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Citations de Barbara Stiegler (75)


Jusqu’au 6 mars 2020, Emmanuel Macron lui aussi a nié la réalité du problème. Ce jour-là, mettant en scène une sortie au théâtre avec son épouse, il a insisté sur la nécessité de « ne rien changer à nos habitudes de vie ». Moins d’une semaine plus tard, il décidera pourtant de fermer toutes les écoles (12 mars), puis tous les cafés et restaurants (14 mars) et finalement tout le pays (17 mars). Comment comprendre un revirement aussi spectaculaire ? L’erreur ici serait de chercher un plan ou une stratégie.
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De sorte qu'on peut se demander si ce virus ne réalisait pas finalement le rêve ultime des néolibéraux : chacun , confiné seul chez soi devant son écran, participant à la numérisation intégrale de la santé et de l'éducation, tandis que toute forme de vie sociale et d'agora démocratique était décrétée vecteur de contamination. S'il avait commencé par mettre à bas le discours néolibéral sur la mondialisation, le virus semblait lui permettre, avec le virage numérique, de retomber sur ses pieds.
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Toute critique des manipulations du savoir par le pouvoir allait être immédiatement accusée de “complotisme“, au mépris des cris d'alarme des plus grandes sur revues scientifiques.
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L’idée est bien de passer du cap aux grèves, et de notre propre destruction à notre lente et profonde réparation.
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Hannah Arendt écrivait déjà dans les années 70 « La société de masse (…) est essentiellement une société de consommateurs (…) Croire qu’une telle société deviendra plus "cultivée" avec le temps et le travail de l’éducation, est, je crois, une erreur fatale (…) l’attitude de la consommation, implique la ruine de tout ce à quoi elle touche. » (Arendt, La crise de la culture 1972).
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Oui, c'est vrai, écrire des livres ne prédispose nullement à la mobilisation, et bien souvent, cela conduit même à se séparer du monde. Mais écrire et lire des livres, enseigner, étudier et chercher, c'est aussi tenter de se transformer soi-même et de comprendre ce qui nous entrave pour se redonner une réelle puissance d'agir. P.117
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En s'enferrant dans un constructivisme hostile à tout naturalisme, la pensée contemporaine a largement contribué, au contraire, à abandonner le gouvernement du vivant aux tendances les plus réductionnistes des sciences de la vie.
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C'est à ce moment-là que triompha dans les têtes la "distanciation sociale".Certains se demandèrent s'il n'y avait pas là une sorte de lapsus du gouvernement. Désignant les distances physiques de sécurité, l'expression du "social distancing" reprise à l'anglais des épidémiologistes, trahissait peut-être ici un projet politique inavouable : celui d'une dissolution des mouvements sociaux qui, depuis deux ans, avaient bloqué le gouvernement dans ses réformes. Qu'il se soit agit d'un lapsus ou d'un choix délibéré l'expression se répandit comme une traînée de poudre et elle fonctionna comme un nudge efficace, décourageant toute forme de reprise de la vie sociale, en particulier chez ceux qui se devaient d'afficher un comportement "responsable".
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Les soignants furent quasiment les seuls, à la sortie du confinement, à manifester dans l'espace public et à y être autorisés par les préfectures. On aurait pu imaginer que les millions de Français qui les avaient applaudis et érigés au rang de héros viendraient défiler à leurs côtés. Il n'en fut rien et il n'y eut là rien d'étonnant. Car si l'héroïsation avait si bien fonctionné, c'était justement pour désamorcer toute forme de conflit social et convertir magiquement le négatif de la colère en l'honneur du dévouement.
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Ainsi s’opérait, dès les premières heures, une spectaculaire inversion des responsabilités. Alors que les citoyens étaient les victimes d’une politique qui avait désarmé le système sanitaire, le gouvernement inversait la charge en l'imputant aux citoyens eux-mêmes.
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Ce que le virus, au fond, met à nu, c’est la contradiction entre les effets délétères sur notre santé de ce qu’on appelle à tort le « développement économique » et le sous-développement actuel de presque tous nos
systèmes sanitaires, y compris ceux des pays les plus riches de la planète.
Mais ce qu’il révèle aussi, c’est le modèle de développement aberrant dans
lequel nos sociétés se sont enferrées en privilégiant, contre tout le reste, un arsenal biotechnologique extrêmement coûteux.
À l’hôpital, la pression à « l’innovation » s’est progressivement imposée au détriment des soins de base, pourtant indispensables à la santé, mais toujours plus méprisés par les gestionnaires.
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Plutôt que de continuer dans la lutte à courir après l’accélération des flux, qui nous décentre sans cesse vers un ailleurs et qui renvoie toujours tout à plus tard, notre grève est toute simple. Il s’agit juste de prendre le temps de s’asseoir ensemble sur nos rives, et de se laisser gagner par ses stases pour réinventer ensemble, sur le parvis, dans nos couloirs, dans nos salles de cours, dans nos amphi-théâtres et dans nos bureaux, par de grandes et minuscules discussions, ce que nous voulons pour cette université, pour ce lycée, pour cet hôpital, pour cette ville, pour cet endroit où nous sommes et que nous contribuons chaque jour à transformer. Plutôt que de se donner un agenda mondial et de contempler lucidement la fin du monde, plutôt que de se soumettre à un agenda national pour affronter le verdict des urnes et retourner nous coucher découragés, il s’agit de dés-automatiser nos conduites et de renouer avec un rapport critique à ce qui nous entoure. Il s’agit au fond de redonner à nos métiers de soin, d’éducation et de santé leur sens et leur légitimité sociale, qui n’est pas seulement de produire de la connaissance ou de la santé, mais d’abord de la pensée, capable de faire face à ce qui nous arrive.
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Mais en lisant Lippmann, je découvrais que la matrice des néolibéraux était plus ambitieuse encore. L'État n'était pas seulement chargé d'administrer les affaires des hommes. Il avait pour mission de transformer l'espèce humaine, jugée inadaptée, à son nouvel environnement marqué par la mondialisation du travail, des échanges et des idées. Alors que les économistes classiques et néo-classiques avaient postulé la fiction de l'homme économique, les nouveaux libéraux qui se prétendaient réalistes affirmaient au contraire que l'espèce humaine n'était ni rationnelle, ni capable de calculer de manière économique ses coûts et ses bénéfices. Pour eux, l'homooeconomicus était une fiction qui n'existait que dans la tête des économistes et qui ne pourrait jamais se réaliser. La réalité anthropologique, c'était le résultat d'une longue histoire évolutive, qui avait finalement abouti à l'existence d'une espèce inapte, remplie de raisonnements biaisés et profondément inadaptée à son environnement. De ce constat prétendument réaliste, Lippmann tirait une série de conséquences politiques sur la démocratie que Michel Foucault n'avait malheureusement pas examinées.
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Le "pass" était l'expression d'un monde et l'emblème d'une politique : celle dans laquelle les autorités pouvaient directement modifier, par des applications numériques, la définition des droits et des devoirs de chaque citoyen.
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le pouvoir opérait lui-même le tri entre les bonnes activités (aller au travail, prendre les transports en commun, faire ses achats, voter le 15 mars pour les municipales, manifester le 18 octobre contre l'horreur islamiste) et les mauvaises, suspectes de « contamination » (aller à l'université, manifester dans la rue pour des causes non validées par le pouvoir, se rassembler en famille ou entre amis, se marier, enterrer ses morts…). En dehors de tout contrôle démocratique, le pouvoir politique devenait – pour une durée indéfinie – l'instaurateur du grand partage entre « l'essentiel » et « l'inessentiel ».
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Car comment le cap peut-il à la fois prôner la mondialisation des échanges et lutter contre le réchauffement climatique, la destruction des écosystèmes et la prolifération des crises sanitaires ? P.36
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(finalement, le vaccin n'empêchait pas les contaminations, il ne permettait pas d'atteindre l'immunité de groupe, il ne pourrait ni éradiquer le virus ni bloquer la survenue de mutations et à ce titre, il ne protégeait pas les autres), et au moment où son efficacité individuelle contre l'infection semblait diminuer face aux nouveaux variants, certains experts commençaient à reconnaître que le dispositif du "pass" avait créé un faux sentiment de sécurité pouvant encourager la reprise des contaminations. Et d'autres se demandaient tout haut si ces nouveaux vaccins n'étaient pas plutôt des "médicaments", dont les injections répétées risquaient peut-être, on ne savait pas, de déclencher de graves réactions immunitaires dans l'organisme.
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Présenter "le vaccin" comme une valeur absolue et l'élire comme "l'unique moyen de sortir de la crise" était une erreur massive d'appréciation, substituant au raisonnement scientifique et médical une approche morale et militante, aussi peu rigoureuse que celle qui présentait le vaccin comme le mal absolu.
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La colère commençant à gronder, on s'empressa de la recouvrir par la promesse de vaccin. On allait, c'est sûr, vers la lumière, et on essayerait cette fois d'être les premiers"
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Comment a-t-on pu en arriver là ? Comment au "pays des Lumières", un tel obscurantisme a-t-il pu prendre le pouvoir sur des esprits pourtant éduqués ?
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