Citations de Catherine Bardon (359)
Elle portait toutes ces femmes, elle était chacune d’entre elles pour qui tout était souffrance. Les idées, les théories sont si peu au regard de ce qu’on vit dans sa chair. Sa conscience fut traversée par une fulgurante. Ce fut une prise de conscience brutale, une épiphanie. Elle allait s’occuper de leur sort, elle y mettrait toute sa force, toute sa foi.
Elle a été courtisée, désirée, brandie comme un trophée, jalousée, trahie, rejetée, négligée, humiliée, abandonnée, oubliée. A-t-elle été aimée, seulement un peu ?
Elle a été courtisée, désirée, brandie comme un trophée, jalousée, trahie, rejetée, négligée, humiliée, abandonnées, oubliée.
A-t-elle été aimée, seulement un peu ?
(page 391)
Le Jefe est devenu une caricature, engoncé dans son insupportable suffisance de tyran, éclaboussant tout le monde de son inébranlable foi en lui-même.
(page 292)
La quintessence du merengue c’est le désir assumé, la séduction, l’imminence du plaisir.
(page 271)
Quand Flor apprend le débarquement des troupes américaines sur l'île, elle est atterrée. C'est le début d'une véritable guerre.
Flor a affûté ses arguments. Talons hauts, yeux charbonneux, lèvres cramoisies, ongles laqués, robe longue en taffetas de soie vert, magnifique contraste avec sa peau cannelle, décolleté ravageur dans les reins. Attablée avec une poignée de happy few, grand sourire plaqué sur le visage, Flor encaisse cuba libre sur daïquiri entre deux bouffées de cigarette.
(page 258)
Dans ce pays, rares sont les choses qui ne dégagent pas de la beauté. La poésie est partout présente. Il y en a plus dans la silhouette d’un fermier juché sur son mulet que dans tout ce que je verrai à New York en une décennie.
Flor s'ennuie. Elle s'ennuie pendant le cocktail, elle s'ennuie pendant le dîner, elle s'ennuie pendant les discours. Elle reprend vie dans les bras de son père à l'ouverture du bal. 1 ère danse vraiment bien. Flor se rappelle les merengues de son enfance à San Cristóbal, ses petits pieds posés sur les bottes de l'élève officier. Comme le temps à passé. Vivement les bras de Porfirio...
À La Havane, l’heure est plus que jamais à la fête. Rhum, sexe, dollars, musique, la capitale cubaine n’est qu’une monstrueuse machine à plaisir. La ville vit au rythme de la rumba et du mambo, on y danse frénétiquement, on n’y dessoûle guère, on y perd des montagnes de dollars qui passent des tapis verts à l’escarcelle des parrains.
(page 255)
Engourdie sous une chape de peur, Ciudad Trujillo est devenue léthargique à force de servilité. On n’ose plus sortir et on n’a plus guère le cœur à s’amuser dans cette ville agonisante, une ville de couleurs ternies, de parole muselée, de rires oubliés.
(page 244)
L’image qu’offre son nouvel époux à Flor est catastrophique, mais finalement, c’est juste le reflet de ce qu’elle est elle-même. Un jouet, une carpette, un souffre-douleur au creux de la main d’un tyran qui lance et relance sans cesse le yoyo.
(pages 239-240)
Flor, c’est son île natale, c’est l’accent chantant de Saint-Domingue, le goût suave des mangues, le chaloupement du merengue, la complicité de leur éducation française… Flor, c’est son premier amour, celui qui la relie à sa jeunesse envolée.
(pages 223-224)
Elle sait trop à quel point son cœur est avide de la reconnaissance et de l’amour de son père, à quel point exister à ses yeux, capter son attention, conquérir son approbation, le satisfaire est vital pour elle. Car si elle n’existe pas à ses yeux, elle n’existe tout simplement pas. Rien n’a vraiment changé depuis l’époque où elle examinait avec angoisse son carnet de notes de Bouffémont.
(pages 198-199)
On doit chaque fois écrire comme si l'on écrivait pour la première et la dernière fois. Dire autant de choses que si l'on faisait ses adieux et les dire aussi bien que si l'on faisait ses débuts.
L’Ogre des Caraïbes… On l’appelle aussi le César des Caraïbes, le Généralissime, le Bienfaiteur de la Patrie. Tout démocrate qui se respecte abomine le tyran qui règne sur la moitié de l’île qui se déploie à quelque 600 miles de la Floride.
(page 170)
Car sans racines, on n'est qu'une ombre.
Dénigrer les personnes, les humilier, les faire se sentir insignifiantes, anéantir leur estime de soi, dissoudre les sentiments, briser les liens, le Jefe est passé maître dans ce jeu sadique qui fait des ravages.
(page 154)
Flor a vingt ans, un mari volage, un tyran qui régente sa vie en guise de père. Toujours pas d’enfant. Et aucune lueur d’espoir.
(page 94)
En bon époux latin, Porfirio attend de sa femme qu’elle lui soit soumise. Comme sa mère l’a été à son père. Et peu à peu, il découvre que Flor a un caractère bien trempé. De surcroît, c’est une enfant gâtée, susceptible et coléreuse. Des disputes éclatent souvent pour des petits riens. Il la rabroue. Elle le provoque. Il s’emporte. Ça s’envenime. Les noms d’oiseaux volent. Ils se rabibochent au lit.
(page 83)