Citations de Charles de Gaulle (241)
1924
Notes d'un cahier personnel
Quand un jour,tôt ou tard,il faut qu'on disparaisse,
Quand on a plus ou moins vécu,souffert ,aimé
Il ne reste de soi que les enfants qu'on laisse
Et le champ de l'Effort où l'on aura semé.
Moi
Ceux qui n'ont pas souffert sont légers. (Amiel)
Il n'est pas certain qu'on puisse améliorer la vie,mais il dépend de nous de l'anoblir.
C'est d'abord la contrainte que l'on hait,puis l'habitude à laquelle on se soumet,enfin naît la tradition que l'on révère.....
Alors que des hommes et des femmes qui défendaient leur pays auront été, par dizaines de mille fusillés, par centaines de mille déportés dans des camps d’affreuse misère d’où il en reviendra bien peu, que des milliers de combattants des réseaux, des maquis, des groupes d’actions, considérés par l’ennemi comme en dehors des lois de la guerre, auront été abattus sur place, que d’innombrables meurtres, incendies, pillages, brutalités, auront en outre été commis, le tout à grand renfort de tortures et de trahisons et avec le concours direct de « ministres », fonctionnaires, policiers, miliciens, délateurs français ; alors que pendant des années, maints journaux, revues, livres, discours, auront prodigué les insultes à ceux qui se battent pour la France et les hommages à l’occupant…
Rien ne rehausse l'autorité mieux que le silence, splendeur des forts et refuge des faibles, pudeur des orgueilleux et fierté des humbles, prudence des sages et esprit des sots.
Toujours le chef est seul en face du mauvais destin .
Toute ma vie, je me suis fait une certaine idée de la France. Le sentiment me l'inspire aussi bien que la raison. Ce qu'il y a, en moi, d'affectif imagine naturellement la France, telle la princesse des contes ou la madone aux fresques des murs, comme vouée à une destinée éminente et exceptionnelle. J'ai, d'instinct, l'impression que la Providence l'a créée pour des succès achevés ou des malheurs exemplaires. S'il advient que la médiocrité marque, pourtant, ses faits et gestes, j'en éprouve la sensation d'une absurde anomalie, imputable aux fautes des Français, non au génie de la patrie. Mais aussi, le côté positif de mon esprit me convainc que la France n'est réellement elle-même qu'au premier rang; que, seules, de vastes entreprises sont susceptibles de compenser les ferments de dispersion que son peuple porte en lui-même; que notre pays, tel qu'il est, parmi les autres, tels qu'ils sont, doit, sous peine de danger mortel, viser haut et se tenir droit. Bref, à mon sens, la France ne peut être la France sans la grandeur.
Le Général ayant décidé de donner la grand-croix de la Légion d'honneur à François Mauriac, des ministres murmurent.
"Mais oui, messieurs, tranche le Général, Mauriac est le plus grand écrivain français."
Son regard balaie le conseil et tombe sur André Malraux.
"Oui, le plus grand écrivain français... parmi d'autres."
Comme tout le monde, je constate que, de nos jours, le machinisme domine l’univers. De là s’élève le grand débat du siècle : la classe ouvrière sera-t-elle victime ou bénéficiaire du progrès mécanique en cours ? De là sont sortis, hier, les vastes mouvements : socialisme, communisme, fascisme, qui s’emparèrent de plusieurs grands peuples et divisèrent tous les autres. De là vient, qu’en ce moment, les étendards des idéologies adverses : libérale, marxiste, hitlérienne, flottent dans le ciel des batailles et que tant d’hommes et tant de femmes, emportés par le cataclysme, sont hantés par la pensée de ce qu’il adviendra d’eux-mêmes et de leurs enfants. De là résulte cette évidence que le flot de passions, d’espoirs, de douleurs, répandus sur les belligérants, l’immense brassage humain auquel ils se trouvent soumis, l’effort requis par la reconstruction, placent la question sociale au premier rang de toutes celles qu’ont à résoudre les pouvoirs publics.
Pas de rayonnement dans la confusion, ni de progrès dans le tohu-bohu.
Quand la lutte s'engage entre le peuple et la Bastille c'est toujours la Bastille qui finit par avoir tord.
La bourgeoisie française à fait son temps et je sais qu'en France il n'y a plus que le peuple qui soit capable de se battre et de se faire tuer pour une idée.
Les patrons se croient sociaux. Ils n'économisent rien pour les water-closets et les douches. Leurs femmes courent partout distribuer des layettes. Mais, pour associer les ouvriers, rien à faire .Dans ma jeunesse, c'était contre les augmentations de salaires. On ne voulait pas risquer que les ouvriers boivent encore plus. C'est par les élites que tout pourrit.
En 1965,le Général âgé de soixante quinze ans,évoquera sa fin dernière,devant un familier.
Depuis longtemps,je suis prêt à me présenter devant le créateur...Mais est-il prêt,Lui, à cet affrontement ?
Kennedy,pour ses pourparlers avec l’URSS,se sert d’un procédé bien curieux :il ressemble à Christophe Colomb qui s’embarqua sans savoir où il était,et revint sans savoir ce qu’il s’était passé.
1920
Notes
O'Connel né en 1775-mort en 1847.
Cet homme fut un peuple
Lu le livre de G. Lecomte sur Clemenceau.
C'est un panégyrique,et un panégyrique du moment. (1918).L'histoire dira plus juste et plus net.
G. Lecomte a bien compris cependant la grande,l'irrésistible force de Clemenceau de 17-18-19.Il fut la France.
Pour faire le blocus de Monaco, il suffit de deux panneaux de sens interdit.
A Londres, le 26 juin 1940, le Général s'adressant à Maurice Schumann :
« Si Hitler avait dû venir à Londres, il y serait déjà. Comme sous-secrétaire d’État du gouvernement Paul Reynaud, j’ai demandé aux Anglais leur aviation de chasse, ils ont refusé. Je leur en ai tenu rigueur, maintenant je m’en félicite : c’est elle qui gagnera dans le ciel de Londres la Marne de cette nouvelle guerre… Avez-vous lu Mein Kampf ? Hitler ne résistera pas à l’envie d’implanter des colonies germaniques dans les plaines fertiles de l’Ukraine. Regardez la mappemonde ! Quand, faute de pouvoir atteindre Londres, il se sera jeté sur Moscou et aura entraîné la Russie dans la guerre, le Japon y entrera par la force des choses. Dès que le Japon y sera, l’Amérique ne pourra pas ne pas y être. »
Avec le don qu’il avait de donner des ordres à l’Histoire, la conclusion du Général est tombée : « Cette guerre est une guerre mondiale. Elle est donc un problème terrible, mais résolu. Il reste à ramener du bon côté, non seulement les Français, mais la France. » C’était le 26 juin 1940
Par-delà les épreuves, les délais, les tombeaux, ce qui est légitime peut, un jour, être légalisé, ce qui est raisonnable peut finir par avoir raison.
... en dernier ressort, c'est là qu'on doit en venir : on ne fait rien de grand sans de grands hommes, et ceux-ci le sont pour l'avoir voulu.
1924
Notes d'un carnet personnel
Le Rhin,triste témoin d'eternelles alarmes ,
Couvre d'un deuil sans fin la splendeur de ses bords,
Roule un flot toujours prêt à recueillir des larmes,
Et tisse des brouillards pour voiles d'autres morts.
Moi
Il faut se piquer d'être raisonnable et non point d'avoir raison.
(Joubert)
1927
Notes d'un cahier personnel
Faire des phrases,n'y pas croire,et les admettre cependant,est le principal caractère de ce temps.
Il faut avoir un but et douze systèmes allant du blanc au noir .
A qui sait rêver,les heures sont grises.....
Lu l'invasion de Poincaré.
C'est clair,habile,long comme tout ce qu'il dit ou écrit. C'est un très bon devoir d'homme d'État,pas trop sûr de lui,confondant un peu l'Histoire avec la Politique et tâchant de convaincre à la fois l'une de l'autre....
De l'intelligence,du savoir-faire ;on cherche souvent la grandeur,la hauteur,ce sommet de courage auquel atteignit plusieurs fois Clémenceau.
On y voit trop la préoccupation,un peu agaçante eu égard à l'ampleur des évènements,de flatter les médiocres allégories dont s'emplissent les parlementaires du temps.
Lu Verlaine de P. Martino:
Décidément,pourquoi tourner et retourner les histoires de la vie des grands écrivains.Ils ne comptent pas en personne,c'est leur oeuvre qui compte.
1919
(notes d'un carnet personnel )
J'ai passé l'âge où l'on souhaite voir couler les jours....même s'ils sont vides,ce sont des jours tout de même !
Le dédain,dit Vigny,basse monnaie pour payer les choses humaines.
Ce qu'il y a de plus fatal dans la vie humaine,dit Bossuet,est en même temps ce qu'elle a de plus ingénieux et de plus habile :l'art militaire.
Le Général de Latour-Maubourg perdit une jambe à Leipzig.comme son ordonnance pleurait près de son lit: Imbécile!,de quoi te plains-tu?Tu n'auras plus qu'une botte à cirer.
On n'emprisonne pas Voltaire!
Pour que rien ne nous fût épargné, la vieillesse du maréchal Pétain allait s'identifier avec le naufrage de la France .