyer une nouvelle fois sur le déclencheur, sans savoir davantage ce que diront ces images dans l’avenir, ce qu’on y lira de l’époque où elles ont été prises (...).
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On dit que Pablo Diego José de Paulo Juan Nepomuceno María de los Remedios Crispín Crispiano Santísimas Trinidad Ruiz y Picasso Que l'on appellera plus simplement Pablo Ruiz, a failli mourir le jour de sa naissance.
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On se sent mieux en s’appuyant sur la solitude des autres comme sur une canne, ça nous rappelle la chance qu’on a d’avoir un autre près de soi, un autre quel qu’il soit, même s’il n’est pas si terrible, c’est toujours mieux que ça, que rien, que personne, et on serre l’autre dans ses mains et on se souvient qu’on y tient.
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Dans mon cagibi, j'ai appris à reconnaître les silences de la maison.
Ceux de quand il n'y a personne.
Ceux de quand on veut être tranquille.
Ceux de quand on n'a rien à dire.
Ceux de quand on est fâché.
Et puis, celui-là. Le silence de quand on voudrait bien faire sortir sa fille d'un cagibi.
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Dans la chambre, elle ne prend pas le temps de se déshabiller. Le bruit de la pluie la berce, couvre ceux de la ville et, dans son sommeil, Jeanne sent une couverture humide et ouatée qui l'enveloppe et la protège, tient à distance les voix et les images, lui permet d'être pour quelques heures cette petite chose sourde qui oublie le passé et la perspective de l'avenir. Ce corps lourd lové dans un brouillard sonore.
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Tenter une incursion ailleurs, ç’aurait été risquer de perdre le peu qu’ils avaient. Alors ils occupaient le temps ensemble. En croyant le remplir, ils le laissaient filer.
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Ils réchauffent du chocolat chaud, dans lequel ils trempent des petits gâteaux avec du beurre et de la confiture d'airelles.
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Ce n'était pas contre les ours qu'il fallait le garder, ni contre les becs acérés des oiseaux des tempêtes. C'était contre lui-même, chef impatient et inquiet qui, protégé par la nuit, profitant du sommeil de celui qu'on avait désigné pour monter la garde, remplissait en secret le ballon d'hydrogène pour compenser les fuites, pour que les autres le retrouvent au matin intact, fier et bombé comme sa poitrine, et une fois le ballon regonflé, l'illusion réparée, retournait veiller sur le sommeil confiant de ses compagnons.
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Le motel comme une ile, une zone neutre, un sas de décompression avant de retrouver la maison, sa maison. Au motel, il n’était plus tout à fait Henry Horn et pas non plus cet homme nouveau qu’il avait construit là-bas, dans sa nouvelle ville, construit sur des ruines peut-être, Mais qu’est-ce-qui interdit, s’est-il demandé, qu’est-ce-qui pourrait bien interdire de construire sur des ruines ? Les fondations. Le psychiatre qu’il avait consulté avant de fuit Lisbon avait insisté là-dessus, la famille, les fondations. Henry ne savait plus trop ce qu’il était sensé faire avec ces fondations, les achever à coups de masse pour reconstruire sur un sol plat sans rien qui dépasse ou les exhumer patiemment, les fondations dévastées de sa vie. Table rase. Sur ces ruines-là, il avait bien construit. Tranquille. Sans larmes.
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On fait semblant toute sa vie de s'intéresser aux autres, mais quand ils disparaissent, on ne garde d'eux que ce qui parle de nous.
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La température la plus basse serait, théoriquement, le zéro absolu, mais il est impossible de l'atteindre. Le froid absolu n'existe pas. Il n'a pas de limite, pas de frontière, ils l'éprouvent tous les jours.
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Cela ne s’arrêtera jamais, on dirait. Dans dix ans, cent ans peut-être, quelqu’un d’autre trouvera d’autres vestiges, les interrogera avec la même patience, rattrapera par le col d’autres aventuriers prêts à se jeter à pieds joints dans des gouffres pourvu qu’il y ait quelqu’un au bord pour les regarder tomber.
Rien n’a changé depuis leur disparition : il faut percer les mystères, inventer des vies, chercher au fond des mers les boîtes noires englouties, et il faut être nombreux pour le faire, une autre chaîne, qui ne s’élève pas vers le ciel mais creuse dans les profondeurs, une chaîne souterraine faite de scientifiques, d’internautes, d’écrivains, de curieux qui trouvent dans l’enquête un moyen détourné de fouiller en eux-mêmes, de gratter là où ils ne savaient pas qu’il y avait eu une plaie.
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On saisit un instant parmi d'autres, sans savoir tout de suite ce qu'il a d'unique, de signifiant, cela, on ne le comprendra que dans un second temps, comme l'image se révèle dans les bains chimiques bien après le moment de la prise de vue, comme s'y éclaire trop tard l'expression de certains visages.
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je n'ai pas trouvé l'équilibre, se dit jeanne. et ce n'est pas le souvenir qui donne aux choses une consistance
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L'oeil est une plaque photographique qui se développe dans la mémoire.
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Vue d’ici, du sommet du monde, sa vie ressemble à une autre photographie, lisse, plane, à la composition parfaite, dont il identifie chaque élément saillant, chaque moment précieux qu’il n’avait su, sur le moment, discerner, comme les circonstances qui l’ont mené là sans qu’il remarque leur enchaînement.
(...)
On saisit un instant parmi d’autres, sans savoir tout de suite ce qu’il a d’unique, de signifiant, cela, on ne le comprendra que dans un second temps, comme l’image se révèle dans les bains chimiques bien après le moment de la prise de vue, comme s’y éclaire trop tard l’expression de certains visages.
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Mais s'il n'y a plus de chaleur, que devient le froid ? Peut-on encore l'identifier ? Ici, le froid, comme le temps, n'a plus de bords. Peu de gens ont une idée de ce froid-là. C'est un secret qu'ils gardent, qu'on ne peut leur enlever.
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Elle a envie de s’allonger sur son corps comme sur un radeau et de voir où il mène.
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On est déjà parti quand le désir du départ recouvre tout le reste
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Le temps tourne sur lui même, on dirait, il y a des mois comme des heures, des heures comme des années, vers la fin de la vie il arrive que le passé prenne toute la place, aussi net et tranchant que le présent s'effiloche, tient dans un verre à dents.
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