Toutes ces lumières, ces sons, ces goûts, ces odeurs, ces textures qui ont imprégné ma peau durant mon existence me reviennent de plein fouet dans ma mort, troublent ma réflexion, me donnent la nausée. Heureusement que plus rien ne fonctionne, ça m'évitera d'avoir à me vomir dessus. Vous imaginez l'éternité dans cet état... je n'ai même pas pris une chemise de rechange.
Au lieu de m’asseoir calmement au bord du précipice et admirer le paysage, j’ai passé ma vie à me lamenter sur le fait que je ne voulais pas sauter alors que jamais personne ne me l’avait demandé. Cela me procure quelques regrets, dont celui de ne pas avoir profité pleinement du voyage. Ces regrets sont cet hommage à ce moi mécanique dont je me libère aujourd’hui.
Ne croyant pas avoir le temps, je ne l’ai pas pris. Un cul-sec au millésime de la vie.