Sa solitude faisait sa force. Il n’avait plus rien à perdre : la mort avait déjà tout emporté en quelques secondes. Être utile, faire de son deuil son blason, sa cuirasse et son destin, comme les héros de westerns américains.
« Aidez-nous à retourner chez nous ! », Tahar Ben Jelloun.
Leïla est un pays. Un pays qui n'était qu'à moi. Je ne veux pas d'autre identité. Ma terre d'accueil, c'était son corps et les vallées de son corps. Je ne demandais pas plus de terre que ce que je pouvais en travailler, juste la parcelle de son corps, et son ventre et ses seins.
Habib écrivit sur un carton d’emballage ; « Aidez-nous à retourner chez nous ! ». Puis sur un autre : « Jugeons Bush et Bachar ! » « Oui ! dit une dame qui se tenait à côté de lui, oui, on peut toujours rêver. »
« Aidez-nous à retourner chez nous ! », Tahar Ben Jelloun.
[…] Honte à ceux qui ne voient que des guenilles.
Regardez bien. Ils portent la lumière
De ceux qui luttent pour la vie.
Et les Dieux (s’il en existe encore),
Les habitent.
Alors dans la nuit,
D’un coup, il apparaît que nous avons de la chance
Si c’est vers nous qu’ils avancent. […]
Regardez-les,
Ils ne nous prennent rien.
Lorsqu’ils ouvrent les mains
Ce n’est pas pour supplier,
C’est pour nous offrir
Le rêve d’Europe
Que nous avons oublié.
Regardez-les, Laurent Gaudé.
Il a vingt ans, il sent au fond de lui les forces vives qui reviennent. Il a tellement subi, tellement reçu. Il voudrait enfin pouvoir donner. Il ne sait pas encore quoi, il ne sait pas encore comment. Subir et recevoir ce n’est pas vivre. Il voudrait enfin pouvoir donner. Il sera médecin peut-être, ou infirmier, ingénieur, écrivain. Il construira des ponts ou des romans. Il sera libre. Il est déjà libre : il rêve de donner.
Subir, recevoir, donner. Philippe Delerm.
Je peux voyager partout, moi. Par les airs, par la terre. Je suis libre parce qu’aimable et aimable parce que je ne fais rien de grave, aucune guerre, aucune menace de mort, aucune misère, aucune épidémie. Je ne fuis que l’ennui.
Embarcation de fortune, Nicolas Bedos.
« La mer Rouge n’est pas celle qu’on croit ! » a dit un humoriste sur une radio publique, mais souvent drôle.
« …On préfère mourir physiquement sur le chemin d’un rêve que de désespérer sur le chemin d’une mort certaine décrétée par des fous et des lâches. »
Embarcation de fortune, Nicolas Bedos.
M'acheter un truc imperméable, ça me paraît être un bon premier pas vers ma nouvelle vie.
Olivier Adam.
J’ai à peine existé. Elle était petite ma part de vie. […] La mort m’a annulé comme une erreur [..] Que ma photo rejoigne le néant où vous m’avez envoyé sans même me laisser le temps de savoir le nom du néant.
Aylan, Régis Jauffret.