AccueilMes livresAjouter des livres
Découvrir
LivresAuteursLecteursCritiquesCitationsListesQuizGroupesQuestionsPrix BabelioRencontresLe Carnet
Critiques de Ed Lacy (34)
Classer par:   Titre   Date   Les plus appréciées


La mort du torero

J'aime quand les maisons d'édition exhument des romans tombés plus ou moins dans l'oubli, d'auteurs qui le sont tout autant. C'est le cas de ce polar américain sorti en 1964, et ça valait le coup.



Toussaint Moore reprend du service comme détective privé, il a besoin d'argent pour accueillir son premier enfant. Il est envoyé au Mexique auprès d'une jeune veuve qui veut prouver que son mari, journaliste d'investigation, a été assassiné par le célèbre matador qui torée sous le nom d'el Indio.



L'intrigue est très habilement construite, l'enquête se révélant bien plus périlleuse et éprouvante que prévue, d'autant que Toussaint ne parle pas espagnol, n'a aucun statut légal au Mexique ni contact. Tout en disséminant de nombreuses scènes d'actions portées par un rythme vif et une écriture très visuelle, Ed Lacy prend le temps de poser ses personnages en leur apportant un supplément d'âme grâce à une caractérisation soignée : Toussaint est très attachant, puissant colosse animé par une réelle éthique et une sensibilité qui le tourmente lorsqu'il pense à son rôle de futur père ; mais aussi les deux personnages féminins très réussies qui renversent les clichés de la femme fatale, chacune à leur manière.



Ed Lacy est un auteur au profil atypique, de son vrai nom Leonard Zinberg ( 1911-1968 ) : juif communiste marié à une Afro-américaine, vivant à Harlem, progressiste, militant des droits civiques, victime du maccarthysme. Son Toussaint Moore est le premier détective privé noir, forcément il détonne parmi ses collègues blancs de littérature. Une façon pour l'auteur d'aller plus loin dans la critique sociale et politique, au plus près de l'essence même du roman noir.



Il est ainsi très intéressant de voir comment Toussaint s'adapte à un pays étranger comme le Mexique, pays qui n'a pas connu la ségrégation, et qui dans sa description, ne fait jamais carte postale, l'auteur ne jouant jamais sur un exotisme de pacotille. Voici ce que lui dit un compatriote noir rencontré à son arrivée :



« Il y a une sorte de système de castes fondé sur la couleur, les descendants des envahisseurs espagnols, les Blancs, dominant ceux d'ascendance indienne. Naturellement, les Espagnols, en partie Maures bien avant d'avoir entendu parler du Mexique, avaient un teint plus que café au lait. Pas vraiment les salades à la Jésus Christ. Une barrière par le fric : pour la faire courte, peu d'Indiens, ou de métis, ont assez de pognon pour fréquenter des endroits agréables. Pour autant, ils sont corrects. Ironiquement, on nous met dans le même sac que les touristes blanchots et on nous classe dans la catégorie des gringos détestés. En tant que touristes, vous n'avez rien à craindre. Si vous allez jusqu'à Acapulco, vous y trouverez des peaux plus noires : les pirates ont essayé d'importer de nos ancêtres africains comme esclaves mais ça n'a pas marché. »



Le scénario pétarade d'action et de morts, mais en sous-texte, le racisme est très présent, à travers le vécu de Toussaint ( sa couleur de peau peut lui attirer des ennuis, même au Mexique ), ses réflexions et ses réactions ; ou lorsqu'il est question des discriminations vécues par les Amérindiens. Et de façon plus large, ce polar aborde des thématiques plus larges, qui semblent étonnamment modernes pour un roman de 1964, et qui sont traitées avec une pertinence toujours d'actualité, par exemple la question d'avoir ou pas des enfants dans un monde difficile, ou encore le rôle du sport ( ici la corrida ) comme dérivatif à la colère sociale.



Si Toussaint, malgré son prénom de combat qui le lie aux causes nationalistes noirs, est un personnage apolitique dans le sens où il ne revendique ouvertement rien, on sent qu'Ed Lacy, par son recours au point de vue interne, en fait un porte-parole, comme lorsqu'il fustige la pratique tauromachique, sans pour autant s'en prendre aux aficionados du peuple.



Une chouette découverte, il ne me reste plus qu'à lire le premier volet Toussaint Moore, Traquenoir.
Commenter  J’apprécie          9512
La mort du torero

Ed Lacy, Leonard S. Zinberg pour l’Etat Civil, est l’un des premiers auteurs de polar à avoir créé un héros noir, avant Chester Himes, avant Virgil Tibbs de Dans la chaleur de la nuit. Après Traquenoir (Room to swing), son privé Toussaint « Toole » Marcus Moore, également postier pour ne pas crier famine, se voit confier une enquête à Mexico. Toole va devenir père, et a besoin d’argent. La mission s’apparente à une promenade de santé, tous frais payés. Toussaint a roulé sa bosse. Soldat lors de la Seconde Guerre Mondiale (comme son créateur Ed Lacy), il a débarqué en Afrique du nord (Oran), puis en Italie.



Mais le Mexique est une découverte, comme l’est le milieu dans lequel il doit mettre son nez, celui de la tauromachie, le pays, à l’instar de l’Espagne, étant une place forte de ce « sport » populaire qui fascine les pauvres et les intellectuels occidentaux. Sa mission le mène sur les traces du torero vedette, El Indio, qui déchaîne les passions.



S’il quitte la Grosse Pomme, Toussaint emporte avec lui sa cruelle lucidité, et son regard d’homme noir. Pour les Mexicains, il est assimilé à un Gringo, mais le privé réalise rapidement que la société mexicaine est aussi cloisonnée que celle qu’il vient de quitter: « Il y a une sorte de système de castes fondé sur la couleur, les descendants des envahisseurs espagnols, les Blancs, dominant ceux d’ascendance indienne. Naturellement , les Espagnols, en partie Maures bien avant d’avoir entendu parler du Mexique, avaient un teint plus que café au lait. Pas vraiment les salades à la Jésus Christ. Une barrière par le fric: pour la faire courte, peu d’Indiens, ou de métis, ont assez de pognon pour fréquenter des endroits agréables. »



Toussaint découvre un autre Mexique, inconnu des touristes qui à l’époque se cantonnent à Acapulco ou à Puerto Vallarta. Fasciné par la personnalité complexe del Indio, il tente de percer son mystère. L’enquête permet à Lacy de dépeindre une nouvelle fois les inégalités sociales et raciales, et de mettre à nu son détective en proie à l’inquiétude quant à l’avenir que pourrait avoir son enfant à naitre, un enfant noir dans l’Amérique raciste des années soixante.



La Mort du Torero est une roman aussi réussi que le premier opus, Traquenoir, et je remercie Babelio ainsi que les éditions du Canoë pour l’envoi de ce livre dans le cadre de l’opération Masse Critique.
Commenter  J’apprécie          675
Traquenoir

Quel plaisir de lire un roman d'Ed Lady dans une traduction qui ne fut pas massacrée par la Série Noire. Les Editions du Canoë proposent Traquenoir , anciennement À corps et à crimes-Room to swing, avec une préface!- , publié en 1957, par le très singulier Léonard Zinberg (1911-1968), romancier juif, communiste, militant des Droits civiques, marié à une afro-américaine, vivant à Harlem, victime du maccarthysme, qui fut contraint de changer de nom pour signer ses oeuvres.



La particularité de Zinberg/Lacy est d'écrire des romans noirs avec des personnages afro-américains qui ne soient ni des stéréotypes, ni des caricatures. Dans Traquenoir, Toussaint Marcus Moore (prénom choisi par son père en hommage à Louverture), est un vétéran de la seconde guerre mondiale (comme Lacy), qui roule en Jaguar de 1948, est détective privé à Harlem, mais qui a défaut d'enquêtes passionnantes verse plutôt dans le recouvrement de dettes contractées par de pauvres gens, Il est amoureux de Sybil, une ravissante jeune femme si claire « qu'elle aurait pu facilement passer ».

Engagé pour retrouver la trace d'un redneck dans le cadre d'un projet d'émission de télé-réalité "C'est vous le détective !"qui propose aux spectateurs de devenir des indics, il tombe dans un traquenard, est injustement soupçonné de meurtre et doit partir pour Bingston, un petit village à la frontière du Kentucky, où les rares noirs rasent les murs.



Roman policier de facture classique, Traquenoir mêle habilement suspens et critique sociale. J'avais déjà grandement apprécié à la lecture de Blanc et Noir (Série Noire mettant en scène Lee Hayes), le fait que Lacy ne donne pas dans certains travers de la Blacksploitation, ou de polars mettant en scène des privés, avec hyper virilité/ sexualité / violence du héros, et que sa prose soit si juste. Lacy est un homme d'une grande lucidité, qui par petites touches dresse un tableau réaliste, déplaisant et tout en nuance de la société américaine de la fin des années 50, à travers les afro-américains et les blancs pauvres des villes et des champs, ou de l'intelligentsia blanche de Manhattan.



Lacy est un visionnaire qui en 57 déjà a une idée très claire de la télévision poubelle : « On a mis sur pied une participation de spectateurs: deux boites de produits achetées donnent droit à un insigne et quelques babioles. Si un détenteur de l'insigne envoie une information qui permet d'aboutir à une arrestation, on la transmet à la police, il double sa récompense. ». Il excelle aussi dans la description du quotidien compliqué de Moore, harcelé par sa petite amie qui souhaite le voir devenir postier, un vrai travail!, (comme Lacy pendant quelques années), et qui est, lorsqu'il enquête, immédiatement considéré comme suspect à cause de son attitude et de son gabarit (1,88 mètre et 120 kilos). Pour lui, le fait de quitter Harlem pour un autre quartier ou une autre ville est une aventure pas toujours plaisante.

On a qu'une envie, lire l'ouvrage qu'a consacré le traducteur Roger Martin à ce romancier pionnier, Ed Lacy : Un inconnu nommé Len Zinberg, et de trouver le deuxième roman qui met en scène Toussaint Marcus Moore, Moment of Untruth.
Commenter  J’apprécie          635
Traquenoir

Voilà un beau polar noir américain, superbement retraduit et préfacé par Roger Martin sous une belle et sobre couverture de 10/18.

Ma précédente et première lecture d'Ed Lacy m'avait offert un captivant huis-clos.

Cette fois-ci, grâce à une fort instructive préface, j'ai fait vraiment connaissance de Ed Lacy: Un auteur trop oublié et dont le talent explose dans ce Traquenoir! Un auteur à l'engagement courageux et total dans une époque très dure aux États-Unis.

Son atypique détective noir de 1957 et qui roule Jaguar et porte beau costard, se retrouve dans une saumâtre panade! Se voyant accusé de meurtre, et victime d'un coup monté, Toussaint Marcus Moore allias Touie; va se démener pour trouver le vrai coupable!... L'occasion pour Ed Lacy de nous brosser le tableau angoissant d'une époque où l'homme noir américain, presque cent ans après l'abolition de l'esclavage, en bave salement dans son pays... Rien de sensationnel ni de vraiment nouveau, mais solide et réaliste: Pas de gras superflus, et une vision acérée qui ferait croire que Ed Lacy est lui-même un noir!

Une belle retrouvaille de 10/18, donc, que ce Traquenoir (Room to swing) qui j'espère ne sera pas la dernière d'un auteur doué!

Commenter  J’apprécie          462
Blanc et noir

Paradise Alley n'a de paradisiaque que le nom. Cette banlieue new-yorkaise en pleine déliquescence depuis la pollution massive du fleuve pue la misère. Les familles italo-américaines ont quitté les lieux. le seul blanc est l'épicier juif du quartier.

Nous sommes dans les années 60. L'agression d'une femme blanche et l'assassinat d'une jeune fille noire vont secouer Paradise Alley, provoquer des émeutes, et réveiller les suprématistes blancs. Un mystérieux nazi jette de l'huile sur le feu.



Pour mener l'enquête, un duo de flics va opérer en sous-marin, Lee Hayes, le noir et son binôme AI Kahn, le blanc. Ils vont tenter de percer à jour les visées des activistes noirs, anciens pacifistes radicalisés à la suite de violences policières, partisans d'une guerre des races déçus par la Nation of Islam (« C'est pourquoi je dis que les musulmans noirs, c'est l'impasse: ils veulent pas qu'on boive, ils veulent pas qu'on baise. Des conneries! ») ainsi que celles des séparatistes blancs des quartiers limitrophes.



Bonne pioche que ce Série Noire (1967) signé Ed Lacy alias Leonard Len Zinberg, romancier prolifique et militant des droits civiques, qui est l'un des premiers auteurs à avoir créé des personnages afro-américains, Toussaint Moore, privé vétéran (À corps et à crimes.Room to Swing, 1957), et Lee Hayes, du NYPD (Harlem Underground, 1965, In Black and Whitey, 1967), loin des clichés de l'hyper virilisation de la Blacksploitation, et qui évite les discours prêchi-prêcha (« J'avais craint qu'il ne soit de ces blancs lunatiques qui embrayent automatiquement sur les problèmes raciaux dès qu'ils voient un noir. »)

L'enquête est bien menée, et le constat est sans appel. Un demi-siècle plus tard, la situation n'a guerre évolué.



Commenter  J’apprécie          402
La mort du torero

Toussaint Marcus Moore se la coule douce. Son job de facteur lui permet de faire bouillir la marmite mais quand sa femme lui apprend qu'il va y avoir une nouvelle bouche à nourrir dans la famille, il décide de revêtir son ancienne panoplie de détective, plus lucrative . le voilà parti en mission à Mexico et à Acapulco. L'Afro-Américain Toussaint va découvrir au fil de son enquête pas si olé olé que ça que la couleur de sa peau ne vaut pas bien cher au pays des tacos et des Toréros...

Ed Lacy mérite d'être plus connu notamment pour ses romans noirs progressistes et antiracistes. Dans "Pétards Mouillés", son détective est un ancien héros manchot de la guerre de Corée devenu antimilitariste et pacifiste. Dans " Traquenoir" puis dans "La mort du Torero", bien avant la vague "Black is beautiful "des années 70, son enquêteur est un privé noir qui détonne dans le paysage du polar. Hâte de lire la biographie d'Ed Lacy : un iconnu nommé Len Zinberg" écrite par Roger Martin son traducteur en français. Je remercie Babelio, Masse critique et les Editions du Canoë pour la découverte de ce bon roman noir vintage.

Commenter  J’apprécie          380
Pétards mouillés

Armstrong est un ancien héros de la guerre de Corée. Il a récolté un moignon affublé d'un crochet qu'il manie maintenant avec dextérité et a été récompensé de la Médaille d'Honneur dont il n'a rien à battre. Et maintenant, il publie un journal pacifiste, La Voix du Napalm. Ce qu'il le fait passer évidemment pour un Rouge... Mais un général qui a entendu ses actes de bravoures lui confie une mission en pleine guerre froide. Mettre la main sur un certain Trevor Templar avant qu'il divulgue aux Soviétiques que les bombes nucléaires américaines ne sont plus opérationnelles pendant quelque temps...le temps nécessaire pour que les communistes attaquent le géant capitaliste. Une course poursuite s'engage. le compte à rebours est lancé pour dénicher Templar. L'Amérique est au crochet d'Armstrong !

Avec Ed Lacy , on sait que ça va être du billard ! Pourtant cette histoire en pleine guerre froide avait tout pour ne me faire ni chaud ni froid , voire me laisser de glace mais dès les premières pages, je me suis accroché aux basques et au crochet de son héros Armstrong sur lequel repose la paix dans le monde. Quant aux autres personnages croisés dans cette course atomique, j'ai été touché par la farouche mexicaine Mira qui ne rate jamais sa cible. Dans cette Série noire d'espionnage, on découvre une nouvelle facette d'Ed Lacy, son antimilitarisme et son pacifisme. Que des qualités le bonhomme. Son Pétards mouillés n'a pas fait pschitt...

C'est décidé, je continue ma traque aux Ed Lacy.

Commenter  J’apprécie          383
Du punch dans l'air

Le punch, Tommy Corck, le boxeur irlandais challenger des mi-moyens n'en a plus trop depuis son terrible KO par Robinson. Depuis belle lurette, il fait figure d'outsider. Mais il encaisse les coups sans broncher et s'enfile des litres de Scotch entre deux matchs pour se remonter le moral . Sa femme le tanne pour qu'il jette l'éponge et prenne un boulot alimentaire. Résigné, il s'apprête à raccrocher les gants mais se ravise au dernier moment quand on lui propose un contrat juteux pour remonter sur le ring. Tommy n'en revient pas, il se remet à swinguer comme jamais . A lui, la gloire ! Espérons que ce ne soit pas son dernier round...



Ed Lacy a décidément plus d'une flèche dans son arc .

Dans cette Série noire punchy, on découvre son amour pour les sports et en particulier pour le milieu de la boxe . Il ne prend pas de gants pour nous dépeindre les combats truqués et les salles de boxe miteuses qui sentent la sueur. On a de yeux que pour Tommy qui défend à chaque combat chèrement sa peau et qui compte sur sa veine d'irlandais...



Ed Lacy, fidèle, je le suis. Du punch dans l'air, ça swing !

Commenter  J’apprécie          352
Ça, c'est du billard

Frank Anderson, un homme sans histoire et Edward Turner, un flic gradé

sont abattus cote à cote à New-York, au coin d'Amsterdam Avenue.

Comme d'habitude la police patauge.

Betsy Turner, la femme du policier tué recrute

Barney Harris, un détective privé pour le moins atypique,

un ancien garagiste haltérophile qui élève seul sa fille.

Cette enquête va lui donner du fil à retordre

lui triturer les méninges façon pince à linge.

Va falloir qu'il retrousse ses manches

et qu'il pousse les portes des bars enfumés .

De quoi réconforter un peu le costaud en costard :

la veuve éplorée est une plantureuse

qui ne manque pas de sexe appeal ...le veinard !

Ed Lacy, un grand nom du polar des années 50

était connu pour son anti- Maccarthysme et ses privés noirs.

Là, on traine pas à Harlem mais dans les quartiers pauvres de New-York

avec ses flics véreux, ses filles de joies, ses gars qui se font du cinoche,

ses bars miteux avec des piliers de comptoirs qui ont de la gueule

comme un aveugle herculéen qui broie des canettes de bières d'une seule main.

Le style est direct, son détective balèze, l'intrigue bien menée, et l'ambiance néon fifties.

ça c'est du billard, y'a pas à dire, Ed Lacy roule sa bille !
Commenter  J’apprécie          302
Traquenoir

Back to basics



C’est marrant comme en lisant Traquenoir de Ed Lacy (traduit par Roger Martin), t’as l’impression d’avoir déjà lu séparément et à de multiples reprises les différents éléments de ce roman, mais jamais assemblés de cette façon.



Cette histoire de privé à la p’tite semaine ; ce détective noir plongé dans une déségrégation de texte et non de faits ; ce milieu du cinéma Manatthano-Hollywwodien où louvoient scénaristes véreux et jolies pépées ; cette confrontation Nord-Sud de l’Amérique des années 50 doublée d’une vision sociétale sans concession.



Et c’est là que tu reconnais le talent de ces précurseurs du roman noir US dans la lignée des Chandler ou Thompson : tout fonctionne, tout s’assemble, tout glisse ou passe crème dans une facilité en mode « sans les mains » qui étonne à chaque page.



Alors j’te ferai ni pitch en détail, ni paragraphe sur l’étonnant parcours de l’auteur détaillé dans la belle préface du traducteur, mais si t’aimes le noir chiadé et sans faux col et qu’t’as un peu confiance dans ce que j’écris, alors fonce ! Et reviens m’en causer…

Commenter  J’apprécie          293
La mort du torero

Simple employé des postes à New York et futur père, Toussaint cherche un revenu complémentaire et accepte une mission de détective privé au Mexique. Sur place il doit confondre un torero, véritable gloire nationale, dans une histoire de meurtre. Evidemment rien ne sera simple pour ce privé noir et humaniste confronté au racisme ambiant et à des protagonistes plus retors les uns que les autres.

Ed Lacy est un des pionniers américain du roman noir social et dans cet édifiant ouvrage de 1964, il stigmatise aussi bien les racistes que les pro-corridas.

Préface très intéressante du traducteur Roger Martin.
Commenter  J’apprécie          190
La mort du torero

Ce livre s’inscrit, pour moi, dans la veine de ces écrivains à la fibre sociale des années 50 à 70 aux États-Unis, parmi lesquels je place, peut-être à tort, George Chesbro, dont j’ai déjà eu l’occasion de parler ici, et dont je continue à recommander chaudement la lecture !



L’intrigue, classique, est bien ficelée. C’est efficace, ça fonctionne bien. Ce n’est pas révolutionnaire, mais c’est solide, carré.



Mais ce qui fait véritablement l’intérêt de ce livre, de cet auteur, de cette histoire, ce sont précisément les à-côtés de l’enquête. La réflexion, à peine dissimulée, sur la parentalité, le sens qu’il y aurait – ou pas – à projeter un enfant dans un monde comme le nôtre. Toussaint, en effet, est plus angoissé qu’autre chose à l’idée de devenir père.



Naturellement, avec un personnage principal qui, depuis qu’il est petit, est confronté au racisme, à la mise à l’écart, aux privilèges des blancs, le sujet n’aurait pas pu être écarté. Même si, au Mexique, la question ne se pose pas exactement dans les mêmes termes. Mais – et c’est aussi un point intéressant à souligner – elle se pose tout de même.



Il s’agit ici, même si l’auteur a toujours affirmé ne pas vouloir faire de série, de la deuxième enquête de Toussaint Marcus Moore, qui avait déjà été le personnage central d’un précédent livre de l’auteur. Ici, nous sommes invités à découvrir deux univers décrits assez minutieusement : celui de la tauromachie au Mexique – on oublie, voire on ignore souvent que c’est un grand pays de corrida -, et celui de l’herpétologie.



C’est agréable à lire, c’est intelligent, c’est malin. Franchement, que demander de plus ? Alors, prêts à vous laisser embarquer vers le Mexique ? Juste, n’oubliez pas de vous munir d’un antidote aux venins les plus puissants, on ne sait jamais…
Lien : https://ogrimoire.com/2024/0..
Commenter  J’apprécie          170
Traquenoir

La réédition d’un polar américain écrit dans les années 1950 ? J’achète !

Par une maison d’édition que je n’ai jamais lu ? J’achète doublement !



C’est sous le pseudonyme de Ed Lacy que Leonard Zinberg publie en 1957 cette enquête du détective privé Toussaint Marcus Moore. Un détective particulier à plus d’un titre. D’abord parce qu’il est considéré comme le premier détective de fiction noir. Ensuite parce que ce job, il ne l’a pas choisi par vocation mais simplement parce que en tant qu’afro-américain (bien que diplômé, ancien combattant et décoré) les possibilités de job sont très limitées. Il tente donc, tant bien que mal, de gagner sa vie au service de clients noirs dans son Harlem natal.

Pourtant un jour c’est une femme blanche qui vient lui proposer une mission. Elle travaille pour une émission de téléréalité et le charge de suivre un homme qui va rapidement être assassiné. Moore est le premier à trouver le corps et fait évidemment un suspect idéal. Afin de prouver son innocence et identifier le véritable coupable, il va devoir fuir New York et se rendre dans une bourgade paumée de l’Ohio où les Noirs ont leur quartier et leurs commerces réservés, car « la loi ne prime pas sur la coutume ».



L'intrigue est simple et éprouvée dans de nombreux romans policiers : un détective privé solitaire, un innocent en fuite et une énigme à résoudre pour se sortir de ce traquenard. Mais l’auteur combine magistralement des tropes classiques avec les problèmes raciaux des années 1950. Il contraste son voyage aux confins de l’Amérique de Jim Crow avec le milieu hypocrite des intellectuels new-yorkais qui veulent désespérément être considérés comme des esprits ouverts. Il critique également le manque de moralité de l'industrie de la télévision et du divertissement, prête à laisser un criminel endurci en liberté pour attendre le moment opportun de le dénoncer, pour faire un coup de pub. En résumé, d’un Etat à l’autre, d’un milieu social à l’autre, Ed Lacy flingue ses contemporains avec une grande acuité sociale.



Couronné en 1958 par le prix Edgar Allan Poe, ce roman noir « vintage » m’a, sans surprise, beaucoup plu mais sa seconde qualité c’est qu’il me donne furieusement envie d’en savoir plus sur l’auteur. Juif, communiste, marié à une noire, collaborateur du New Yorker, victime du maccarthysme, sa vie m’a tout l’air d’être un roman.
Commenter  J’apprécie          160
Quatre pas dans la nuit

Bien sûr, l'amateur habitué des polars subodorera le dénouement du récit...

il n' empêche que ce polar de la fin des années 50 est l'agréable découverte, pour moi, d'un auteur qui rejoint les Mac Coy, Tracy, Chase, Thompson et Williams.. au Panthéon du roman noir américain.

Planqués dans une baraque miteuse, deux flics marrons veillent sur un million de dollars répartis dans trois valises.

Bucky, le narrateur, raconte son présent d'homme recherché et terré.

Par le jeux du flash-back intercalé, l'auteur remonte l'histoire de Bucky depuis son enfance juqu'à son entrée dans la police et son équipage avec Le Prof...

Ed lacy, en écrivain consommé, égraine les indices d'un final tragique tout en contant par la voix de Bucky, les racines du mal.

Commenter  J’apprécie          130
Traquenoir

Beaucoup d'entre nous voient en Chester Himes et ses deux détectives noirs Ed Cercueil et Fossoyeur Jones, l'apparition en 1958 des premiers policiers afro-américains officiant du côté de Harlem alors que Léonard S. Zinberg publiait en 1957, sous le pseudonyme d'Ed Lacy, la première enquête du détective privé Toussaint Marcus Moore, intitulée Room to Swing dont l'action se déroule à New-York et dans un patelin paumé de l'état de l'Ohio, miné par la ségrégation. Auteur prolifique, notamment dans le domaine du genre policier, méconnu en France où Room To Swing parut sous le titre ridicule d'A Corps Et A Crimes, Léonard S. Zinberg, juif athée vivant à Harlem, subit les foudres du maccarthysme l'obligeant à travailler comme facteur afin de subvenir aux besoins de sa femme afro-américaine et de la petite fille qu'ils adoptèrent. Outre son métier de facteur, on retrouve d'ailleurs dans Traquenoir, nouvelle traduction du titre de ce roman, et plus particulièrement dans le profil de son personnage central, cet esprit libertaire, presque contestataire du romancier dénonçant les affres d'une Amérique fracturée. Une belle idée donc de mettre au goût du jour cet ouvrage dans une traduction retravaillée par Roger Martin qui signe d'ailleurs la préface de ce roman emblématique d'une époque dont les stigmates se répercutent de nos jours au sein d'un pays divisé.



Créances impayées, service d'ordre pour des établissements publics, le métier de détective privé n'a rien de glamour et Toussaint Marcus Moore en sait quelque chose alors que sa petite amie le pousse à accepter l'emploi plus rémunérateur de facteur qu'on lui propose au sein de la Poste américaine. Mais lorsque Kay Robbens travaillant pour le compte d'une émission de téléréalité intitulée "C'est Vous le détective !" lui propose deux mille dollars pour suivre un criminel qui a fini par se ranger, celui que l'on surnomme Touie, n'hésite pas une seconde. Néanmoins on passe vite du rêve au cauchemar, lorsque l'on se retrouve dans la chambre de l'homme que l'on suit en découvrant son corps sans vie, au moment même où un policier débarque dans la pièce. Touie comprend rapidement qu'il est tombé dans un piège dont il doit s'extraire à tout prix afin d'échapper à l'accusation arbitraire du meurtre dont il sait qu'il fera l'objet rien que pour sa couleur de peau noir qui en fait un suspect tout désigné. En fuite, traqué, Toussaint Marcus Moore va devoir employer toutes ses ressources et fouiller dans le passé de la victime afin de retrouver l'auteur du meurtre.



Ce n'est probablement pas pour la seule qualité de son intrigue policière que Traquenoir obtint, une année après sa parution, le prix Edgard Alan Poe pour le meilleur roman, mais également pour son regard d'une rare acuité sociale dénonçant la discrimination institutionnelle dont fait l'objet la communauté afro-américaine dans son quotidien que ce soit du côté de New-York ou de la bourgade de Bringstone dans l'Ohio qui prend l'allure d'une prison, tant les restrictions y sont sévères. A New-York, on observe la condescendance de la communauté blanche "éclairée" qui prend Touie à témoin lors d'une conversation, désigné à son corps défendant comme expert de la question raciale de par sa couleur de peau, tandis que l'on distingue à Bringstone la violence journalière de cette ségrégation perdurant comme une tradition à laquelle on ne saurait renoncer. C'est ce regard acéré de la société américaine qui fait de Traquenoir, un roman policier particulièrement brillant où l'ostracisme d'une communauté fait écho à cette chasse au sorcière du maccarthysme dont Ed Lacy fut l'une des cibles privilégiées de par son engagement en tant que militant communiste conjugué à une vison progressiste et pacifiste du monde. Pour autant, l'ouvrage n'a rien d'un brulot acrimonieux, bien au contraire, on apprécie l'écriture sèche et subtile de l'auteur parsemant l'intrigue de ses dialogues ou réflexions teintés d'une douce ironie lancinante qui nous renvoie au quotidien d'un homme au profil original puisque celui-ci n'a rien à voir avec l'image du détective privé que l'on s'est projeté avec Philippe Marlowe ou Sam Spade. Toussaint Marcus Moore doit tout d'abord lutter pour se faire sa place au sein de la société en tant que détective privé noir, ce d'autant plus qu'il est pourchassé par la police qui en fait un coupable tout désigné de par son appartenance à la communauté afro-américaine. Même sa petite amie ne croit pas en son avenir en tant que détective privé, elle qui le pousse à accepter cet emploi de facteur qu'on lui propose. Mais ce vétéran de la seconde guerre mondiale doté d'un physique impressionnant et qui accéda au grade de capitaine, n'est pas dénué d'une certaine présence d'esprit lui permettant de mener à bien ses investigations qui vont le conduire sur la piste d'une victime dont le passé recèle quelques éléments qu'il va mettre à jour en prenant l'initiative plutôt que de subir les contrecoups d'une traque dont il fait l'objet. Mais malgré toute sa bonne volonté, on observera avec Touie une fin en demi-teinte qui reflète, une fois encore, les aléas d'une époque qui n'a rien à voir avec le rêve américain que les médias n'ont eu de cesse de nous projeter en pleine figure et dont Ed Lacy profite d'écorner l'image par le biais de cette émission de téléréalité odieuse consistant à interpeller un criminel pour en faire le clou du spectacle et s'offrir par la même occasion quelques bénéfices publicitaires. Sur tous les tableaux, Traquenoir nous propose donc une vision sans concession de la société américaine au détour d'une bande sonore chargée de jazz et de blues qui ne fait que renforcer cette atmosphère sombre qui plane sur l'ensemble d'un récit séduisant.





Ed Lacy : Traquenoir (Room To Swing). Editions Le Canoë 2022. Traduit de l'anglais (Etats-Unis) par Roger Martin.



A lire en écoutant : Wild Is The Wind interprété par Nina Simone. Album : Wild Is The Wind. 2013 The Verve Music Group.
Lien : https://monromannoiretbiense..
Commenter  J’apprécie          120
Traquenoir

Voici un roman noir, dans la grande tradition des Hammett, Himes ou Chandler. Traquenoir (Room to swing) est paru en 1957, et les éditions 10-18 nous en offrent une nouvelle traduction, signée Roger Martin, qui fait l'honneur d'expliquer au lecteur certains de ses choix et d'ajouter de bien judicieuses notes.

Traquenoir c'est l'histoire d'un privé assez minable, noir, qui se laisse embarquer dans une sombre histoire qui le prend au piège. Nous sommes à New York dans les années 1950. Le style est incisif, direct, sans ce gras psychologique ou émotionnel qu'on retrouve trop souvent dans les textes contemporains. L'auteur fait monter la tension, sans s'étendre sur l'inutile, c'est le moins que l'on puisse dire.

Par ailleurs Ed Lacy (pseudonyme de Leonard Zinberg), écrivain blanc qui avait épousé une femme noire est un fin connaisseur du problème racial américain. Il restitue une ambiance d'autant plus glaçante qu'elle n'est pas manichéenne et qui donne un éclairage complémentaire sur le racisme systémique au USA, l'un des sujets les plus féconds de la littérature américaine.





Commenter  J’apprécie          100
Traquenoir

Un super polar soutenu par une superbe et ironique acuité sociale. Traquenoir n'est pas seulement l'un des premiers romans policiers dont l'enquêteur est Afro-américain, c'est surtout un roman qui porte sa dénonciation sociale, politique et raciale, par une écriture d'une elliptique sécheresse, un sens des dialogues où l'on entend tous les sous-entendus racistes, toutes les nuances aussi de domination. Ed Lacy, un romancier dont on veut lire de nouvelles traductions.
Lien : https://viduite.wordpress.co..
Commenter  J’apprécie          70
Traquenoir

Dans ma liste "les grands prix littéraires de l'année de ma naissance"



Prix Edgar Allan Poe du meilleur roman policier



C'est une pépite, "un récit âpre et dur à la puissance exceptionnelle, doublé d'un plaidoyer vibrant pour l'intégration [des noirs]" comme l'ont écrit les critiques de l'époque.

Ce roman policier vient d'être rééditer en 2023 avec une nouvelle traduction.

On est loin des polars nordiques gonflés au duvet d'oie, des polars français avec leur lot de policiers torturés du bulbe, des polars remplis de sexe, de violence, de fausses pistes et d'intrigues multiples. C'est un roman court, presque une longue nouvelle, écrite à l'os, sans fioritures mais non sans humour. Un privé, noir, tente d'échapper au piège qu'on lui a tendu pour être accusé de meurtre à la place d'un autre dans l'Amérique des années 50, raciste et peu encline à faire une place aux noirs.

Je vous conseille de lire la préface rédigée par le traducteur (également biographe de l'auteur), pour découvrir le contexte du roman. Et de la relire une fois terminée la lecture.

Un super moment de lecture qui nous plonge dans le Harlem des années 50. On y est, on touche tout du doigt.

Vous avez compris que j'ai bien apprécié ce livre, découvert grâce à ma liste, elle-même constituée grâce à Babelio et sa liste des prix littéraires disponible sur son site (et non sur l'application).
Commenter  J’apprécie          64
Ça, c'est du billard

Jadis publié dans la collection « Un mystère », ce roman d’Ed Lacy jette un pont entre le récit d’énigme, le polar « dur à cuir » et le « policier » plus porté sur les aspects psychologiques. Tout débute par la mort d’un type banal, Frank Andersun. Ce-dernier devait prochainement se rendre en Europe après avoir gagné à un concours. Un flic, Ed Turner, se fait descendre également. Sa veuve, Betsy, en appelle à un privé, Barney Harris, un colosse ancien garagiste et haltérophile reconverti dans la filature pour élever sa petite fille. L’enquête s’annonce tortueuse et Barney tombe sur un paquet de suspects, de types louches, de putes sympas et de mafieux peu fréquentables.

Leonard S. Zinberg (1911 – 1968) débute dans le métier en 1940. Après quelques romans signés de son nom il adopte le pseudo d’Ed Lacy et rédige de nombreux polars dont une quinzaine seront traduits, principalement chez « Un mystère » ou à la « Série Noire ». Il écrit également beaucoup de nouvelles, notamment pour la revue d’Alfred Hitchcock et gagne le Prix Edgar Poe pour A CORPS ET A CRIME.

Dans CA C’EST DU BILLARD, le lecteur retrouve toute l’ambiance du polar des fifties avec les quartiers new-yorkais miteux, les prostituées au grand cœur, les macs minables, les détectives sur le retour, les flics corrompus « mais pas trop », les malfrats ringards et les combines improbables. Le roman alterne donc entre l’enquête du privé, narrée à la première personne, et les considérations des deux truands contraints au meurtre pour protéger une géniale arnaque,…L’originalité de cette combine et les tuiles successives qui en découlent annoncent des séries à la « Fargo » pour donner une référence contemporaine. Bref, c’est l’escalade meurtrière, la boule de neige qui fait déborder le vase et toutes ces sortes de choses.

Rythmé, énergique, costaud comme son héros, CA C’EST DU BILLARD reste l’assurance d’une bonne soirée lecture. Plaisant.


Lien : http://hellrick.over-blog.co..
Commenter  J’apprécie          60
Traquenoir

Ce livre, paru en 1957 fit l'objet d'une première traduction et parution en français sous un autre titre A corps et à crimes. Traquenoir est une nouvelle traduction, sans doute plus fidèle au texte d'origine selon Roger Martin dans la préface très instructive qui décrit l'auteur et ses convictions anti-racistes, progressistes et pacifistes et son œuvre assez méconnue en France, ce qui est fort dommage ! Ed Lacy est l'un des pseudonymes de Leonard Zinberg (1911-1968), écrivain blanc, "juif, non-croyant, communiste, marié à une Noire et père adoptif d'une petite fille, noire elle-aussi" (p.8). Il crée avec ce titre un personnage de détective noir.



Je me suis régalé dans ce polar qui nous plonge dans cette Amérique raciste, ségrégationniste et mccarthyste. Ed Lacy a fait de son héros un type pas banal : privé certes et souvent désargenté, comme il se doit, mais fidèle à son amie Sybil -il refuse les avances des autres femmes- ; il roule en jaguar, porte des costumes et chemises de valeur. Atypique dans le monde du polar.



La critique de la société américaine de l'époque est très présente : la ségrégation bien sûr, la pauvreté et pas seulement celle des noirs, les emplois royalement laissés aux noirs dans l'administration pour leur laisser croire à une intégration dans la société, comme postier par exemple -poste qu'occupera Ed Lacy tout en continuant à écrire-, la violence ou tout au moins la suspicion des policiers envers toute personne noire, les débuts d'une certaine téléréalité... Tout cela en contexte d'une intrigue bien fichue et bien menée, qui, encore de nos jours, et malgré des milliers de romans policiers parus, tient le lecteur jusqu'au bout.



Ed Lacy, va au plus court ne s’embarrasse pas de détails inutiles comme certains le font maintenant pour arriver à des pavés de 500 pages voire davantage. Et on ne rate rien, comme cet exemple que prend Roger Martin dans sa préface pour décrire la petite amie de l'homme que Touie suit : "on lui donnait dix-neuf ans et son teint pâle, ses yeux cernés, étaient ceux des petits Blancs de la campagne qui n'ont pas mangé à leur faim étant gosses." Voilà, on a une image assez précise de la jeune fille, plutôt que d'en faire des caisses sur son enfance malheureuse...



Reste à espérer que d'autres traductions des livres d'Ed Lacy suivront, car comment résister à un auteur dont le livre débute par ces phrases :



"Je finis par arriver à Bingston. Une petite ville du sud de l'Ohio, d'environ deux mille habitants, dont on a fait le tour en trois minutes. Une seule me suffit pour comprendre que j'avais commis une erreur en y venant." (p.19)
Lien : http://www.lyvres.fr/
Commenter  J’apprécie          50




Acheter les livres de cet auteur sur
Fnac
Amazon
Decitre
Cultura
Rakuten

Lecteurs de Ed Lacy (147)Voir plus

Quiz Voir plus

Ca reste à boire (1)

Quel poète français est l'auteur d'un recueil intitulé "Alcools", incluant notamment le poème "A la Santé"?

Baudelaire
Rimbaud
Verlaine
Apollinaire

10 questions
140 lecteurs ont répondu
Thèmes : littérature , culture généraleCréer un quiz sur cet auteur

{* *}