Reconnaissable au premier coup d??il grâce à son immense baobab coloré, le salon africain vous fait découvrir la richesse de la littérature du continent noir en mêlant des auteurs encore méconnus à des écrivains réputés. Et c?est également au salon africain qu?a lieu chaque année la remise du prix Ahmadou Kourouma.
Autour du thème « Les chercheurs d?Afriques », les romanciers et essayistes invités reviennent sur les blessures du continent, mais aussi sur ses gloires, sa grandeur et ses aspirations.
Outre les hôtes vedettes de cette édition 2019, Maryse Condé, Prix Nobel « alternatif » 2018 et le rappeur Abd al Malik qui présente son livre/album le jeune Noir à l?épée (Présence africaine/Musée d?Orsay/Flammarion) inspiré de l?exposition du Musée d?Orsay « le modèle noir de Géricault à Matisse », sont annoncés Abubakar Adam Ibrahim, Eugène Ebodé, Mia Couto, Françoise Vergès, Adame Ba Konaré, Elizabeth Tchoungui, Boualem Sansal, Beyrouk, Clemente Bicocchi, Jean Bofane, Tania de Montaigne, Armand Gauz, Ndèye Fatou Kane, Henri Lopes ou Bessora.
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Quatre longues années s'étaient écoulées depuis son départ. Était-il mort ? Était-il vivant ? Elle l’ignorait. De ces années passées à l’ombre des vertes allées du domicile des Boissont, au-dessus du fleuve Sanaga, un souvenir paternel ne désertait pas sa mémoire. Il était lié à la succulence des baies sauvages cueillies par son père lors de leurs promenades sur les berges de la rivière. Ce souvenir, probablement le plus précieux de tous ceux qui tapissaient sa boite à nostalgie, l’apaisait.
Mado a toujours aimé la fameuse réplique de Picasso, sous l’Occupation, à l’ambassadeur allemand Otto Abetz ; suivi par un cortège d’officiers nazis, l’ambassadeur, surgissant dans l’atelier du peintre, rue des Grands-Augustins à Paris, lui avait lancé en désignant une reproduction de Guernica :
« C’est vous qui avez fait ça ?
— Non, c’est vous !
À Céret, Chagall se mêla aux créateurs venus d’Europe de l’Est, d’Espagne, de Paris, des États-Unis et de Provence. Durant l’occupation allemande, de nombreux artistes trouvèrent ainsi refuge dans la coquette sous-préfecture des Pyrénées-Orientales où Pierre Brune avait établi un centre d’accueil des artistes. Il y reçut entre autres Maurice Loutreuil, Chaïm Soutine, André Masson… Le cours de l’histoire changea à Céret lorsque la veuve de l’archiviste
Michel Aribaud offrit à la cité cérétane une prodigieuse collection d’œuvres d’art.
«On naît de deux ventres : celui de sa mère et celui de ses idées»
Il lui dit son plaisir d’être dans le pays. Il goûtait la joie de vivre qui transpirait dans les gargotes, dans les bars et dans la manière qu’avaient les gens de s’interpeller, de danser, de converser en bougeant leurs mains, leurs têtes, le corps tout entier.
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En pensant à l’Afrique, on aurait dit qu’elle naviguait sur un paquebot chargé de fantomatiques présences, qui accroissaient la population de ses chères âmes flottantes et qui fendaient en sa compagnie des vents aux relents de fumoirs de poissons, âcres, échappés du village des pêcheurs de son enfance.
"- Peut-être faut il croire que c'est l'homme qui est fini. L'histoire ne s'écrit plus. Elle bégaie. "
Picasso : C’était l’époque où courait le bruit à Perpignan et dans ses alentours que le Peintre suprême se morfondait. Une violente et inhabituelle peine de cœur enténébrait ses pensées et bridait sa créativité. Lui qui avait toujours quitté les dames, qui avait martyrisé ses égéries, qui avait mis entre parenthèses les dynamiques créatives de plusieurs de ses femmes artistes, qui avait étouffé la concurrence féminine par ses grands yeux gourmands et son torse velu, qui avait dompté la sensuelle Dora Maar, l’avait rendue folle, avait relégué son œuvre photographique et picturale aux injustes oubliettes, grognassait et pestait ; lui, mâle triomphant et dominateur qui disait qu’il n’était cruel qu’avec les gens qu’il aimait, lui qui avait cannibalisé par son aura, son surdimensionnement, son génie inépuisable et son ego la formidable production de Dora et assujetti le talent de Gilot... ! Celui-là même qu’on fêtait tout le temps, qu’on idolâtrait partout et qu’on vénérait, venait à son tour de mettre un genou à terre, lui, le matador, maté ? Il subissait les tourments des délaissés !
- [...] L'histoire n'est jamais finie.
- Peut-être faut-il croire que c'est l'homme qui est fini. L'histoire ne s'écrit plus. Elle bégaie.
En revanche, le point de vue des survivants est une chose qui ne se discute pas. Heureux soit qui recueille leurs paroles comme on extrait une pierre précieuse de la roche ou de la boue. Et leurs propos doivent pénétrer les esprits pour devenir des passerelles de prévention et de mémoire...