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Critiques de Bernard Minier (4269)
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Une putain d'histoire

Il suffira d’une île, un matin.



Je le dis tout de go : ceux qui rechigneraient à se plonger dans ce roman sous prétexte de ne pas y retrouver les personnages récurrents de l’auteur, risquent fort de passer à coté d’un des meilleurs thrillers de ces dernières années.



Exit le Commandant Servaz, donc. Place à une histoire originale se déroulant aux États-Unis. Si Bernard Minier revendique une vraie volonté de rendre hommage au thriller américain dans sa postface, j’irai plus loin en affirmant qu’il ne fait pas que timidement se mesurer aux auteurs d’outre-Atlantique. Ce roman est une telle réussite qu’il rend terne toute concurrence, d’où qu’elle vienne.



Ce roman est une mine emplie de pépites, de la première ligne jusqu’à qu’on le termine. Car, mine de rien, Minier réussit ici un tour de force. 520 pages sans temps mort, avec une histoire en béton armé qui va vous mener en bateau. Ambiance, rythme, écriture, tout est là, bien en place.



Une promenade nautique et humide autour et à l’intérieur d’une île qui, très vite, fait office de huis clos, générant une tension qui a de quoi vous rendre asthmatique. Une histoire si géniale et si travaillée, qu’à chaque moment où vous croirez accoster vous serez rejeté au large.



J’ai une admiration sans faille pour les auteurs qui arrivent à faire tenir une intrigue aussi sinueuse sans qu’elle ne prenne l’eau. L’auteur a réalisé un boulot immense pour que le scénario tienne la route, qu’il réserve surprise sur surprise, tout en arrivant à maintenir une fluidité parfaite de l’intrigue. Du grand art, à tel point que j’en attrape mal au crâne à imaginer le plan que Bernard Minier a dû construire. Une complexité à s’arracher les derniers cheveux présents sur la tête.



Mais quel bonheur pour le lecteur, quel pied (marin) de perdre ainsi pied tout au long de ce récit qui pourtant retombera sur ses pattes de manière magistrale. Avec 50 dernières pages absolument : étourdissantes, ahurissantes, démentes, époustouflantes, renversantes, bluffantes (je m’arrête ou je continue encore et encore ?).



Et pour couronner le tout, Une putain d’histoire n’est pas qu’une intrigue jubilatoire. L’histoire développe des thématiques fortes, ancrées dans l’actualité ou l’émotion ; entre nouvelles technologies ou passage à l’âge adulte. Un récit à la fois très actuel et complètement universel.



Allez, pour chercher la petite bête et essayer de trouver j’ai trouvé un seul défaut à ce livre : la couverture, du genre « histoire pour ados », qui me semble hors de propos. A noter, par contre, la 4ème de couverture qui a le très bon goût de ne strictement rien dévoiler de l’intrigue.



Dites, vous là-bas au loin, dans les Amériques ! Arrêtez de chercher par chez vous la nouvelle perle du thriller, et traduisez mot à mot cet éblouissant roman (même si je vous connais et que vous n’oserez pas traduire le titre stricto sensu ;-)). En ce qui nous concerne, on a de quoi être sacrément fiers de notre Frenchy.



Une putain d’histoire ? Il n’y a pas à barguigner (ceux qui liront le livre comprendront l’utilisation de ce mot) : oui, un putain de bon bouquin !
Lien : https://gruznamur.wordpress...
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La chasse

Martin Servaz ne braconne pas la galinette cendrée.

Son gibier à lui, c’est l’assassin pyrénéen, le fêlé occitan. Après sept romans, je ne comprends toujours pas pourquoi les psychopathes continuent à étriper le chaland dans la région. S’ils lisaient les bouquins de Bernard Minier, ils sauraient que le midi Toulousain n’est pas un bon spot pour eux. L’air du midi, c’est bon pour les retraités et les joueurs de rugby, pas pour les tueurs.

Il faut dire que Servaz, c’est un aimant à criminel. Tu l’envoies une semaine en vacances sur une île déserte et il est certain que t’as un bulot qui se met à massacrer toute la poiscaille ; Tu l’envoies six mois dans l’ISS et il tombe sur un spationaute empoisonné au plat lyophilisé par un allergique aux selfies de l’espace.

Après la lecture de ce nouvel opus, mon diagnostic est à peu près le même que pour « La Vallée », paru l’an dernier. Un supo et au lit ? Non, je prescris cette lecture mais elle présente toujours un peu les mêmes symptômes.

Bernard Minier a le sens du rythme et il est toujours aussi difficile d’éteindre sa lampe de chevet tant qu’on ne connait pas le fin mot de l’intrigue. Morphée devra poireauter. La lecture est divertissante et pour un régional de l’étape, bientôt chauve mais pas chauvin pour un sou, pour deux peux peut-être, c’est toujours sympathique de reconnaître certains coins à champignons et de lire des noms familiers. L'excitation du passage du Tour de France en bas de chez soi.

Un jeune sauvageon de la banlieue toulousaine trouve la mort dans les forêts de l’Ariège. Des cornes de cerfs greffées aux oreilles laissent supposer un remake des chasses du comte Zaroff. Servaz va découvrir que d’autres repris de justesse ou échappés de justice ont disparu. Et si certains avaient décidé de privatiser la justice ?

Cette trame qui ne manque d’adrénaline va attiser les tensions sociales. Toile de fond peinte hélas sans nuance, saupoudrage de l’histoire qui vire à la tartine bien grasse. Si Bernard Minier excelle toujours dans l’action, ses digressions relèvent trop souvent de la caricature bâclée et s’égarent dans les lieux communs, interviews au Ricard, chaines d’infos au Pernod. Clichés sur les jeunes de banlieues, Polaroids de vieux militaires réacs, pellicules de flics désabusés, instantanés de notables véreux et hautains. Vous assaisonnez le tout d'un peu de drogues, d'intégrisme, de violences policières et vous avez le "fourzitou" de l'actu, les restes avariés d'une revue de presse trop empressée.

Il me semble que les premiers romans de la série ne brassaient pas autant d'idées reçues mais ma mémoire a peut-être censuré ces excursions naïves dans la complexité du monde d'aujourd'hui pour ne retenir que certaines scènes de crimes élaborées et intrigues ficelées comme un rôti saignant.

Servat, personnage très bien charpenté, arbitre impartial et désabusé de son époque, permet au roman d'échapper à l'hémiplégie idéologique et au lecteur de se focaliser sur cette nouvelle enquête dans l'air maussade du temps clivant.

Un bon polar pour le week-end mais une photo trop grossière de la société à mon goût.

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Lucia

Un roman hyper addictif , qui se lit super bien, tout seul même.

Les personnages sont travaillés. Ils créent l'empathie du lecteur.

Et puis l'écriture de Minier est formidable, elle captive son lectorat .

L'atmosphère qui se dégage de ce roman est aussi très bien fait. Ce roman est formidablement bien construit.



Mais mon grand soucis est sur un final prévisible. Si le scénario de base est génial, je ne peux malheureusement pas adhérer au final. Je l'ai trouvé simpliste, prévisible, basique et disons le clairement décevant.

On a des passages tellement tortueux, que l'on s'attend également a une fin magistrale... Je ne peux que comparer au soufflé qui tombe à plat.



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Le cercle

Le cercle, .... pas besoin de tourner autour. L'ouvrir c'est y adhérer ! Si vous avez lu et apprécié, si vous avez eu froid dans le dos en lizzant "Glacé" de Bernard Minier, c'est que oui, il vous a cerné, alors, avec son Cercle il va vous faire entrer dans la ronde des suspects....mais ne regardez pas le renard passé !

Désolé pour Harlan Coben, mais en tous les cas Bernard Minier est l'auteur que j' attendais, pour enfin détrôner l'américain et placer le français en vue de la souveraineté thrillerienne....
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La Vallée

Il n’y a pas que des ours dans les Pyrénées. Il y a aussi une invasion de tueurs en série.

Pendant que Baloo et ses copines slovènes confondent troupeaux de brebis et bars à tapas sous l’œil attendri des bisounours, Bernard Minier décime dans ses romans les aborigènes pyrénéens en introduisant un nombre incalculable de psychopathes passablement chafouins.

Depuis « Glacé », Martin Servaz, son brave flic éprouvé par la vie, se charge de les pister. Servaz, c’est du miel à assassins. Vous l’envoyez dans n’importe quel patelin paumé qui n’a pas connu d’homicide depuis la période cathare et c’est l’hécatombe. Il traverse un village comptant moins de 10 âmes et vous pouvez déjà prévoir quelques vols pour l’au-delà. Il peut vous transformer la Belle des champs en maîtresse sadomasochiste, un chercheur de champignon nonagénaire en empoisonneur sadique, un éleveur de brebis en pédophile et un chasseur de sanglier du dimanche en sniper surentraîné. Chez lui, la famille Ingalls court dans les herbes hautes et se transforme en secte sataniste dès le tomber du jour. Même les fœtus sont suspects.

Je suis un brin moqueur et pourtant j’ai lu tous les romans de la série sans y être forcé ou payé. En fait, cette lecture, c’est un peu comme une réunion de famille. On est content de revoir tout le monde une fois par an mais on ne peut pas s’empêcher de raconter toujours les mêmes histoires et de lancer des commentaires désagréables pendant le trajet de retour. Je pourrai mentir et dire que mon assiduité s’explique par la qualité du style - comment dit-on déjà quand il n’y en pas ? ah oui - sec et ciselé, ou que c’est en raison des intrigues haletantes, mais l’issue est à peu près toujours la même. L’humour ? Il est si bien caché que je le cherche encore dans la forêt. Je n’irai pas jusqu’à oser mettre en avant les digressions caricaturales sur le mal être de la police, les dangers des réseaux sociaux ou le malaise général de la société, qui semblent puisées dans des brèves de comptoir. Non, je crois que je lis surtout ces romans par chauvinisme parce qu’ils se passent par chez moi (mon piteux pseudo de cibiste est révélateur de ce petit défaut) et que je me suis attaché aux personnages.

Cet opus est un huis clos au grand air qui multiplie les références aux précédentes enquêtes, ce qui flatte les habitués mais peut dérouter des lecteurs de passage.

Pour isoler une vallée montagneuse du reste du monde, rien de mieux qu’une explosion pour ensevelir la seule route qui permet d’y accéder. Servaz est coincé sur place car il a reçu un appel au secours de Marianne, mère de son fils, compagne disparue et kidnappée à répétition. Parti à sa recherche dans une vallée de montagne, il doit faire face à plusieurs crimes ritualisés. Marques de fabrique chez Bernard Minier, les scènes de crimes sont des tableaux horrifiques digne de Jérôme Bosch, qui laissent plus de souvenirs que les scénarios de ses romans. Entre un monastère isolé, une forêt dense et sauvage, une petite commune où la révolte populaire gronde et le retour d’Irène Ziegler, gendarmette du premier tome de la série, pâle copie de Lisbeth Salander, l’écosystème est favorable aux randonnées meurtrières.

Voyage en terrain connu, la corde de la série est de plus en plus effilochée et l’histoire s’use avec un héros qui semble aussi fatigué par ses enquêtes que le lecteur.

Malgré tout, le roman se laisse lire sans déplaisir, le rythme est adapté à l’intrigue, les personnages féminins sont davantage travaillés et dominent les débats de façon intéressante. L’idée d’isoler toute une vallée pendant l’enquête permet aussi de décortiquer les rouages du soupçon en milieu confiné.

J’ai avalé la vallée comme une glace à l’eau du robinet ! C’est frais mais cela manque de saveur.



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La chasse

Rendez-nous le Bernard Minier des débuts (glacé, le Cercle, N'éteins pas la lumière...), celui qui construisait patiemment ses intrigues, travaillait ses personnages et soignait son écriture, au lieu de la pâle copie qui publie désormais, au rythme frénétique d'un par printemps, des romans paresseux et bâclés. Un esprit moins candide que le nôtre pourrait voir dans cette évolution le signe que l'ambition littéraire a cédé le pas, aux yeux de notre auteur et de son éditeur, à des objectifs moins avouables.



Ce nouveau roman part pourtant sur des chapeaux de roue. Les premiers chapitres sont intenses et rythmés, et suscitent une curiosité certaine. Mais l'enquête ne décolle jamais vraiment, faute de véritable mystère à éclaircir. Chose étonnante pour un roman policier, l'incertitude concernant l'identité des coupables, leurs motivations et leur mode opératoire, est levée rapidement. Dès lors, aucune surprise ne vient agrémenter le train-train inexorable de l'enquête qui défile sous nos yeux, que nous avons d'ailleurs de plus en plus de mal à garder ouverts. Servaz et son équipe, eux-mêmes loin de leur meilleure forme, ont laissé à la police scientifique le soin de faire avancer leur laborieuse enquête. Nous sommes peut-être en présence d'un plaidoyer subtil pour le remplacement des effectifs de police judiciaire par l'intelligence artificielle.



Un problème de taille se pose cependant : comment remplir 472 pages avec une intrigue si maigre ? Réponse : avec des considérations sociales, sociétales, politiques. Des musulmans fondamentalistes qui accusent la France et sa police de racisme systémique. Des enseignants blancs et d'extrême gauche qui les encouragent. Des enseignants immigrés qui s'y opposent, et traitent leurs élèves avec ambition et exigence. Des militaires et des policiers qui accusent la justice, par son laxisme, d'être responsable de la déchéance du pays. La mention toutes les trois pages d'un masque porté par un personnage, pour bien nous rappeler que l'intrigue se passe au temps du covid. Des étalages de faits divers réels (violences, attentats, agressions contre des policiers) sans rapport avec l'intrigue, sans doute pour tenter d'instaurer un "climat". Ce projet est pourtant mené avec trop de paresse et de complaisance pour ne pas échouer totalement, faute d'une véritable dialectique entre l'enquête policière et cette toile de fonds. La subtilité n'est, de sucroît pas de mise : les personnages récitent leur catéchisme (indigéniste, zemmouriste, anticapitaliste...) dès que l'occasion leur est fournie, et même, la plupart du temps, sans qu'aucune occasion ne leur soit fournie.



J'ai donc refermé ce livre avec soulagement, et aussi la sensation peu agréable d'avoir été le pigeon de cette Chasse, en déboursant 13 euros pour un objet qui ressemble à une nouvelle policière entrecoupée de coupures de presse du Figaro et de Libé. Je me tiendrai désormais loin des balles, en espérant que ma prière initiale soit exaucée et que Bernard Minier revienne un jour à l'exigence de ses débuts.
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Lucia

Amicale ibérique de psychopathes !

Bernard Minier fait souffler son détecteur toulousain de mabouls, Martin Servaz, qui n'a pas volé quelques jours de RTT et une petite pause dans ses aventures. D'ailleurs, sur ses deux dernières enquêtes, mes billets ne l'avaient pas épargné car on sentait le garçon un peu essoufflé. Et puis, vu l'abattage, il doit rester plus d'ours que de tueurs en série dans les Pyrénées. L'espèce est en voie d'extinction dans le Sud-Ouest.

Donc, vamos à Salamanque et faisons la connaissance d'une nouvelle héroïne, Lucia, forcément sauvage, désobéissante, à la vie personnelle chaotique et aux méthodes borderline. Je crois que si un jour je devais me lancer dans l'écriture d'un polar, j'essaierai pour changer un peu, de créer un personnage docile, équilibré, heureux, respectueux des procédures et à la vie familiale équilibrée. Bon, même avec un peu d'humour, cela serait aussi ennuyeux qu'un manuel de yoga.

Le coéquipier de la pauvre Lucia est retrouvé crucifié à un calvaire. Un vrai calvaire quand on n'a pas de clous à disposition, mais le tueur devait connaître la vieille pub pour la Colle Super Glue 3 réalisée sans trucage avec le gars collé au plafond et la victime est mieux fixé qu'un post-it sur un frigidaire. Et Hop ! Jésus en Patafix !

Ce crime à la mise en scène macabre qui s'inspire de tableaux de la Renaissance (les assassins ont plus de culture que de remords) est relié à d'autres meurtres tout aussi scotchant par un groupe d'étudiants de l'université de Salamanque. Ils vont avec leur professeur et un logiciel révolutionnaire aider Lucia dans son enquête.

Bernard Minier change de pays mais il conserve la même construction en mille-feuille. Je pourrai me damner pour cette pâtisserie, précision, qui il est vrai, n'a rien à faire dans ce billet mais certaines vérités doivent être révélées au monde !

Pour parvenir à débusquer l'assassin pot de colle, l'intrigue transite par d'autres atrocités et turpitudes, en partant du principe que le mal attire le mal et qu'un certain esprit d'équipe anime tous les fêlés de la Ciudad. Cette inflation nuit au pouvoir d'achat des victimes mais aussi un peu au réalisme de l'intrigue.

Néanmoins, j'ai retrouvé avec plaisir dans cette histoire l'énergie des premiers romans de l'auteur. le rythme est haletant, le suspense est garanti (pas 100 % bio) jusqu'à la dernière page, et surtout, Bernard Minier s'est rappelé qu'il était écrivain et pas sociologue, et il nous épargne ses réflexions « discount » sur l'état de la société qui polluaient ses derniers romans. Il redevient ici l'excellent conteur d'histoires qu'il est et se concentre sur son intrigue et ses personnages. Merci et Olé belles scènes de crimes !

Comme il s'agit d'une première aventure, Lucia garde encore beaucoup de mystères, nous faisons juste sa connaissance, pas de sexe et de tutoiement au premier rancard, mais nul doute que ses petits secrets seront bientôt dévoilés et je mets ma main au feu (doux, car je suis un peu douillet) que l'auteur a déjà en tête de réunir dans quelques années son enquêtrice espagnole et Martin Servaz pour partager quelques tapas et trépas à la frontière des deux pays, sur la crête d'une montagne pyrénéenne, par exemple. Les paris sont ouverts.

Même pour les auteurs, les vacances à l'étranger sont revigorantes. J'ai envie de Pata Negra moi !

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Glacé

"Trop de colle ne colle plus, trop de sucre n'adoucit plus."

(proverbe chinois)



L'auteur tchèque Karel Capek a écrit une jolie histoire pour enfants : elle raconte comment le petit Chien et le petit Chat ont décidé de cuisiner un énorme gâteau. Ils y ont mis plein de bonnes choses, mais après l'avoir mangé, ils avaient très, très mal au ventre...



J'ai presque envie de m'excuser devant tous les inconditionnels de Bernard Minier ici-présents, mais je ne peux pas m'empêcher de comparer ce roman à un énorme gâteau sorti tout droit d'un four du marketing, recouvert de sucre glace et parsemé de chocolats "Pyrénéens".

Dieu sait que j'aime les thrillers tordus, mais à vouloir trop bien faire, Minier a fait tout simplement trop. Vraiment, rien ne manque ! L'atmosphère oppressante et glaciale de la montagne. Un château "cyclopéen" rempli de psychopathes. Un malfrat génial, une fragile jeune psychologue, un flic pas commun, une infirmière maléfique. Meurtres terrifiants, ordinateurs à infiltrer, anciens traumas, rancunes et silences, vengeance perfide. Lesbiennes, signes mystérieux, cachettes sous le lit, chiens écrasés et avalanches. On dirait "Fantomas" !

Malgré tout, pour une vielle routarde du thriller que je suis, cela pourrait passer, voire plaire... Mais je crois que j'ai commis une erreur stratégique dès le début, en me posant trop de questions. Comment quelqu'un a-t-il réussi à accrocher ce cadavre de cheval de 500 kilos aussi haut, pourquoi cette mise en scène théâtrale, et pourquoi ça me fait penser au "Parrain" de Puzzo ? Et cette étrange maladie de montagne dont semblent souffrir les employés du téléphérique ? (à 2000m, même un frêle petit retraité peut randonner sans soucis, ou je me trompe ?)

Mais il était déjà trop tard, et la suite de cette lecture a pris "l'effet domino". Je conviens que cela se lit très vite et bien, mais il faut faire abstraction de toutes les choses illogiques, improbables et parfois carrément absurdes, et je n'y suis pas arrivée.



Regardons le commandant Servaz : les femmes le comprennent et les hommes l'admirent, mais Minier élucide toute explication du pourquoi, ni comment un homme pareil a-t-il pu se retrouver au poste de commandant à Toulouse. Mais... il a peur de tout !! Comptez avec moi : hauteurs, voitures (y compris la lumière des phares), vitesse, appareils électroniques, montagne, chevaux, cadavres (même sur les photos) et armes à feu. Il n'arrête pas de trembler, frissonner, suer, son coeur cogne dans sa poitrine et parfois il a aussi des vertiges. Il ne sait même pas recharger son portable (peu importe, car trois pages plus tard il passe un coup de fil d'un téléphone déchargé) et il est tout le temps en train de ronchonner que les gens sont affreux, affreux, avant ce n'était pas comme ça, non et non ! Ses sempiternelles citations latines et son amour inconditionnel pour Mahler (que, normalement, j'aurais plutôt apprécié) ont fini par m'agacer au point de me donner envie de le frapper sur la tête avec une manivelle de gramophone.

Heureusement pour lui, il y a son indispensable alter-ego, une Catwoman qui sait tirer, recharger les appareils et conduire une moto sur le verglas, sinon ses chances de survie seraient vraiment minimes.



Je pourrais m'attarder sur cet institut psychiatrique qui regroupe la crème des psychopathes les plus dangereux d'Europe, tous bien ensemble. Même en admettant qu'un tel établissement puisse exister, serait-il possible que Diane la psychologue arpente allègrement ses couloirs pendant la nuit, ni vue, ni connue ?

Je pourrais m'attarder sur le fait que la victime puisse participer à l'enquête.

Je pourrais longuement m'attarder sur les longueurs, mais je vais faire court : pourquoi tous ces titres de chansons et marques de mode inutiles, et à quoi cela me sert de savoir avec quoi Servaz va tartiner hic et nunc son pain et tous les autres pains potentiels quelque part dans l'avenir ? Ca, on le saura...

Mais on ne saura pas pourquoi un Hongrois parle avec un accent slave, pourquoi cette tête manquait, pourquoi cette vengeance maintenant, après toutes ces années de silence, pourquoi il a fallu massacrer la moitié de la vallée (il aurait suffi d'effacer quelques mails, non ?). Et cette histoire de sans-abri et ce méchant sous l'avalanche ? Il y est encore ?

La fin est digne d'un bon film de Bollywood, mais en laissant plein de questions sans réponse, on a l'impression finale d'un va-à-l'eau total, ce qui ne fait qu'accentuer le désespoir de lecteur.



Oui, parfois il arrive qu'un petit grain de sable coince les rouages d'un thriller, mais en général la machine se remet en marche et tout va bien. Ici, la machine est ensevelie sous des tonnes de sable.

Mais vu que j'ai réussi à trancher ces 700 pages à une vitesse prodigieuse, que l'atmosphère glaciale de la montagne a été bien rendue et allait bien avec le reste, et que j'ai réussi à deviner qui est le meurtrier malgré le fait que là où certains auteurs laissent de véritables indices pour le lecteur, Minier laisse un indescriptible fouillis, je lui attribue deux flocons de neige et demi, et on n'en parle plus.

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Glacé

Indridason, Mankell ou Nesbo n’ont pas leur pareil pour envelopper leurs histoires d’une atmosphère frissonnante ; quel bonheur de découvrir un écrivain français du même acabit !

Avec Bernard Minier point de paysages scandinaves mais nos belles Pyrénées dépeintes avec la passion de l’autochtone.



Pour captiver l’amateur de polars sur plus de 700 pages, un cadre, fût-il aussi grandiose, ne suffit pas. Il faut de surcroît un enquêteur à forte personnalité voire atypique et bien sûr une intrigue savamment distillée où phases de réflexion et rebondissements alternent comme pluie et soleil à la pointe bretonne.

Le commandant Martin Servaz est un homme entre deux âges, séparé de sa femme. Le comportement bizarre de Margot, leur fille adolescente vivant chez sa mère, présentement le contrarie. Quelque peu désabusé par la médiocrité du monde qui l’entoure, il serait plutôt de la vieille école appréciant les symphonies au romantisme crépusculaire de Gustav Mahler et jurant de temps à autre en latin.

“Glacé” débute alors même que le corps décapité d’un magnifique yearling, appartenant à un homme d'affaires immensément riche, est retrouvé pendu au plus haut point d'un téléphérique. Cet acte pour le moins barbare a été commis à proximité de l'Institut Wargnier basé en périphérie d’un patelin enneigé et abritant un panel de psychopathes européens parmi les plus dangereux.

La perplexité de Servaz et de ses collègues n’en est qu’à ses débuts : les crimes par pendaison bien vite s’enchaînent et frappent des personnalités de ce petit village jusque-là sans histoire.



Paru en 2011, "Glacé" est le premier roman policier de Bernard Minier.

Au vu du talent de l’auteur, les enquêtes du commandant Servaz pourraient bien au fil du temps devenir aussi prisées que celles de ses confrères islandais, suédois ou norvégien.







P.-S. (1) : Merci Janine pour ton présent qui en dépit du titre m’a fait chaud au cœur !



P.-S. (2) : Les infos de la mi-journée font état de la disparition de l’écrivain suédois Henning Mankell. Ce papier posté de bon matin faisait référence à ce grand maître du roman policier et allusion à son taciturne inspecteur Kurt Wallander. Il est des coïncidences surprenantes !
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Un œil dans la nuit

Retour au bercail.

Je soupçonne le père Minier d’être parti s’aérer en Espagne pendant un an dans son précédent roman pour deux raisons :

- Prendre un peu le soleil, amener sa polaire au pressing et aérer ses chaussures de randonnée qui commençaient à sentir le mouflon après sept enquêtes.

- Laisser l’espèce menacée des tueurs en série se régénérer dans les Pyrénées.

Au rythme du Commandant Servaz, le psychopathe était en voie d’extinction et certains lecteurs parlaient d’un programme de réintroduction de mabouls prélevés dans les Pays nordiques où ces bestioles semblent endémiques, pour amener un peu de sang neuf…

Dans les trois derniers romans, décevants, on sentait que le filon s’épuisait et que pour meubler ses intrigues entre deux cadavres, l’auteur avait placé des digressions sociétales d’un niveau de CRS après l’apéro sur l’insécurité, le mal être des policiers, la justice laxiste et le réchauffement climatique des humeurs de la population.

Fin de la trilogie « Brèves de comptoirs » et retour ici aux fondamentaux qui avaient fait la réussite de Glacé et des premiers romans de la série.

Prêts pour le grand frisson : un cinéaste culte avec un nom de personnage improbable à la Harry Potter, Morbus Delacroix, obsédé par le mal, vit dans une vaste demeure dans les Pyrénées, retiré du monde, avec sa compagne, genre Elvira au réveil, après avoir tourné un film d’horreur maudit, Orpheus.

Un peu comme pour l’Exorciste ou Poltergeist, la légende, la rumeur et la promo, racontent que des drames seraient survenus pendant et après le tournage.

Une jeune étudiante en cinéma, qui devrait donc savoir que les maisons reculées la nuit ne sont pas fréquentables, part à la rencontre du réalisateur dans son antre pour découvrir ses secrets.

En même temps, le Commandant Servaz doit faire face à plusieurs affaires sordides dont l’étrange mort d’un ancien décorateur de cinéma.

Cette enquête va conduire le policier à croiser la faune qui gravite dans le milieu des films à hémoglobine avec un producteur un peu perché, un influenceur spécialiste des films d’horreur, un curé effarouché et un gérant de cabaret tatoué aux implants digne d’Orlan ou de Robocop. Pas prêt de passer les portiques d’un aéroport.

J’ai retrouvé avec plaisir ce retour aux origines de la série : des scènes de crimes qui marquent l’esprit, un flic torturé, un danger latent à chaque page et une intrigue aux entrées multiples.

Bernard Minier ne sera jamais un grand styliste, mais il excelle dans la noirceur et ses chapitres sont courts pour maintenir un rythme haletant et rendre le lecteur captif. Le suspens est au rendez-vous et griotte sur la Tourte des Pyrénées, Servaz est rattrapé par ses démons.

L’auteur a fait une cure (pas à Luchon) de films d’horreurs pour se mettre dans l’ambiance et préparer son roman et il offre un appendice de 150 pellicules cultes et flippantes à souhait.

Sinon, les offices de tourisme des Pyrénées viennent de publier un communiqué pour rassurer les touristes en précisant que côté probabilités, vous avez autant de chances de croiser un serial killer sur un sentier des Pyrénées que de vous faire dévorer par un ours pendant votre jogging...

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Un œil dans la nuit

Pour la huitième aventure de Martin Servaz, son héros récurrent, Bernard Minier (« Sœurs », « La Vallée », « Une putain d’histoire ») emmène ses lecteurs dans l’univers sanglant du cinéma d’horreur, qui se voit subitement secoué par une série de crimes atroces.



Tout commence par la confession d’un mourant sur son lit d’hôpital, qui demande à un prêtre d’aller remettre une enveloppe en main propre à un homme qui vit retiré sur une île totalement isolée.



Puis, il y a cette jeune étudiante en cinéma, Judith Tallandier, qui parvient à obtenir un entretien avec le cultissime Morbus Delacroix, réalisateur de célèbres films d’horreurs qui vit dorénavant reclus dans son antre au fin fond des Pyrénées.



Pour finir, il y a cet étrange meurtre sur un ancien décorateur de cinéma, retrouvé mort dans un hôpital psychiatrique près de Toulouse. Un homme torturé et assassiné qui va également mener le commandant Martin Servaz et son équipe sur les traces de Morbus Delacroix…autour duquel semblent planer de nombreuses rumeurs.



« Un œil dans la nuit » se déroule sur une semaine, de 21 juin au 28 juin, et invite à suivre plusieurs récits en parallèle qui s’entrecroisent au fil de chapitres courts et particulièrement bien rythmés. L’auteur ayant visionné plus de 200 films d’horreur pour se mettre dans le bain, rend ici hommage au genre en multipliant les références et les clins d’œil au cinéma d’horreur et en proposant une sélection de 150 œuvres à visionner en fin d’ouvrage.



Si ce fond horrifique ravira les geeks qui arborent fièrement des T-shirts de Freddy Krueger, il contribue surtout à installer une ambiance angoissante et sombre tout au long de ce thriller qui cueille le lecteur dès le prologue et l’abandonne sur un cliffhanger qui invite à prolonger le cauchemar.



Bernard Minier vous invite donc d’une part à découvrir un univers horrifique qui ne manquera pas de vous faire frissonner, mais il déroule surtout d’autre part un thriller haletant dont il est devenu maître du genre. Multipliant les rebondissements et mettant à mal ses personnages, il livre un récit impossible à lâcher et invite même à croiser Franck Sharko, l’enquêteur fétiche de Franck Thilliez.



Excellent !
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Une putain d'histoire

Quelle histoire !!! Géniale.

Au début, dans l'état de Washington, un groupe d'adolescents... On peut penser à une petite vie banale, dans une petite ville banale. Et là, ça va crescendo !!

Superbement écrit, on se laisse emballer et jusqu'au bout l'auteur nous tient en haleine. Un grand maître du suspens, digne des meilleurs auteurs américains !

Premier roman de Bernard Minier que je lis, et ce ne sera assurément pas le dernier !
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N'éteins pas la lumière

♫ J'ai des butterfly, des émotions en pagaille

Mon ventre se tort avant de te dire bye bye

Un peu sonnée par ce foutu détail

Ta voix résonne au fond de mes entrailles ♫

2006 - Superbus - butterfly



Autrement dit, c'est la Callas, avec MMe Butterfly qui nous marque la cadence tout le long de ce roman, mais t'inquiète, pas besoin d'être fin mélomane invétéré pour suivre la procédure de tous les actes dans son Opéra-Space (rien à voir avec un Space Opéra, non non , ici c'est un Opéra qui se joue pour les astronautes ...)

Réunis tous les ingrédients à un superbe Thriller ,

lisez Bernard Minier, bienvenue dans le monde machiavélique du stalker....



J'en profite pour dédier ce livre à notre Président et sa Brigitte, ainsi qu'à ma petite femme Cathy, 10 ans de mariage = noces d'étain.....allez on souffle sur les bougies ....mais on n'Etain pas la lumière. :-)



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Soeurs

Cela faisait un moment que je n'avais pas lu un Minier.. grand bien m'a pris , même si j'ai fait une énorme bêtise… j'ai sauté Nuit par inadvertance. Mais j'avoue que cela n'a pas trop nuit a ma lecture , même si cela aurait été beaucoup mieux de le lire avant. (je le lirais mais dans quelques temps)





J'ai pris beaucoup de plaisir a retrouver Servaz, qui est un flic que j'apprécie. Et puis l'intrigue en deux temps : au tout début de la carrière de notre héros et ensuite au jour d'aujourd'hui était une très bonne idée.

J'ai apprécié de faire connaissance avec Servaz lorsqu'il n'était encore qu'un bleu.





J'ai beaucoup aimé l'écriture de l'auteur (j'avais eu un peu du mal avec ses personnages dans une putain d'histoire), fluide , agréable, haletante.. et qui pousse le lecteur a tourner les pages.



L'intrigue quand a elle est palpitante, même si a certain moment on devine aisément ce qu'il va se produire, on reste quand même dans cette envie de savoir.. et qui bien sur nous prend malgré tout par surprise lors du dénouement.



Et puis la toute fin, nous laisse présager du très très bon dans un futur opus.



J'ai donc passé un très bon moment, je retrouve le Bernard Minier qui m'avait tant plu.
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La chasse

Malgré les nombreuses digressions et les analyses sociétales souvent superflues, j'ai apprécié cette lecture, ma première de cet auteur.



L'intrigue m' a paru tenir plutôt bien la route, avec un suspense allant crescendo, ce qui engendre une lecture assez rapide, pour aller vite découvrir la fin. Les personnages sont bien campés, les dialogues réussis et les situations imaginaires ou réalistes bien présentées.



J'ai aimé également les décors de l'intrigue, Pyrénées ariégeoises et la ville de Toulouse, bien dépeinte, autant dans les ruelles autour de la place du Capitole que vers les cités de Bagatelle ou du Mirail. Quelques descriptions de la nature, des intempéries, trop brèves et rares à mon goût, émaillent ce polar sans casser son rythme.



Bon, je vois des critiques négatives laissant entendre que Minier a fait beaucoup mieux, raison de plus pour me donner envie de lire d'autres de ses romans policiers.
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N'éteins pas la lumière

Ça commençait un peu mollement pour un Bernard Minier. Les 200 premières pages étaient même légèrement ennuyeuses. Bâillements. Air de déjà-vu. Surtout si on a lu "Juste Une Ombre" de Karine Giebbel peu de temps avant, au sujet similaire.



Mais c'était compter sans le talent de l'homme. Pour nous embarquer, pour nous titiller, pour nous provoquer, pour rallumer la flamme dans nos yeux et empêcher le lecteur incrédule de fermer le bouquin.

Patiemment, il construit son histoire perverse. De manipulations en retournements de situation, ce roman frappe fort.

Construit comme un opéra dont le lyrisme et la tragédie inspire Bernard dans sa montée en crescendo du drame. Dans ses couplets mélancoliques, ses refrains inquiétants puis ses chœurs tourbillonnants.



Voilà un roman peu linéaire et hétéroclite dans l'immensité des sujets abordés. Que ce soit le harcèlement psychologique, les violences faites aux femmes, les voyages dans l'espace, la dépression, le poids prégnant et angoissant de l'opéra.



Ce roman est une sorte de monstre de Frankenstein (ou de robe mosaïque) dont les parties assemblées sont fragilisées par les grosses coutures multiples ;

Mais dont l'ensemble détonne et emmène l'histoire sur des chemins escarpés et peu empruntés.

Ce roman est à la fois très classique et super ambitieux se payant le luxe de mixer des univers qui se bécotent peu habituellement.



Minier emmène son bouquin plus loin que la moyenne et rafraîchit le genre avec son incursion bienvenue dans le domaine de la conquête de l'espace, ses astronautes, ses cours de cosmologie et de sociologie spatiale. Passionnant.



Nous suivons parallèlement l'histoire de Christine Steinmeyer, dont la descente aux enfers est pavée d'angoisses, et celle du commissaire Martin Servaz, personnage récurrent de l'auteur.



Servaz n'est pas central mais chacune de ses apparitions, malgré ses blessures et sa dépression, est un baume pour le lecteur. Confort du territoire connu ?



Bernard, tu m'as fait peur. Plus jamais please !
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M, le bord de l'abîme

Un roman assez perturbant. Il est vrai qu'internet et les réseaux sociaux sont un système pour espionner les utilisateurs. Qui n'a jamais reçu une pub après avoir fait une recherche particulière sur le net.



Intrigue bien menée, ou je n'ai pas vu arriver l'évidence.

Néanmoins parfois l'auteur choisi des solutions de facilité et des raccourcis, ce qui est dommage car cela nuit à la qualité du roman.



Il n'en demeure pas moins qu'ici, Minier nous livre un dossier très bien construit sur les IA. D'autant qu'à l'heure actuelle un pays comme le Japon y travaille ardemment (exosquelette entre autre) afin d'aider sa population vieillissante. L'auteur tout en montrant les dérives d'un tel projet , nous montre également les avantages… comme toujours chaque nouvelle innovation est très intéressante jusqu'à ce qu'un fou l'exploite pour la destruction.





J'ai également beaucoup apprécié la localisation de l'intrigue à Hong Kong. C'est assez osé , néanmoins je dois reconnaître que l'auteur ne m'a absolument pas donné envie de visiter cette région du monde.



Un bon roman, sans Martin Servaz
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Glacé

J'avais vu la série éponyme en son temps et j'hésitais donc à lire un livre dont je connaissais la globalité de l'histoire. Et pourtant je n'ai pas ressenti le moindre ennui à lire ce gros pavé en très peu de temps.



Pour développer un tout petit peu, je dirais que l'intrigue est assez originale, que les intrigues parallèles pourraient permettre de raccourcir considérablement ce roman, mais que finalement elles ne cassent pas le rythme même si elles ne sont pas autant abouties que l'histoire principale.



Pour développer davantage, je dirais que bien sûr il y a des invraisemblances mais, pour ma part, j'apprécie ce côté de certains romans policiers, avec leur chargement en événements qui se télescopent, incitant le lecteur à tourner les pages assez rapidement pour découvrir leur évolution.



Enfin un dernier développement bref : la fin m'a paru différente de celle de la série. Elle est aussi incomplète car il me semble que l'on ne connaît pas le sort de certains personnages, l'infirmière en chef par exemple.



Alors cinq étoiles, c'est peut-être généreux, car en écrivant je me rends compte de différentes imperfections telles que les suites de la rencontre du père de Margot avec l'avocat, le devenir des jeunes auteurs du meurtre du SDF, mais tout cela ce n'est pas l'histoire principale, donc je laisse les cinq étoiles.



J'aime bien le style de Bernard Minier, l'implantation de cette histoire dans le décor pyrénéen, même s'il n'y a pas de glaciers dans le Comminges alors que Servaz les voit briller. C'est un premier roman dont on sent qu'il a été travaillé et même si je préfère des histoires plus condensées, j'ai passé un très bon moment glacé.
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Déguster le noir

Voici déjà le cinquième (et malheureusement dernier) tome de cette collection délicieusement noire, développée autour de nos cinq sens et cette fois dédié à celui du goût. Après « Ecouter le noir », « Regarder le noir », « Toucher le noir » et « Respirer le noir », Yvan Fauth du blog littéraire EmOtionS nous invite donc à « Déguster le noir » en compagnie d’auteurs de renom, le temps de treize nouvelles qui devraient pouvoir réconcilier les plus sceptiques avec le genre.



Les amateurs du genre n’hésiteront pas une seconde à se mettre à table car des chefs de grand renom sont à nouveau au programme, tels que Bernard Minier, Ian Manook ou R.J. Ellory. Mais ce qui fait pour moi la véritable saveur de ces recueils de nouvelles, c’est la possibilité de découvrir la plume d’auteurs que je ne connais pas encore, comme une sorte de mise en bouche qui me donne envie de goûter au reste de leur œuvre. Je pense par exemple à Pierre Bordage, dont j’ai bien aimé la nouvelle, mais je note surtout le nom de Patricia Delahaie, que je ne connaissais pas du tout et qui livre ici un excellent récit.



Bernard Minier – le Goût Des Autres : Une première nouvelle qui nous emmène en Irak à la découverte des goûts étranges d’un peuple affamé. Un récit assez court, teinté de fantastique, que l’on referme avec un petit goût de trop peu, mais qui met en appétit et nous plonge immédiatement dans la thématique du roman.



Anouk Langaney – Ripaille : Cette autrice que je découvre nous invite à passer à table, de l’apéro au pousse café, mais je ressors de table un peu déçu. Le récit qui m’a le moins séduit de tous.



Cédric Sire – Tous Les Régimes du Monde : Après ce repas que j’ai eu du mal à terminer, Cédric Sire a la bonne idée de nous mettre au régime, le temps d’une petite séance de torture qui pointe du doigt notre société axée sur les apparences et le monde du mannequinat en particulier. Un message qui fait mouche et une fin qui fait froid dans le dos !



Pierre Bordage – Amertumes : Un récit d’anticipation en compagnie d’un goûteur d’exception qui risque bien de consommer son dernier repas. J’ai beaucoup aimé l’idée du goûteur et le suspense tout au long du récit.



Christian Blanchard – Joé : Une sorte de revisite de « Des Souris Et Des Hommes » de Steinbeck qui invite à suivre un personnage extrêmement attachant. Une montagne de muscles, mais d’une naïveté bouleversante, qui ne manquera pas de vous transpercer le cœur. Une excellente nouvelle débordante d’émotions !



Nicolas Jaillet – Alfajores : Un récit qui aborde le burn-out en nous propulsant au cœur d’une société pour effectuer un boulot de merde, ingrédient principal d’une vie trop fade, sans goût. Sympa…enfin, on se comprend !



Jérémy Fel – Dans L’Arène : Une nouvelle plus longue qui permet de nous servir un scénario digne de l’excellente série Netflix « Black Mirror » et qui fait également penser au film « The Truman Show ». Une vision du futur, parsemée de drones et dépourvue de chocolat, qui invite à réfléchir sur l’avenir de notre société et sur les émissions de téléréalité. Excellent !



Sonja Delzongle – Jalousies : L’autrice nous invite à regarder à travers un store, pour une histoire d’adultère et de jalousie. Pas mal du tout !



Nicolas Beuglet – La Visite : Ah là, Nicolas Beuglet frappe fort avec cette nouvelle qui vente tous les bienfaits de la nourriture bio. La visite dont il est question est celle de Gilles, qui s’apprête à rencontrer les parents de sa copine mais, attention, car ceux-ci sont très à cheval sur la qualité des produits. Excellent !



Patricia Delahaie – Un Père A La Truffe : J’ai beaucoup aimé le style de cette autrice qui nous invite à suivre les pas d’une petite fille qui fête les retrouvailles avec son père dans un restaurant. Une nouvelle que j’ai beaucoup aimé et dont la fin colle à merveille au cahier des charges de ce recueil de nouvelles.



Ian Manook – Feijoada : Ian Manook propose un récit qui colle également parfaitement au titre de ce recueil. Une nouvelle certes un peu courte et légèrement prévisible, mais que j’ai tout de même bien aimée.



Jacques Expert – le Goûteur : Même si l’auteur nous livre déjà le deuxième goûteur de ce recueil de nouvelles, j’ai bien aimé son récit basé sur un chantage qui donne lieu à un choix pour le moins cornélien…



R.J. Ellory – Scène de Crime : Ah, voici la cerise sur le gâteau, servi par le maître du noir en personne ! L’auteur, grand fidèle de cette collection, nous propulse à San Francisco sur les traces d’un tueur en série, en compagnie d’un inspecteur qui va au fond des choses. Un récit plus long, qui permet à l’auteur de développer ses personnages comme il sait si bien le faire. Excellent !



Bref, il y en a de nouveau pour tous les goûts et « Déguster le noir » propose des nouvelles certes inégales, ce qui est inhérent au genre, mais que je vous invite néanmoins à goûter, surtout celles de Jérémy Fel et de R.J. Ellory, qui sont également les deux plus longues et parviennent donc à développer un peu plus les personnages.



Voilà, les fans de cette collection n’ont plus qu’à broyer du noir car c’était le dernier tome !
Lien : https://brusselsboy.wordpres..
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Nuit

Bernard Minier est un des jeunes (dans la profession) auteurs que je suis depuis ses débuts, avec Olivier Norek.



Après un excellent premier roman (Glacé), un bon second roman (Le Cercle) dans lequel l’auteur abusait un peu des tics narratifs et structurels du « roman à suspens pour les Nuls », un troisième roman (N’éteins pas la lumière) qui prouvait que l’écrivain s’était volontairement empêtré dans les règles tacites de ses pairs, Bernard Minier nous était revenu en abandonnant son personnage fétiche, Martin Servaz, pour dynamiter son style, sa narration, et offrir aux lecteurs Une Putain d’Histoire.



Entre Temps, « Glacé » a été adapté en série sur M6. Est-ce la raison pour laquelle Bernard Minier ressort Martin Servaz et son Nemesis Julien Hirtmann pour son nouveau roman ? Possible que l’éditeur et l’auteur ont vu dans cette adaptation une publicité non négligeable.



Toujours est-il que Martin Servaz, policier toulousain, revient dans « Nuit » et qu’il y repart à la poursuite du psychopathe Julian Hirtmann qu’il avait déjà affronté dans « Glacé » et qu’il avait laissé échapper. Entre temps, ce dernier a kidnappé et, probablement tué, la femme que Martin aime, c’est dire le lourd passif qui lie les deux hommes.

Bernard Minier nous offre donc le grand retour de Martin Servaz que nombre de lecteurs attendaient. Malheureusement, avec le policier redébarquent les tics d’écritures et ceux-ci prennent de plus en plus de place.



Car, c’est évidemment ce que l’on appelle un « Page Turner » (roman à suspens qui pousse le lecteur à tourner page après page avec frénésie jusqu’à arriver au bout du livre) que devait livrer l’auteur pour satisfaire son éditeur et ses lecteurs. Et pour ce faire, Minier sort l’artillerie lourde.



Pour faire plus glacé que « Glacé », il fait débuter son roman en Norvège, dans le froid de la mer du Nord. Pour rendre Servaz plus fragile, l’auteur le plonge dans le coma suite à une balle reçue. Pour s’assurer que le policier va s’engager à fond dans l’enquête, il laisse planer l’ombre de Julian Hirtmann, son terrible ennemi, l’assassin de la femme qu’il aimait. Pour encore plus déboussoler le flic, Minier met au monde un gamin, Gustav, comme Gustav Malher, le compositeur autrichien dont Martin et Julian sont fans. Gustav est né quelques mois après la disparition de l’amoureuse de Martin... est-ce le fils de Julian ? Est-ce le fils de Servaz ? Est-ce juste un appât pour l’attirer dans un piège ?



Mais Bernard Minier ne se contente pas d’user de ses personnages et des situations, il use et abuse à nouveau de tics de narrations et d’écritures.



Si, pendant le premier tiers du roman, l’auteur parvient à cacher cette faiblesse derrière une histoire qui se met rapidement en place et qui attise la curiosité du lecteur, il ne peut, malheureusement, plus l’occulter à partir du moment où le malaise de la plume se transmet au récit.



Car, à partir du moment où Martin Servaz sort du coma et qu’il fait équipe avec la policière norvégienne pour partir à la chasse à Julian Hirtmann, l’auteur enfile les clichés comme les perles sur un chapelet, priant le Dieu des écrivains de lui offrir un succès de librairie à défaut d’un bon roman original.



Le lecteur ne pourra donc éviter d’assister à l’attirance entre Servaz et la Norvégienne ni au fait que Hirtmann jouera encore au chat et à la souris, qu’il cherchera à piéger le flic, que celui-ci foncera tête baissée d’une façon aussi stupide qu’incroyable...



On a alors l’impression de se retrouver devant sa télé face à une série B qui, à défaut d’être mauvaise, est loin d’être originale. On n’en est pas à ce qu’un chat sorte de l’ombre pour faire peur au héros, mais on n’en est pas loin (voir la scène du chalet).



À partir de là, plus aucune des réactions du héros n’est rationnelle. Encore, si ces agissements étaient ceux d’un type lambda, inhabitué à côtoyer le crime et la tension due aux dangers, on aurait pu l’accepter, mais de la part d’un flic ayant de la bouteille, NON !



Car, tout le monde, Martin Servaz en premier, l’auteur, indéniablement, le lecteur, assurément, se rend compte que Hirtmann attire le policier dans un piège et, pourtant, le flic plonge la tête baissée, l’auteur, la plume en avant et le lecteur se retrouve le seul être doué d’un minimum de réflexion pour se dire « Non ! Là, il ne faut pas y aller ».



Mais, quand on croit que Minier en fait trop, celui-ci s’évertue à nous contredire en en faisant encore plus (voir la scène de l’hôpital) et cette sensation nous tient jusqu’au bout avec le « Twist » final inhérent à tout bon « Page Turner », soit la révélation finale que tout auteur voulant produire un livre à suspens avec les « bonnes » vieilles recettes se doit de proposer à son lecteur. Cette révélation, ce chamboulement, ce retournement, annoncée dès l’une des premières scènes du livre est tout aussi malvenue que mal menée que maladroite qu’inintéressante puisque l’on ne peut s’empêcher de se dire : « Tout ça pour ça ». D’autant que cette révélation entre en contradiction avec la scène de la plate-forme pétrolière.



« Tout ça pour ça » serait d’ailleurs un bon titre pour ce roman tout comme « Une putain d’histoire » en était un excellent pour le précédent. Effectivement, on ne peut s’empêcher de se dire que, franchement, Julian Hirtmann s’est donné énormément de mal pour un résultat qu’il était si facile d’obtenir par des moyens bien moins détournés.



Mais, comme il est assez difficile de parler des faiblesses de l’histoire sans en révéler un peu trop à ceux qui n’ont pas lu le roman, mais aimerait le faire prochainement, je vais plutôt m’intéresser à la plume de l’auteur, pour finir.



Car, si la narration et l’histoire en elle-même font un peu « préfabriquées » du fait que l’auteur use des mêmes ficelles qu’une bonne partie de ses camarades, sa plume n’échappe pas à l’épidémie ambiante.



Là encore, la volonté de Bernard Minier de nous proposer un style original et de dynamiser sa plume le pousse à supprimer maladroitement les verbes de ses phrases, et ce dès le tout début (« Elle regarde sa montre. Bientôt Minuit. Train de Nuit »). Ces trois premières phrases démontrent ce choix d’élision qui aurait pu tenir la route s’il avait été utilisé avec parcimonie, mais son abus finit par se remarquer comme un bubon sur la pointe du menton de la personne avec qui l’on parle. On a beau se concentrer pour éviter de le fixer, on ne voit plus que cela. Du coup, seul l’aspect factice de ce parti pris demeure dans le cerveau du lecteur. Mais cet aspect est tout aussi valable pour le désir de parsemer une narration au passé de quelques séquences au présent. Pourquoi ce choix ? On ne peut s’empêcher de se poser la question lorsque l’on tombe dessus, du coup, on décroche encore plus d’un récit qui peine à maintenir l’intérêt tant l’ensemble exhale le « faux », le « préfabriqué », le « Manuel du petit roman à suspens pour les Nuls ». Petit ? Là encore, puisque les romans policiers qui ont du succès dépassent les 500 pages, Bernard Minier étale son histoire sur plus de 500 pages, ce qui renforce la sensation de « Tout ça pour ça », car l’histoire aurait pu, aurait dû, tenir sur 300 pages.



Au final, entre la narration qui manque d’originalité, une histoire qui peine à maintenir l’intérêt du fait des réactions incompréhensibles du méchant et du gentil, un style « calculé », une révélation finale qui ne tient pas la route, et les 500 pages obligatoires (voir le dernier Olivier Norek, tous les Jean-Christophe Grangé, les Franck Thilliez et consorts), l’ensemble manque de sincérité, d’originalité, de liberté et respire à tel point la volonté de respecter certains codes et certaines règles commerciales que la déception prend le dessus sur le plaisir de lecture. Dommage, on pensait Bernard Minier avait réussi à sortir de ces ornières dans lesquels il commençait à s’embourber grâce à son excellent roman « Une Putain d’histoire », mais, malheureusement, cela n’aura pas duré très longtemps.



En espérant que l’auteur revienne à de meilleures dispositions pour son prochain livre.
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