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Critique de Pecosa


Ed Lacy, Leonard S. Zinberg pour l'Etat Civil, est l'un des premiers auteurs de polar à avoir créé un héros noir, avant Chester Himes, avant Virgil Tibbs de Dans la chaleur de la nuit. Après Traquenoir (Room to swing), son privé Toussaint « Toole » Marcus Moore, également postier pour ne pas crier famine, se voit confier une enquête à Mexico. Toole va devenir père, et a besoin d'argent. La mission s'apparente à une promenade de santé, tous frais payés. Toussaint a roulé sa bosse. Soldat lors de la Seconde Guerre Mondiale (comme son créateur Ed Lacy), il a débarqué en Afrique du nord (Oran), puis en Italie.

Mais le Mexique est une découverte, comme l'est le milieu dans lequel il doit mettre son nez, celui de la tauromachie, le pays, à l'instar de l'Espagne, étant une place forte de ce « sport » populaire qui fascine les pauvres et les intellectuels occidentaux. Sa mission le mène sur les traces du torero vedette, El Indio, qui déchaîne les passions.

S'il quitte la Grosse Pomme, Toussaint emporte avec lui sa cruelle lucidité, et son regard d'homme noir. Pour les Mexicains, il est assimilé à un Gringo, mais le privé réalise rapidement que la société mexicaine est aussi cloisonnée que celle qu'il vient de quitter: « Il y a une sorte de système de castes fondé sur la couleur, les descendants des envahisseurs espagnols, les Blancs, dominant ceux d'ascendance indienne. Naturellement , les Espagnols, en partie Maures bien avant d'avoir entendu parler du Mexique, avaient un teint plus que café au lait. Pas vraiment les salades à la Jésus Christ. Une barrière par le fric: pour la faire courte, peu d'Indiens, ou de métis, ont assez de pognon pour fréquenter des endroits agréables. »

Toussaint découvre un autre Mexique, inconnu des touristes qui à l'époque se cantonnent à Acapulco ou à Puerto Vallarta. Fasciné par la personnalité complexe del Indio, il tente de percer son mystère. L'enquête permet à Lacy de dépeindre une nouvelle fois les inégalités sociales et raciales, et de mettre à nu son détective en proie à l'inquiétude quant à l'avenir que pourrait avoir son enfant à naitre, un enfant noir dans l'Amérique raciste des années soixante.

La Mort du Torero est une roman aussi réussi que le premier opus, Traquenoir, et je remercie Babelio ainsi que les éditions du Canoë pour l'envoi de ce livre dans le cadre de l'opération Masse Critique.
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