AccueilMes livresAjouter des livres
Découvrir
LivresAuteursLecteursCritiquesCitationsListesQuizGroupesQuestionsPrix BabelioRencontresLe Carnet
Citations de Dominique Scali (133)


Cet aventurier croyait que l'océan était habité de démons et de créatures mi-humaines, mais cela ne l'empêcha pas de naviguer à l'estime en se fiant aux astres, étant convaincu qu'ils avaient été placés là pour qu'on s'y repérât. « Les monstres existent pour qu'on les affronte. Sinon à quoi bon les avoir faits monstrueux ? » aurait-il un jour déclaré.
Commenter  J’apprécie          354
Dans plusieurs coins du littoral, on pouvait tomber sur une peinture s’ensablant au pied d’un épaulement ou s’effritant dans le fond d’un coffre. Avec le temps, le vernis se lézardait, la toile irriguée de craquelures formait une peau d’écailles. Même les œuvres d’art prenaient la texture de la poiscaille.
Commenter  J’apprécie          330
Danaé Poussin avait la maigreur honnête des enfants qui n'avaient pas la férocité de jouer du coude pour s'arroger les bouts de pain des autres.
Commenter  J’apprécie          333
Le vent a assassiné une voile, elle qui n'était là que pour lui, comme un coup de poing dans la peau d'un tambour qui ne prétendait qu'à la musique. Le vrai baptême du marin, c'était la déchirure.
Commenter  J’apprécie          313
Elle avait toujours redouté les crépuscules, les cris de détresse naissant dans les cendres du jour. Elle commençait à apprécier les couchers de soleil maintenant qu’elle les contemplait entre deux bras d’homme, qu’ils annonçaient la venue des joies nocturnes, que les achèvements promettaient d’autres perpétuements.
Commenter  J’apprécie          300
Finalement, j'ai compris que pour grandir, fallait d'abord se faire petit. Fallait que je cherche la peur. Ce qui est la vraie mesure de la bravoure, c'est point le succès de nos actions, mais la force avec laquelle la voix dans notre tête nous crie de nous enfuir pendant qu'on tient bon.
Commenter  J’apprécie          290
Ensuite viendrait un moment où il n’aurait plus peur de rien, où il réaliserait qu’il n’avait jamais été couard, seulement différent. Comme ces arbres tors poussés croche en bordure d’un chemin et loin de la densité d’une forêt, éloignés de leurs semblables, puis prisés des constructeurs de navires pour faire de leurs courbes les meilleures carènes. Il avait toujours eu en lui un grand courage, mais il l’avait réservé pour une cause qui en valût la peine.
Commenter  J’apprécie          282
La montée de la mer n’est pas comme le gonflement de la rivière : elle ne progresse pas, elle gifle. Elle se donne des élans, elle se replie pour mieux attaquer. Elle arrache des bouts à la terre pour mieux les lui relancer. On dirait parfois que la mer veut jouer.
Commenter  J’apprécie          284
Ils combattaient l’instabilité de l’existence par le refus de la terre ferme, se cloîtraient à bord pour éviter l’ivresse des possibilités, élisaient l’immensité du large pour fuir l’étroitesse du bercail, chassaient le vide du retour par l’excitation de la partance, le mal de vivre par le mal de mer, s’arrachaient à l’île bien-aimée comme on arrachait une balle au fond d’une plaie. Ils savaient rebrousser la houle, défaire leur chemin comme les mailles d’un tricot, souffrir pour atteindre la jouissance, se priver pour trouver l’abondance. Il fallait les protéger contre eux-mêmes, leur rappeler qu’ils ne trouveraient jamais cet endroit dans le monde qui faisait dire « voilà, je suis arrivé au bout », puisque la Terre est ronde.
Commenter  J’apprécie          280
Pour notre part, nous estimons que Dieu n’existe pas. Si tel était le cas, le Tout-Puissant n’aurait pas laissé une île païenne comme Ys devenir aussi prospère. Mais peut-être est-ce Lui qui dernièrement fait monter les eaux à des niveaux sans précédent. C’est pourquoi nous nous gardons une petite réserve.
Commenter  J’apprécie          280
Même les sirènes doivent apprendre à nager

Nous vivions sur une île où tous dépendaient de la mer, où même les terriens se vantaient d’être marins. Et pourtant personne ne savait nager.
Pour les Grecs de l’Antiquité, la capacité de nager était une vertu militaire et civique. Les gamins étaient bercés de récits de batailles gagnées ou d’échappées réussies grâce aux talents des guerriers-nageurs de leur cité. Pour les Romains, la natation devait figurer sur tout curriculum au même titre que l’écriture et la lecture. Un citoyen digne de ce nom ne craignait ni de plonger ni de se mettre à nu face à des adversaires perses ou barbares qui refusaient de se démunir de leur plastron et restaient enchaînés à la côte.
À Ys, ceux qu’on appelait les Premiers hommes furent les premiers à renouer avec cette idée. Leurs poupons étaient baignés dans l’eau si jeunes qu’ils n’oubliaient jamais ce qu’ils avaient appris dans le ventre de leur mère. Ils avaient l’instinct de bloquer leur respiration lors de l’immersion. Avec un peu de pratique, ils se retournaient sur le dos ou pataugeaient vers une cible pour l’agripper. Ainsi, leurs petits entraient dans le métier avec une aptitude que peu de gens possédaient.
Ce don, Danaé Berrubé-Portanguen dite Poussin le possédait. Selon nos archives, elle est née cinq ans avant le Massacre des Premiers hommes et décédée quatre ans avant la Grande Rotation. On nous dit qu’elle a été enfant du rivage, naufrageuse sans scrupules, secoureuse sans limites, fille de pilotes, mère d’orphelins, héritière d’une arme dont elle ne sut jamais se servir à temps.
Nous sommes réunis ce jourd’hui à la demande du citoyen Augustin Joybert afin d’examiner la valeur de cette grande nageuse. Qui était Danaé Poussin ? Quel rôle a-t-elle joué dans les événements qui ont permis d’abolir le régime des Saines Rotations, de libérer Ys de la tyrannie du mouvement ? Car il ne suffit pas de savoir se mouiller pour être issois ni d’avoir vu le jour du bon côté de la muraille. Encore faut-il se tenir du bon côté de l’Histoire.

(Incipit)
Commenter  J’apprécie          192
C'est point la mort que je crains. C'est le flétrissement. Ce sont tous ces charmes qu'on nous a donnés et que l'âge nous vole alors qu'on a à peine le temps d'en profiter. Nous durons si peu que les hommes préfèrent nous prendre en bouquets, nous renouveler sans cesse. Je m'insurge de n'avoir été qu'une fleur alors que j'aurais voulu être un arbre.
Commenter  J’apprécie          190
Je le vois dans leurs yeux, qui se disent : celui-là il va finir pendu, il brave la loi rien que pour braver la loi.
Ça me dérange pas de respecter la loi des fois. Même en l’ignorant, des fois ça arrive. Si vous saviez le nombre de lois que vous respectez en ne faisant rien

(p. 268)
Commenter  J’apprécie          190
"Est "issois" ce qui fait bomber le torse. Le pêcheur qui rapporte plus de quintaux de morues que les autres ou le commandant qui va toujours au bout de ses menaces est considéré comme un "vrai Issois". Un orateur éloquent se fait complimenter: "V'la qui parle issois." Quand le temps est clément, avec juste assez de vent pour l'appareillage, on dit: "Le ciel se fait issois." On ne perdra pas de temps à dire d'une chose qu'elle est digne, brave ou agréable quand on peut dire qu'elle est "issoise". Certains se risquent même à utiliser les vocables "issoisement" et "issoiseté", mais nous les jugeons de mauvais goût."
p.36
Commenter  J’apprécie          170
« La mer parle, il faut savoir l’écouter. Ce n’est pas un langage comme le nôtre, construit de syllabes et de voyelles qui se succèdent. Ses sons se superposent et s’agencent comme les éléments d’un orchestre. Il faut être sensible au tableau qu’elle crée, à l’harmonie de sa cacophonie. Elle a plus de dimensions que nous autres, qui ne connaissons que bâbord et tribord, nord et sud. Ce qui fait que la mer est mer, c’est que toutes ses contradictions y existent en même temps. »
Commenter  J’apprécie          170
Et puis quand on y pense on devient tous orphelins un jour. On finit toujours par outrepasser le moment des essais, par franchir l'âge où les fautes ne sont plus des erreurs mais des échecs.
Commenter  J’apprécie          170
Elle portait sur la tête une perruque vertigineuse érigée autour d'une cage à perruche rouillée. Quand on lui demandait si un oiseau y avait déjà été enfermé, elle s'offusquait, répondait sèchement : " Jamais."
Commenter  J’apprécie          150
- Regarde, un arc-en-ciel.
- Ça veut rien dire, grommela la fillette. Il y a des arcs-en-ciel partout.
- Je n'ai pas dit que ça voulait dire quelque chose. Parfois, les choses sont belles même quand elles ne veulent rien dire. Tiens, ce sera ta première leçon.
Commenter  J’apprécie          150
"Le seul dieu vénéré à bord était celui du commerce et la seule croyance tolérée, la superstition. Certains affirmaient que la pêche avait remplacé la religion dans coeur des hommes, qu'elle possédait l'esprit mieux que la crainte de Dieu. Que la poursuite du poisson dictait les moments de labeur et de congé, qu'elle poussait à l'impossible, qu'elle enivrait au point d'occulter toutes les autres quêtes."
p.75
Commenter  J’apprécie          140
" C'est point la mort que je crains. C'est le flétrissement. Ce sont tous ces charmes qu'on nous a donnés et que l'âge nous vole alors qu'on a à peine eu le temps d'en profiter. Nous durons si peu que les hommes préfèrent nous prendre en bouquets, nous renouveler sans cesse. Je m'insurge de n'avoir été qu'une fleur alors que j'aurais voulu être un arbre. "
Commenter  J’apprécie          140



Acheter les livres de cet auteur sur
Fnac
Amazon
Decitre
Cultura
Rakuten

Lecteurs de Dominique Scali (580)Voir plus

Quiz Voir plus

Est-ce une femme ou une dame ?

La XXX dans l'auto avec des lunettes et un fusil Sébastien Japrisot

dame
femme

17 questions
25 lecteurs ont répondu
Thèmes : romans policiers et polars , femmes , humourCréer un quiz sur cet auteur

{* *}