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Citations de Antonio Carmona (15)


- Comme ce n'est plus la saison des mandarines, j'ai.... j'ai.... préparé une salade de kiwis...
Et sur le dernier i du mot "kiwi" mon père explose de chagrin, il pleure en serrant la pierre contre son corps et en l'inondant de mots d'amour, d'excuses et de solitude. Des dizaines de larmes coulent contre le corps minéral de ma mère, elles glissent et viennent humidifier les petites taches d'herbe tout autour. J'ai envie de prendre mon père dans les bras pour lui donner ma force, mais je ne le fais pas, c'est leur moment. Je reste derrière.
Le paysage est baigné d'une lumière jaune pâle, le soleil n'a pas encore atteint le somment de la colline derrière les bambous où nous sommes, je le vois émerger doucement.
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Elle était bizarre cette fille.
Dans son regard il y avait quelque chose d'un peu désespéré, une espèce d'enthousiasme qui débordait en cascade pour masquer la grande étendue d'eau triste dans laquelle se noyait sa solitude.
C'était touchant.
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Je n'avais jamais envisagé qu'on puisse laisser autant de place à quelqu'un qui n'était plus. J'avais vécu depuis quatre ans avec le silence, le secret, le gris et le mois de novembre éternel de papa et voilà que mamie faisait entrer le soleil et la pluie dans notre maison!
J'aurais voulu vivre toute ma vie sous les giboulées de mars de ma grand-mère. Sous les rires, les pleurs et les anecdotes qu'elle partageait. J'aurais voulu que ça ne s'arrête jamais.
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- Tu as ma parole ! croix de bois, croix de fer, si je mens, je...tu me connais, enfin ! Je serai… Je serai aussi discrète qu'une moule, je serai une huître au clapet fermé, je serai un authentique poisson-chat, MIAOUUUU...
- Une carpe.
- Oui voilà. Je serai une carpe , une vraie carpe que je suis moi.
( p 108)
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J'ai toujours été une petite fille avec des tonnes de questions dans la tête et, du temps où elle n'était pas décédée, maman me répétait que les questions étaient mieux à l'extérieur que dedans.
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Il manquait un morceau.
Un morceau, oui. De puzzle je veux dire, devant moi. Quatre-vingt-dix-neuf pièces étaient assemblées sur la table de mon bureau mais la centième n'y était pas;
à la place, un trou.
Un trou au milieu du sixième poisson-clown.
Ça m'a pétrifiée. J'ai eu l'impression que c'était une partie de mon cœur qu'il manquait. Alors, devant ce triste tableau, bien à l'abri des règles de mon père, en regardant le trou dans mon puzzle, j'ai pleuré. J'ai pleuré ma haine envers mon père, envers Stella, j'ai pleuré contre Mme Dedenon et ses consignes stupides, j'ai pleuré les nuages gris et la pluie froide, j'ai pleuré les confitures qui faisaient souffrir, j'ai pleuré Sasuke qui n'existait pas. Assise sur ma chaise en regardant les cinq poissons-clowns et le sixième atrophié, j'ai pleuré.
Une fois que l'averse est passée, à la fin des larmes, je suis partie en quête du centième morceau.
Mon expédition n'a pas duré longtemps: il était sous mon bureau.
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Les tartes aux oignons sont entrées dans nos vies peu après le décès de maman.
Elles sont entrées dans nos vies parce qu'il fallait bien que mon père trouve un espace pour vivre son chagrin...
....
La première fois je m'en souviens, c'était un soir d'octobre, j'avais trouvé mon père figé dans le canapé du salon. Il ne regardait pas la télé, il ne lisait pas de bouquin, il avait les yeux vides et fixait droit devant. Un mort-vivant.
J'avais attendu de longues minutes qu'il bouge, mais rien, pas un clignement de paupière, juste mon mère en arrêt sur image, agité par des pensées sombres.
Ca m'avait fait plonger dans une détresse immense. Je me souviens de mon sentiment à ce moment : je m'en voulais de ne rien faire.
....
Non, ne t'inquiète pas, Elise. Je.... réfléchissais au menu de ce soir. Je.... vais faire une tarte aux oignons.
Il s'était dirigé comme un automate jusqu'à la panière de légumes, avait attrapé les deux, trois bulbes en question, déposé une planche en plastique sur la table, et avec un grand couteau il avait commencé à découper sa peine en fines lamelles.
En tranchant les condiments, les larmes s'étaient échappées de ses yeux ; les oignons, ça fait pleurer.
Il m'avait alors adressé un petit rire pour de faux en plissant très fort ses yeux.
- Ah, les oignons... les oignons... tu vois où ça mène ! Tu peux retourner tranquillement dans ta chambre. Je t'appelLerai quand la tarte sera finie.
C'était mon père.
Ce soir-là il nous a gravé une règle d'or invisible dans la poitrine : nous n'avons pas le droit de pleurer pour maman l'un en face de l'autre.
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Il y avait une chose qui restait invariablement japonaise dans la maison, une chose que la créature n’avait pas eu suffisamment d’emprise pour interdire. Une chose que mon père aimait malgré tout et qui résistait au diktat de ce serpent dans les yeux.
Moi.
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Depuis, papa a inventé des tas de règles. Sans doute dictées discrètement à l'oreille par la créature qui a pris possession de lui. Ces règles n'ont qu'un seul but : faire disparaître ma mère intégralement. La pousser loin en dehors de notre maison et de nos souvenirs. Elle, et le pays, qui l'avait vue naître, le Japon.
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Son ton se voulait dur comme un roc, et pourtant j'avais senti une fêlure dans sa voix. Comme si sa cuirasse s'était craquelée et qu'à travers la fissure, un mince résidu de celui qu'il avait été appelait à l'aide. Je pense que ma grand-mère avait entendu cet appel bien avant moi. Je pense qu'elle l'avait entendu depuis l'autre bout de l'univers, au Japon. Elle a l'oreille fine, mamie.
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Ce bisou, ce truc qui ne s'adressait qu'à Stella, ce petit baiser dans les cheveux, anodin, banal, gratuit. Ce geste de tendresse qui ne voulait rien dire et qui pourtant disait tout m'a frappée au visage avec la force d'un séisme enragé.
Soudain, j'étais la fille qui n'avait pas de maman soudain, j'étais celle qui avait été abandonnée. Ce baiser m'avait transformée en une toute petite orpheline, perdue en manque, amie d'une enfant pourrie gâtée.
Il fallait que je parte.
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Son visage s'est immobilisé dans un sourire robotique qui m'était destiné. Est-ce qu'il savait que je savais qu'il n'était animé de rien ? Est-ce qu'il avait compris que depuis quatre ans je m'étais rendu compte qu'il était un peu décédé lui aussi ?
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Elle était bizarre cette fille.
Dans son regard il y avait quelque chose d'un peu désespéré, une espèce d'enthousiasme qui débordait en cascade pour masquer la grande étendue d'eau triste dans laquelle se noyait sa solitude.
C'était touchant.
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Maintenant que je sais, je peux enfin te le dire:
Tu me manques, maman.
Est-ce que tu es fière de moi de là où tu es?
Fière de mes notes en arts plastiques?
Fière de ma meilleure amie ringarde, brillante et allumée?
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Je n'avais jamais envisagé qu'on puisse laisser autant de place à quelqu'un qui n'était plus. J'avais vécu depuis quatre ans avec le silence, le secret, le gris et le mois de novembre éternel de papa et voilà que mamie faisait entrer le soleil et la pluie dans notre maison!
J'aurais voulu vivre toute ma vie sous les giboulées de mars de ma grand-mère. Sous les rires, les pleurs et les anecdotes qu'elle partageait. J'aurais voulu que ça ne s'arrête jamais.
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