Bande-annonce Maleficus de Emma Locatelli
Il paraît que les rêves sont des brèches bienfaisantes qu’ouvre notre mauvaise conscience pour jeter nos remords aux ténèbres. Ils nous ramènent au matin, vidangés de notre culpabilité, purgés de nos vilenies, de nos hontes inavouables. Nos vies sont des cloaques. Et nos rêves ne sont, en somme, que le trop-plein d’une immonde marinade.
Je souffre d'une inaptitude à décrire les instants d'allégresse, même les plus simples, comme l'aveugle est incapable de décrire ce que ses yeux morts n'ont jamais vu. Mais je sais qu'il brille parfois, dans la grande nuit des vies désespérantes , des étincelles, des petits éclats, fugaces, filants, de joie pure.
Je souffre d'une inaptitude à décrire les instants d'allégresse, même les plus simples, comme l'aveugle est incapable de décrire ce que ses yeux morts n'ont jamais vu. Mais je sais qu'il brille parfois, dans la grande nuit des vies désespérantes, des étincelles, des petits éclats, fugaces, filants, de joie pure.
Les enfants ont une loupe à la place des yeux. Ils voient le monde en grand et pour eux, les nains, pour peu qu'ils portent un uniforme, leur paraissent des géants.
Les confidences sont comme des bêtes craintives qui naissent du remords et qui, pourvu qu'on ne les brusque pas trop, finissent par montrer le bout de leur museau à l'entrée du terrier où on enfouit les secrets.
L'indifférence blesse plus que la méchanceté. C'est une torture subtile et lisse, sur laquelle personne ne peut avoir de prise, sur laquelle tout passe et tout glisse, les larmes, les cris, les coups de griffe.
Elle ne nous a jamais battues, jamais frappées à coups de martinet ou de torchon. J'aurais préféré. J'aurais préféré la rossée de la canne, le sifflement de la cravache, le coup de balai sur mes reins, plutôt que d'être régulièrement cognée avec des mots. Les mots de ma mère... des mots choisis, blessants, cinglants, qui nous ont fait plus de mal que toutes les boucles de ceinture, toutes les lanières de cuir.
Je suis le personnage d'un conte absurde. J'ai semé derrière moi un chemin de cailloux pour pouvoir retrouver le seul endroit où je n'aurais jamais dû revenir.
Nous sommes nées d’un père absent et d’une mère acariâtre. D’un coup de vent sur un roncier malade. Il en est tombé deux fragiles épines.
C'est étrange une voix humaine. Plus étrange encore la façon dont elle peut déformer la réalité d'un individu.