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Citations de Colette Fellous (44)


Elle lit Rimbaud et le fait découvrir à son frère. (..)
Son frère la remerciera toujours de lui avoir montré le chemin des -Illuminations-, on dirait qu'il attendait la confirmation de ce qu'il éprouvait en secret. Cette lecture de Rimbaud a été une espèce de permission de s'engager, à choisir radicalement l'ailleurs. A s'inventer. (...)
" Pour la première fois, ces livres ouvraient une fissure dans mon bagne matérialiste et me donnaient l'impression vivante et presque physique du surnaturel; (..." (p. 44-45)
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Si on joue à écouter simplement les mots qui ont jalonné la vie de Camille, en mettant de côté tout ce qu'ils représentent, on ne peut qu'être sidéré. Avoir caché leur amour dans cette
" Folie" (**la Folie- Payen), c'est quand même curieux.Avoir commencé à travailler dans l'atelier de Rodin à " La Porte de l'Enfer", là encore, on se demande. (...)
On se demande si parfois les mots n'en savent pas davantage sur nous et sur ce que nous allons vivre, bien avant nous.Ils sont dangereux les mots.Ils nous précèdent, nous attirent, nous alertent, puis nous piègent (...)

( p.65)
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Elle a dix-sept ans quand elle arrive à la Ville [Paris], on est en 1881, elle entre à l'Académie Colarossi, à Montparnasse, au numéro 10 de la rue de la Grande-Chaumière, une école qui avait ouvert en 1870 et qui était la seule à accepter les filles (elles devaient toutefois payer double), L’École des Beaux-Arts leur était encore interdite.
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Mathias Morhardt lui sera fidèle jusqu'en 1898, quand il la verra rejoindre haut et fort le clan des antidreyfusards, c'est alors que leurs liens se distendront.Octave Mirbeau, qui l'avait toujours soutenue et admirée, s'éloignera d'elle à ce moment- là pour les mêmes raisons, Marcel Schwob également. Il ne faudrait pas oublier que, dans ces années-là, l'antisémitisme était très répandu et même ancré dans de nombreuses familles bourgeoises.De plus, Camille, qui n'avait pas de vraie conscience politique, a dû commencer, au moment de l'affaire Dreyfus, à développer des tendances paranoïaques et des crises de persécution, les juifs, les francs-maçons, les protestants, tout y passait, elle plongeait aisément dans d'extravagantes théories complotistes.

( ...)mais la requête de Mathias Mohardt auprès de Rodin pour instaurer la présence de Camille au musée Biron date de 1913, lorsqu'il apprendra qu'elle a été conduite à Ville- Evrard et qu'il en sera bouleversé, comme beaucoup d'autres écrivains, critiques et artistes dans Paris.

( p.43)
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"Ne parlez pas et travaillez comme vous faîtes." [Extrait d'une lettre de Rodin]
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Je dis je, mais c'est tu, nous, on, ils, vous, eux, qu'il faudrait dire.
(...)
Séville, Lisbonne, Venise, Livourne, Tunis, Paris. (...) Le seul fait d'être présent à un endroit et de porter silencieusement en soi l'histoire de ce lieu suffirait à faire trembler et scintiller le présent.
(...)
Il se peut qu'un unique tourment, toujours le même, déplacé, méconnu, soit au coeur de tous nos tourments, que tout ce qui a sur nous de l'effet n'ait qu'une seule cause.
(...)
(l’été)...protège un secret que lui seul sait tenir, il me fait avancer, me donne l'élan de vivre, de recomposer encore et toujours ce dont je crois avoir été témoin.
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Elle ne pense pas, elle crée en sourdine, elle avance.
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Elle brise, oui, elle détruit ses œuvres, déchire ses dessins, brûle, injurie, supplie et recommence. Et à force de croire à son scénario et de le faire tourner en elle des milliers de jours et de nuits, elle se retrouve prisonnière et se fait disparaître à elle-même.
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Il est temps de flâner dans cette vie, dans le peu que je sais d'elle, et de ramasser ce que j'ai vu. C'est par exemple très facile de voir apparaître la lumière de ce lundi quand ma mère crie qu'il faut fermer les persiennes et qu'il faut faire très très vite, que dehors c'est la folie, qu'elle n'a jamais vu ça, c'est la première fois, il ne faut pas se montrer au balcon, cachez-vous je vous dis. Elle parle à mon père et à moi. Faites rentrer Catia et Bambino aussi, on ne sait jamais, il peut y avoir des coups de feu. C'est très facile de convoquer ce jour-là parce que le bruit de ces secondes je le vois courir encore sur ma peau, tellement vives, tellement brûlantes, comme brûlées d'hébétude".
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J'aime bien sûr rire et danser, dessiner des labyrinthes quand je suis au téléphone, prendre l'avion, courir, hurler des chansons idiotes, semer, planter, arroser, secouer le coeur des nigelles de Damas pour écouter leur chanson, manger du jambon cru aux figues fraîches, courir pieds nus dans le sable jusqu'à la mer, faire brûler du santal, rapporter des poteries de chaque bout de terre que je croise, croquer des amandes, faire l'amour, inviter mes amis à la maison et boire un peu de vin blanc dans la soirée.
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Un livre est une forme de conversation permanente, il est aléatoire, il dépend des saisons, des langues, des pays, de l’heure à laquelle il a été écrit, de l’âge qu’on a quand on le lit ou qu’on le bâtit, s’il y avait du soleil, si on était amoureux, si la fenêtre était ouverte et que la respiration des passants semblait venir jusqu’à nous, si on avait envie d’être seul ou au contraire si on avait voulu embrasser quelqu’un et qu’il n’y avait jamais eu la bonne personne à cette seconde-là.
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Je tourne la tête, je vacille, diffère, regarde par la fenêtre les grands hêtres derrière la haie d’aubépines, j’hésite, je tape sur mon portable, fais défiler les mails et les nouvelles, la guerre, les retraites, un assassinat dans une école primaire de Nashville, les oiseaux qui disparaissent de façon inquiétante, une astuce pour nettoyer les oreilles d’un chat. Le cœur toujours en feu je regarde encore vers le jardin, les églantines se sont ouvertes à nouveau, comme chaque matin, les feuilles du tilleul bougent lentement (il a été planté l’année de ma naissance), j’arrange le bouquet d’anémones, me refais un café. Et dans le goût âcre d’une des gorgées, voilà qu’une ribambelle de bruits, de visages, de mots, de couleurs, de jardins et de rues, d’objets oubliés ou délaissés m’apparaissent, ils se disputent et veulent tous entrer, en farandole, à la même seconde, ils gesticulent, joyeux et maladroits, comme venant de naître : comment les calmer, comment les trier ? Alors je m’entends répéter : comme je voudrais comme je voudrais.
Comme je voudrais quoi ? Tout recommencer ? Tout raconter ? Tout corriger ? Tout répéter ? Tout oublier ? Tout découvrir ? Tout aimer ? Tout abandonner ? Tout revivre ? Oui, développer cette série de verbes, tous ensemble au même moment. Quelque chose de choral, d’irrégulier, de quantique, que je ne connais pas encore, du tout neuf à partir de ce que je crois avoir vécu. Du désordre et de la rigueur, quelque chose de beau et de violent qui embrasserait en un seul geste et en un seul temps les points brûlants de ma vie, parce que oui, ma vie a été violente malgré les apparences. Je n’en dirai rien de cette violence, ça ne regarde que mon corps et moi, je ne suis pas là pour régler des comptes. C’est autre chose que je voudrais, et puis un livre se tient toujours ailleurs de la vie, même s’il s’en sert largement. Mais je n’y arriverai peut-être pas.
Quelque chose de doux aussi parce que je n’ai jamais quitté de vue la douceur, c’était et c’est encore toujours un point à atteindre, presque à chaque instant. Beau, doux, violent : voilà pourquoi je dois avant tout convoquer des fleurs, car elles contiennent la beauté, la douceur et la violence. L’éphémère aussi. Un cortège de fleurs, fraîches et silencieuses, qui auraient passé leur vie à protéger des secrets, des beaux et des moins beaux. Avec elles, je pourrai peut-être ? Je me revois mettre de la musique dans la cuisine pour aider le mouvement, je portais ma longue veste en coton bleu de Kyoto, ce bleu particulier qui contient les nuances du chemin qui mène au Ginkakuji, le Pavillon d’argent, avec juste au-dessus la montagne de l’Est que je touche encore du regard.
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Comme on s'en veut de ne pas avoir posé davantage de questions aux parents, maintenant qu'ils sont morts, on ne saura plus rien, on reste vide, avec nos tourments abandonnés, orphelins, qui ne servent plus à rien.
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Kyoto song avance avec moi, marche dans les ruines, dans les champs irradiés et les terres brûlées. J'observe la lune et les roseaux, les fleuves et les étangs, le paysage s'est vidé, pas un oiseau, pas un cheval, pas une carpe, pas une cigale, quelqu'un marche tout au fond, puis il sort du cadre.
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Le monde m’a été donné, je dois le rendre. Dans ce nouveau vendredi, place de la Nation, il y a un minuscule soleil sur l’avenue, j’ai une longue jupe de lin noire et une veste rouge, je fredonne une musique arménienne que je viens de découvrir et qui ressemble à une odeur très ancienne, impossible à définir encore, un tissu, un bout de laine, un drap de lin, un coin de rue, je ne sais pas, je ne cherche plus à savoir, est-ce que ça se voit que je viens de faire l’amour?
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Je voudrais comprendre pourquoi tous ces temps sont restés si vifs en moi, inscrits sous la peau, sans hiérarchie. Comme une écriture. Ils insistent mais ne demandent rien. Ils ressemblent à la rose sans pourquoi d'Angelus Silesius, celle qui fleurit juste parce qu'elle fleurit, ne se soucie pas du tout d'elle-même, ne demande jamais à être regardée. Elle est là, c'est tout.
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Nous ne choisirions plus, nous avancerions comme avait toujours su avancer notre vie. Par bouffées, par glissades, par miroitements et retentissements. Comme savait avancer un livre. Exactement de la même façon.
Vie aléatoire, modeste et sublime, vie toupie, vie labyrinthe. Nous disparaîtrions ensemble très discrètement.
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Camille avait dix- neuf ans lorsque Stéphane Mallarmé a créé ses Mardis, en 1883, ils auront duré une quinzaine d'années, un grand théâtre de la parole, de la modernité, de la vie artistique et littéraire parisienne, comme on en rêvait.

( p.52)
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On ne sait jamais rien des images qui apparaissent dans la mémoire de l'autre quand il vous parle, mais on aime les rêver.
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Un dialogue intenable de cruauté et d’innocence mêlées, entre deux amants. L’homme dit à la femme qui veut écrire leur histoire qu’il n’y a pas eu d’histoire entre eux, jamais eu aucune histoire. La femme dit qu’il ne veut pas admettre qu’il l’aime mais il l’aime et ne peut pas le dire, alors elle va l’écrire cette histoire, cela fait longtemps qu’elle y pense. Et quand c’est écrit, ça devient vrai. Elle l’écrira et ça deviendra vrai.
Il n’y a rien à raconter, il n’y a jamais rien eu, il n’y a pas eu d’histoire, répète l’homme. Des mots crus, tranchants, impitoyables, désespérés aussi. Il ajoute qu’elle a inventé l’histoire pour lui, qu’il n’est pour rien dans l’histoire qu’elle a eue avec lui. Elle lui répond qu’il avait dit le contraire, une fois, au début. Il sourit : « Je dis n’importe quoi et puis j’oublie, vous le savez, mais je suis toujours près de vous dans le désespoir que je vous procure. »
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