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3.12/5 (sur 38 notes)

Nationalité : France
Né(e) le : 26/12/1973
Biographie :

Cédric Meletta est Docteur ès lettres.

Enseignant passé par Dakar, l’Université de Nanterre et les villes de première couronne, il partage aujourd’hui son temps entre formation et création au chevet de cette grande malade qu’est la langue française.

Polygraphe (roman, nouvelles, biographie), il publie son premier livre, "Jean Luchaire. L’enfant perdu des années sombres" (2012, Éditions Perrin), une première biographie saluée par la critique.

Il est également l'auteur de "Tombeau pour Rubirosa" (Séguier, 2018). Aux Éditions Robert Laffont, il publie en 2019 les "Diaboliques", un ouvrage dans lequel il révèle le destin de sept femmes parmi les plus engagées dans la Collaboration.

Source : www.larevuedesressources.
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Qui était John-Antoine Nau, lauréat en 1903 du premier prix Goncourt ? Un aventurier comme il n'en existe plus, autant chez lui à San Francisco qu'en Martinique. Un poète féru de liberté et ivre d'indépendance. Un romancier qui envoie le manuscrit vainqueur – "Force ennemie" – à compte d'auteur et ne daigne pas aller chercher sa récompense. Nau est l'anti-Goncourt par excellence. Alors qu'on le sacre, il est installé dans le cabanon du peintre Paul Signac au coeur de la baie des Canoubiers. Entre une partie de pêche et la minutieuse préparation d'un dîner de gourmets, il expose à une pittoresque bande d'amis sa conception du Beau et son abjection pour les cénacles de littérateurs qui, sans cesse, complotent dans les antichambres. Goncourt originel et personnage absolument romanesque, John-Antoine Nau méritait bien un roman. En écho à l'aveu de Huysmans, président de l'académie : « C'est encore le meilleur que nous ayons couronné ! ». Cédric Meletta est l'auteur de "Jean Luchaire. L'Enfant perdu des années sombres" (Perrin), "Tombeau pour Rubirosa, un roman" (Séguier), "Diaboliques" (Robert Laffont) et en 2020, aux éditions du Rocher, "Les Bukoliques", récit littéraire autour de Charles Bukowski.

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Citations et extraits (45) Voir plus Ajouter une citation
John Nau signait Torquet, comme les compositions de collège d'un citoyen americain d'expression française. II était contre la chasse aux millions, contre la soif du gain. Il voulait bailler chez les banquiers avant de faire la nique au destin. Tout un programme. Honorable profession de foi, idéaliste à souhait, comme toutes les professions de foi.
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Mercredi 23 décembre 1903. Troisième jour de la semaine à la merci d'une mer merveilleuse et d'un mercure élément. Mercredi. Destin de houle, dès le premier son prononcé. Pourtant né un dimanche, Gino est fils du mercredi. S'il y a bien le cycle des saisons, il y a surtout les vérités du jour avec. À quarante-trois ans, les lignes de sa biographie s'épaississent en plein milieu de semaine. La mort du père, le premier pied posé sur le sol français à son retour d'Amérique, son renvoi du lycée du Havre, son bachot à Rollin, sa première cuite, le premier baiser, la première baise, son engagement dans la marine marchande, la rencontre d’Henriette, la demande en mariage, les symptômes de sa typhoïde, la faillite de son exploitation, bref, un jour d'élan, de rupture, avec quelques arrivées aussi, New York, Port-au-Prince, le Venezuela, la Catalogne, l’Andalousie, la Colombie jusqu'au fin fond du Guyana... Tous ses « paradis d'attente ». La première pierre de sa toute première maison au pied d'un volcan fou des Canaries. Un mercredi, aussi.
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G comme Goncourt, Gratin de Génie : l'académie, les frères, le prix. 0 comme Ô raison d'État et Oraison funèbre. N comme Natale et Natifs. C comme Culture, encore, toujours, puis 0, U, R et T comme Œuvre d’utilité régionale (et) touristique.

Oooh, rien de trop voyant. Un raout en aparté sans pétards ni flonflons, sans défilé ni procession sur chars. Tout ça dans une atmosphère de folklore hybride, avec en point d'orgue la célébration des grandes figures de ce petit pays, culte assez typique sur un peu plus de trente kilomètres à la ronde : Domrémy-la-Pucelle a Jeanne d'Arc, Langres, Diderot, Montigny, les Flammarion, et Bourmont, Albin Michel. Une terre d'édition, de miracles et de voies moins impénétrables que tournées vers l'exemplaire et la promotion. Jeanne d'Arc, Denis Diderot, Ernest Flammarion et Albin Michel réunis qui coudoient sur un carré mémoriel d'une cinquantaine de kilomètres au bas mot.

Tout porte à croire que cette région naturelle sait enfanter les hommes de papier, surlignés de mythes éternels.
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Idéalement, Gino aurait investi les cinq mille francs de son prix littéraire dans la location de la villa d'à-côté. Il la baptiserait, la baptisera Claire-Émile. En hommage à son mentor. Un professeur de civilisation française sévissant dans une obscure académie militaire britannique. Puis, pour ritualiser encore davantage, il lirait des morceaux choisis de la toute première œuvre tropézienne du nom. Composée sous la monarchie de Juillet. Régime qui sied a merveille aux cités balnéaires. La Salamandre, texte rare. Roman maritime écrit par un ex-chirurgien auxiliaire de troisième classe en relâche ponctuelle dans un cabanon antédiluvien de la ruelle des Charrons. Un chirurgien dandy qui, le jour venu, était devenu Eugène Sue. Avec un prénom appelé à avoir du prix. Un patronyme au goût de l’effort et du travail bien fait. Un nom étouffé par la canicule mais rafraîchi, depuis, par les bienfaits d'un déodorant.
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Formels. Les dîneurs furent formels. L’appellation d'origine, déformée. Le mot « soupe » ne convenait désormais plus au plat qui venait d'être servi. Une élévation. On était montés haut. Très haut. On venait de toucher la perfection, ou ce qui s'en approchait. Gyrovague, expert en nomadisme, Gino n’avait jamais rien mangé de meilleur. Et des référents. De l'exotisme cuisiné. Il en avait. En avait assez pris. Assez eu. Assez vu. Des brochettes d'hippocampe aux yeux de thon, de la cassolette de poisson-globe au pénis de baleine poêlé, et que dire des tempuras nipponnes au sperme de morue. Incomparable. Chacun enchérissait ses impressions dès que la lippe était mouillée par le bout du bout de la cuiller. Un plébiscite. Un pré-summum. Scotché, Loutcho ne bougeait plus. Il cherchait. Un mot. Un son. Sa voix. Signac croisait les jambes en caressant sa barbe. Pénétré. Habité, même. Il pensait. L’art dans tout. Le beau dans l’utile.
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La sortie du livre. Un premier roman. Roman sur la folle écrit patiemment depuis six ans sur des cahiers d'écolier après cinq versions et au moins trois abandons. S'il s'en souvient? Zola venait juste de mourir le livre tout frais collé, broché. Roman curieux. Hors normes. La verve est à froid. Pince-sans-rire. Un peu psychologique. Du surnaturel, de l'anticipation. Beaucoup de comédie. On se marre bien. Gino y montre un sens certain des dialogues, fait du Céline avant Céline, tout en style parlé. Qu'ils soient créole, breton ou bas-normand, il aime se foutre des accents. Se foutre du monde, des conditions, basses, hautes, seules. Sine qua non. Tout le monde en prend pour son grade, à commencer par lui, c'est sa façon à lui d'être philanthrope, égalitaire. Démocrate. Les personnages font leur « cuir » à travers un langage facétieux. Le tout avec exagération, si bien que c'est redondant, que ça fait rengaine sur tout le dernier tiers d'un bouquin qui fait tout sauf du boucan à l'heure de sa sortie en librairie. Deux minces filets dans Gil Blas et La Presse ont évoqué l’originalité de la démarche.
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Dans les garnos, les sergots lichaient dupivois avant de foutre des roulées à leur femme.

Quand je dis « femmes », elles étaient « ronfles, fêtasses ou poufiasses ». T’y allais pas de main morte, ami. Entre dèche et gloire. De vrais papillons de nuit coincés dans leur chrysalide. Les années joyeuse bohème en balade. On était nés bourgeois, on se rêvait apaches, escarpes, un peu caille. Un peu « pour ». La paix, le choix pour tous. Les femmes, surtout. Souvent « anti ». Soldat, patron, président, roi, argent roi. C'était ça, la route, la rue de la révolte. Vingt ans. Le plus dur, c'est d’avoir su rester les mêmes. Comme en tout.
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Un vénéfice. Sans le moindre contrepoison. Comme si tout romancier acceptait d'être abélardisé dans l'espoir de devenir le dauphin, confortablement rémunéré, d'un écrivain d'Ancien Régime qui a paru croire que la littérature se transmettait comme une couronne, avec une dynastie d'idées et de ronds-de-cuir à défendre. Depuis le printemps 1900, une grosse publicité est faite avec beaucoup d'habileté, de telle sorte que toute une certaine France des villes sait qu'une nouvelle Académie composée d'écrivains indépendants, présumés anti-académiques, et fils spirituels du grand Flaubert, va sortir de son obscurité un génie rare. Un nouveau Balzac peut-être, mieux, un nouveau Stendhal. Comment une académiette(s), comment une canaquacadémie pourrait miser sur Gino, à savoir s'enticher d'un pareil type, qui se moque de la gloire en se déprisant de la popularité ? Un grand enfant génial qui vit sa vie entre deux pôles. Le désintérêt avant l’aventure.
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Essaie déjà le compte d’auteur. .. Si tu veux, je le paie.

Tope !

Payer pour sa prose. Ça agace d'abord John Nau. Pire.

Ça le dégoûte. Mais Charles sait y faire quand il veut convaincre. C'est un malin qui a faim, mi-bonimenteur, mi-showman. Alors qu'il eût fait un excellent commercial après avoir lâché Centrale, il a finalement suivi la même voie que son aîné. Comme Eugène, il a fait Rollin, a guinché avec Les Harengs saurs, a pigé pour Le Chat noir, et s'est fait dessiner avant d'être peint par Signac. Si, si. Une œuvre de jeunesse. De 1883. l’artiste et son camarade de modèle viennent d'avoir vingt ans. C'est une huile sur toile d'un tout petit peu moins d'un mètre de hauteur pour environ soixante centimètres de largeur. Ça s'appelle Étude d'Asnières. Charlot vu de dos. Cette peinture orne aujourd'hui l'un des murs de la villa tropézienne. C'est Charlotte, l’arrière-petite-fille de l'artiste, qui me le garantit. Paul et les frères Torquet.
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Les rôles de chacun ayant été répartis au préalable, à la faveur des inclinations ou des talents cachés des uns comme des autres. Pas que cachés, d'ailleurs. Hector et John-Antoine sont déjà dans les préparatifs du déjeuner de Noël. L’écrivain n’a pas son pareil pour préparer le cochon noir. Du dépeçage grossier des chairs jusqu’à l’exploitation artistique des os de la carcasse. En sarbacane, osselets, flutes et autres ocarinas, finement taillés par la pointe de son couteau suisse. La broche est prête. Graissée. Elle traverse un sanglier d'environ deux cent vingt livres après pesée, sanglier qui a pieds et poings liés sur une sorte d'espalier. Quelle prise ! Joli trophée. Toujours le même coin. Cette demi-douzaine de termitières qui jouxtent le domaine des Tournels, là où le gibier aime à fouailler. La bête a été traquée par Loutcho. Sans déflagration, sans plomb pour altérer ni les chairs ni les fibres. Une proie tirée à l'arc avant d'être achevée par le tranchant de la main. Et ce, le plus rapidement possible. Pour Nau, l'honnête homme est d'abord celui qui sait manger. Mange ou meurs. Sans ostentation, sans grandes pompes, sans cuistres discours.
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